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Edmund Burke

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Edmund Burke
Philosophe

Dates 1729 - 1797
Edmund Burke
Tendance Libéral conservateur
Nationalité Irlande Irlande
Articles internes Autres articles sur Edmund Burke

Citation
Interwikis sur Edmund Burke

Edmund Burke (Edmond Burke), né le 12 janvier 1729 et mort le 9 juillet 1797 est un penseur politique, écrivain et philosophe de naturalité irlandaise. Reconnu comme initiateur de la contre-révolution, il accuse les principes abstraits de la Révolution française et s'oppose à l'idée d'une table rase sur le passé dont il faut conserver l’héritage. Défenseur du droit naturel classique et représentant de la tradition libérale anglaise, adversaire et promoteur de l'historicisme moderne, défenseur des libertés et tenant de l'État autoritaire, tout en présentant les traits d'une pensée unie et cohérente. Bien que sa postérité soit aussi nombreuse qu'éclatée en raison de l'équivoque des interprétations (il fut à l'origine de toutes les grandes critiques de la Philosophie du XVIIIe siècle, du conservatisme libéral anglais au romantisme allemand et au traditionalisme des contre-révolutionnaires français et peut servir de source à des réactionnaires hostiles à la totalité des principes modernes de la liberté et mêmes des critiques socialistes de la société bourgeoise), on peut le classer parmi les libéraux conservateurs (Friedrich Hayek revendiqua avec force sa filiation intellectuelle).

Biographie

Il vint de bonne heure à Londres où il exerça la profession d'avocat, et où il se fit connaître par des écrits philosophiques. Il montra, dès 1756, son aversion à l'égard de l'idéologie des Lumières (françaises). Il publia la même année un Coup d’œil sur les maux qu'a produit la civilisation ouvrage anonyme où il parodie la manière d'argumenter de Lord Bolingbroke, et fit paraître en 1757 un Essai sur le beau et le sublime qui lui fit prendre rang parmi les philosophes. Il se tourna vers la politique en 1758 et devint un des principaux chefs des Whigs. Il créa en 1758 l'Annual Register, recueil périodique qui attira sur lui l'attention, accompagna en Irlande Lord Halifax, nommé vice-roi, et devint le secrétaire particulier et l'ami du marquis de Rockingham, premier lord de la trésorerie (1765).

Nommé membre de la Chambre des Communes, il se rangea du parti de l'opposition, les Whigs, malgré ses liaisons personnelles avec le ministre Rockingham, et défendit une politique libérale favorable aux revendications de l’Amérique anglaise, à la liberté de commerce, à la tolérance envers les catholiques d’Irlande. Il fut appelé en 1782 comme membre du conseil privé, mais il n'y resta que quelques mois. En 1786, il attaqua le gouverneur des Indes orientales, Warren Hastings, qui avait abusé de son pouvoir.

Opposé à la Révolution française dès son début, il s'en déclara l'adversaire, déchirant les whigs, bien que la plupart portât de l'intérêt à l'expérience française suivant Thomas Paine (qui avait tendu la main à Burke) et William Godwin, qui incarnèrent ce pan du libéralisme anglais converti aux Lumières françaises et défenseur de l'esprit de 1789. Il prononça à cette occasion plusieurs discours et publia un grand nombre d'écrits, dont le principal, intitulé : Réflexions sur la Révolution de France (1790), obtint un immense succès en Angleterre et sur le continent. Dans ses écrits, Burke soutenait que l’œuvre législative française était fondée sur des idées théoriques et intemporelles alors que les réformes devaient toujours être particulières au contexte spatio-temporel. Il prédit la dérive dictatoriale de la Révolution française, avant même que la Terreur ne témoigne en sa faveur.

Toujours plus isolé après sa rupture avec son vieil ami, Fox, en 1791, les whigs le prièrent de prendre du repos ; il se retira alors de toute activité politique, après avoir lancé un Appel des whigs modernes aux anciens whigs qui fit long feu.

