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Casimir Périer

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Casimir Périer
homme politique

Dates 1777 - 1832
Perier, Casimir - 2.jpg
Tendance Libéral-conservateur
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Casimir Périer

Citation « Au-dedans l’ordre, sans sacrifice pour la liberté ; au-dehors, la paix sans qu’il en coûte rien à l’honneur. »
Interwikis sur Casimir Périer

Casimir Périer, banquier et homme politique français né à Grenoble (Isère) le 11 octobre 1777 et mort à Paris le 16 mai 1832, incarnation du « parti de la Résistance » sous la monarchie de Juillet, a été président du Conseil du 13 mars 1831 à sa mort, causée par l'épidémie de choléra de 1832.

Le banquier

Il est le quatrième fils de Claude Périer, riche négociant et industriel du Dauphiné, qui avait aidé à la préparation du 18 Brumaire et fut l'un des fondateurs de la Banque de France en 1801. Après des études chez les Oratoriens et un passage à l’armée d’Italie, il entame une carrière de banquier après la mort de son père. Son riche mariage avec Pauline Loyer lui permet de désintéresser son frère et associé Scipion et de gérer seul la banque.

Il a exercé diverses fonctions liées à sa profession : juge au tribunal de commerce de la Seine, puis conseiller d'escompte de la Banque de France du 7 mars 1811 au 1er février 1816, puis régent de la Banque de France à compter du 24 janvier 1822.

Le député

En 1817, il publie deux brochures financières, qui sont très remarquées, contre un emprunt de 300 millions contracté par le gouvernement à l'étranger à des conditions fort onéreuses. Il est élu la même année député de Paris. Il se spécialise dans les questions financières et, d’abord modéré, devient l’un des orateurs d’opposition redoutés du gouvernement surtout après sa réélection (1824). Sa seule apparition suffisait pour soulever, parmi les ultra-royalistes, un tumulte de cris : « La clôture ! Encore du scandale ! À l'ordre le factieux ! »

En 1827, élu dans la Seine et dans l’Aube, il opte pour Troyes et se rallie au ministère Martignac. Aussi garde-t-il, pendant les sessions de 1828 et 1829, un silence à peu près complet. Il ne remonte à la tribune qu'après l'avènement du ministère Polignac (août 1829). Sa popularité est ravivée par son opposition et il signa naturellement l'adresse des 221.

Passionné d'ordre, il redoute par-dessus tout le tumulte révolutionnaire et son lot d'incertitudes ; aussi ne se rallie-t-il que tardivement aux Trois Glorieuses. A quelqu’un qui lui dit sur le balcon de l’Hôtel de ville : « Qu’il est beau d’avoir fait sortir ce peuple de chez lui ! » il répond : « Il serait bien plus beau de l’y faire rentrer ». [1]. A ses yeux, « il n’y a pas eu de révolution, il n’y a eu qu’un simple changement dans la personne du chef de l’État » [2]

Président de la Chambre des députés le 6 août 1830, ministre sans portefeuille le 11 août, il est réélu député de Troyes en octobre. Principale figure du parti de la résistance, il critique le gouvernement de Jacques Laffite. Il lui succède en mars 1831, non sans hésitations, prenant aussi le portefeuille de l’Intérieur. Les membres de son cabinet faisaient presque tous partie du précédent ministère. Mais il peut aussi compter à la chambre sur Dupin, Guizot et Thiers.

La « dictature libérale »

Homme d’action et non d’étude ou de méditation, n’ayant que mépris pour les « rêveurs » et les « chimériques », sa conception de l’ordre est celle d’un homme d’affaires : la paix de la rue, la sécurité du commerce, le fonctionnement de la machine administrative.

La politique de Casimir Périer vise, à l'intérieur, à rétablir l'ordre par des mesures énergiques et, au besoin, par la force, pour arrêter le cours de la révolution et, à l'extérieur, à garantir la paix avec les puissances étrangères.

Il a ainsi défini son programme par le discours du 13 mars 1831 : « Au-dedans l’ordre, sans sacrifice pour la liberté ; au-dehors, la paix sans qu’il en coûte rien à l’honneur. » Il se veut le seul chef du gouvernement : il réunit les ministres chez lui et quand le conseil se réunit aux Tuileries, il refuse d’y admettre le duc d’Orléans. Il réclame aussi des ministres « une adhésion soumise et dévouée à sa politique » [3].

Soucieux de maintenir un régime libéral, il veut résister à la révolution en s’appuyant sur le parlement et non sur l’armée. Aussi, réclame-t-il un vote de confiance sur ses projets de lois. Il dissout la chambre le 31 mai 1831 selon la promesse qu’avait faite Laffite mais fait connaître que le gouvernement « ne sera pas neutre dans les élections » : il veut former la majorité dont il a besoin pour gouverner. Mais les élections se révèlent confuses : « Les opinions vagues nous paraissent la maladie du moment » (Journal des Débats, 18 août 1831). Périer menace de démissionner. Mais la violente discussion de l’Adresse, le vote du discours royal sans amendement, qui dure huit jours, tourne au triomphe pour le chef du gouvernement qui obtient une majorité de 282 voix contre 73.

