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Systèmes d'échanges locaux

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Un système d'échange local (ou « SEL ») est un système d'échange qui prend la forme de réseaux à but non lucratif, implantés localement, permettant à ses membres de procéder à des échanges de biens ou de services sans avoir recours à la monnaie étatique.

Un SEL est un marché libre dans une communauté librement formée, avec une monnaie autonome (souvent basée sur le temps passé) au nom varié (grain de SEL, grain d'orge, cacahuète, truffes, bouchons, noix de coco...), et des échanges libres (souvent à caractère de service plus qu'à caractère matériel). Les échanges peuvent être de toutes sortes : cours particuliers, travaux domestiques, covoiturage organisé pour réduire la pollution liée aux transports, etc.)

L'État voit en général d'un mauvais œil ce genre d'activité (qui échappe à l'impôt) qu'il tend à qualifier de « travail clandestin », alors qu'il ne s'agit que d'une activité commerciale parfaitement légitime.

Point de vue libéral

Il est curieux de constater que les partisans des SEL croient ainsi combattre le libéralisme économique, alors que leur action s'inscrit dans la plus pure tradition libérale du libre-échange. Croyant « fuir » le marché, ils ne font que le réinventer à leur façon, qui est tout à fait légitime.

Les SEL privilégient les échanges humains sur l'efficacité économique, ce qui d'emblée autolimite leur diffusion ; si les SELs étaient réellement efficaces économiquement, tout le monde y participerait et délaisserait les marchés traditionnels — en réalité leur finalité est de favoriser les échanges locaux plutôt que globaux, et de privilégier « mon prochain » plutôt que « mon lointain ». C'est donc, par certains aspects et au-delà d'une entraide locale, une forme légitime de protectionnisme volontaire, à la différence du protectionnisme étatique, qui est coercitif.

De telles initiatives, impliquant l'usage d'une monnaie privée dont la valeur est basée différemment (valeur-travail, valeur-temps), ont l'inconvénient de promouvoir une société close, par rapport à la société ouverte que souhaitent les libéraux. En outre, en se repliant sur un marché restreint, consommateurs et producteurs sont perdants. Cependant, malgré sa fragilité et son romantisme, ce système plutôt proudhonien et mutualiste a le mérite d'intégrer les principes du capitalisme et du marché, et donc d'être très pédagogique pour ceux qui y participent.

Alain Madelin se félicitait ainsi du progrès des SELs en 1995 dans Quand les autruches relèveront la tête. Il y écrit à propos des SEL : « Il s'agit tout simplement de la réinvention de circuits économiques de base. Produire, échanger, en marge des contraintes administratives, sans prélèvements obligatoires avec, pour couronner le tout, la réinvention d'un banque libre ! »[1]. Laurent Maruani, professeur à HEC Paris, ne disait pas autre chose dans un entretien au journal Le Monde le 28 septembre 2005 : « il s'agit d'un mode de contestation qui utilise les fondements même du système contesté. Les inventeurs de ces réseaux sont plus libéraux que les libéraux. »[2]

Monnaies complémentaires communautaires

On parle à plus grande échelle de monnaie complémentaire communautaire. Il existe des milliers de monnaies locales dans le monde. Certaines sont très développées, par exemple en Suisse la Banque WIR, organisme coopératif, réunit plus de 50 000 membres qui peuvent utiliser un système de paiement sans numéraire, ce qui fait qu'en Suisse, 1 PME sur 5 utilise sa monnaie, le WIR (purement comptable, de même valeur que le franc suisse). Le WIR fut créé en 1934 après la crise de 1929, pour permettre aux entreprises d'échapper au système bancaire traditionnel et d'économiser les commissions sur les transactions. Ce n'est pas autre chose qu'une "monnaie bancaire" propre à la banque Wir dont le taux de change de 1 pour 1 avec le franc suisse légal est garanti par la banque.

Bitcoin, monnaie électronique née en janvier 2009, peut être considéré comme une "monnaie complémentaire pour tous".

Notes et références

  1. Alain Madelin, Quand les autruches relèveront la tête, chap.2, p.89, [lire en ligne]
  2. « Les inventeurs de ces réseaux sont plus libéraux que les libéraux », Entretien avec Laurent Maruani, professeur à HEC, Le Monde, 28 septembre 2005

Voir aussi

Liens externes


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