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Too big to fail

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Presse
Cet article a été mentionné dans les médias :

Une nouvelle crise est possible, Julie de la Brosse, L'Expansion, le 16 novembre 2009.

L'expression Too Big to Fail (Trop gros pour tomber) signifie que certaines entreprises sont jugées par l'État trop grosses pour les laisser faire faillite, en particulier dans le domaine bancaire[1]. Elle s'est progressivement étendue à l'ensemble des très grandes entreprises. C'est un des nombreux effets pervers de l'interventionnisme étatique, qui encourage la prise de risque (aléa moral).

Conséquence de l'interventionnisme

Cette politique s'est développée aux États-Unis avec le Federal Deposit Insurance Act de 1950. Il autorise l'État fédéral américain à aider une banque en difficulté par des prêts ou le rachat d'actifs dès que « la continuité des opérations de la banque est essentielle pour fournir un service bancaire adéquat » à l'économie. Cette clause a été invoquée à partir de 1969[2].

Ces politiques publiques ont de puissants effets pervers avec l'aléa moral : sachant que l'État ne les laissera pas tomber, les banques sont incitées à prendre des risques démesurés. Ainsi, dans le cas de la faillite de Lehman Brothers, un mémo secret de son PDG, Richard Fuld, déclarait en 2008 que les relations avec le Trésor étaient bonnes et sous-entendait que les prises de risque excessives pouvaient continuer puisque le Trésor sauverait l'entreprise en cas de crise[3]. Pour ces raisons, les libéraux sont critiques des politiques du type too big to fail.

Parmi les propositions émises pour lutter contre le Too big to fail, figurent le démantèlement des grandes banques (Henry Kaufman par exemple : "too big to fail is too big to exist") ou l'intégration par les banques de la « protection » que représente la garantie étatique par un impôt supplémentaire sur les grands établissements. Il est proposé aussi d'augmenter les fonds propres des banques, de cloisonner une banque d'avec ses filiales ou de les forcer à adopter une structure de holding.

Explication libertarienne

Pour les libertariens, le monopole d'émission monétaire qui est le fait de la banque centrale est une des principales causes du Too big to fail dans le domaine bancaire :

  • Le problème c'est que ces banques, quelles qu'elles soient, ont une espèce de parachute, qui est le prêteur en dernier ressort, la banque centrale. Et par conséquent, elles prennent des risques (...). La banque centrale génère ce qu'on appelle un risque moral : elle fausse les calculs et les gens s'aventurent dans de mauvais investissements. (Philippe Simonnot, "L’euro est une fausse monnaie, c’est pour cela qu’elle est en crise")
  • Lorsque le prêteur en dernier ressort existe (pour éviter le risque systémique, prétend-on), c'est une incitation à prendre trop de risques. (...) On va mutualiser le coût du risque tandis que les profits vont rester individuels. La conséquence de cela est précisément que cela crée un risque systémique, car on incite les banques à prendre trop de risques. (Pascal Salin)

Too big to jail

Une conséquence naturelle du "too big to fail" est l'immunité juridique des entités concernées, notamment dans le domaine de la finance, où l'on trouve des fraudes massives sanctionnées par des amendes symboliques ou jamais sanctionnées (scandale du Libor au Royaume-Uni en 2012[4] ; MF Global en 2011 qui s'empare de l'or de ses clients, etc.) ou des manipulations de marché en toute impunité.

Citations

  • « Pourquoi y a-t-il tant de produits financiers toxiques ? Il faut bien se dire qu’au départ c’est une décision politique. Les gouvernements ont estimé que 2% de croissance ça ne suffisait pas, il fallait du 5%. On a alors dit aux banquiers : "Allez-y ! Et si en plus vous faites des conneries, on sera là pour payer". (...) Ils font des trucs de plus en plus pourris, car il faut l’effet de levier maximum pour battre le petit copain. Au bout d’un moment ça vous explose à la figure. » (Olivier Delamarche[5])
  • « L’élément moteur de la crise de 2008 est l’existence d’entreprises too big to fail, trop grandes et trop interconnectées pour qu’on puisse les laisser faillir sans mettre en péril l’ensemble du système financier, donc économique. De telles institutions, en cela qu’elles bénéficient de la garantie implicite de l’État, sont des anomalies économiques qui privatisent les gains et collectivisent les pertes. » (Drieu Godefridi, 19/11/2013)
  • « Les TBTF, les très grandes banques, couchent avec les Pouvoirs et les Banques Centrales, donc elles sont systémiquement initiées. Elles fixent, en concertation, la politique qui leur sera favorable, elles anticipent les inflexions. C'est ainsi que s'analysent les rencontres, dîners, concertations, consultations, les guidances, la fameuse transparence. Le système est conçu comme devant être dissymétrique. Opaque pour les uns, vous, et transparent pour les autres, eux. » (Bruno Bertez, L'Agefi, 10/04/2014)
  • « Le soutien étatique aux grandes banques a transformé un marché, autrefois sain et tourné vers le financement de projets créateurs de valeur, en un système financier dysfonctionnel et corrompu, accordant une prime aux plus irresponsables et finançant en priorité une bulle immobilière à caractère spéculatif. Mais cette peur de la faillite bancaire est-elle un prétexte valide pour justifier une protection exceptionnelle des banques par l’État ? Non. Il serait parfaitement possible de laisser les banques fonctionner sans parachute étatique, en dessinant un processus de mise en faillite rigoureux mettant à contribution uniquement les détenteurs de créances sur les établissements défaillants. » (Vincent Bénard, Libres !!)
  • « Il faut défaire l’emprise sur la vie sociale de quelques grandes entreprises, souvent issues du public, qui ont par leur structure capitalistique la capacité de dominer. C’est le cas fameux des entreprises dites « too big to fail » (trop grosses pour faire faillite ). Alors que le citoyen est obligé de trouver un contrat d’assurance pour toute activité, les banques, par exemple, ont droit à la garantie gratuite de l’État, quoi qu’elles fassent. » (Éric Verhaeghe, 20/01/2011)
  • « Ces mastodontes bancaires sont en réalité de faux géants économiques. Il s’agit d’entreprises constituées pour capter un privilège (celui lié au statut des TBTF), et non d’opérations économiques dont la finalité est l’exploitation de synergies industrielles et managériales (ce qui est normalement la raison d’être d’une fusion). (...) Autrefois on appelait cela un cartel, aujourd’hui c’est une fusion, mais la nature du phénomène en cause n’est guère différente. » (Henri Lepage, 2016)

Bibliographie

  • 1990,
    • a. George G. Kaufman, "Are Some Banks Too Large to Fail? Myth and Reality", "Contemporary Economic Policy", volume 8, 4, pp1-14
    • b. Maureen O'Hara et Wayne Shaw, "Deposit Insurance and Wealth Effects: The Value of Being ‘Too Big to Fail’", Journal of Finance, volume=45,5, pp.1587–1600
  • 2004, Gary H. Stern et Ron J. Feldman, Too Big to Fail: The Hazards of Bank Bailouts, Brookings Institution Press, ISBN 0815781520
  • 2006, Frederic S. Mishkin, "How Big a Problem is Too Big to Fail? A Review of Gary Stern and Ron Feldman's Too Big to Fail: The Hazards of Bank Bailouts", Journal of Economic Literature, volume 44,4, pp.988–1004
  • 2009, Andrew Ross Sorkin, "Too Big to Fail: The Inside Story of How Wall Street and Washington Fought to Save the Financial System—and Themselves", London: Allen Lane

Voir aussi

Notes et références

Liens externes

En français

En anglais


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