Burke fut l'un des orateurs les plus véhéments et les plus pathétiques dont se glorifie la tribune anglaise ; mais son style est un peu diffus. On l'a quelquefois surnommé, avec une évidente exagération, le Cicéron anglais.

Thèmes majeurs de la pensée d'Edmund Burke

  • Défense de la raison cumulative, cristallisée dans la tradition (ordre spontané) contre l'anti-traditionalisme des encyclopédistes et leur rationalisme constructiviste (par ex. doctrine de la « table rase »)
  • Contre les Droits de l'Homme abstraits des révolutionnaires français. Aux fruits d'esprits métaphysiques et géométriques, soutenus par une conception pré-politique de l'individu, il oppose les « droits des Anglais », fruits d'une sorte de contrat originel proche de celui de Hobbes (l'emprunt d'une théorie artificialiste ne pouvant s'accompagner que de difficultés chez Burke) et produits par une lente histoire qui rend ces droits uniques et non pas universels. Cette conception organique (holiste) des institutions a influencé les traditionalistes français (Joseph de Maistre, Bonald) et le romantisme politique allemand (A. Müller)
  • Défense de la Common Law et de la jurisprudence contre le légicentrisme continental
  • Défense des droits naturels (divins) contre le droit positif

Œuvres

  • 1757, "A Philosophical Enquiry Into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful", (Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau)
    • Nouvelle édition en 1958, New York: Columbia Univ. Press
  • 1770, "Thoughts on the Cause of Present Discontents", London: Dodsley
  • 1775 “Speech on Conciliation with the Colonies”
    • Repris en 1854, In: The Works of the Right Honourable Edmund Burke, London: Henry G. Bohn, Vol 1, pp464–471
    • Traduit en italien en 2015, "Discorso sulla mozione di conciliazione con le colonie americane", Istituto Bruno Leoni Libri, Torino
  • 1790, "Reflections on the Revolution in France, and on the Proceedings in Certain Societies in London Relative to that Event", (Réflexions sur la Révolution de France et sur les procédés de certaines sociétés à Londres, relatif à cet événement),
    • Nouvelle édition en 1960, New York: Button; London: Dent
    • Repris en 2003, In: F. M. Turner., dir., "Reflections on the Revolution in France", New Haven, Conn.: Yale University Press
  • 1791, Appel des whigs modernes aux whigs anciens,
  • Thoughts on Details on Scarcity, 1795


Ses Œuvres ont été réunies en 16 volumes in-8, Londres, 1830, et 01 volumes in-8, 1851. Ses Lettres ont été publiées à Londres en 1844.

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée d'Edmund Burke : Edmund Burke (Littérature secondaire)

