Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Paléoconservateur

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Le paléo-conservatisme est un terme de politique intérieure des États-Unis désignant les conservateurs partisans du protectionnisme économique, de l'anti-communisme, de l'isolationnisme, d'une interprétation stricte du fédéralisme et des valeurs familiales traditionnelles.

Naissance du paléoconservatisme

Le paléoconservatisme apparaît aux États-Unis dans les années 1980, en réaction à la montée du néoconservatisme qui domine alors une partie de la droite américaine. Mais ce courant ne se présente pas comme une nouveauté : il revendique au contraire un enracinement ancien, héritier de la « Old Right », c’est-à-dire la droite d’avant la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide. À ce titre, il se définit dès l’origine comme une force d’opposition : opposition au New Deal de Roosevelt dans les années 1930, mais aussi, plus tard, au globalisme et à l’interventionnisme qui marquent la politique américaine de l’après-guerre.

Racines intellectuelles et culturelles

Le paléoconservatisme s’inspire de plusieurs traditions intellectuelles, à la fois européennes et américaines.

L’Anglais Edmund Burke (1729-1797), grand penseur conservateur, a influencé des figures comme Russell Kirk dans les années 1950. Son attachement à un ordre social hiérarchisé, à la ruralité et aux valeurs immatérielles reste une référence majeure. De son côté, l’Américain Richard Weaver (1910-1963) a puisé dans l’idéal chevaleresque du Moyen Âge (honneur, devoir, sens de la communauté) pour l’adapter au monde moderne.

Au-delà de ces influences, le paléoconservatisme puise aussi dans l’histoire américaine elle-même : ses racines républicaines, ses mythes fondateurs et l’héritage des pionniers, perçus comme les garants d’une identité culturelle forte.

Principes fondamentaux

Plusieurs idées structurent ce courant :

  • Un retour aux racines républicaines : les paléoconservateurs distinguent la république de la simple démocratie de masse. Ils valorisent l’autonomie locale, l’enracinement communautaire et la limitation du pouvoir central.
  • Une critique du globalisme : ils rejettent le libre-échange sans limites, l’immigration massive et l’interventionnisme militaire. Leur priorité est de défendre la culture nationale face aux dynamiques uniformisantes de la mondialisation.
  • La primauté de la culture sur l’économie : là où d’autres courants de droite privilégient la prospérité matérielle, les paléoconservateurs affirment que la cohésion culturelle et la transmission des valeurs doivent passer avant la recherche du profit.
  • Une défense de l’identité et de l’héritage : ils mettent en avant l’histoire, la mémoire collective, les héros et les récits fondateurs de la nation, dans le but de préserver une continuité face à l’effacement culturel.

Figures et expression politique

Le paléoconservatisme a trouvé une visibilité particulière dans les années 1990.

La figure la plus emblématique en est Pat Buchanan, candidat à la présidence et porte-parole d’un discours protectionniste, anti-immigration et attaché aux valeurs traditionnelles. L’épisode de la candidature indépendante de Ross Perot en 1992, bien que différent, témoigne lui aussi d’un rejet des élites politiques et économiques proches de la sensibilité paléoconservatrice. Enfin, certains élus républicains de cette décennie ont soutenu des positions proches du mouvement, notamment sur le commerce, l’immigration et la souveraineté nationale.

Défis et postérité

Pour certains observateurs, le paléoconservatisme n’a été qu’une résurgence passagère, un dernier sursaut d’une civilisation occidentale en perte de repères. Pour d’autres, il représente au contraire une base idéologique durable, appelée à peser davantage à mesure que les excès de la mondialisation et du libéralisme culturel se font sentir.

Quoi qu’il en soit, il reste une voix d’opposition cohérente aux orientations dominantes de la politique américaine, marquant de son empreinte la fin du XXe siècle et le début du XXIe.

