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Helen Parkhurst

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Helen Parkhurst, (née le 8 mars 1886 à Durand, dans le Wisconsin, aux États-Unis; décédée le 1er juin 1973, à New Milford, dans le Connecticut), était une éducatrice, auteure et conférencière américaine qui a conçu le plan de travail dénommé plan Dalton.

Elle fut diplômée de la River Falls Normal School du Wisconsin State College en 1907. Elle a fait des études supérieures à l'Université Columbia et a étudié aux universités de Munich et de Rome où elle a rencontré Maria Montessori. Après sa mise en retraite, elle a obtenu un Master en éducation à Yale en 1943. Elle est ainsi devenue la première femme de Yale diplômée en sciences de l'éducation.

Création de la première Dalton School

À peine âgée de 18 ans, Helen Parkhurst a enseigné brièvement dans une école de campagne du Wisconsin qui disposait d'une seule classe. Elle a ensuite déménagé à Tacoma, dans l'Etat de Washington, en 1909. Après, elle est retournée enseigner au Wisconsin Central State Teachers College (de 1913 à 1915). Vers 1918, elle entra en contact avec la riche famille Crane qui vivait à Dalton, une ville de l'État du Massachusetts. Elle donna des cours à leur fille pendant un an. Elle tenta de présenter ses idées pédagogiques originales au lycée local. N'ayant pas réussi, elle est partie pour New York. Avec l'aide financière de la famille Crane, elle ouvrit la Children's University School en 1919. Cette école fut dénommée "The Dalton School" en 1920, en référence à la ville natale de ses sponsors. L'école existe encore aujourd'hui.

Elle est restée directrice de la Dalton School de New York jusqu'à sa retraite en 1942. Au cours des trois dernières décennies de sa vie, elle a donné des conférences, elle a aidé à la mise en place de sa méthode à travers le monde. Elle a écrit des livres et elle a participé à des émissions de radio et de télévision pour et sur les jeunes.

Le plan pédagogique Dalton

Dans son livre, écrit en 1922, "Éducation sur le plan Dalton", elle explique en détails les principes de sa méthode d'enseignement basée sur les valeurs de liberté, de responsabilité et de coopération. Influencée par l'apport pédagogique de John Dewey, elle imagine l'école comme un laboratoire social où les élèves sont eux-mêmes les expérimentateurs et non les victimes d'un système d'éducation complexe et cristallisé. Pour elle, il faut que les enfants soient éduqués dans les mêmes conditions sociales et mouvantes qui prévalent dans la vie de leur communauté.

Dans sa classe, il y avait des élèves âgés de 8 à 12 ans de niveaux différents. Helen Parkhurst eut alors l'idée de mettre en place un système de fiches personnalisées qui servait de plan de travail individuel[1]. Elle eut une solution simple et ingénieuse. Elle a mis de côté l'horaire scolaire prescrit et elle a demandé aux enfants de faire leur choix parmi le matériel d'apprentissage à leur disposition, afin qu'ils créent par eux-mêmes leurs propres programmes d'apprentissage. L'élève et l'enseignant entament en quelque sorte une coopération, dans le cadre duquel l'élève s'oblige à atteindre l'objectif d'apprentissage choisi dans un laps de temps déterminé.

Le plan Dalton[2] a eu une grande influence dans le monde entier, par l'intermédiaire d'une réflexion sur une éducation nouvelle[3], principalement dans l'Union Soviétique post-révolutionnaire grâce à la compagne de Lénine, en Grande-Bretagne, en Allemagne par le plan d'Iena de Peter Petersen[4], en Belgique, aux Pays-Bas, en Australie, en France (avec les adaptations effectuées par Célestin Freinet), en Autriche ou aux Etats-Unis (grâce à Carleton Washburne[5]).

Les plans de travail conjuguent la liberté et la contrainte. Ils permettent à l’élève de travailler à son rythme tout en étant responsable de ses apprentissages. Avec le plan de travail, l’enfant devient libre dans le cadre de certaines limites qu’il a, au préalable, mesurées et acceptées. Il peut avancer à son allure, contrôler par lui-même la justesse de ses tâches, se faire aider par des pairs, se hâter pour ralentir le rythme par la suite ou s'adonner à d’autres activités qu'il trouve plus passionnantes et engageantes.

Une pédagogie basée sur les valeurs de liberté, de responsabilité et de coopération

La liberté à l'école est nécessaire pour faire ses propres choix ou pour trouver ses propres voies d'apprentissage. Mais la liberté ne signifie pas que tout est possible et que tout est permis. La liberté ne doit pas se confondre ni avec une liberté d'obligations, ni avec un manque de discipline. L'enfant qui fait uniquement ce qu'il veut n'est pas libre. Au contraire, il devient esclave de ses mauvaises habitudes et il éprouve rapidement des difficultés à vivre avec d'autres personnes. Helen Parkhurst ajoute qu'il appartient à l'enseignant de fournir le cadre d'apprentissage à tout élève pour vivre en toute liberté dans les limites de ses obligations. La liberté implique d'être capable de faire face à ses responsabilités. L'enseignant doit prendre comme point de départ de faire confiance dans la capacité de tout enfant de pratiquer sa liberté. L'élève estime lui-même ce dont il a besoin pour terminer une tâche et dans quel délai il peut le faire. Ensuite, il rend compte de son travail au professeur.

