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Coercition

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La coercition est généralement admise comme étant l'exercice d'un pouvoir de contrainte imposée sur les individus et/ou leurs biens, indépendamment de leur consentement ou volonté. D'un point de vue libéral, de telles contraintes sont soit justifiées, par exemple, lors d'un manquement à l'obligation de réparer un dommage causé à une victime, l'utilisation de la coercition sera nécessaire en tant qu'ultime résolution pour assurer le respect du droit, soit injustifiées, si la force utilisée viole les principes du droit. Dans ce sens, nous pouvons évoquer le principe de non-nuisance, seul principe d'utilisation justifiée de la coercition, correspondant à la formulation du Harm principle de John Stuart Mill : « la seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres ».[1]

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Point de vue libéral et libertarien

Pour certains libéraux, « la coercition a lieu lorsqu'on amène les actions d'un homme à servir la volonté d'un autre, non pour servir ses projets à lui, mais ceux de l'autre » (Friedrich Hayek). Néanmoins, cette acceptation a le défaut d'être imprécise. En effet, son sens est tellement extensif qu'il pourrait, par exemple, s'appliquer au publicitaire cherchant à persuader le consommateur potentiel des mérites d'un produit quelconque ou au séducteur baratinant une femme qu'il convoite. Philippe Nemo en préface de l'ouvrage traduite en français de La Constitution de la liberté précise : « Si l’on appelle coercition la soumission forcée d’un homme à la volonté arbitraire d’un autre, la liberté se définira comme le contraire de la coercition, donc comme le fait de n’être pas soumis à la volonté arbitraire d’autrui ».

Les libertariens estiment que la coercition renvoie à toute action contraire au principe de non-agression, à savoir, toute action qui consiste tant à employer la violence légale ou illégale contre des individus innocents qu'à menacer de le faire.

En revanche, on ne peut appeler coercition ce qui découle de la nature des choses : les faits naturels, tels que la gravitation, la météorologie, ou le fait qu'il faille travailler pour vivre (rareté des biens). La révolte contre la nature, qui sous-tend plus ou moins inconsciemment les théories collectivistes, est une absurdité.

Du point de vue du droit, on pourrait parler de deux types de coercitions : la coercition (voire la violence) légitime, nécessaire pour assurer le plein exercice des droits individuels à l'encontre des personnes qui les violent, et la coercition illégitime :

« L’ennemie des libéraux n’est pas tant la coercition en soi que la coercition arbitraire, abusive et envahissante – celle qui bureaucratise toute une société en règlementant et réprimant là où libre initiative et libre association pourraient efficacement satisfaire besoins et aspirations des gens. D’une manière plus générale, la contrainte n’est pas davantage et ne saurait intrinsèquement être l’ennemie des libéraux, sauf à entretenir une conception bien sommaire et réductrice de la liberté. Si, dans une société ouverte, il y a logiquement bien moins de contraintes que dans une société close traditionnelle ou contemporaine (étatisée, collectivisée), celles-ci n’y disparaissent pas pour autant comme par enchantement. »
    — Alain Laurent

Bibliographie

  • 2022, Billy Christmas, "Force and Coercion", In: Benjamin Ferguson, Matt Zwolinski, dir., "The Routledge Companion to Libertarianism", London and New York: Routledge, pp148-163

Citations

  • Le libéralisme comprend très clairement que sans recours à la coercition, l’existence de la société serait mise en danger et que derrière les règles de conduite dont le respect est nécessaire pour assurer la coopération pacifique des hommes doit se tenir la menace de la force. (Ludwig von Mises, Libéralisme)
  • La coercition ne saurait être totalement évitée, dans la mesure où le seul moyen de l’empêcher consiste à menacer de l’employer. (Friedrich Hayek, La Constitution de la Liberté)
  • Il est fort probable que plus de tort et de malheur ont été causés par des hommes déterminés à utiliser la coercition pour éradiquer un mal moral, que par l'intention d'autres hommes de faire le mal. (Friedrich Hayek, La Constitution de la Liberté)
  • Si nous voulons garantir une société de liberté, il nous est essentiel d'admettre que la désirabilité d'un objet donné n'est pas une justification suffisante à l'emploi de la coercition. (Friedrich Hayek)
  • Dans une société conforme au Droit où sont privilégiées les méthodes non-coercitives, un minimum de contraintes fortes mais bien distribuées constitue malgré tout et paradoxalement une condition indispensable – et à ce titre, légitime – à la sûreté des individus et à un régime de vie sous le moins de…contraintes possibles. (Alain Laurent)
  • Chaque jour, des parasites étatiques s'enrichissent à nos dépens. Chaque jour, des ministres des Finances et leurs sous-fifres inventent des manœuvres comptables douteuses pour cacher une partie des déficits qu'ils accumulent. Les magouilles des hommes de l'État peuvent se perpétuer parce qu'ils ont la coercition et la « loi » de leur côté et peuvent donc continuer à nous voler légalement. (Martin Masse)
  • Tout est valable, même les fantaisies les plus absurdes, même les formules les plus répulsives, aussi longtemps qu'elles trouvent des partisans pour les appliquer volontairement, sans prétendre obliger les autres, aussi longtemps qu'elles ne font loi que pour ceux-là seuls qui se sont librement associés à eux. Rien n'est valable du moment qu'il s'agit de devenir règle pour tous. (William Godwin)
  • Il n'y a rien de plus terrible que les actions d'un homme soumises à la volonté d'un autre. (Emmanuel Kant)

Voir aussi

Notes et références

  1. J. S. Mill, De la liberté, trad. L. Lenglet, Paris, Gallimard, 1990, p. 74.

Liens externes

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