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Algernon Sidney

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Algernon Sidney, né en janvier 1623 et décédé le 7 décembre 1683, était un homme politique anglais et un théoricien républicain. Il considérait que le motif de l'existence de l'État repose sur les concepts de justice et de liberté. Selon lui, tout individu a le droit de résister au gouvernement et aux lois tyranniques.

Biographie

Il était le deuxième fils du comte de Leicester et fut élevé dans le domaine familial dans le Kent. Son père, Robert, était un diplomate qui possédait une vaste bibliothèque, qui comprenait des classiques de la religion, de la philosophie et de l'histoire. Son oncle était le poète Philip Sidney. Adolescent, il a voyagé avec son père au Danemark, en France et à Rome. À Paris, il rencontre le diplomate et théoricien politique d'origine néerlandaise Hugo Grotius, qui représentait la Suède à la cour de France.

En 1646, il est élu au Long Parlement[1]. Il siégea au procès de Charles Ier. Les puritains de plus en plus fanatiques ordonnèrent l'exécution du roi en 1649, ce à quoi il s'opposa au nom de ses idées.

Par la suite Oliver Cromwell dissolut le Parlement en 1653 mais Algernon Sidney refusa de quitter son siège jusqu'à ce que les troupes du Lord Protector l'enlèvent de force. Sa vie étant désormais en danger, il s'est enfui aux Pays-Bas. Après son retour et la restauration de la monarchie, il fut soupçonné de comploter pour détrôner Charles II, qu'il considérait comme un autre tyran. Pour cela, il fut jugé pour trahison et fut condamné à mort avec un seul témoin alors que la loi en exigeait deux. Le tribunal, dirigé par le tristement célèbre George Jeffreys détourna la loi et saisit dans son domicile, le manuscrit encore inédit d'Algernon Sidney, les Discours concernant l'État comme preuve de l'existence d'un deuxième « témoin » opportun. Algernon Sidney, décapité, fut alors ôté de la vie terrestre mais ses idées sont restées pour l'éternité.

Idées

Algernon Sidney estimait que la présence de l'État est nécessaire, même s'il admettait que tout pouvoir est arbitraire. Il concédait que certains le sont plus que d'autres. Les États constitués doivent placer le pouvoir de manière à ce qu'il soit bénéfique au peuple, et ils fixent des règles qui ne doivent guère être transgressées. Leur rôle doit se limiter à l'établissement de la justice et de la liberté dans les meilleures conditions pour les citoyens. Les hommes libres, écrivait-il, ont toujours le droit de résister au gouvernement tyrannique. Jim Powell (2000) en a fait le chantre de la souveraineté populaire. De telles idées l'ont rendu extrêmement influent en Grande-Bretagne et en Amérique, au même titre que celles de John Locke. Il fut largement cité par les détracteurs de la monarchie Stuart et inspira John Trenchard et Thomas Gordon, pour l'écriture de leurs articles dans les Cato's Letters.

Son esprit intransigeant a inspiré à la fois la Glorieuse Révolution anglaise de 1688 et la Révolution américaine de 1776. Il fut officiellement reconnu par Thomas Jefferson comme étant l'un des principaux architectes de la liberté américaine. Benjamin Franklin le recommandait dans sa liste de lectures. Les gouvernements, pour Algernon Sidney, ne sont pas au-dessus de la loi et toute injustice n'est pas assimilable au Droit, affirmait-il dans son livre Discourses Concerning Government, publié après sa mort en 1698. Par conséquent, tout ce qui n'est pas juste doit être accompagné de désobéissance.

Il considérait le pouvoir absolu comme un mal, estimant que les citoyens ont le droit d'avoir leur mot à dire dans leur gouvernement. Il s'opposa à l'exécution régicide au motif de l'inutilité de la justice vindicative. Cohérent avec lui, il soutenait que l'être humain doit se servir de sa raison et non de ses émotions dans les prises de décision critique. Il ne soutint donc pas l'exécution car il recherchait toujours la justice, jamais la vengeance.

Dans son livre publié à titre posthume en 1698, il s'opposa aux idées de Robert Filmer divulguées dans son livre Patriarcha en 1680. Ce dernier soutenait que la monarchie absolue était une forme naturelle de gouvernement, existant depuis la création des temps. Les pères, selon Robert Filmer, devaient gouverner leurs familles et le droit de régner était transmis au fils aîné. Algernon Sidney n'était pas d'accord avec cette transmission héréditaire sans questionnement. S'il existe un contrat entre l'État et le peuple, pensait-il, alors ceux qui constituent une forme particulière de gouvernement sont habilités à annuler ce contrat s'ils en trouvent la justification.

Notes et références

  1. Il fut appelé ainsi car il était en session continue depuis onze ans

Publications

  • 1693, "The very copy of a Paper delivered to the Sheriffs upon the Scaffold on Tower-Hill on 7 December 1683", In: "State Tracts printed in the reign of Charles II", London
  • 1698, "Discourses Concerning Government", ("Discours concernant l'État")
  • 1996, "Court Maxims", Cambridge: Cambridge University Press

Littérature secondaire

  • 1988, Jonathan Scott, "Algernon Sidney and the English Republic, 1623-1677", Cambridge: Cambridge University Press
  • 1989, John Carswell, "The Porcupine: The Life of Algernon Sidney", London: John Murray
  • 1991,
    • Alan Craig Houston, "Algernon Sidney and the Republican Heritage in England and America", Princeton, N.J.: Princeton University Press
    • Jonathan Scott, "Algernon Sidney and the Restoration Crisis, 1677-1653", Cambridge: Cambridge University Press
  • 1994, Paulette Carrive, "La vie et la pensée politique d’Algernon Sidney. La pensée politique anglaise de Hooker à Hume", Paris: PUF
  • 1996, John Blom, Eco Haitsma Mulie, Ronald Janse, "Court Maxims by Algernon Sidney", Cambridge: Cambridge University Press
  • 2023, Leopoldo Prieto López, "Francisco Suárez and the Whig Political Tradition. The Case of Algernon Sidney", In: Leopoldo Prieto López, José Luis Cendejas Bueno, dir., "Projections of Spanish Jesuit Scholasticism on British Thought.: New Horizons in Politics, Law and Rights", Brill, pp61-68


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