Apprendre à vivre en liberté se réalise pas à pas. Dans une classe maternelle, les enfants d'âge préscolaire le font avec de petites tâches de recherche qu'ils choisissent eux-mêmes et qu'ils exécutent de manière indépendante. Au fur et à mesure que les enfants se développent, les tâches deviennent plus vastes et plus complexes. L'éducatrice est persuadée que c'est en essayant que l'enfant apprend.

Helen Parkhurst avait en tête une école où les enfants apprennent en leur donnant la responsabilité de leur propre processus d'apprentissage. De quoi cet élève spécifique a-t-il besoin pour apprendre à lire, à écrire, à devenir socialement plus capable ? Elle a adapté le programme de chaque élève à ses besoins, intérêts et capacités. Elle voulait promouvoir l'indépendance et la fiabilité de chaque élève. Helen Parkhurst écrit aussi que l'enfant étudie en se plaçant sous sa propre responsabilité. Mais, il est aussi en compagnie de ses camarades, qui sont tous persuadés qu'ils vivent la même expérience. Par conséquent l'enfant noue dans sa vie scolaire le même genre de relations qu'il va nouer par la suite dans son entreprise ou dans sa vie professionnelle.

Tout comme Célestin Freinet a pu le faire par la suite, Helen Parkhurst insiste sur la coopération à l'école, c'est-à-dire les interactions dans la vie de groupe. Pour pouvoir participer plus tard à la société, il faut apprendre à l'enfant à coopérer. Par conséquent, les écoles de Dalton accordent beaucoup d'attention au jeu et au travail en petits groupes. Il s'agit principalement d'élèves de la même classe qui exécutent une tâche ensemble, mais il arrive aussi que des élèves d'âges différents travaillent ensemble. En faisant des choses ensemble, ils apprennent à s'écouter les uns les autres et à se respecter. L'école, de l'avis de Helen Parkhurst, offre aux enfants une expérience de communauté authentique, comme une préparation à une participation pleine et entière, au-delà de ses portes, à la communauté démocratique.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Presque au même moment, en 1913, ce système est perfectionné par la méthode de Winnectka qui présente des fiches auto-correctives aux élèves. Ces méthodes sont arrivées en Europe par l'intermédiaire du mouvement d'éducation nouvelle (l'école du Mail à Genève dirigée par Robert Dottrens et l'école de Célestin Freinet qui systématise l'utilisation des fichiers d'individualisation.
  2. Le plan Dalton poursuit plusieurs objectifs :
    • relier le travail scolaire aux besoins et intérêts de chaque élève individuellement. Les élèves progressent à leur rythme et ils ont la possibilité de recommencer une évaluation s'ils le souhaitent
    • d’organiser leur travail et d’apprendre à s’auto-corriger
    • d’acquérir de l’autonomie
    • de les faire avancer dans leur Zone proximale de développement
    • de les motiver aux différents apprentissages
    • de les aider à développer leur sens des responsabilités vis-à-vis des autres (s’entraider, coopérer)
    • développer leur compétence pour l'autonomie
    Les enseignants l'adoptent en raison de l'apparition de nouvelles contraintes qui leur sont imposées. Ils doivent gérer l’hétérogénéité du niveau de connaissances et des appétences des élèves. Beaucoup d'élèves ont une grande difficulté scolaire avec le système traditionnel d'où l'obligation de trouver de nouvelles voies d'apprentissage. L’inclusion d’élèves en situation de handicap, également, amène les enseignants à utiliser le plan Dalton ou ses formes pédagogiques dérivées. Cette approche pédagogique est originale en deux points. Le contrat signé par l'enfant le lie à ses choix d'apprentissage des matières pour une période déterminée à l'avance. Il s'agit donc d'une prise de décision finale de sa part initiée par l'enseignant. Ensuite, l'enseignement est individualisé au mieux des intérêts de l'élève. L'enfant s'aide des fichiers d’exercices, de exercices de remédiation, de fiches autocorrectives et de pairs plus avancés dans le groupe ou bien par l'intermédiaire de l'enseignant. Si l’évaluation est ratée, il devra recommencer le chemin avec des fiches de remédiation et un étayage plus poussé de l’enseignant. La progression scolaire se base principalement sur l'auto-contrôle. L'enfant travaille à son rythme sans subir un stress négatif. La pratique du plan de travail Dalton est la résultante d’une organisation méthodique de l’activité individuelle. Elle permet de s'ajuster à la complexité de l'organisation au sein de la classe. Elle donne à l’enfant une certaine autonomie dans l’emploi de sa journée. Elle permet à l'écolier d'ajuster son rythme à la nécessite de qualité de son résultat. L’élève dispose d'une liberté d’exécution des tâches dans un cadre donné par