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Kibboutz

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Exemple de culture agricole du coton dans un Kibboutz à Shamir en 1958

Un kibboutz (קִבּוּץ / קיבוץ, pluriel : kibboutzim, « assemblée » ou « ensemble » en hébreu) est une communauté collectiviste telle que celles créées par les sionistes en Israël. Les kibboutzim sont des communautés collectivistes choisies, inspirées du « socialisme utopique » avec une influence sioniste.

Histoire du kibboutz

Le kibboutz naît en 1910, avec le kibboutz de Degania, la première « communauté intentionnelle » du genre regroupant douze membres. Il est peuplé de juifs faisant leur Aliyah (émigration en Israël) et se dirigeant alors vers la seule carrière vraiment possible dans la Palestine ottomane, l'agriculture. Le mouvement connaît un premier essor, avec une cinquantaine de membres dans ce premier kibboutz dès 1914, et la création de nombreux autres dans la vallée fertile de Jezreel. Ils se sont spécialisés à l'origine dans la production agricole.

C'est sous le mandat britannique dans l'entre deux guerres que le mouvement connaît un grand essor. En 1922, on estime à 700 le nombre de personnes vivant dans un Kibboutz. En 1927, à 2000, et en 1939 à 24 mille, soit 5% de la population juive locale. Golda Meir, future première ministre d'Israël, fait partie de ceux qui émigrent alors dans un kibboutz (kibboutz Merhavia), en 1921. Cette croissance se poursuit après la création de l’État d'Israël, et dans les années 1950 et 1960. Mais les faiblesses du modèle socialiste se révèlent vite, avec la croissance en taille des différents kibboutzim, et les différences culturelles entre juifs séfarades, ashkénazes et Mizrahim. C'est le support de l'armée qui permet de fonder la majorité des nouveaux kibboutzim des années 1950 - 1960, sur les frontières les plus poreuses du nouvel État.

Garde armée dans un kibboutz en 1936. Le mouvement Kibboutz est très tôt lié à des visées militaires ou de défense d'Israël

Dès les années 1970, le mouvement s’essouffle largement, alors que l'unité idéologique s'effrite, et que l'esprit pionner des premiers kibboutznik disparaît avec l'institutionnalisation de l’État d'Israël. La diffusion de la télévision permet aux membres des kibboutzim de constater à quel point leur niveau de vie est inférieur à celui des autres israéliens, qui gardent pour eux le fruit de leur travail là où il est généralement partagé entre tous dans les kibboutzim. Les communautés se vident progressivement, les membres des kibboutzim étant nombreux alors à les quitter. La chute de l'URSS et l'échec du socialisme qu'elle révèle porte enfin un coup violent aux kibboutzim. Financièrement aux abois, beaucoup ne tiennent que grâce à la conviction des banques que l’État les sauvera quoi qu'il arrive (version idéologique du Too big to fail).

Mais le gouvernement sous l'influence de Menachem Begin choisit d'abandonner le socialisme originel et d'intégrer plus de capitalisme dans l'économie. La dette massive des kibboutzim éclate au grand jour, comme la faillite économique d'un modèle qui n'était pas viable financièrement. Ce n'est qu'en 1989 qu'une solution est trouvée, pour effacer une partie de la dette, et gérer un remboursement du reste sur vingt ans. La population vivant en kibboutz baisse nettement et de plus en plus font appel à de la main d’œuvre arabe, à partir des années 1970, ou internationale (Thaïlande, Chine, etc.) à partir des années 1990.

Aujourd'hui les kibboutzim restent majoritairement agricoles, et, pour certains, se sont également tournés vers l'industrie ou les services. Leur déclin est constant, et les faiblesses économiques du modèle en ont forcé beaucoup à s'éloigner du socialisme initial. En 2007, le kibboutz de Degania (le premier, fondé en 1909), suivi par d'autres, a abandonné le socialisme[1]. Son directeur de l'époque, Tzali Koperstein, dresse un bilan amer de ce socialisme utopique : « dès le départ il n'y a pas eu d'égalité. C'était une fausse égalité »[1]. Alors que les membres du kibboutz ont voté pour des salaires différenciés pour chacun selon son travail (au lieu d'un salaire identique pour tous), les résultats économiques ne se sont pas fait attendre : « les anciens du kibboutz ont alors appris une leçon de capitalisme que n'importe quel enfant vendant de la limonade aurait pu leur apprendre : chacun travaille plus durement quand il travaille dans son propre intérêt et non uniquement pour la communauté »[1]. La production augmenta significativement immédiatement.

En 2010, on comptait 270 kibboutzim actifs en Israël, avec 126 000 membres[2], quasiment tous d'origine séfarade.

En 2023, la précarité de la situation du mouvement du kibboutz revient sur le devant de la scène avec les attaques terroristes du Hamas, qui soulignent combien les kibboutzim encore actifs sont plus une première ligne de défense à la frontière avec la bande de Gaza en particulier[3].

Perspectives libérales sur le kibboutz

S'appuyant sur le fait que le kibboutz est une bonne incarnation du « communisme volontaire » Robert Nozick les utilise dans son texte de 1978 « Qui choisirait le socialisme ? »[4] pour essayer d'évaluer la proportion d'une population qui choisirait le socialisme en étant assuré d'une relative prospérité. Il arrive à un chiffre de 9 % en prenant les estimations les plus favorables au socialisme. Depuis, la part d'israéliens vivant des un kibboutz a encore nettement chuté de 2,7% à 1,5%[5].

Gary Becker, Prix Nobel d'économie, voit dans l'histoire des Kibboutzim une preuve ultime de la faillite du communisme[6]. En effet, le Kibboutz représente une des expérimentations communistes volontaires les plus poussées, et elle échoua encore plus clairement que les autres. Dans les mots de Becker : "nowhere is the failure of socialism clearer than in the radical transformation of the Israeli kibbutz" (« L'échec du socialisme n'est jamais aussi clair que dans l'exemple de la transformation radicale des kibbutzim israëliens »[6].

Résumant cela, Vincent Bénard écrivait[7] :

« L’échec du kibboutz socialiste est l’argument ultime contre les illusions des derniers zélotes du collectivisme qui ne veulent pas voir dans les échecs de l’URSS et autres pays comparables la preuve de l’absence de viabilité intrinsèque des sociétés communistes sous toutes leurs formes. Même volontairement souscrit par des communautés idéologiquement conquises et initialement très motivées, le communisme ne peut apporter ni satisfaction, ni prospérité aux individus. »

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 The End of a Zionist Idyll, Time, 26 avril 2007
  2. The kibbutz is Israel’s original start-up
  3. Attaque du Hamas contre Israël : des nouveaux documents détaillent l'offensive contre les kibboutz
  4. Qui choisirait le socialisme ?
  5. The population of Kibbutzim. Data from Pavin, A. (2001). The Kibbutz movement: Facts and figures. Yad Tabenkin: The Research and Documentation Center for The Kibbutz Movement, Report.
  6. 6,0 et 6,1 The Transformation of the Kibbutz and the Rejection of Socialism-Becker, 2 septembre 2007
  7. Gary Becker : le kibboutz, preuve ultime de la faillite du communisme, Contrepoints

Bibliographie

  • 1956, Melford E. Spiro, "Kibbutz: Venture in Utopia", Cambridge, Mass.: Harvard Univ. Press
  • 1963, Haim Darin-Drabkin, The Other Society, Harcourt
  • 1978, Robert Nozick, "Qui choisirait le socialisme ?", Reason, pp. 22-23, [lire en ligne]

Voir aussi

Liens externes


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