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Richard Rumelt

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Richard P. Rumelt, né en 1942, est professeur de management à l'Anderson School of Management de UCLA (chaire Harry et Elsa Kunin). Après l'obtention de ses diplômes en génie électrique de l'Université de Berkeley, il a travaillé comme ingénieur des systèmes chez Jet Propulsion Labs (JPL). Richard Rumelt a obtenu ensuite un DBA de Harvard, où il y a enseigné. Il a ouvert une extension de Harvard en Iran. En 1976, il accepta un poste à l'UCLA où il travaille depuis lors sauf pour une interruption de rois ans où il est venu enseigner en France (INSEAD). Il est également un consultant occasionnel pour l'industrie.

Théoricien du management basé sur les ressources (RBV)

Il a contribué à la recherche sur l'étude de la diversification et du management basé sur les ressources (RBV). Et, il est célèbre pour une question fondamentale de la stratégie : "Quelle est la valeur ajoutée qu'apporte le siège social ?". Sa carrière de chercheur l'a poussé sur des questions centrales au sujet de la stratégie marketing de l'entreprise.

Dans son livre écrit en 2011, Richard Rumelt traite de la stratégie non pas en termes purement économiques mais il la définit dans le cadre du monde réel comme une solution à un ou des problèmes. C'est-à-dire, une stratégie est une approche pour faire face à un défi à haut enjeu. Compte tenu de cette définition, une "mauvaise stratégie" est celle qui ne permet pas d'identifier le problème résolu ou qui est simplement un établissement d'objectifs ou une affirmation d'ambition et de valeurs générale plutôt que de vouloir résoudre des problèmes. Cette façon de voir la stratégie permet un cadre unifié pour l'examen de la stratégie dans les entreprises, les organisations à but non lucratif et les entreprises publiques. Dans chaque contexte, une bonne stratégie implique d'identifier les défis clés et d'offrir des moyens de les traiter. Trop souvent, cela ne se produit pas parce que les dirigeants détiennent des modèles faibles de la stratégie ou parce que la logique de la budgétisation financière rend confus ou invisible l'identification des problèmes et la résolution de problèmes.

Dans son premier livre publié en 1974, qui reprend sa thèse de doctorat, Richard Rumelt reprend le travail d'Alfred Chandler, sur la relation entre la stratégie et la structure. Il étudia, comme son prédécesseur la croissance de grandes sociétés américaines et il explora la question de savoir si leurs stratégies de croissance (diversification, ou intégration verticale, ou croissance endogène) ont conduit à des structures organisationnelles différentes. Richard Rumelt se fixa trois tâches : établir la validité empirique de l'hypothèse de Chandler, développer un schéma plus nuancé de la stratégie et de la structure et enfin relier la stratégie et la structure avec la performance économique (principalement la rentabilité) de l'entreprise. Après avoir étudié 246 entreprises sur une période de 20 ans, il est devenu évident pour Rumelt que la stratégie et la structure étaient corrélées et de plus causalement liées. Au fur et à mesure que les entreprises adoptent une stratégie de diversification, elles passent d'une structure avec des services fonctionnels (c.-à-d. le marketing, la finance, la production, etc.) à une structure décentralisée basée sur des divisions de produits. À cette époque, la recherche sur la structure était influencée par l'approche de la contingence laquelle était largement axée sur la question de savoir si les organisations étaient "organiques" ou "mécanistes". Cette approche théorique a empêché le milieu de la recherche de constater que la forme de la structure dans les grandes entreprises s'était radicalement transformée au cours des 20 années après la seconde guerre mondiale. L'étude de Richard Rumelt a joué un rôle déterminant dans la conversion de la recherche en stratégie d'un format d'étude de cas à un examen attentif des comportements et des performances des entreprises. En 2017, Google Scholar présente plus de 4690 citations pour son livre.

Ses recherches lui ont montré que les entreprises d'une même industrie ont des résultats différents les unes des autres et qu'elles se comportent différemment. Il collabora avec Steven Lippman, expert dans les processus stochastiques, pour mettre au point un modèle mathématique de performance au niveau de l'entreprise. Leur travail fut essentiel pour faire avancer la discussion sur la performance concurrentielle du paradigme de l'organisation industrielle à celui qui met l'accent sur les obstacles à l'imitabilité des entreprises. Richard Rumelt qualifie ces barrière comme des "mécanismes d'isolement". En effet, avec leur notion d'inimitabilité incertaine, Lippman et Rumelt (1982) suggèrent que l'avantage concurrentiel peut dériver entièrement de ce qui ne peut pas être compris, même par ceux qui possèdent les connaissances.

Une méthodologie de comparaison de l'avantage inter-entreprise plutôt qu'inter-industrie

La recherche stratégique a désormais pris une perspective plus forte sur le management basé sur les ressources. En d'autres termes, les bénéfices dans l'économie ne se situent pas dans les sièges sociaux des sociétés, ni dans les activités commerciales, mais dans les ressources spéciales qui sont difficiles à imiter qu'une entreprise possède ou contrôle[1]. Steven Lippman et Richard Rumelt ont établi les micro-fondations du management basé basé sur les ressources.

