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Social-démocratie

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La social-démocratie désigne un courant politique réformiste voulant instaurer le socialisme par voie démocratique, prônant l’économie mixte entre économie de marché réglementée et dirigisme planifié. Historiquement, après la grande rupture de 1917, la social-démocratie s'oppose au communisme, et accepte la démocratie pluraliste. Ses caractéristiques sont les suivantes :

La social-démocratie est passée du statut de théorie politique à celui d'organisation réelle de la société à partir des années 1920. C'est en Suède qu'elle a trouvé à s'accomplir avec le plus de force et dans la durée. Tout en conservant les institutions démocratiques classiques, les sociaux-démocrates suédois (influencés par l'économiste Gunnar Myrdal… qui reçut le Prix Nobel d'Économie en 1974, soit la même année que Friedrich von Hayek !) ont créé un État visant à s'occuper de la vie entière des citoyens.

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Le cas emblématique de la Suède

Parmi les ouvrages ayant permis de montrer au public extérieur la réalité du « modèle suédois », il faut signaler un essai bien informé du journaliste britannique Roland Huntford : The New Totalitarians (1971), trad. française Le nouveau totalitarisme, Fayard, 1975.

Culturellement isolée du reste de l'Europe, la Suède est restée très longtemps en marge économiquement (peu d'industries jusqu'au début du XXème siècle). Le protectionnisme et le peu d'informations venant de l'extérieur ont permis le développement d'un parti social-démocrate très marxisant (contrairement à sa réputation de « modération idéologique ») qui a fini par occuper totalement le pouvoir à partir des années 1930.

Formellement, les institutions démocratiques ont continué d'exister et la liberté de la presse aussi, mais la dissidence politique était socialement très mal vue. En pratique, la réalité politique était tout autre. La Suède était devenue un Etat corporatiste, un peu comme l'Italie fasciste. Non seulement les syndicats et groupes de pression économiques dictaient leur loi, mais de plus ils participaient presque ouvertement à l'élaboration des diverses politiques et législations. Certaines organisations dictaient directement leurs désirs aux ministres, lesquels étaient moins puissants que les hauts-fonctionnaires qui étaient légalement sous leurs ordres.

Les entrepreneurs ne rechignaient pas, car ils étaient déresponsabilisés et échappaient ainsi aux risques de la concurrence. Certes, la plupart des entreprises étaient officiellement toujours de droit privé, mais les décisions économiques étaient prises en accord avec le pouvoir politique, l'administration toute- puissante et les organisations syndicales. Plus précisément, dans les conseils d'administration, siégeaient un ou deux représentants du gouvernement. Ce nombre suffisait pourtant à infléchir les décisions de l'entreprise concernée dans le sens voulu par l'État. Ce corporatisme, trait caractéristique de la social-démocratie suédoise, a été retrouvé dans bien d'autres démocraties par la suite (bien qu'il appartînt originellement tant au traditionalisme politique qu'au fascisme). L'ombre tutélaire de l'État planait donc partout.

Un exemple peu connu du dirigisme suédois permettra de convaincre le lecteur du caractère hautement intrusif de l'État social-démocrate, en l'occurrence dans le domaine urbanistique, l'État obligeait les gens (notamment issus de la campagne) à déménager pour aller habiter dans des quartiers construits sur fonds publics.

Par ailleurs, il existait des « bureaux de tempérance » chargés de surveiller l'accoutumance des citoyens à la boisson. Un assistant social qui repérait un passant titubant pouvait demander sa prise en charge par ce service, lequel avait tout pouvoir pour l'expédier dans un sanatorium. Précision intéressante : l'État détenait le monopole sur l'alcool (en particulier sur la spécialité locale, l'aquavit).

D'après Huntford, le manque de goût suédois pour l'anticonformisme explique la durée du pouvoir social-démocrate. De même, le peu d'intérêt pour l'individualisme a favorisé l'imprégnation du dogme social-démocrate. Chaque Suédois devait être considéré comme un outil en vue de réaliser le bien-être de la « Société », un rouage servant les desseins de la « Providence » étatique. L'évasion fiscale a peu à peu fini par se développer (l'exemple le plus célèbre demeurant l'expatriation du cinéaste Ingmar Bergman), en raison du montant de plus en plus insupportable des impôts. Pas loin d'être considérée comme le crime le plus grave, elle fut frappée par une répression brutale. De leur côté, les vrais délits étaient considérés comme le fait d'individus irresponsables et donc incapables de rendre compte de leurs actes, de sorte qu'ils devaient être soignés de leur asocialité au lieu d'être punis. Nous ne sommes pas loin de l'État thérapeutique dénoncé par le psychiatre Thomas Szasz.