l’enseignant tant dans le temps que dans la nature du travail à effectuer. Le plan de travail permet de prendre chaque élève au niveau où il est dans son processus d’acquisition et de l’aider à avancer dans ses apprentissages à son rythme. Il conforte les élèves qui ont tous un besoin fort d’être placés en situation de réussite, soit pour se réassurer après des échecs successifs, soit parce qu’ils ne sont pas encore en mesure psychologiquement de gérer l’échec. Dans le plan de travail, chacun visualise ce qu’il a réussi ou non, ce qu’il a fait seul ou avec l’aide de quelqu’un d'autre (adulte ou pair). Les exercices d’entrainement assurent progressivement la diminution de l’étayage pendant ces temps de travail individualisé en avançant vers une zone proximale d’autonomie. Les élèves apprennent à organiser une tâche et à planifier leur travail. Avec son plan de travail, l’élève sait ce qu’il doit faire, ce qu'il a déjà fait et ce qu’il lui reste à faire. Le plan de travail propose une diversité des activités à réaliser, il répond donc à la différence et à la variabilité des durées d’attention des élèves avec la prise en compte de la fatigabilité et de la capacité d’attention de chacun. Le plan de travail facilite la gestion de la souffrance individuelle en proposant un travail qui leur convient, en passant le temps nécessaire sur la leçon avant de passer à la suivante et en mettant en vigilance ceux qui n’ont pas compris tout de suite. De plus, le plan de travail permet d’avoir des temps de relation de travail enseignant/élève plus intensives.
    • 1930, Antoinette‎ Guisen, "Le plan de Dalton pour l'individualisation de l'enseignement.", ‎Bruxelles, Office de Publicité J. Lebègue
    • 2020, Marie Vergnon, "Le rôle des pédagogues genevois dans la réception contrastée en Europe francophone du Plan Dalton et de la pédagogie de Winnetka", In: Michel Christian; Joëlle Droux; Rita Hofstetter, dir., "Construire la paix par l’éducation : réseaux et mouvements internationaux au XXe siècle. Genève au cœur d'une utopie", Alphil Presses universitaires suisses
  3. Le mouvement pour une "Éducation Nouvelle" émergea à la fin du XIXième siècle pour une rénovation pédagogique avec une tentative d'ouvrir l'école sur l'extérieur tant sur le plan physique et matériel que sur l'apport d'autres disciplines. L'éducation nouvelle se caractérise par une recherche d'une école plus humaine et la prise en compte de l'enfant en tant qu'individu à part entière.
  4. Peter Petersen est né le 26 juin 1884 à Großenwiehe près de Flensburg, en Allemagne. Il est décèdé en 1952 à Iéna. Dans les années 1920, il dirigeait l’école Lichtwark à Hamburg-Winterhude. Cette école avait été créée sur la base du mouvement réformateur de l’éducation pour contrer les influences fascistes montantes. Les enfants étaient préparés à participer en personne responsable et autonome à la démocratisation de la vie communautaire. C'est lors du Colloque international du Cercle d’Etude pour la rénovation de l’éducation à Locarno, qui s'est tenu en 1927 que la dénomination de "plan d’Iéna“ est apparue pour la première fois, suite aux lancements aux États-Unis du plan "Winetka“ et du "plan Dalton“ de Helen Parkhurst. Les principes de base du plan d'Iena reposent sur plusieurs points. Le rythme individuel de la journée scolaire de l’élève remplace l’emploi du temps rigide et imposé, lequel est un obstacle à l’apprentissage. Les groupes d’âges hétérogènes sont préférés aux classes d’âge homogènes. Les salles de cours pour l’apprentissage et la vie scolaire sont aménagés comme une salle de séjour. Le système de notation est écarté au profit de l'observation et de la description du développement de l’enfant. Le système insiste sur la notion de maturation de la situation pédagogique qui prépare l’enfant, en situation d’apprentissage en lien avec la vie réelle.
  5. Carleton Washburne, né le 2 décembre 1889, décédé le 28 novembre 1968) était un éducateur américain et un réformateur de l'éducation. Il a été surintendant des écoles de Winnetka, dans l'Illinois, aux États-Unis de 1919 à 1943. Il est notamment associé au plan Winnetka qu'il a développé pour son district.

Publications

  • 1917, "Recent logical realism", Publisher Bryn Mawr, Pa.
  • 1922, "Education on the Dalton Plan", New York E. P. DUTTON & Company
  • 1935, "Work Rhythms in Education"
  • 1951, "Exploring the Child's World"

Littérature secondaire

  • 2010, Susanne Popp, "Der Daltonplan in Theorie und Praxis. Ein aktuelles reformpädagogisches Modell zur Förderung selbstständigen Lernens in der Sekundarstufe" ("Le plan Dalton en théorie et en pratique. Un modèle actuel de réforme de l'éducation pour promouvoir l'apprentissage autonome dans l'enseignement secondaire"), Studienverlag