La question des différences de performance entre les entreprises au sein d'une industrie est au cœur de la pensée stratégique moderne. En 1975, Richard Rumelt a fait une étude sur les données issues de Compustat montrant que les entreprises à l'intérieur d'une industrie ont des taux de rendement qui diffèrent les uns des autres beaucoup plus que les industries ne diffèrent les unes des autres[2]. Le travail de Richard Rumelt pose une vision empirique dans la perspective du management stratégique, qui considère que le lieu où se situe le profit dans l'économie est à chercher au niveau de l'entreprise (ou au niveau en-dessous) et non au niveau de l'industrie. D'autres chercheurs ont réalisé de nombreuses réplications des recherches empiriques de Richard Rumelt dans d'autres contextes et avec d'autres données. Et ses résultats de base continuent de se maintenir avec la même fidélité.

Le travail original de Richard Rumelt sur la diversification l'obligea à étudier l'histoire d'une entreprise et à faire un jugement sur la catégorie dans laquelle elle se trouve. D'autres chercheurs ont fait de même, mais beaucoup se sont plaints du lourd investissement requis en temps. L'alternative serait d'utiliser une mesure d'entropie de la diversité basée sur le comptage des codes d'enregistrement d'un établissement. Le problème évident est que les codes ne sont pas uniformément différents les uns des autres, de sorte que compter le nombre dans lequel une entreprise participe n'a absolument aucun sens. Parce qu'il a fourni une nouvelle façon raisonnable de mesurer la cohérence (diversification) au sein de l'industrie, et parce qu'il a présenté une analyse moderne de la raison d'être des sociétés multi-entreprises, son travail a donné une nouvelle vie sur l'étude de la diversification. Une partie de son travail (2010) a consisté aussi à montrer que les entreprises multi-entreprises ont tendance à investir plus lourdement dans les entreprises à faible profit que ne le font les entreprises avec un seul établissement à taille comparable. Cependant, il établit que rien ne prouve que cette "subvention croisée" interne entraîne une performance supérieure.


Annexes

Notes et références

  1. Cette approche est devenue également un élément de base dans la perspective du management par les capacités dynamiques
  2. Une décennie plus tard, Richard Schmalensee a publié un article dans l'American Economic Review qui rapporte une décomposition des éléments de variance dans les taux de rendement. Il conclut que les effets de l'industrie prédominent, ce qui justifie l'accent mis par les économistes de l'organisation industrielle sur la structure de l'industrie

Publications

  • 1974, "Strategy, Structure, and Economic Performance", Boston: Division of Research, Harvard Business School Press
  • 1982,
    • a. avec Steven A. Lippman, "Uncertain Imitability: An Analysis of Interfirm Differences in Efficiency Under Competition", The Bell Journal of Economics, Vol 13, n°2, pp418-438, Autumn
    • b. "Diversification Strategy and Profitability", Strategic Management Journal, Vol 3, pp359–369
  • 1984,
    • a. "Towards a strategic theory of the firm", In: R. Lamb, dir., "Competitive Strategic Management", Prentice-Hall, Englewood Cliffs (NJ), pp556-570
      • Repris en 1997, In: Nicolai J. Foss, dir., "Resources, Firms and Strategies: A Reader in the Resource-Based Perspective", Oxford University Press, pp131-145
    • b. "How much does industry matter?", Strategic Management Journal, 12(3), pp167-185
    • c. avec Jay B. Barney, Birger Wernerfelt, "Marketing’s Role in the Implementation of Business Strategies: A Critical Review and Conceptual Framework", Journal of Marketing, Vol 51, Jul, pp15-33
  • 1991, "How Much Does Industry Matter?", Strategic Management Journal, Vol 12,
    • Repris en 1998, In: Susan Segal-Horn, dir., "The Strategy Reader", Blackwell
  • 1994,
    • a. avec Dan E. Schendel, David J. Teece, dir. "Fundamental Issues in Strategy", Boston, Harvard Business School Press
    • b. avec David J. Teece, Sidney Winter, Giovanni Dosi, "Understanding Corporate Coherence: Theory and Evidence", Journal of Economic Behavior and Organization, Vol 23, pp1–30
  • 1996, avec R. T. Pascale, M. Goold, Henry Mintzberg, "The Honda effect revisited", California Management Review, Vol 38, Summer, pp78-117
  • 2003,
    • a. avec Steven A. Lippman, "A bargaining perspective on resource advantage", Strategic Management Journal, Vol 24, pp1069–1086
    • b. avec Steven A. Lippman, "The Payments Perspective: microFoundations of Resource Analysis", Strategic Management Journal, Vol 24, pp903-927
  • 2009, avec Thomas M. Liggett, Steven A. Lippman, "The Asympotic Shapley Value for a Simple Market Game", Economic Theory, Vol 40, pp333-338
  • 2011, "Good Strategy/Bad Strategy", Crown Books

Littérature secondaire

  • 2014, A. M. Knott, David G. Hoopes, "Richard Rumelt Biography", In: Mie Auger, David J. Teece, dir., "The Palgrave Encyclopedia of Strategic Management", NY: MacMillan