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Voltaire

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Voltaire
Philosophe

Dates 1694 - 1778
Buste de Voltaire
Tendance
Nationalité France France
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Citation
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Voltaire, de son vrai nom François Marie Arouet, né le 21 novembre 1694 à Paris et mort le 30 mai 1778 dans cette même ville, est un écrivain et philosophe français des Lumières. Il est l'une des figures les plus importantes de la période des Lumières en France.

Biographie brève de Voltaire

Né dans une famille de la bourgeoisie parisienne, Voltaire a reçu une éducation classique, étudiant la philosophie, la littérature et le droit. Très tôt, il a montré des talents littéraires et un esprit vif, qui l'ont amené à écrire des pièces de théâtre, des poèmes, et à devenir un satiriste prolifique.

Son esprit caustique l'a souvent mis en conflit avec les autorités de l'époque, le menant même à être emprisonné à la Bastille en 1717. Cependant, son incarcération ne l'a pas empêché de continuer à écrire et à développer ses idées.

Voltaire est célèbre pour son œuvre philosophique, politique et littéraire. Son conte philosophique Candide, ou l'Optimisme (1759) est sans doute son œuvre la plus connue, une satire qui critique l'optimisme déraisonné de l'époque. Il a également écrit des essais importants, tels que Lettres philosophiques (1734), où il plaidait pour la tolérance religieuse et critiquait les institutions religieuses et politiques de son temps.

Il est admis à l'Académie française en 1746.

Il était un défenseur passionné de la liberté d'expression et a consacré une grande partie de sa vie à lutter pour les droits de l'homme ou la séparation de l'Église et de l'État. Il a entretenu une correspondance abondante avec d'autres penseurs des Lumières françaises, dont Denis Diderot et Jean-Jacques Rousseau.

Voltaire a vécu une grande partie de sa vie en exil en raison de ses écrits controversés et de ses opinions radicales. Il a résidé en Angleterre, à Genève et dans d'autres régions d'Europe. Son retour en France en 1749 a marqué une période de célébrité et de reconnaissance.

Sa contribution à la philosophie politique et à la pensée critique a été important, et son influence sur les idées des Lumières a été majeur.

Voltaire est décédé à Paris en 1778, laissant derrière lui un héritage intellectuel important pour les générations futures.

Voltaire, libéral ?

Sa pensée présente assurément de grandes proximités avec la pensée libérale, sur la liberté d'expression, bien sûr, au premier chef, mais aussi la critique du despotisme, ou la défense de la tolérance, exprimée avec talent lors de l'affaire Calas. Il s'appuyait largement sur la conception du droit naturel de John Locke, le rapprochant largement du libéralisme. Polémiste de premier plan, il ne développa cependant pas un système philosophique d'une grande cohérence. Il fut ainsi proche des despotes éclairés de l'Europe du XVIIIe, et n'hésitait pas à utiliser ses relations haut placées pour utiliser le pouvoir politique contre ses ennemis, comme contre Élie Fréron.

Sa détestation franche de Rousseau le rend également sympathique aux yeux des libéraux. Il ne cessa de critiquer la volonté égalitariste de Rousseau, écrivant dans ses Questions sur l'Encyclopédie (1770) : « Quelle est donc l’espèce de philosophie qui fait dire des choses que le sens commun réprouve du fond de la Chine jusqu’au Canada ? N’est-ce pas celle d’un gueux qui voudrait que tous les riches fussent volés par les pauvres, afin de mieux établir l’union fraternelle entre les hommes ? ».

Sa pensée économique était elle aussi très en ligne avec les idées économiques des libéraux. Il se fit ainsi un ardent défenseur de Turgot[1] lors du débat sur la libéralisation du commerce des grains :

« Comment donc ! disait un vieillard plein de sens, il y a soixante ans que je lis des édits ; ils nous dépouillaient presque tous de la liberté naturelle en style inintelligible ; et en voici un qui nous rend notre liberté, et j’en entends tous les mots sans peine ! voilà la première fois chez nous qu’un roi a raisonné avec son peuple ; l’humanité tenait la plume, et le roi a signé. Cela donne envie de vivre : je ne m’en souciais guère auparavant. Mais, surtout, que ce roi et son ministre vivent. »
    — Voltaire

La morale de Voltaire

« Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »

Cette phrase qui lui est souvent attribuée est apocryphe. Elle n'apparaît nulle part dans son œuvre publiée. Elle fut en fait formulée en 1906 dans The Friends of Voltaire, livre anglais de Evelyn Beatrice Hall écrivant sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, pour résumer sa position : "I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it", avant d'être traduite en français.)

Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui s'adapte parfaitement à son idéal positif et utilitaire. John Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, c'est l'expérience seule qui nous instruit ; tout ce qui la dépasse n'est qu'hypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de l'utile et du vérifiable.

Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de l'homme est de prendre en main sa destinée, d'améliorer sa condition, d'assurer, d'embellir sa vie par la science, l'industrie, les arts et par une bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun trouve son compte. Bien que s'exprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette convention, est universelle. Tous les hommes sont capables d'en concevoir l'idée, d'abord parce que tous sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce qu'ils sont tous capables de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment et par l'intérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire, est de nous enseigner les principes de cette « police » et de nous accoutumer à les respecter.

Étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à l'athéisme d'un Diderot ou d'Holbach. Il ne cessa de répéter son fameux distique :

« L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger. »

De nos jours encore, cette interrogation subsiste, transférée sur la raison des « bonnes valeurs » des constantes universelles.

Ainsi, selon Voltaire, l'ordre de l'univers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Toutefois, s'il reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et repose cette question formulée dès Saint Augustin et qu'il laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? ».

On lui attribue par ailleurs aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l'existence de Dieu, mais comme je n'ai pas envie d'être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à mes domestiques ».

Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l'Église catholique comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux d'intolérance et d'injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l'opinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l'indignation : l'humour, l'ironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient d'ailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve l'ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu'ironique :

« J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. [...] On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. [...] » (Lettre à Rousseau, 30 août 1755)

Le « patriarche de Ferney » représente éminemment l'humanisme militant du XVIIIe siècle. Comme l'a écrit Sainte-Beuve : « [...] tant qu'un souffle de vie l'anima, il eut en lui ce que j'appelle le bon démon : l'indignation et l'ardeur. Apôtre de la raison jusqu'au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. »

Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues tandis qu'il laisse à la postérité un gigantesque Dictionnaire philosophique qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. De nos jours, son théâtre, qui l'avait propulsé au premier rang de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et d'autres), ainsi que sa poésie (La Henriade, considérée comme la seule épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.

C'est à Voltaire, avant tout autre, que s'applique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle, qu'ils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité » .

Citations de Voltaire

  • « Celui qui brûle de l’ambition d’être édile, tribun, préteur, consul, dictateur, crie qu’il aime la patrie, et il n’aime que lui-même. Chacun veut être sûr de pouvoir coucher chez soi, sans qu’un autre homme s’arroge le pouvoir de l’envoyer coucher ailleurs. Chacun veut être sûr de sa fortune et de sa vie. Tous formant ainsi le même souhait, il se trouve que l’intérêt particulier devient l’intérêt général : on fait des vœux pour la république, quand on n’en fait que pour soi-même. » (Dictionnaire Philosophique, art. Patrie, section III)
  • « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. »
  • « Comment un peuple peut-il se dire libre, quand il ne lui est pas permis de penser par écrit ? »
  • « La grande affaire et la seule qu’on doive avoir, c’est de vivre heureux. »

Citations sur Voltaire

  • « Voltaire s'est trompé lorsque — en 1764 — il écrivit dans l'article « Patrie » de son Dictionnaire philosophique : « Être un bon patriote, c'est souhaiter que sa propre communauté s'enrichisse par le commerce et acquière de la puissance par les armes ; il est évident qu'un pays ne peut profiter qu'aux dépens d'un autre, et qu'il ne peut vaincre qu'en infligeant des pertes à d'autres peuples. » Voltaire, comme beaucoup d'auteurs avant lui et après lui, estimait superflu de se familiariser avec la pensée économique. S'il avait lu les Essais de son contemporain David Hume, il y aurait appris combien il est faux d'identifier la guerre et le commerce extérieur. Voltaire, le grand démolisseur de superstitions invétérées et de fables populaires, a ainsi été victime de la fable la plus désastreuse. » (Ludwig von Mises, L'Action humaine, chap. XXIV)

Littérature secondaire

Pages correspondant à ce thème sur les projets liberaux.org :

  • 1908, John Churton Collins, "Voltaire, Montesquieu and Rousseau in England", London: Eveleigh Nesh
  • 1965, Ariel Durant, Will Durant, "The Age of Voltaire: A History of Civilization in Western Europe from 1715 to 1756", New York: Simon & Schuster
  • 1966, Karl Weintraub, "Visions of Culture: Voltaire, Guizot, Burckhardt, Lamprecht, Huizinga, Ortega y Gasset", University of Chicago Press
  • 1975, A. Owen Aldridge, "Voltaire and the Century of Light", Princeton, NJ: Princeton University Press
  • 1988, Peter Gay, "Voltaire’s Politics: The Poet as Realist", 2nd ed. New Haven, CT: Yale University Press
  • 2000, Bettina Liebowitz Knapp, "Voltaire Revisited", New York: Twayne

Liens externes

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