Quant à la fameuse « liberté sexuelle » locale, elle était là aussi programmée par les hommes de l'État. Huntford note que le mot de liberté n'était utilisé que dans ce contexte. En vérité, il s'agissait de dissocier politiquement la morale amoureuse de l'acte physique pour continuer de contrôler les citoyens tout en leur permettant, dit l'auteur, de défouler leurs frustrations politiques à travers l'acte sexuel. Huntford n'hésite pas à comparer à plusieurs reprises la situation de ce pays à une version concrétisée du Brave New World de Huxley.

Bref, sous le gouvernement social-démocrate, par la douceur et la persuasion, les Suédois ont obtenu ce qu'aucun régime totalitaire n'a obtenu par des pelotons d'exécution.

Ce sombre tableau n'est-il pas également celui de notre présent ?

Effets pervers de la social-démocratie

Loin de créer une mentalité d'assistés, les régimes de l'ex-Bloc de l'Est ont créé chez leurs ressortissants un recours systématique au système-D, qui explique en partie leur dynamisme actuel.

À l'inverse, dans les social-démocraties, l'individu attend beaucoup plus de l'extérieur (très souvent matérialisé par l'État ou la Sécurité sociale). Cette attente plus importante peut aussi s'expliquer par le fait que l'État est plus à même, dans une social-démocratie, de répondre aux besoins des individus que dans une dictature communiste (certains décrivent le régime français comme « un communisme qui a réussi »).

Ce sont donc paradoxalement les social-démocraties qui créeraient la mentalité la plus propice à l'assistanat. Comme on ne peut redonner aux classes moyennes davantage qu'on ne leur prend, et que les besoins d'assistanat et les promesses politiques démagogiques n'ont pas de limites, l'État-providence a recours à la dette publique ce qui lui permet au passage de spolier le contribuable par l'inflation.

Citations

  • «  Lorsque le gouvernement a le pouvoir légal de décider si certaines conditions économiques justifient ou non une intervention, alors plus aucun domaine d'action n'est laissé aux opérations du marché. Alors, ce ne sont plus les consommateurs qui décident finalement ce qui sera produit, par qui, où et comment — en quelle quantité et avec quelle qualité : ce sont les hommes de l'État. Car aussitôt que les effets du marché libre s'écartent de ce que les autorités étatiques considèrent comme désirable, alors les hommes de l'État interviennent. Ce qui veut dire que le marché est libre, aussi longtemps qu'il fait ce que les hommes de l'État attendent de lui. Il est libre de faire ce que les autorités de l'État jugent bon qu'il fasse, mais pas ce qu'elles trouveraient "mauvais" ; et décider de ce qui est bon et de ce qui est mauvais revient aux hommes de l'État. De sorte que la théorie et la pratique de l'interventionnisme conduisent finalement à l'abandon de ce qui devait au départ les distinguer du socialisme à 100 % pour réintroduire, en leur lieu et place, les principes de la planification économique totalitaire. »
        — Ludwig von Mises, L'Action humaine

  • «  En réalité, la seule victoire de l’époque actuelle est celle de la social-démocratie, c’est-à-dire la combinaison de l’omnipotence d’une minorité élue et de l’économie mixte (définie non pas seulement par l’existence de nombreuses activités étatiques, mais aussi par une fiscalité forte et discriminatoire ou des réglementations tentaculaires). On est loin de la liberté individuelle. Ce qui est vrai, c’est que cette social-démocratie manque singulièrement d’appui idéologique et de souffle spirituel. Elle est une sorte d’armistice dans la guerre civile des intérêts organisés. Mais elle n’est pas, elle ne peut pas être une fin des idéologies. Son absence de relief intellectuel ne doit pas cacher qu’elle s’inspire d’une « philosophie » particulièrement contestable : elle traduit la domination du pragmatisme et du scepticisme et pour cette raison même, elle ne peut pas annoncer la fin de l’idéologie. »
        — Pascal Salin

