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Ancien Régime

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L'Ancien Régime désigne la période qui va du Moyen Âge à la Révolution française (XVIe siècle-XVIIIe siècle). Les dates classiquement retenues pour l'Ancien Régime sont de l'accession au trône d'Henri IV en 1589 jusqu'à la Révolution française, en 1791.

Description et étymologie de l'Ancien Régime

Le terme régime fait ici allusion au régime politique, c'est-à-dire aux institutions de l'État, au type de gouvernement (dans ce cas, à la monarchie). D'une certaine manière, c'est aussi de monarchie qu'il s'agira quand, après la Révolution et l'Empire, interviendra la Restauration.

Même si l'expression était en usage bien avant la parution de son ouvrage, c'est Alexis de Tocqueville qui contribue à fixer le contenu du terme « ancien régime » dans un essai intitulé précisément L'ancien régime et la Révolution (1856).

Il y tente une description de la monarchie absolue qu'il oppose notamment à la société médiévale, régie par la féodalité. La formule « La Révolution française a baptisé ce qu'elle a aboli. » est attribuée à Tocqueville. Elle souligne le fait que l'expression porte en elle une vision rétrospective de la période qu'elle nomme. Cette vision structurera durablement la manière d'envisager l'absolutisme français au XIXe siècle et au XXe siècle. Elle sera discutée notamment par l'historien François Furet.

L'historien américain Arno Mayer pour sa part insistera sur la « persistance de l'Ancien Régime » dans un essai éponyme. Il estime en effet que, pour l'Europe entière, le XIXe siècle et les premières années du XXe siècle s'inscrivent dans la continuité de l'ancien régime. Il relève les indices de cette continuité à la fois dans le domaine politique et dans le domaine économique.

L'historien économiste Ernest Labrousse pourra parler d'« ancien régime économique » pour désigner les structures économiques qui prévalaient en France sous la monarchie absolue.

L'Ancien Régime comme laboratoire économique

La fin de l'Ancien Régime en France est marquée par un endettement catastrophique de l’État. Les différents responsables qui se succèderont à la tête des finances de l’État vont essayer de trouver une solution à ces difficultés économiques. On voit alors apparaître différentes théories et pratiques économiques que l'on verra appliquées à plus grande échelle dans les siècles suivants :

  • le libéralisme économique, représenté par Turgot, se heurte aux privilèges et rigidités sociales de l'Ancien Régime ;
  • le keynésianisme avant l'heure, représenté par Calonne (relance, emprunts, dépense étatique) ; cependant le déficit augmente inexorablement et oblige Calonne à envisager des réformes impopulaires, ce qui conduira à sa disgrâce ;
  • l'interventionnisme économique, représenté par le "pragmatique" Jacques Necker (il serait probablement de nos jours un social-démocrate), qui malgré quelques velléités réformistes essaie de conserver les structures d'Ancien Régime tout en visant l'équilibre budgétaire, sans succès.

Bibliographie

  • 1962, Samuel B. Pettengill, "The Old regime", The Freeman, September, Vol 12, n°9, pp7-12 [lire en ligne] (Extrait provenant du livre de Samuel B. Pettengill, intitulé "Jefferson, The Forgotten Man", publié en 1938. Dans cet extrait, Pettengill explique les raisons de son opposition à certaines des méthodes mises en œuvre par le gouvernement de Franklin D. Roosevelt, dans le cadre du "New Deal". Bien que Pettengill ait initialement soutenu les objectifs de la campagne de Roosevelt en 1932, il s'est retrouvé en désaccord avec de nombreuses approches mises en œuvre dans le cadre du New Deal. Pour exprimer ses objections, il a écrit ce livre. Plus particulièrement, dans l'extrait mentionné, il compare le New Deal à l'Ancien Régime de la France pré-révolutionnaire. En faisant cette comparaison, Pettengill suggère que certaines des politiques du New Deal lui rappellent le système de l'Ancien Régime en France, qui était caractérisé par des inégalités, des privilèges, et une forte centralisation du pouvoir. En utilisant cette analogie, il critique le New Deal en tant que programme gouvernemental qui, à son avis, pouvait entraîner des problèmes similaires à ceux de l'Ancien Régime en France.)

Citations sur l'Ancien Régime

  • « M. de Talleyrand me disait un jour: "Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que le plaisir de vivre." » (François Guizot, Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, 1858)
  • « Les seigneurs et le roi nous coûtaient moins chers en impôts avant la révolution que les « saigneurs » pour lesquels nous votons depuis des décennies. » (Charles Sannat, 15/12/2015)
  • « Le couperet de la guillotine s'aiguisait dans l'ombre quand, à la fin du XVIIIe siècle, les classes dirigeantes françaises s'appliquaient à développer leur « sensibilité ». Cette société oisive et frivole, qui vivait en parasite dans le pays, parlait, dans ses soupers élégants, de délivrer le monde de « la superstition et d'écraser l'infâme », sans se douter qu'elle-même allait être écrasée. » (Vilfredo Pareto, Les systèmes socialistes)
  • « On aurait bien tort de croire que l'Ancien Régime fut un temps de servilité et de dépendance : il y régnait plus de liberté que de nos jours. » (Alexis de Tocqueville)
  • « L’Ancien Régime professait que la sagesse seule est dans l’Etat, que les sujets sont des êtres infirmes et faibles qu’il faut toujours tenir par la main, de peur qu’ils ne tombent ou se blessent ; qu’il est bon de gêner, de contrarier, de comprimer sans cesse les libertés individuelles ; qu’il est nécessaire de réglementer l’industrie, d’assurer la bonté des produits, d’empêcher la libre concurrence. L’Ancien Régime pensait sur ce point, précisément comme les socialistes d’aujourd’hui. » (Alexis de Tocqueville)


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