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Naturel et artificiel

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La distinction entre naturel et artificiel provient des Anciens grecs, introduite par les sophistes du Ve siècle avant J.C., avec les termes physei (« par nature ») qu'ils opposaient soit à nomo (« par convention ») soit à thesei (« par décision délibérée »), et qui leur permettait de jouer sur les sens[1], déclarant successivement qu'un phénomène donné était artificiel parce que résultant d'une action humaine, et naturel parce qu'il n'était pas le résultat du dessein d'un homme. Traduite au IIème siècle en latin par naturalis et positivus, d'où dérivent les deux formes de droits couramment distinguées (droit naturel et droit positif), ce n'est qu'au Moyen-Age que l'idée d'une forme intermédiaire de phénomènes qui étaient le résultat d'actions humaines mais non d'un dessein humain, émergea de cette dichotomie, jusqu'à ce que les derniers des scolastiques, les jésuites espagnols de l'École de Salamanque, n'utilisent pleinement naturalis pour désigner les phénomènes sociaux qui n'étaient pas délibérément modelés par la volonté humaine. Luis de Molina développera cette idée pour expliquer que le juste prix (ou « prix naturel ») est ainsi appelé parce qu'il résulte de la chose même sans égard aux lois et décrets, dépendant de maintes circonstances qui le modifient, de sorte que seul Dieu pourrait en calculer l'équation mathématique en prenant en compte une immensité de facteurs qui échappent à l'homme, et qu'il faut, pour cela, en laisser la définition au marché.

Ces débuts d'une façon de voir furent submergés au XVIe siècle et XVIIe siècle par la montée du rationalisme constructiviste qui changea la signification des termes de raison et de loi naturelle. La première devint la capacité à déduire more geomotrico les règles morales en partant de prémisses explicites, quand le concept de loi naturelle, celle de Grotius et des successeurs, soutenait alors le fait que toute loi puisse procéder de manière d'un raisonnement a priori, ou du moins, puisse être pleinement justifiée par la raison[2].

Ce ne fut qu'au XVIIIe siècle que des penseurs des Lumières écossaises comme David Hume ou Bernard Mandeville remirent en lumière la troisième catégorie de phénomènes qu'Adam Ferguson qualifia de « résultant de l'action humaine mais non de leur dessein ».


Sources : Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté, t.I : "La fausse dichtomie du naturel et de l'artificiel", p.23-25


Notes et références

  1. Cf. Le Gorgias de Platon où Socrate prend les sophistes à leur jeu.
  2. Les positivistes quant à eux resteront plus empiristes bien que partageant le même rationalisme constructiviste.


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