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Socrate

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Socrate (en grec Σωκράτης) est un philosophe de la Grèce antique, considéré comme le père de la philosophie occidentale, l’inventeur de la science morale et de la philosophie conceptuelle.

Biographie

Né à Athènes vers 470 avant J.-C., son père Sophronisque était sculpteur de pierre et sa mère Phénarète était sage-femme. C'est en rapport avec le métier de sa mère que Socrate pratique, d'une façon analogue, l'art de maïeutique : l'accouchement des âmes, délivrance des douleurs de l'enfantement. En effet, la maïeutique ou l'art de délivrance des esprits, consiste à favoriser ou mettre à la lumière de la conscience ce qui peut être un faux ou un vrai savoir, et, de cette manière, tirer les conséquences, tout comme une sage-femme s'assurant de la santé du nouveau-né. L'expérience socratique consistant à faire appel à des apories, des doutes jugés sans issue, est liée à l'ironie et remise en question constante dans l'art du dialogue et questionnement. Socrate est un critique du savoir, pour lui la vérité n'est pas reçue toute faite, elle est plutôt un cheminement, un accouchement douloureux.

Platon, qui fut un de ses disciples, reconnu en Socrate comme « l’homme le plus juste de son temps »[1]. Protagoniste indispensable dans les dialogues de Platon, Socrate figure comme le modèle type du philosophe, modèle de sagesse et de vertu.

Socrate et les sophistes

Sophistês est un nom dérivé de sophia (sagesse ou savoir) désigne primitivement un savant. Dans l'antiquité les sophistes étaient qualifiés en tant que maîtres de rhétorique ou maîtres dans l'art de convaincre. L'expression a acquis une connotation péjorative désignant plutôt ceux qui excellent dans l'art de la duperie et manipulation.

Socrate ne rejette pas toute la sophistique. En effet, pour Socrate, la sophistique est un art royal (Mémorables, IV, 2, 11). Mais il procède à une distinction entre la fin et les moyens.

La fin de la sophistique est de faire des hommes capables de bien parler et de bien agir, capables de gérer les affaires publiques et les affaires domestiques. Socrate approuve ce but ; il est entièrement d’accord avec les sophistes pour dire que l’homme ne doit s’occuper que des affaires qui le concernent, i.e. ce qui concerne l’homme en tant qu’homme et sa culture. L’idée que se font les sophistes de l’instruction est ainsi de cultiver en l’homme des facultés universelles. Cependant, au contraire des sophistes, Socrate ne valorise pas l’homme pour la raison que les dieux n’existent pas : ce sont au contraire les limites de l’homme relativement au divin qui imposent que l’on s’occupe de cultiver nos facultés dans les bornes de ce qui nous est donné.

Quant aux moyens de la sophistique, qui consistaient dans l’exercice et la routine, i.e. dans l’art, il les rejette. Pour éprouver la valeur de ses moyens, Socrate part du principe que le signe d’une capacité acquise est le savoir. Or, le signe du savoir est la capacité à transmettre ce que l’on sait. Socrate entreprit donc d’interroger les sophistes sur la nature du juste, du pieux, de la vertu, etc., et il trouva que ces sophistes ne répondaient pas d’une manière satisfaisante et se trouvaient souvent en contradiction avec eux-mêmes. Socrate impute ces défauts aux lacunes théoriques de la sophistique et il soulève plusieurs difficultés inhérentes à cette pratique :

  • une communication purement technique ne suscite pas l’art, mais l’imitation ignorante du disciple ;
  • un art ne peut être une fin pour lui-même : car, en lui-même, il ne rend personne meilleur ;
  • en conséquence, pratiquée en tant que pure technique, la sophistique est une routine qui produit indifféremment des choses bonnes ou des choses mauvaises ;
  • le résultat de la sophistique est donc la routine dénuée de savoir théorique, l’ignorance, le hasard ;
  • cette pratique de l’art est non seulement nuisible, mais elle est impossible : on ne peut rien apprendre par la seule pratique, et ses conséquences sur l’éducation et la politique ne peuvent qu’être catastrophiques.

En conclusion, l’art suppose la science. Alors que les physiologues, selon Socrate, ont eu l’idée de la science sans la matière, les sophistes ont eu l’idée de la matière - mais sans la science. Il apparaît ainsi une conception de la sagesse, qui, en réunissant l’art et la science, serait capable de se suffire à elle-même et de former les hommes, et dans laquelle se trouverait le bonheur véritable. Telle est la signification du Connais-toi toi-même.