Il prétend avant tout agir par l’opinion : « Devant l’étranger comme devant le pays, nous expliquons ouvertement notre politique » déclare-t-il le 30 mars 1831. Il s’appuie sur le Journal des Débats, le seul qui le soutienne vraiment, encourageant Bertin l'Aîné et Bertin de Vaux. Il utilise surtout la tribune parlementaire, discours et votes lui permettent de gouverner. N’écrivant pas ses discours, il s'appuie sur les compétences de Lingay, chargé des articles officiels du Moniteur. Il est plus à l’aise dans les improvisations : « quand, se dressant de toute sa grande taille à la tribune, pâli par la fièvre et la colère, il menaçait ses adversaires de sa main crispée ; ou bien quand, bondissant sous une interruption, il rejetait le manuscrit où sa prudence avait d‘abord contenu sa pensée, et écrasait, sous quelque formidable apostrophe, ceux qui avaient osé lui lancer un défi, la Chambre se sentait vraiment dominée. » [4] Lors d’un violent débat à la Chambre, le 21 décembre 1831, il déclare : « jamais je n’ai désiré le pouvoir, qu’entré aux affaires en homme de cœur, je n’ai d’autre ambition que d’en sortir en homme d’honneur. » Le pouvoir, l’influence, l’action sont concentrés dans un seul homme d’où l’expression de « dictature libérale » utilisée par Vitet.

Il cède cependant au sentiment démocratique en mettant fin à l’hérédité de la paierie.

Il montre de l’énergie face aux émeutes qui ne cessent de troubler la capitale d’avril à septembre 1831, nommant un préfet à poigne, Gisquet, ancien employé de sa maison de banque. Le 5 mai, le maréchal Lobau disperse une foule tumultueuse en la noyant avec des pompes à incendie, « exécution grotesque et méprisante qui montre bien que le gouvernement ne se croit plus obligé de traiter l’émeute avec déférence » [5] En novembre 1831, Lyon est en proie à la révolte des canuts : soulèvement lié à une question de salaires et non mouvement politique, mais annonce d’une nouvelle sorte de conflit. Les émeutiers au prix de centaines de victimes se rendent maîtres de la ville. L’ordre est rétabli le 3 décembre sans effusion de sang par l’envoi d’une force armée commandée par le maréchal Soult et le duc d’Orléans.

La politique étrangère

Refusant d’intervenir en Italie en faveur des révolutionnaires ou pour soutenir la révolte de la Pologne, Casimir Périer a néanmoins le souci de faire respecter la France en envoyant en juillet 1831 une escadre à Lisbonne pour imposer au roi du Portugal des réparations pour des mauvais traitements infligés aux résidents français et surtout en intervenant militairement en Belgique pour forcer les Hollandais à retirer leurs troupes en août 1831.

Mais avant tout, il cherche à renforcer l’alliance avec l’Angleterre pour contrer les trois monarchies orientales (Autriche, Russie et Prusse) et défaire ainsi l’œuvre de la Sainte-Alliance.

Assurant l’intérim des Affaires étrangères par suite de la maladie du général Sebastiani, il envoie en février 1832 un petit corps militaire occuper Ancône, dans les États pontificaux, soucieux de limiter l’influence de l’Autriche en Italie.

La fin de Casimir Périer

Henri Heine, exprimant l’opinion de ses adversaires de gauche pour qui il est un « libéral renégat », écrit dans la Gazette d’Augsbourg (1er mars 1832) : « Cet homme est l’Atlas qui porte sur ses épaules la Bourse et tout l’échafaudage des puissances européennes, et, s’il tombe, tomberont aussi les comptoirs de change, et les cours, et l’égoïsme, et la grande boutique où l’on a trafiqué des espérances les plus nobles de l’humanité. »

Sensible et maladif, il est régulièrement en proie au découragement : « Personne ne fait tout son devoir ; personne ne vient en aide au gouvernement dans les moments difficiles. Je ne puis pas tout faire. Je ne sortirai pas de l’ornière à moi tout seul » [6].

Le choléra frappe Paris à la fin du mois de mars 1832. Le président du conseil accompagne le duc d’Orléans visitant les cholériques de l’Hôtel Dieu le 1er avril. Il doit s’aliter trois jours plus tard. L’agonie se prolonge six semaines. La maladie ne calme pas l’hostilité de l’opposition qui voit dans le délire qui agite le mourant une folie furieuse produite par le remords de sa politique. Il meurt au moment où l’épidémie est en pleine décroissance.

Mais en une année de gouvernement, il a su donner une assise solide à la monarchie de Juillet.

Notes et références

  1. Thureau Dangin, I, p. 399, Paris 1909
  2. Mémoires de M. Odilon Barrot, I, p. 215
  3. Thureau-Dangin, I, p. 413
  4. Thurau-Dangin, II, p. 15
  5. Thurau-Dangin, II, p. 3
  6. Guizot, mémoires, t. II, p. 311-312

Sources

  • Paul Thureau Dangin, Histoire de la monarchie de Juillet, Paris librairie Plon 1909, t. I & II, 609 et 448 p.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Madeleine Bourset, Casimir Perier, un prince financier au temps du romantisme, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, 300 p.
  • Richard John Barker, Casimir Périer (1777-1832) and William Ternaux (1763-1833): two French capitalists. Duke university 1958


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