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Finance comportementale
| Finance comportementale | ||
| Définition de Finance comportementale : Branche de la recherche en finance qui met en avant les biais psychologiques et cognitifs des investisseurs | ||
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| Penseurs | Daniel Kahneman, Amos Tversky | |
| Courants | Finance | |
| Exemples | Aversion au risque, biais d'ancrage, biais de représentativité, etc. | |
| Étymologie | ||
| Synonymes | Économie comportementale | |
| Antonymes | ||
| Citation | ||
| Articles internes | Autres articles sur Finance comportementale | |
La finance comportementale est une branche de la recherche en finance qui met en avant les biais psychologiques et cognitifs des investisseurs pour expliquer les « anomalies de marché » et les écarts par rapport aux modèles théoriques de la finance classique. Alors que la théorie des marchés efficients (efficient market hypothesis, EMH) développée par Eugene Fama postule que les prix de marché reflètent en permanence toute l’information disponible, la finance comportementale insiste sur le fait que les agents sont sujets à des émotions, à des heuristiques et à des comportements grégaires qui dévieraient de l’idéal de rationalité.
Qu’est-ce que la finance comportementale ?
La finance comportementale s’appuie sur les travaux de Daniel Kahneman et Amos Tversky, notamment leur Prospect theory (1979), qui souligne que les individus manifestent une forte aversion aux pertes : ils craignent davantage de perdre 100 € que de gagner 100 €. Ce courant a été popularisé par des économistes comme Richard Thaler ou Robert Shiller, qui cherchent à expliquer les bulles spéculatives et les paniques financières par des phénomènes psychologiques collectifs.
La finance comportementale est un outil d'explication qui contribue à expliquer :
- certaines « anomalies de marché » (excès de volatilité, sous-réaction aux nouvelles informations, etc.) ;
- les décisions de consommation, d’épargne et d’investissement qui ne suivent pas la logique d’optimisation stricte supposée à l'Homo œconomicus ;
- les phénomènes collectifs comme les bulles immobilières ou boursières.
En cas concret sur lesquels un éclairage de la finance comportementale est pertinent, on peut penser aux « meme stocks » tels que Gamestop en 2021 ou aux « meme coins » comme le Dogecoin.
Principaux biais étudiés
- Aversion aux pertes : asymétrie émotionnelle entre gains et pertes.
- Excès de confiance : tendance à surestimer ses capacités d’analyse.
- Biais de représentativité : généralisation abusive à partir d’échantillons réduits.
- Biais d'ancrage : attachement irrationnel à une valeur de référence arbitraire (prix d’achat, prévision initiale).
- Comportement grégaire : imitation des décisions des autres, menant aux bulles et krachs.
Critiques
La finance comportementale apporte un contrepoids bienvenu à la vision froide et par trop rationnelle de la théorie des marchés efficients, pendant financier de la concurrence pure et parfaite. Néanmoins, elle tend parfois à exagérer l’irrationalité des acteurs. Certes, les individus commettent des erreurs, mais celles-ci ne sont pas systématiques : elles s’annulent souvent entre elles. Les marchés sont justement des processus d’apprentissage qui permettent de corriger ces biais par la concurrence et l’arbitrage. L’école autrichienne d’économie fournit un cadre critique particulièrement pertinent face à la finance comportementale.
- Pour Ludwig von Mises, il n’existe pas d’« Homo œconomicus » omniscient et parfaitement rationnel : l’action humaine est toujours marquée par l’incertitude et par des préférences subjectives. La finance comportementale n’apporte donc rien de révolutionnaire en affirmant que les individus ne se comportent pas comme des calculateurs parfaits : c’est précisément le point de départ de la praxéologie.
- Friedrich Hayek insiste sur le fait que le marché est un processus de découverte et d’apprentissage collectif, où les erreurs des uns (biais, illusions, surestimations) sont corrigées par l’arbitrage des autres. La « rationalité » du marché n’est pas celle des individus isolés, mais celle qui émerge du mécanisme des prix.
- Israel Kirzner souligne le rôle central de l’entrepreneur dans la correction des déséquilibres : en étant attentif aux erreurs des autres, l’entrepreneur tire profit d’opportunités et contribue à rétablir la coordination du marché.
De ce point de vue, les biais comportementaux ne sont pas une justification pour une régulation paternaliste ou pour des politiques publiques qui prétendraient « corriger » les comportements individuels. Ils montrent plutôt pourquoi le marché est indispensable : il permet d’absorber, de corriger et de canaliser les erreurs individuelles grâce à la concurrence et au processus entrepreneurial. Ainsi, l’approche autrichienne considère que la finance comportementale décrit des phénomènes réels, mais interprète à tort ces erreurs comme des faiblesses justifiant une intervention extérieure, alors qu’elles constituent en réalité le moteur de l’évolution et de l’efficacité des marchés.
Bibliographie
- 1949, Ludwig von Mises, L’Action humaine
- 1973, Israel Kirzner, Competition and Entrepreneurship
- 1979, Daniel Kahneman et Amos Tversky, Prospect Theory: An Analysis of Decision under Risk, Econometrica
- 1988, Friedrich Hayek, La présomption fatale
- 1993, Richard H. Thaler, Advances in Behavioral Finance
- 2000, Robert J. Shiller, Irrational Exuberance
Voir aussi
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