Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Carte scolaire

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche
Exemple de carte scolaire

La carte scolaire est le découpage géographique d'une ville, ou d'un département en secteurs d'affectation. À chaque école primaire et à chaque collège correspond un secteur géographique défini précisément.

En France, chaque élève doit être scolarisé dans l'école primaire ou le collège du secteur où sa famille est domiciliée. Cette obligation, partiellement assouplie depuis 2007, a été à nouveau durcie depuis 2012.

Présentation

La carte scolaire a été créée en 1963. Elle repose sur l'idée que la meilleure manière de garantir l'égalité des chances est d'uniformiser les établissements et d'y répartir les élèves de façon autoritaire afin de créer de la « mixité sociale ». Le placement des élèves dans les écoles est donc régi par une « carte scolaire » qui oblige en théorie les parents à inscrire les enfants dans l'établissement de leur quartier.

La carte scolaire est une contrainte liée à d'autres contraintes étatiques que sont l'école obligatoire et la non concurrence des établissements publics entre eux. Elle illustre le principe des calamités lié au service public : une contrainte en entraîne une autre pour éviter les contournements possibles de la première, ou pour tenter d'en corriger les effets néfastes.

Conséquences

La carte scolaire crée ou encourage la ségrégation

Le résultat de cette politique, combinée avec celle du logement qui a conduit à créer des cités-ghettos, HLM pauvres géographiquement localisés, a été de condamner les plus défavorisés à frayer entre eux dans des établissements le plus souvent « à problèmes », les habitants des beaux quartiers continuant à bénéficier des services « gratuits » de lycées comme Louis le Grand et Henri IV (Paris), le Parc (Lyon), Fermat (Toulouse), Kléber (Strasbourg),…

Catégories sociales des parents en % au lycée Henri IV
Cadres sup., prof. lib. Artisans, comm. Prof. interm. Employés Ouvriers Retraités, autres Sans emploi
Henri-IV 74,8 8,8 6,7 3,0 1,8 3,4 1,6
Académie de Paris 47,7 9,3 12,5 13,6 8,3 2,8 5,8

Les « bons lycées » attirent les meilleurs professeurs et les plus expérimentés, là où les lycées des banlieues chaudes doivent se contenter d'accueillir des « sorties d'IUFM » qui ne pensent qu'à fuir au plus vite ces lieux de travail fort désagréables, une fois acquis des points d'ancienneté qui leur permettent d'obtenir une mutation plus intéressante géographiquement.

On peut en outre remarquer que, si le mécanisme de la carte scolaire aurait théoriquement pu assurer une certaine mixité sociale forcée, les évolutions techniques ont rendu son application impossible : là où dans le passé la séparation entre « classes sociales » se faisait sur une base verticale (concierge au rez de chaussée, bourgeois aux premier et deuxième étage, ouvriers en haut), l'apparition de l'ascenseur a entrainé une séparation horizontale, par quartiers. La carte scolaire ne peut donc, au mieux, que conforter des inégalités existantes.

La carte scolaire favorise les plus favorisés

La carte scolaire constitue, pour les personnes qui connaissent les réseaux et les circuits de prise de décision de l'Éducation nationale, un privilège, et pour ceux qui n'y ont pas accès, une fatalité. Comme le note Philippe Manière, « la règle, comme souvent en France, n'est incontournable que pour ceux qui n'ont pas de relations. Aux autres, le principe de l'égalité ne s'applique qu'avec une inflexibilité modérée ».[1]

Bien entendu, la carte scolaire offre des dérogations permettant à certaines catégories privilégiées et aux familles suffisamment éduquées pour naviguer dans le labyrinthe administratif d'éviter les établissements les moins bons. Ainsi les enseignants peuvent scolariser leurs enfants ailleurs que dans leur quartier s'ils n'y travaillent pas. D'une façon générale, un enseignant peut choisir à peu près librement le lieu de scolarisation de sa progéniture. De même, en choisissant des secondes langues ou des spécialités rares enseignées dans des bons lycées, on peut s'affranchir de la carte scolaire.