Citations

  • « Il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe. »
  • « Penchant à conserver, talent d'améliorer : voilà les deux qualités qui me feraient juger de la bonté d'un homme d'État. »
  • « Le pouvoir arbitraire est une subversion de la justice naturelle, une violation des droits inhérents de l'humanité » ("inherent rights of mankind"). (The Works of the Right Honourable Edmund Burke, vol. IV)
  • « Le pouvoir judiciaire doit être quelque chose d'extérieur à l'État, de radicalement indépendant, créé pour résister à l'innovation arbitraire et pour induire la certitude et la stabilité des lois » (Réflexions sur la révolution de France)
  • « Le vice des anciennes démocraties était d'être gouvernées par des décrets de circonstance. [...] Cette pratique brisa le sens général et la consistance des lois ; elle réduisit le respect des gens à l'égard des lois, et les détruisit totalement en fin de compte » (Réflexions)
  • « En réalité, le pouvoir arbitraire a tellement le goût dépravé du vulgaire qu'à peu près toutes les discussions relatives à la société ne concernent pas la manière dont le pouvoir doit être exercé, mais dans quelles mains il doit être placé » (Appel des nouveaux aux anciens whigs).
  • « J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour venger [la Reine] ne fût-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. – Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais [car] c'est ce principe qui a donné son caractère à l'Europe moderne. C'est par lui que l'Europe, sous toutes les formes de gouvernement qu'elle a connues, se distingue à son avantage des États asiatiques et peut-être même de tous ceux qui florissaient dans les périodes les plus brillantes de l'Antiquité. [...] C'est l'esprit de chevalerie qui est parvenu, sans recourir à la force et sans rencontrer de résistance, à dompter la frénésie de l'orgueil et du pouvoir, à contraindre les souverains à se courber sous le joug bienfaisant de l'estime sociale, à plier l'autorité rigide aux règles de l'élégance et à imposer au despotisme, vainqueur de toute loi, l'empire des bonnes manières. »
« Jamais, jamais plus nous ne reverrons cette généreuse loyauté envers le rang et envers le sexe, cette soumission fière, cette digne obéissance, et cette subordination du cœur qui, jusque dans la servitude, conservait vivant l'esprit d'une liberté haute et grave. On ne connaîtra plus cette grâce spontanée de l'existence, cette générosité du cœur qui assurait librement la défense des peuples, tout ce qui nourrissait les sentiments virils et l'amour des entreprises héroïques. – Elle est perdue à jamais, cette délicatesse des principes, cette chasteté de l'honneur où la moindre tache brûlait comme une blessure, qui inspirait le courage tout en atténuant la cruauté, et qui ennoblissait tout ce qu'elle touchait, au point d'ôter au vice la moitié de son odieux en lui faisant perdre toute sa grossièreté. »
« Mais à présent, on va nous changer tout cela. Toutes les plaisantes fictions qui allégeaient l'autorité et assouplissaient l'obéissance, qui assuraient l'harmonie des différents aspects de la vie, et qui faisaient régner dans la vie politique, par une assimilation insensible, les mêmes sentiments qui embellissent et adoucissent la vie privée, toutes ces douces illusions vont se dissiper sous l'assaut irrésistible des lumières et de la raison. Tous les voiles de la décence vont être brutalement arrachés. Toutes les idées surajoutées par notre imagination morale, qui nous viennent du cœur mais que l'entendement ratifie parce qu'elles sont nécessaires pour voiler les défauts et la nudité de notre tremblante nature et pour l'élever à nos propres yeux à la dignité – toutes ces vieilles idées vont être mises au rebut comme on se défait d'une mode ridicule, absurde et désuète. »(Réflexions, p. 96-97)
  • « Vous voyez, Monsieur, que dans ce siècle de lumières, je ne crains pas d'avouer que chez la plupart d'entre nous les sentiments sont restés à l'état de nature; qu'au lieu de secouer tous les vieux préjugés, nous y tenons au contraire tendrement et j'ajouterai même, pour notre plus grande honte, que nous les chérissons parce que ce sont des préjugés – et que plus longtemps ces préjugés ont régné, plus ils se sont répandus, plus nous les aimons. C'est que nous craignons d'exposer l'homme à vivre et à commercer avec ses semblables en ne disposant que de son propre fonds de raison, et cela parce que nous soupçonnons qu'en chacun ce fonds est petit, et que les hommes feraient mieux d'avoir recours, pour les guider, à la banque générale et au capital constitué des nations et des siècles. [...] En cas d'urgence le préjugé est toujours prêt à servir; il a déjà déterminé l'esprit à ne s'écarter jamais de la voie de la sagesse et de la vertu, si bien qu'au moment de la décision, l'homme n'est pas abandonné à l'hésitation, travaillé par le doute et la perplexité. Le préjugé fait de la vertu une habitude et non une suite d'actions isolées. » (Réflexions, p.110)
  • « Abstract liberty, like other mere abstractions, is not to be found. » (On Conciliation with America)

Liens externes

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