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Inceste

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L’inceste (du latin incestum : souillure) désigne une relation sexuelle entre membres de la même famille et soumise à un interdit. Cette notion est variable d’une époque à l’autre et d’un groupe social à un autre[1]. Pour certains, ce tabou est une construction sociale, pour d'autres une donnée naturelle innée ; son universalité est affirmée par certains, contestée par d'autres.

Droit positif

L'inceste est criminalisé de façon très variable dans la plupart des pays : "acte criminel" au Canada, infraction pénale spécifique (Angleterre, Danemark, Grèce, Suisse), ou non infraction en soi, mais circonstance aggravante en cas de relation avec un mineur ou relation non consentie (Espagne ou France jusqu'en 2010). En revanche, l'inceste sur mineur est le plus souvent considéré comme une forme d'agression sexuelle.

En 2014, l'Allemagne s'est dirigée vers une dépénalisation de l'inceste, suivant le Conseil d'éthique allemand qui estime que "la loi pénale n'est pas le moyen adapté de protéger un tabou social", "d'imposer des standards ou des barrières morales", mais vise seulement à protéger "les individus" et "l'ordre social" contre les atteintes graves. De même, en Suisse, le "Département fédéral de justice et police" a estimé en 2011 que l’État n’a pas pour rôle de punir deux adultes consentants ; cependant l’article 213 du Code pénal qui punit l'inceste n'a pas été abrogé. En France, l’inceste a été inscrit dans le Code pénal en février 2010.

Point de vue libertarien

Au plan de la philosophie politique, la prohibition de l'inceste, bien qu'elle puisse être défendue par les libéraux conservateurs, enfreint le principe de neutralité libérale, qui interdit à l’État d'imposer une conception donnée du "bien" et du "mal", au-delà de l'éthique libérale de la non-agression.

Le philosophe Ruwen Ogien estime qu'il y a lieu de distinguer trois aspects :

  • l'inceste comme tabou social, type de relation qui choque socialement ;
  • l'inceste considéré comme une pratique immorale (sans que l'on précise à quelles conceptions morales on se réfère)
  • l'inceste comme pratique illégale : le droit doit-il interdire et punir l'inceste ?

Pour Ruwen Ogien, adepte d'une éthique minimale, il n'y a pas lieu d'interdire des relations entre adultes consentants, même s'il s'agit d'un inceste.

En revanche, aucun auteur n'approuve l'inceste commis sur des enfants, en raison d'une part de leur manque de discernement (pas de consentement éclairé), et d'autre part des traumatismes psychiques qu'il peut leur causer.

Les arguments avancés en faveur de la prohibition sont de nature :

  1. émotionnelle (au même titre que le cannibalisme ou la nécrophilie, quelqu'un de normal "répugnerait" à cela[2]) ;
  2. utilitariste : risque de naissance d'enfants anormaux (pourtant le mariage entre handicapés n'est généralement pas interdit, ce serait assimilé à de l'eugénisme), affaiblissement du "patrimoine génétique" avec risques sur les générations futures, risque de stigmatisation sociale, nécessité dans un mariage de gagner une autonomie vis-à-vis de la famille initiale[3], etc.

Notes et références

  1. Un des rares exemples où l'inceste était encouragé est fourni par l'exemple de l'Iran zoroastrien, dans un cadre religieux. Voir Walter Scheidel, Brother-sister and parent-child marriage outside royal families in ancient Egypt and Iran: a challenge to the sociobiological view of incest avoidance?, Ethology and Sociobiology, 1996.
  2. Selon Leon Kass, The wisdom of repugnance, New Republic, 1997.
  3. Hegel, Grundlinien der Philosophie des Rechts.

Liens externes


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