Enfin, les parents aisés ou prêts à tout sacrifier pour l'éducation de leurs enfants, mais qui n'ont pu résider dans le quartier de leur lycée cible, n'hésitent pas à y louer une chambre de bonne, voire à soudoyer des concierges pour que leur nom figure sur une boite aux lettres d'un immeuble bien placé. De plus, dans les quartiers aisés, les parents qui ont les moyens de le faire inscrivent leurs enfants dans des écoles privées. Ce système, qui se veut égalitaire, engendre en fait une sélection féroce, non par le mérite de l'élève mais par l'argent ou le passe-droit, une sélection souterraine, perverse et honteuse, qui ne dit pas son nom.

Les libéraux sont donc favorables à l'abolition de la carte scolaire, préférant la sélection sur les compétences à la sélection sur les revenus ou le carnet d'adresse des parents.

Aux États-Unis, la « carte scolaire » existe également, mais la concurrence mise en place entre les écoles publiques et les écoles privées constitue une dynamique visant à renforcer et à améliorer la qualité de l’éducation du service public. « Le choix sauvera l’école publique » affirme l'ancien ministre Rod Paige[2] qui met ainsi fin à la carte scolaire dans le cadre de Washington D.C., n’acceptant pas que « les élèves soient enchaînés à une école par un diktat légal et un mandat bureaucratique » et que seuls les parents qui ont les moyens puissent mettre leurs enfants dans l’école de leur choix.

Citations

B0.jpg Discussions sur le forum
Philippe Nemo contre la carte scolaire (for)
  • « La carte scolaire conduit à une ghettoïsation. » (Alain Madelin[3])
  • « La carte scolaire est ni plus ni moins que la garantie, pour les parents riches, vivant dans un quartier riche disposant d'une école de bonne qualité, que leurs enfants, même fainéants et mauvais élèves, pourront continuer à bénéficier d'un cadre de premier ordre. » (Éric Prosé)
  • « La carte scolaire doit être purement et simplement supprimée parce que ce n'est pas un instrument destiné à améliorer l'école ou même à la faire fonctionner correctement. En réalité, il faut comprendre qu'elle n'a jamais été un instrument pédagogique mais un instrument politique. La carte scolaire a été conçue pour imposer par la contrainte l'école unique. » (Philippe Nemo[4])
  • « Le ministère avait, après 1968, confectionné un monstre administratif appelé carte scolaire, qui interdisait aux parents d'inscrire leurs enfants dans des collèges ou lycées autres que ceux de leur quartier. On avait constaté, en effet, dans toute la France, comme on l'avait constaté partout depuis la création du monde, que les établissements les plus réputés attiraient des élèves qui résidaient souvent fort loin de leur emplacement, ce qui ne pouvait scandaliser que des idéologues égalitaristes. D'autres lycées, moins bons, ne se remplissaient qu'à grand-peine. Mais, selon la nouvelle doctrine, tous les lycées, tous les professeurs et tous les élèves étaient identiques, en intelligence, en talent, en curiosité d'esprit (curiosité épistémique) et en capacité de travail. Il fallut par conséquent, par la contrainte et au nom de la liberté, dépouiller les parents de la faculté de choisir le lieu d'éducation de leurs enfants. Il va de soi que la plus nauséabonde hypocrisie permettait en sous-main de violer la carte scolaire aux familles pourvues d'un bon piston. » (Jean-François Revel, Le voleur dans la maison vide, IV-2, Plon, 1997)

Notes et références

  1. Philippe Manière, L'aveuglement français : le libéralisme contre la régression sociale, Stock, p.41
  2. (en)Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]A Time for Choice, Rod Paige
  3. La carte scolaire conduit à une ghettoïsation, La Croix, 8 octobre 1999
  4. Présentation de Philippe Nemo à Société en Mouvement

Annexes

Articles connexes

Liens externes


7640-efdur-Babelwiki.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail sur les sujets de société.


Société.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail actualités du libéralisme.