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Défaillance du marché

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La justification habituelle « philanthropique » de l'intervention de l'État réside, en autres, pour les étatistes dans le concept vague et un peu passe-partout de défaillance du marché. En fait, il s'agit là d'une justification a posteriori des premières interventions de l'État, une justification de l'augmentation du pouvoir de l'État, et de son emprise, bien éloigné de buts prétendument philanthropiques.

En réalité, on peut soutenir que le marché est toujours imparfait, mais jamais défaillant :

  • imparfait, parce que personne n'est jamais complètement satisfait des biens et services disponibles : ils sont toujours trop chers, en quantité insuffisante, et parfois même pas encore inventés !
  • jamais défaillant, parce qu'une défaillance se définit comme l'incapacité à remplir une obligation, et il est absurde d'assigner des obligations à un marché.
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Aspects néfastes de l'intervention de l'État

En réalité, l'emploi par l'État de la coercition lorsqu'il intervient, implique nécessairement des conséquences néfastes, puisque l'État ne vient pas comme un être surnaturel, hors du monde, qui ne fait que, par exemple, modifier les répartitions de richesse. La violence que l'État fait aux hommes induit une agression au sens propre du terme, et une appréhension, qui n'aurait pas eu cours dans une société de liberté où la répartition de la richesse - issue de la création - est spontanée. Il s'ensuit que, dans la plupart des cas, l'intervention conduit à un effet contraire au but recherché par le philanthrope. Les exemples sont nombreux, on pourrait ici citer l'explication rothbardienne de la crise de 1929, prétendument emblématique des faiblesses du capitalisme : elle trouve sa source dans le protectionnisme et l'interventionnisme des années 1920, ainsi que dans les décisions arrêtées par la toute jeune Federal Reserve américaine sur le marché monétaire (voir aussi l'article étalon-or).

La causalité libre

Il advient donc de l'intervention de l'État une série d'aggravations des situations présentes, mais qui ne sauraient être attribuées à l'État qui se caractérise, pour beaucoup d'étatistes, par une sorte d'infaillibilité. Attitude encouragée d'ailleurs par la croyance de suivre des idées progressistes, qui vont "dans le sens de l'Histoire", avec pour objectif d'améliorer sciemment le sort des "classes défavorisées". Sorte d'emprunt à la dialectique matérialiste marxiste. En ce sens, les étatistes ne sont pas conscients de la causalité des effets pervers de l'interventionnisme. Ils s'expliquent, pour eux, par une sorte de "causalité libre", sans source. Cette "causalité libre", à partir de laquelle les étatistes cherchent à élucider l'origine des "effets indésirables ou non souhaités", ne serait alors qu'une propriété d'émergence des interactions individuelles, incapable d'être prévue au niveau microscopique (ou microéconomique), mais qui est observable au niveau de la macroéconomie.

La personnification du marché

Cependant, la pensée est également pervertie par un autre principe, à partir de ce point : le marché, ensemble des actions individuelles, est donc imprévisible, peut conduire à des "dérives", il ne pourrait alors être utilisé comme remède à quelconque situation. L'État s'impose donc comme la solution d'une force personnifiée, et qui s'attribue des objectifs précis. Et on note, en bout de course, une projection de la conception de l'État sur celle du marché, où celui-ci devient personnifié. D'où la matérialisation des multiples "dérives du marché", qui ne pourraient en aucun cas être laissées "à ses forces aveugles indomptables".

Faire payer par tous la folie de quelques-uns

En pratique, l'accusation de défaillance du marché est utilisée par les étatistes pour leur permettre de satisfaire leurs lubies aux dépens des contribuables. Elle permet à l'irrationnel, grâce à la coercition fiscale, de se donner libre cours sans subir la sanction du marché. L’État peut prétendre ainsi jouer un rôle de super-assureur, en assurant l'inassurable, de super-banquier, en finançant à perte le non-rentable, etc. C'est la généralisation de l'aléa moral, de l'irresponsabilité institutionnelle, du gaspillage, du caprice du Prince.

Informations complémentaires

Bibliographie

  • 2019,
    • José Luis Gómez-Barroso, "Market Failure: Analysis", In: Alain Marciano, Giovanni Battista Ramello, dir., "Encyclopedia of Law and Economics", New York: Springer, pp1376-1380
    • José Luis Gómez-Barroso, "Market Failure: History", In: Alain Marciano, Giovanni Battista Ramello, dir., "Encyclopedia of Law and Economics", New York: Springer, pp1380-1384

Citations

  • Si les marchés sont imparfaits, les politiques sont aussi imparfaites que les marchés. (Paul Krugman)
  • Ce qu'on désigne généralement par « imperfection du marché » n'est pas une imperfection du marché mais constitue tout simplement l'imperfection de l'action humaine elle-même. (...) Ainsi, les imperfections qui frappent les décisions décentralisées des agents économiques vont aussi caractériser les décisions centralisées des organisations planifiées comme l'État et ses administrations. Dans les deux cas, que ce soient des fonctionnaires ou des actionnaires, ce sont toujours des hommes qui prennent des décisions. Mais les imperfections inhérentes aux choix publics prendront de l'ampleur au fur et à mesure que le décideur s'éloignera du champ d'application de ses décisions. (Jean-Louis Caccomo)
  • C’est un principe bien établi : chaque catastrophe provoquée par l’ardeur législative de nos gouvernants est immédiatement requalifiée en « défaillance du marché » qu’il faut, de toute urgence, colmater à coup de réglementations. (Guillaume Nicoulaud)

Voir aussi

Liens externes


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