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Sima Qian

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Sima Qian (prononcé [sɨmà tɕʰjɛn], né vers 145 ou 135 av JC à Xiayang à Zuopingyi (près de l'Hancheng moderne, province du Shaanxi), décédé en 86 av. J.-C.), dont le nom est généralement romanisé en Ssu-Ma Chien, était un historien chinois durant la dynastie des Han. Il est considéré comme le père de l'historiographie chinoise. Son œuvre a eu beaucoup d'influence pendant des siècles non seulement en Chine, mais aussi en Corée, au Japon et au Vietnam.

Sima Qian a vécu la plus grande partie de sa vie sous le règne de l'empereur Wu dont le long leadership politique a duré de 141 à 87 av. J.-C. A l'âge de dix ans, il a pu "lire les anciens écrits" et fut rapidement considéré comme un érudit prometteur. Il a grandi dans un environnement confucéen et il a toujours considéré son travail d'historien comme un acte de piété filiale confucéenne envers son père.

Sima Qian était bien plus que le précurseur d'Adam Smith à deux mille années de distance

Selon Roderick Long[1], philosophe de l'Université d'Auburn aux Etats-Unis, les grands économistes du libre marché et les philosophes libertariens de la Chine n'étaient pas des taoïstes, mais des confucéens[2], dont Sima Qian serait le représentant symbolique. Près de deux mille ans avant Adam Smith[3] et à plusieurs milliers de kilomètres de distance, Sima Qian estimait que "La richesse et la monnaie devraient être autorisées à circuler aussi librement que l'eau !". De plus, il reprochait aux intellectuels chinois de n'avoir aucune appréciation positive sur les marchands. Il considérait donc que l'esprit d'entreprise, baignait dans une culture où l'entrepreneur était plutôt considéré comme un paria. Dans un volume qui, plus tard, fît partie de ses "Mémoires de Grand Historien de la Chine (Sima 1961)[4], Sima Qian accorda une attention aux diversités des économies régionales, et s'interrogea pourquoi certaines avaient mieux réussies que d'autres financièrement. Il discuta à la fois du rôle important des marchands et des prix dans l'élimination des biens à produire, ou du déplacement des marchandises des endroits où elles étaient les moins désirées vers les lieux où elles étaient les plus demandées. Il parle ainsi des entrepreneurs :

"Ce sont donc les exemples des hommes exceptionnels et extraordinairement riches. Aucun d'entre eux n'a bénéficié de titres ou de fiefs, de cadeaux ou de salaires du gouvernement, ni ils n'ont "joué" avec la loi ou n'ont commis des crimes pour acquérir leur fortune. Ils ont simplement deviné quelles conditions les cours [des prix] allaient prendre et ils ont agi en conséquence, ils ont gardé un œil attentif sur les opportunités de l'époque, et ils ont ainsi pu capturer de gros bénéfices.
Ils ont une aptitude particulière dans la manière dont ils s'adaptent aux temps... Tous ces hommes sont arrivés là car ils l'ont fait en raison de leur dévouement et de leur caractère unique... Ceci n'est pas une route fixe en direction de la richesse, et l'argent n'a pas de maître permanent. Il trouve son chemin vers l'homme qui en a la capacité, comme les rayons d'une roue convergeant sur le moyeu, et des mains de ceux qui ont peu de capacité, l'argent tombe comme des carreaux brisés... Les hommes riches, comme ceux-ci, méritent d'être appelés « la noblesse sans titre »...

En tant que haut fonctionnaire impérial, Sima Qian fut également en mesure d'offrir un conseil à l'empereur sur les affaires générales de L'Etat. Il soutenait que les incitations privées sont suffisantes pour effectuer la plupart de ce l'économie est en logique de faire sans intervention externe.

"La société doit évidemment avoir des agriculteurs avant de pouvoir manger; des forestiers, des pêcheurs, des mineurs, etc., avant de pouvoir utiliser les ressources naturelles; des artisans avant qu'elle puisse avoir des produits manufacturés; et des marchands avant qu'ils ne puissent être distribués. Mais une fois que cela existe, qu'est-ce que les directives gouvernementales, les mobilisations du travail ou les assemblées périodiques doivent faire ? Chaque homme n'a qu'à être laissé libre d'utiliser ses propres capacités et d'exercer ses forces pour obtenir ce qu'il souhaite. Ainsi, lorsqu'une marchandise est très bon marché, elle invite à une hausse des prix; quand elle est très coûteuse, elle invite à une réduction des prix. Lorsque chaque personne travaille à sa propre occupation et à la lueur de ses affaires, alors, comme l'eau coule vers le bas, les marchandises évolueront sans cesse jour et nuit sans avoir été convoquées, et les gens produiront des marchandises sans que l'on leur ait demandé. (Sima Qian, 1961, p477)[5][6].

