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Neuroéconomie

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La neuroéconomie est une discipline récente qui rassemble des chercheurs en psychologie, en neurosciences et en économie qui étudient les structures cérébrales impliquées lors du traitement des émotions liées à la récompense, à l’intérêt personnel ou encore à l’équité, qui régulent l’individu humain et son comportement social.

La neuroéconomie utilise la métaphore du cerveau en tant que processeur du traitement de l'information

L'étude des bases neuronales permet de comprendre la prise de décision chez l’être humain dans différents contextes sociaux. La neuroéconomie propose des modèles alternatifs au modèle traditionnel de la rationalité économique, basés sur les préférences sociales et elle intègre le rôle des émotions, afin d’expliquer le rôle de la réciprocité et de la confiance dans les interactions sociales. Ceci permet d’expliquer d'une autre façon et de prévoir de quelle manière les individus agissent dans telles ou telles situations.

Les neuroscientifiques effectuent la distinction entre deux processus du traitement de l'information par le cerveau, qui ont une fonction très différente chacun. Le premier processus a lieu dans le système limbique, associé au système de la dopamine du mésencéphale. En utilisant la métaphore des économistes des coûts et avantages, les neuroéconomistes présente cette partie du cerveau qui traite les informations avec les coûts et les avantages immédiats d'un phénomène particulier. Le traitement est très rapide, voire automatique, il ne consomme pas beaucoup d'énergie et répond au critère de l'affectif. La seconde partie du cerveau, qui traite l'information, est située dans la préfrontal latéral et dans le cortex pariétal postérieur. Le traitement de l'information s'exécute plus lentement et prend beaucoup plus d'énergie. Le processus est orienté vers les avantages différés et les coûts d'un phénomène particulier. Il est d'un caractère cognitif et contrôlé.

Prenons l'exemple de la consommation de cacahuètes. Beaucoup de gens aiment le goût des arachides et en mangent souvent. Mais certaines personnes y sont allergiques. Leur évaluation du goût est une question d'affection. Le processus se déroule automatiquement et rapidement. Mais l'évaluation des cacahuètes en termes d'effets sur la santé est une affaire cognitive et prend du temps et de l'énergie. Donc, si une personne n'établit pas une règle du type "je ne mange jamais cacahuètes sinon je risque de graves ennuis de santé", elle risque d'être toujours séduite pour manger des arachides, tandis qu'elle risque de le regretter fortement plus tard.

Les travaux de la neuroéconomie

Les travaux de la neuroéconomie se subdivisent en trois thèmes principaux.

Premièrement, certains travaux en neuroéconomie croisent l’économie expérimentale et les neurosciences cognitives[1] ou affectives. Antonio Damasio[2], dans les années 1990, a mis en évidence le rôle des mécanismes émotionnels dans la prise de décision optimale. Cela constitua l’occasion d’un débat sur les différentes stratégies dont dispose la neuroéconomie pour mettre à jour les relations entre les émotions et la rationalité. Ceci fut important pour un second groupe de chercheurs qui se sont focalisés sur les interactions sociales stratégiques modélisées par la théorie des jeux. La prise en compte de réactions et de mécanismes émotionnels spécifiques permet d’expliquer des déviations apparentes vis-à-vis de la rationalité économique.

Le troisième groupe de recherche tente de formuler des hypothèses sur la sélection des règles comportementales par l’évolution des émotions, qui se révèlent, en définitive, comme des réussites ("optimales") dans les contextes visés. La neuroéconomie, peut être conçue, de cette manière comme une exploration "archéologique" des processus d’adaptation, de transformation ou de rémanence neurobiologiques qui facilitent notre adaptation aux environnements économiques modernes.

Apport de Friedrich Hayek à la neuroéconomie

Une deuxième constatation de la neuroéconomie est le fait que des groupes de neurones sont en concurrence les uns avec les autres. Les groupes de neurones, explique Friedrich Hayek, dans son livre "L'ordre sensoriel" ("The sensory Order"), sont des faisceaux qui transportent l'information. Chaque faisceau rassemble des unités d'information qui appartiennent à la même catégorie.

Le lobe frontal[3] est en charge de la résolution des ambiguïtés cognitives. Il détermine si l’information reçue a du sens pour la personne, si elle s’inscrit dans un modèle (schème) déjà connu. Lorsque l'information est inconnue de la personne, elle est transportée vers le cortex cérébral pour un traitement délibéré et cognitif. Mais l'information familière est traitée automatiquement et n'est pas envoyée vers le cortex car elle est déjà intégrée à la structure neurologique de la personne. Ainsi, les faisceaux nerveux familiers gagnent la bataille sur les groupes inconnus. Et, le comportement d'une personne est principalement déterminé par les informations qui s'adaptent au cadre informationnel existant. L'information dont le traitement cognitif est complexe prend du temps et de l'énergie. Par conséquent, une personne est confrontée à sa curiosité épistémique. Soit, elle a tendance à ignorer cette information, de façon pure et simple et sans processus cognitif. Soit, elle considère que cette information est redondante, compte tenu de sa structure informationnelle et de son contenu. Soit, elle intègre cette information, quitte à "chambouler" sa structure de pensée.

La neuroéconomie permet de compléter la théorie de la psychologie évolutive. La survie de l'être humain requiert une action rapide et quasi instinctive. Il n'y a pas de temps pour la délibération. Ceci explique que l'expérience de la douleur est plus pénible que comparativement, l'expérience du plaisir ne procure de positivité. Ceci déclenche donc une réaction asymétrique plus forte lorsqu'il y a des pertes plutôt que des gains en perspective. Le danger exige de la vigilance de la part de l'être humain alors que le plaisir suggère un environnement sécuritaire, ce qui rend possible la détente de l'esprit. Les phénomènes tels que l'aversion aux pertes sur les marchés financiers, avancés par la théorie de la finance comportementale, peuvent être expliqués de cette façon là.

Annexes

Notes et références

  1. J. Delacour, 1998, "Une introduction aux neurosciences cognitives", Bruxelles, Belgique, De Boeck Université
  2. Antonio Damasio avance que les émotions jouent un rôle important dans l’ensemble des processus de traitement des données par le cerveau.
    • 2001, Antonio R. Damasio, "L’erreur de Descartes", Paris : Odile Jacob
  3. Le lobe frontal est assimilé à un ‘centre exécutif’ du cerveau parce qu’il dirige presque toute l’activité cérébrale. Cette hypothèse de commandeur général du cerveau est très contestée par certains spécialistes dont le Prix Nobel de médecine, Gerald Edelman.

Bibliographie

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