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Répartition

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"N'importe quel idiot peut redistribuer la richesse. Ce qui est difficile est de la créer au départ." (Peter Schiff)

Le problème de la répartition

La valeur ajoutée représente, pour l'entreprise, la différence entre son chiffre d'affaires et la valeur des biens et des services achetés à d'autres entreprises (consommation intermédiaire). La valeur ajoutée, au plan microéconomique, mesure donc la richesse produite par l'entreprise. Cette richesse, issue de l'activité propre de l'entreprise, est partagée entre six partenaires. Il s'agit :

  • des salariés (salaires, participation financière, procédures d'intéressement…)
  • de l'État et des collectivités locales (impôts et taxes)
  • des organismes sociaux
  • des banques, s'il y a lieu (intérêts de la dette),
  • des propriétaires de l'entreprise (dividendes)
  • et enfin de l'entreprise elle même (source de son autofinancement).

La solution selon Ricardo

David Ricardo (Principes d'économie politique et de l'impôt) est un des premiers économistes à penser que l'un des objectifs de la science économique est d'étudier et de comprendre les lois qui gouvernent la répartition des richesses. Son approche est en quelque sorte une synthèse de la pensée classique de l'époque sur cette question. Ricardo distingue trois catégories de revenus :

  • la rente qui rémunère les propriétaires fonciers ;
  • le profit qui récompense l'entrepreneur ;
  • le salaire qui serait censé se fixer au niveau du minimum de subsistance, conformément aux enseignements de Thomas Malthus (le nombre de naissances croit avec l'augmentation des revenus, théorie erronée puisque les faits prouvent le contraire) et de Ferdinand Lassalle (ce dernier élaborant la « loi d'airain des salaires » qui stipule que dans une économie de marché le salaire moyen ne dépasse jamais ce qui est indispensable, conformément aux habitudes nationales, pour entretenir l'existence des ouvriers et continuer la race).

L'analyse de Ricardo repose sur un concept central, celui de la productivité marginale décroissante de la terre. En effet, au fur et à mesure de la croissance des besoins à satisfaire, les hommes se trouvent dans l'obligation de cultiver des terres de moins en moins fertiles. Or la conséquence de ceci est de faire augmenter la rente et parallèlement le prix du blé, ce phénomène entraînant une pression à la baisse des profits. Ricardo propose donc une suppression des corn laws qui protégeaient les propriétaires fonciers de la concurrence extérieure. Ce n'est donc pas le capitalisme naissant qui est la cause de la misère de la population, mais bien les aristocrates anglais (les propriétaires des terres) et l'État qui imposent des barrières à la libre circulation des marchandises, à la concurrence, ce qui provoque une hausse du prix du blé. Le gouvernement anglais va suivre les enseignements de Ricardo puisque les corn laws seront supprimées en 1846. On peut ici faire un parallèle avec la situation actuelle concernant le textile chinois puisque sa libre importation entraîne une baisse des prix de certains vêtements. Or les protectionnistes veulent imposer une règlementation régissant les flux de cette marchandise…

Selon C. Morrison, la thèse de Ricardo éclaire les conflits en matière de répartition des revenus au XIXe siècle dans les pays en développement, mais elle n'est plus pertinente aujourd'hui dans une économie où la rente foncière représente moins d'un pourcent des revenus du capital.

La solution selon Marx

Karl Marx élabore aussi une théorie de la répartition mais contrairement à la théorie de Ricardo qui repose sur le concept de la productivité marginale décroissante, celle de Marx est centrée sur la notion de plus-value, définie comme la différence entre la valeur d'usage de la force de travail et sa valeur d'échange. L'auteur souligne qu'il n'existe pas de loi absolue régissant la répartition des revenus mais seulement des lois relatives, par rapport à une organisation sociale donnée. Pour Marx, le partage essentiel s'effectue, dans une société capitaliste entre deux types de revenus, le salaire et le profit, ce partage étant lui-même l'expression de l'antagonisme qui existe entre deux classes aux intérêts opposés à savoir les salariés et les capitalistes. En effet, le salarié cherche une augmentation de son salaire et le capitaliste veut gonfler ses profits. Or une augmentation des salaires, puisque ceux-ci représentent un coût pour l'entreprise, ne peut que pénaliser les profits. Fondamentalement pour Marx c'est par la vente des marchandises, et donc par l'acte d'échange, que la marchandise elle-même, la force de travail et la plus-value sont métamorphosées en leur expression monétaire, à savoir respectivement en prix, salaire et profit. Dans cette vision des choses, la monnaie n'est donc pas seulement un moyen de lubrifier les échanges mais elle est aussi un instrument de domination. Pour Marx le marché est un lieu de concurrence, cette concurrence entraîne une substitution croissante entre travail mort (machines) et travail vivant (salariés). Or seul le travail vivant est créateur de valeurs car seul ce type de travail permet à l'homme d'accéder à la satisfaction (les machines n'ont fondamentalement pas d'exigence de satisfaction). Dans ces conditions les profits ne peuvent que baisser puisqu'ils dépendent de la manière dont l'homme accomplit ses actes de satisfaction.

La solution selon l'école autrichienne

L'école autrichienne, et notamment F. A. Hayek, s'oppose à cette vision qui stipule que le partage et plus précisément le marché seraient l'expression d'antagonismes. Le marché est un lieu de sélection et la monnaie n'est pas un instrument de domination mais un outil qui permet de diffuser de l'information. Étant donné que les hommes sont différents, la répartition des revenus ne peut pas être égalitaire. L'égalité matérielle est une fiction et seule l'égalité devant la loi est pertinente. Dans ce sens, il n'y a pas de loi qui gouverne la répartition des richesses. Ainsi traiter les salariés, les entrepreneurs, et les propriétaires de l'entreprise de manière égale conduit justement à des régimes autoritaires. Hayek estime qu'une classe de riches et une classe de pauvres est nécessaire puisque la classe des riches représente en quelque sorte une classe de testeurs, le progrès se diffusant lentement des classes riches aux classes pauvres. L'analyse de la pauvreté conforte le raisonnement d'Hayek. En effet l'amélioration des conditions de vie, liée aux progrès de la médecine, observée au début de la révolution industrielle, a d'abord touché la classe bourgeoise puis ce progrès s'est lentement propagé à l'ensemble de la population. Toute tentative des pouvoirs publics pour essayer d'instaurer une répartition plus égalitaire des ressources est absurde car aucun homme ne dispose d'assez de sagesse pour pouvoir construire rationnellement la société. De plus, les avantages accordés à certains constituent autant de handicaps pour d'autres. Dans ce sens tout partage de la richesse, dans une société libre, est juste puisqu'il est issu du libre choix des membres de la catallaxie. Imposer des règles de partage ne peut que mener vers la Route de la servitude. Ainsi ce partage doit être issu de la négociation collective, des choix libres. Hayek n'est pas contre les syndicats, mais il dénonce les monopoles de représentation qui ne peuvent que nuire à la liberté.

Citations

  • Le concept même de « répartition » est fallacieux. Il implique en effet un acte volontaire (plus ou moins centralisé) conduisant à répartir des ressources existantes. Or, les ressources sont toujours créées par des hommes et, dans une société fondée sur le contrat et l'appropriation privée, il n'y a pas à « répartir » des ressources, comme si elles constituaient un bien libre. (Pascal Salin, Libéralisme, La victoire moderne du libéralisme utilitariste)


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