Siman Qian : martyr du despotisme politique

Siman Qian fut aussi la victime du leadership toxique du pouvoir politique. Il vécut le martyr de l'horrible justice que l'on imposait aux gens, à son époque. Il fut condamné injustement par l'empereur Wu. On le priva de la liberté, on l'engeola et pire, comme il ne pouvait payer le prix de sa liberté, on le castra[7]. En 96 avant J.-C., lors de sa libération de prison, il choisit de survivre comme un eunuque du palais pour compléter ses histoires plutôt que de se suicider comme tant d'autres hommes ont fait avant et après lui. Il n'a pas refusé de supporter ses maux car il souhaita continuer à vivre, en habitant dans un environnement de méchanceté et de disgrâce. Malgré son sentiment de honte injustifié, il porta fièrement son ambition d'érudit pour que ses écrits lui survivent. Il avait étudié tant d'hommes de l'Antiquité qui étaient riches et nobles et dont les noms avaient disparu de la postérité. Il avait examiné tant de faits et d'événements du passé. Il avait étudié beaucoup de principes de la réussite et de l'échec de ces hommes, de leur apparition et de leur désintégration dans cent trente chapitres[8]. Mais, avant qu'il n'ait fini son volumineux manuscrit, il a rencontré cette calamité. C'est parce qu'il a regretté que son ouvrage ne soit totalement terminé qu'il a du affronter sa peine extrême sans rancœur. Il voulait que son travail soit transmis dans l'histoire de l'humanité à d'autres hommes qui l'apprécieront et qui le feront savoir à d'autres.

Annexes

Notes et références

  1. Roderick Long, 2003, “Austro-Libertarian Themes in Early Confucianism”, Journal of Libertarian Studies, Vol 17, n°3, pp35-62
  2. L'article de Roderick Long a convaincu Bryan Caplan (2004) qui précise : "Même si vous ne vous souciez pas des proto-libertariens chinois, cet article illustre le véritable sens de la recherche érudite".
  3. Dans les années 1990, il y eut un échange d'articles sur la question de savoir si Sima Qian avait anticipé ce qu'Adam Smith avait présenté.
  4. Alimenté par l'inspiration de son père, Sima Qian a commencé à compiler "Shiji", qui est devenu "Les mémoires du Grand Historien", en 109 avant J-C.
  5. Cité par Xingyuan Feng, Weisen Li, Evan W. Osborne, 2017, "Classical Liberalism in China: Some History and Prospects", Econ Journal Watch, 14(2), May, pp218–240
  6. Cette idée est mise en relation évidente par de nombreux observateurs, dont Fumio Hozumi (1940), avec la phrase frappante d'Adam Smith :
    "Cette division du travail, dont les avantages peuvent être dérivés, n'est pas à l'origine l'effet de toute sagesse humaine, qui prévoit et envisage l'opulence générale à laquelle elle donne l'occasion. C'est la conséquence nécessaire, bien que lente et graduelle, d'une certaine propension dans la nature humaine, qui n'a aucune utilité aussi large : la propension à troquer et à échanger une chose pour une autre". Adam Smith, "An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations"; Livre 1, Chapter II
  7. En 99 av. J.-C., Sima Qian fut impliqué dans l'affaire Li Ling, où Li Ling et Li Guangli, deux officiers militaires ont mené une campagne contre les Xiongnu dans le nord. Ils furent vaincus et pris en captivité. L'empereur Wu attribua la défaite à Li Ling et tous les responsables gouvernementaux le condamnèrent ensuite. Sima Qian fut la seule personne à défendre Li Ling, qui n'avait jamais été son ami mais qu'il respectait. L'empereur Wu a interprété la défense de Li Ling comme une attaque personnelle contre son beau-frère, Li Guangli, qui avait également combattu contre les Xiongnu sans beaucoup de succès, et il condamna Sima Qian à mort. À l'époque, l'exécution pouvait être commuée soit par l'argent, soit par la castration. Comme Sima Qian n'avait pas assez d'argent, il fut jeté en prison, où il resta trois ans. Il décrivit sa douleur physique et morale ainsi : "Lorsque vous voyez le geôlier, vous vous aplatissez de façon indécente avec le front collé au sol. À la seule allusion de ses sous-entendus, vous êtes saisis de terreur... Une telle ignominie ne peut jamais être effacée". Sima Qian dénomma sa castration "la pire des punitions".
  8. Le Shiji comprend 130 chapitres composés d'un demi-million de caractères.

Publications

  • 1961, "Records of the Grand Historian", New York: Columbia University Press, traduction en anglais par Burton Watson

Littérature secondaire

  • 1964, Joseph Spengler, "Ssu-Ma Chien, Unsuccessful Exponent of Laissez-Faire", Southern Economic Journal, January, pp223-243
  • 1996, Leslie Young, "The Tao of Markets: Sima Qian and Adam Smith", Pacific Economic Review, Vol 1, n°2, pp137–145
  • 1997, S. Durrant, "Redeeming Sima Qian", China Review International, Vol 4, n°2, pp307-313
  • 1999, Ken McCormick, "Sima Qian and Adam Smith", Pacific Economic Review, Vol 4, n°1, pp85–87
  • 2002,
    • Y. Stephen Chiu, Ryh‐Song Yeh, "Adam Smith versus Sima Qian: Comment on the Tao of markets", Pacific Economic Review, Vol 4, n°1, pp79-84
    • Ken McCormic, "Sima Qian and Adam Smith", Pacific Economic Review, Vol 4, n°1, pp85-87

Liens externes