Personnalités paléo-conservatrices

  • Henry Ford (1863-1947) : industriel américain, souvent cité pour son nationalisme économique et son hostilité au cosmopolitisme, qui annoncent certaines thématiques chères aux paléoconservateurs.
  • Robert Taft (1889-1953) : sénateur républicain, surnommé « Mr. Republican » ; son opposition au New Deal et à l’interventionnisme étranger en fait un précurseur de la « Old Right ».
  • Charles Lindbergh (1902-1974) : aviateur et figure de l’isolationnisme américain ; son refus de l’interventionnisme militaire incarne une sensibilité proche du paléoconservatisme.
  • James Burnham (1905-1987) : intellectuel, ancien trotskyste devenu penseur conservateur ; sa critique des élites bureaucratiques et de la mondialisation a inspiré les paléoconservateurs, bien qu’il ait aussi influencé les néoconservateurs.
  • Robert Nisbet (1913-1996) : sociologue, spécialiste des communautés et des corps intermédiaires ; son attachement à la société organique et locale a inspiré la critique paléoconservatrice de l’individualisme moderne.
  • Russell Kirk (1918-1994) : intellectuel conservateur, auteur de The Conservative Mind ; sa vision traditionnelle et enracinée de la société a nourri la pensée paléoconservatrice.
  • Thomas Molnar (1921-2010) : philosophe et historien d’origine hongroise ; critique de la modernité matérialiste et défenseur d’un ordre traditionnel, il a influencé les milieux paléoconservateurs.
  • Robert Novak (1931-2009) : journaliste politique ; son scepticisme face à l’interventionnisme militaire et sa critique des élites l’ont rapproché de la mouvance paléo.
  • Virginia Abernethy[1] (1934- ) : démographe ; connue pour sa défense du « séparatisme ethnique » et son hostilité à l’immigration de masse, thèmes repris dans certains cercles paléoconservateurs.
  • Larry McDonald (1935-1983) : élu démocrate conservateur, membre de la John Birch Society ; défenseur acharné du traditionalisme et de l’anti-communisme, proche de la sensibilité paléoconservatrice.
  • Pat Buchanan (1938- ) : journaliste et homme politique, principal représentant du courant ; sa défense du protectionnisme, de l’isolement militaire et des valeurs traditionnelles en fait la figure de proue du paléoconservatisme.
  • Paul Craig Roberts (1939- ) : économiste et ancien responsable gouvernemental ; il critique le libre-échange, la mondialisation et l’hégémonie américaine, rejoignant ainsi des positions paléoconservatrices.
  • Paul Gottfried (1941- ) : historien des idées, théoricien central du courant ; il a conceptualisé le terme « paleoconservative » et critiqué l’emprise néoconservatrice sur la droite américaine.
  • Donald Trump (1946- ) : président des États-Unis (2017-2021 et 2025-) ; son discours protectionniste, anti-immigration et critique de la mondialisation reprend plusieurs thèmes paléoconservateurs, même si son style populiste l’en distingue.
  • Justin Raimondo (1951-2019) : écrivain et militant libertarien ; figure de l’anti-interventionnisme, il partageait avec les paléoconservateurs le rejet des guerres étrangères.
  • Chuck Baldwin (1952- ) : pasteur baptiste et homme politique ; il incarne la dimension religieuse et communautaire du paléoconservatisme, hostile à l’État centralisé et à la mondialisation.
  • Mencius Moldbug (Curtis Yarvin, 1973- ) : blogueur et penseur de la « néo-réaction » ; sa critique radicale de la démocratie et son appel à un ordre hiérarchisé font écho à certaines intuitions paléoconservatrices.
  • Alex Jones (1974- ) : animateur complotiste, associé à la droite alternative ; sa défiance envers les élites mondialistes et son discours anti-mondialisation l’ont rapproché de certains thèmes paléoconservateurs.

Bibliographie

  • 1999,
    • Joseph Scotchie, dir., "The paleoconservatives: new voices of the Old Right", New Brunswick, N.J., U.S.A.: Transaction Publishers
    • Joseph Scotchie, "Introduction: Paleoconservatism as the Opposition Party", In: Joseph Scotchie, dir., "The paleoconservatives: new voices of the Old Right", New Brunswick, N.J., U.S.A.: Transaction Publishers, pp1-18

Voir aussi

Notes et références

  1. "Backlash on the border" par Max Blumenthal, Salon.com


La liberté guidant le peuple.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique.


Interro jer suite.png Accédez d'un seul coup d’œil au lexique des principaux termes du libéralisme.