  • «  Le totalitarisme est en germe dans la démocratie sociale ; il est toujours présent, toujours prêt à renaître, à se développer, car il est la nature même de l’État. »
        — Pascal Salin

  • «  Il ne peut y avoir de cohérence dans la social-démocratie, parce qu’elle est destructrice des véritables liens sociaux concrets et qu’elle les remplace par des oppositions arbitraires entre classes et catégories sociales ; elle fait naître une demande de « cohésion sociale » à la hauteur de la cohésion qu’elle détruit. Elle suscite nécessairement la déception de tous ceux qui sont avides de subventions ou de privilèges et qui ne peuvent évidemment jamais être pleinement satisfaits. Elle ne peut donc être que la source de conflits croissants. »
        — Pascal Salin

  • «  Dans une société où les inégalités résultent non de la compétition ou du marché, mais de décisions de l’État, le grand art économique consiste à obtenir de la puissance publique qu’elle dévalise à mon profit mon voisin, si possible sans que celui-ci sache à qui va la somme qu’on lui prend. »
        — Jean-François Revel, La Grande parade

  • «  La marche utopique de l'Histoire, but des sociaux-démocrates, est similaire, mais pas tout à fait identique, à celle des communistes. Pour ceux-ci, l'objectif était la nationalisation des moyens de production, l'éradication de la classe capitaliste, et l'arrivée au pouvoir du prolétariat. Les sociaux-démocrates savent qu'il est de loin préférable pour l'État socialiste de conserver les capitalistes et une économie de marché tronquée, afin qu'ils soient réglementés, confinés, contrôlés, et soumis aux commandements de l'État. Le but des sociaux-démocrates n'est pas la « lutte des classes », mais une sorte d'« harmonie de classes », dans laquelle les capitalistes et le marché sont contraints de travailler et réduits en esclavage pour le bien de la « société » et de l'appareil d'État. Les communistes veulent une dictature de parti unique, où tous les dissidents sont écrasés ou envoyés au Goulag. Les sociaux-démocrates préfèrent de loin une dictature « douce », ce que Marcuse appelait — dans un autre contexte — « la tolérance répressive », constituée d'un système où deux partis s'entendent sur les points fondamentaux et débattent poliment sur les problèmes mineurs (« devrions-nous augmenter les impôts de cinq ou sept pour cent cette année ? »). La liberté d'expression et la liberté de la presse seront tolérées par les sociaux-démocrates, mais encore une fois dans des limites étroites et insignifiantes. Les sociaux-démocrates tremblaient devant la brutalité nue du Goulag ; ce qu'ils préfèrent, c'est faire subir aux dissidents une « douce » et « thérapeutique » dictature du « dressage sensitif » et de les « éduquer à la dignité des modes de vie marginaux ». En d'autres termes, Le Meilleur des mondes au lieu de 1984. L'« inévitable marche vers la démocratie » plutôt que la « dictature du prolétariat ». »
        — Murray Rothbard

  • «  Le démocrate-social est un infirme moral, et il ne sait pas que l’étatisme est tout entier empoisonné par la malédiction de l’argent volé. Il croit que la redistribution politique socialiste est bonne et même nécessaire, alors qu’elle détruit deux fois : là où elle vole, et là où elle distribue son butin. »
        — François Guillaumat, La secte des adorateurs du marché

  • «  L'objectif des « Démocrates », qui ressort de ce qu’ils font depuis des décennies, est d’imposer à ce pays [les États-Unis] le socialisme de redistribution par des mesures simples, concrètes, spécifiques, pour accroître pas à pas le pouvoir des hommes de l’État, sans jamais permettre à aucun de ces pas de se traduire expressément par des principes, sans jamais permettre qu’on identifie vers quoi ils mènent ni que jamais on ne pose la question. Il fallait donc que l’étatisme s’impose, non par l’élection ni par la violence, mais par un pourrissement lent — par le long processus du refus de nommer la réalité, la corruption épistémologique conduisant au fait accompli (l'objectif de la « droite » n’étant que de retarder ce processus). »
        — Ayn Rand, "Extremism," or the art of smearing, 1964

Bibliographie

Liens externes

En français

En anglais

Voir aussi


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