Connais-toi toi-même

Empruntée à l'inscription gravée au fronton du temple d'Apollon à Delphes, cette devise ne reflète pas la sagesse de Socrate dont la véritable maxime était en réalité "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien". Mais on peut douter qu’elle invite à s'OBSERVER, se Connaître soi-même en tant que particulier ; bien plutôt, s'OBSERVER en tant qu’Homme, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions qui ne sont toujours qu’une illusion de données ; cette Connaissance-Conscience ou Conscientiel est d’ailleurs la seule qui soit à notre portée. La science de l’Être des physiologues est en effet une chimère ; il reste à Connaître ou Observer l’homme, mais cette science de l’homme moral est d’une infinie complexité, sa recherche ne semble pas pouvoir prendre fin :

« Je cherche si je suis un animal plus compliqué que Typhon et plus méchant, ou si ma nature est pure, simple ou claire et participe au divin. » (Phédon, 230a)

L’ignorance ou l'aveuglement de soi-même fait l’homme dépendant et esclave de ses opinions ou données. En revanche la Connaissance ou l'Observation de notre nature, de ce que nous sommes, nous rend libre et capable de nous suffire à nous-même. C’est là proprement que se constitue l’idée d’une science morale, dont l'Observation nous rend heureux. Mais cette science socratique soulève plusieurs difficultés relatives à la méthode.

Socrate contre la loi du plus fort

Dans le Gorgias (de Platon), Calliclès soutient contre Socrate la conception aristocratique du pouvoir et l'affirmation des instincts naturels, ce qu'on appellerait aujourd'hui le droit du plus fort. Selon Calliclès, il est moins honteux d'être un "fort" qui exerce sa puissance que d'être un faible qui la subit :

Car pour ceux qui ont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a faits capables de conquérir un commandement, une tyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funeste que la tempérance ? Tandis qu’il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les en empêche, ils s’imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule ! Et comment ne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance, puisqu’ils ne pourraient rien donner de plus à leurs amis qu’à leurs ennemis, et cela, quand ils sont les maîtres de leur propre cité ? La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l’incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

A cela Socrate, en quelque sorte précurseur des droits de l'homme, réplique en invoquant une conception quasi libertarienne de la justice que lui souffle la voix de sa conscience morale :

Je nie, Calliclès, que la chose la plus honteuse soit d’être souffleté injustement ou de se voir couper les membres ou la bourse [allusion aux "pickpockets" qui sévissaient déjà en ce temps-là], et je soutiens qu’il est plus honteux et plus mal de me frapper, de me mutiler injustement, moi et les miens, et que me voler, me réduire en esclavage, percer ma muraille, en un mot, commettre une injustice quelconque contre moi ou contre ce qui m’appartient est une chose plus mauvaise et plus laide pour celui qui commet l’injustice que pour moi qui en suis victime.

Littérature secondaire

Citations

  • « En face du vrai bonheur, les richesses valent l'ombre d'une fumée ».
  • « Il se peut qu’aucun de nous deux ne sache rien ni de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir ».
  • « La connaissance s’accroît quand on la partage ».
  • « La sagesse commence dans l'émerveillement ».
  • « Le seul bien est la connaissance, le seul mal est l'ignorance ».
  • « Ma mère Phénarète est une accoucheuse d’hommes, moi j’accoucherai de l’esprit ».

Citations sur Socrate

  • On a dit de Socrate qu’il était en délire, et que c’était un fou tout plein d’esprit ; mais ceux des Grecs qui parlaient ainsi d’un homme si sage passaient pour fous. Ils disaient : « Quels bizarres portraits nous fait ce philosophe ! quels mœurs étranges et particulières ne décrit-il point ! où a-t-il rêvé, creusé, rassemblé des idées si extraordinaires ? quelles couleurs ! quel pinceau ! ce sont des chimères. » Ils se trompaient : c’étaient des monstres, c’étaient des vices, mais peints au naturel ; on croyait les voir, ils faisaient peur. Socrate s’éloignait du cynique ; il épargnait les personnes, et blâmait les mœurs qui étaient mauvaises. (La Bruyère)
  • Comment mourut Socrate ? Il mourut condamné par les lois et par les juges, assassiné par la Cité, martyr de l'individualisme. De quoi l'accusait-on ? De ne pas honorer les dieux que la Cité honorait et de corrompre la jeunesse. Que signifiait ce dernier grief ? Il signifiait que Socrate professait des opinions désagréables au pouvoir. (Han Ryner)
  • Socrate voulait mourir : — ce ne fut pas Athènes, ce fut lui-même qui se donna la ciguë, il força Athènes à la ciguë... « Socrate n’est pas un médecin, se dit-il tout bas : la mort seule est ici médecin... Socrate seulement fut longtemps malade... » (Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles / Le Problème de Socrate)
  • Pour rester fidèle à l’étrangeté de Socrate, il faut trouver un moyen de sauver à la fois son assertion d’ignorance et la négation implicite qu’il en fait. (Gregory Vlastos, Socrate. Ironie et philosophie morale, 1991)

Quotes

  • The beginning of wisdom is the definition of terms. - Socrates
  • Contentment is natural wealth, luxury is artificial poverty. ~ Socrates

Notes et références

  1. Platon, Lettre VII

Pages connexes


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