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Respect du droit naturel et Etat

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Le Droit naturel ne sera pas respecté s'il n'y a pas d'appareil coercitif monopoliste pour en garantir l'application.

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Il s'agit d'une objection soulevée entre autres par Ayn Rand : que va-t-il se passer si j'estime que vous avez violé mes droits et que vous pensez le contraire ? J'appelle mon agence de protection (la compagnie de police privée à laquelle je suis adhérent), vous appelez la vôtre : ne vont-elles pas finir par se battre entre elles ? La réponse est qu'en effet c'est tout à fait possible, de la même façon qu'il peut très bien prendre l'envie au président de la république de déclencher une guerre nucléaire. Tout est possible. Rien ne garantit a priori que les agences de sécurité ne vont pas finir par se faire la guerre (c'est un argument que les minarchistes mettent fréquemment en avant pour justifier le monopole étatique du maintien de l'ordre).

Mais on peut se demander si c'est vraiment probable. Qui aura le plus tendance à régler les conflits par la violence : un gouvernement ou une police privée ? La différence entre les deux est que l'organisation privée doit supporter les coûts de ses propres décisions, et que les conflits coûtent cher. Si vous aviez à choisir entre deux polices privées, l'une qui règle le plus souvent les conflits par la violence, l'autre par l'arbitrage pacifique, peut-être choisiriez-vous la première ; mais si vous regardez combien elle va vous coûter, vous risquez alors de changer d'avis. La plupart des gens choisiront la seconde agence. En comparaison, les gouvernements ont une clientèle captive et les coûts de la violence qu'ils exercent sont répartis sur l'ensemble de la population, par l'impôt.

Une autre objection est qu'en anarcapie, il n'y a pas d'arbitre suprême (comme avec un monopole étatique) qui puisse mettre un terme aux conflits dans un sens ou dans un autre. En réalité, qu'on soit ou non en monopole, il y a toujours un terme aux conflits, ne serait-ce que parce qu'une des parties trouve trop coûteux de poursuivre la lutte.

Une des objections de Locke à l'encontre de l'anarchie est le problème de l'application de la loi (power-of-enforcement) : sans gouvernement, il n'y a que des individus sans pouvoir et sans organisation, et le premier gang venu peut contrevenir au droit naturel sans être inquiété. La réponse est que l'anarchie n'est pas l'absence d'organisation. L'anarchie ne signifie pas que chacun doive tout faire lui-même. Les tâches actuellement prises en charge par le gouvernement ne retombent pas sur tout un chacun, et chacun n'a pas besoin de se transformer en policier. La division du travail entraîne l'apparition d'agences spécialisées dans le maintien de l'ordre (qui évidemment sont rémunérées par leurs clients).

Un monopole gouvernemental est un agresseur bien plus dangereux qu'un gang. Quand vous avez un conflit avec lui, ce n'est pas une tierce partie qui va le régler, c'est un organe gouvernemental qui vit de l'impôt et qui, en dépit de la séparation des pouvoirs est plus ou moins à la fois juge et partie. Avec le monopole, tout le monde est soumis à la loi, sauf le pouvoir lui-même, qui est "hors la loi" (voir l'immunité des politiciens et les abus de droit innombrables que commettent les administrations publiques, sûres de l'impunité).

Historiquement, Gustave de Molinari a été le premier à soutenir la privatisation des services de police (ce qu'il appelle « production de la sécurité »), encore que des libéraux précurseurs tels que l'allemand Jakob Mauvillon (1743-1794) l'aient déjà suggéré.

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Citations

  • «  Le monopole d'un gouvernement ne saurait valoir mieux que celui d'une boutique d'épiceries. La production de la sécurité devient inévitablement coûteuse et mauvaise lorsqu'elle est organisée en monopole. C'est dans le monopole de la sécurité que réside la principale cause des guerres qui ont, jusqu'à nos jours, désolé l'humanité. »
        — Gustave de Molinari

  • «  Si un homme veut de la « protection », il est capable de s'arranger lui-même pour en obtenir sur le marché ; et il n'y a pas lieu pour qui que ce soit de le voler afin de le « protéger » contre son gré. »
        — Lysander Spooner, The Constitution of No Authority



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