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Démocratie représentative

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La démocratie représentative est un régime politique dans lequel la volonté des citoyens s’exprime par la médiation de représentants élus qui incarnent la volonté générale, votent la loi, et contrôlent éventuellement le gouvernement. Elle s’oppose à la démocratie directe dans laquelle le peuple prend lui-même les décisions.

Elle est largement plus répandue que la démocratie directe : environ la moitié des habitants de la planète vivent sous un régime de démocratie représentative, dont ceux des États les plus riches et les plus puissants.

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Origine

Platon et Aristote emploient le mot mimèsis (μίμησις) pour désigner les arts d'imitation ou de représentation : poésie, littérature, imitation de la nature par la technique, arts plastiques, théâtre. La mimèsis exprime le rapport de l'art au réel. La représentation n'est pas encore politique.

C'est ensuite Thomas Hobbes qui élabore une théorie de la représentation : le peuple autorise le souverain à le représenter, c'est ce consentement du peuple ce qui lui donne une légitimité. Le peuple "écrit la pièce" que joue le souverain.

Les théories de la démocratie, à partir de Sieyès, vont confier le pouvoir à des représentants élus, sans qu'il s'agisse à proprement parler d'un "contrat de mandat" passé entre un mandant et un mandataire.

Caractéristiques

Le pluralisme et l’alternance

La tenue d’élections à échéances régulières permet de limiter l’autonomie des élus. Un régime est démocratique quand les gouvernements et les représentants n’héritent pas de leur charge mais sont élus au terme d’une procédure élective, et leur programme est soumis à l’approbation des électeurs. Le pouvoir est à prendre en ce sens qu’aucune équipe dirigeante n’est jamais définitivement installée, qu’aucun programme ne peut être tenu pour définitif, qu’aucune politique n’est jamais que provisoirement officielle.

Cette ouverture, ou plutôt cette disponibilité du pouvoir est commandée par une philosophie pluraliste qui fait de l’opposition une force aussi légitime que le sont les gouvernants en place. Non seulement toutes les tendances et tous les intérêts sont admis à s’exprimer, mais encore l’espoir est offert à tous d’accéder au gouvernement et d’en utiliser les prérogatives selon leurs vues. La représentation permet de surmonter la division : en défendant la diversité des intérêts, la représentation évite que des groupes d’intérêts ne viennent menacer les droits des minorités. Et dès lors, plus l’État est grand, plus les avis ont de chance d’être divergents.

Le système requiert que soient garantis le multipartisme, nécessaire pour qu’il puisse y avoir des élections, et la liberté d’expression de l’opinion publique, pour permettre l’échange et la délibération. La représentation contribue à la formation de la volonté générale, construite grâce à l'apport des idées de tous.

Certaines démocraties représentatives connaissent la séparation des pouvoirs ; dans d’autres, notamment celles dans le système de Westminster, le gouvernement est formé au sein du parlement.

La formation d’une classe politique

La démocratie représentative est marquée par la nécessité d’une division du travail dans une économie marchande : en confiant la gestion des affaires publiques et la représentation de leurs intérêts aux représentants, les individus peuvent vaquer à leurs occupations privées, s’adonner au commerce, etc.

Les procédures de démocratie directe

Un régime représentatif peut également admettre une petite dose de participation directe des citoyens. Une procédure de référendum peut notamment exister, et peut même être obligatoire pour certaines décisions, par exemple pour la révision constitutionnelle si le législateur n’est pas également constituant.

Les États vivant sous ce système admettent généralement des droits d’expression, de pétition, et de manifestation très développés. Dans certains pays, une proposition de loi ou d’abrogation de loi, dite « d’initiative populaire », peut être déposée par des citoyens grâce à une collecte de signatures.

Critiques et limites

Jean-Jacques Rousseau, dans Du contrat social, a dressé au chapitre « Des députés » une vive critique du système parlementaire, alors en vigueur en Grande-Bretagne. Pour Rousseau, le peuple, au lieu de payer des personnes pour faire les lois, devrait accepter de payer s'il le faut, pour les faire lui-même.

  • Insuffisance de représentativité. Les personnes élues ont tendance à ne pas être représentatives du corps électoral, tant au niveau des revenus, des classes sociales et des niveaux d'instruction.
  • Conflit d'intérêts. Les intérêts des représentants élus ne coïncident pas nécessairement avec ceux de leurs électeurs. Par exemple il est fréquent que ce soit les représentants eux-mêmes qui déterminent leurs propres salaires.
  • Tendance à la corruption. La concentration de pouvoir politique entre les mains d'une minorité tend à favoriser la corruption.
  • Partis politiques. On peut considérer les partis politiques comme un « mal nécessaire » de la démocratie représentative, dans la mesure où il est souvent impossible à un candidat de remporter les élections sans se présenter au nom d'un parti politique. Ce qui a pour conséquence que, par la suite, un représentant politique risque de devoir agir à l'encontre de ses convictions pour être en conformité avec la ligne directrice de son propre parti. De temps en temps, il s'agira d'un compromis mineur. Mais il peut arriver qu'un changement de cap important soit exigé d'un représentant par son parti, de telle sorte qu'il n'ait comme alternatives que de démissionner de sa fonction ou de quitter le parti.
  • Alternance gouvernementale. Le changement d'un parti dirigeant à un autre, ou dans une moindre mesure d'un représentant à un autre, peut causer une rupture gouvernementale substantielle et un changement de lois.
  • Accessoirement, coût des élections. Beaucoup de ressources sont dépensées pour les élections qui pourraient être appliquées ailleurs. En outre, le besoin de lever des contributions de campagne est susceptible d'endommager sérieusement la neutralité des représentants : ceux-ci pourraient se sentir redevables à l'égard des principaux contributeurs et pourraient tendre à les récompenser en leur facilitant certaines démarches, par exemple l'obtention de marchés publics.
  • En pratique, il s'agit d’oligarchies mi-électives (pour les magistratures dites politiques dont l'extension varie selon les États), mi-méritocratiques (pour les fonctions d'exécution civiles et militaires).
  • Des « magistrats » (typiquement : une cour constitutionnelle) sont donc chargés de défendre les individus contre le peuple et par là le peuple contre lui-même. Cela expose ces gardiens du Temple démocratique à la critique de faire passer leur intérêts personnels ou « de classe » avant ceux du peuple, par le filtrage qu'ils font entre les propositions admissibles et celles qu'ils estiment ne pas l'être.
  • Parfois, c'est l'armée qui se charge du contrôle des dérives démocratiques (notamment lorsque cela n'est pas bien prévu au niveau civil), ce qui l'expose à une critique encore plus forte. Les exemples sont nombreux, de la France révolutionnaire, à l'Algérie ou la Turquie contemporaine, en passant par toute l'Amérique du sud, etc.

Critique libertarienne

Les libertariens contestent la démocratie et le principe représentatif. La démocratie est un système de domination politique qui effectue une distinction entre les gouvernants et les gouvernés, et entre les droits juridiques des dirigeants et ceux des gouvernés. La représentation est un mythe au nom duquel les élus usurpent massivement le pouvoir de décision de la population en prétendant se charger de la gestion des affaires publiques. En effet, comme l'explique Murray Rothbard :

Dans un régime représentatif par opposition à une démocratie directe, les gens votent non pour des mesures particulières mais pour des “représentants” qui mettent en avant des propositions globales, à la suite de quoi lesdits “représentants” font ce qu’ils veulent jusqu’à l’expiration de leur mandat. Il est évident que ces prétendus “représentants” ne correspondent en rien à ce qu’indique leur titre : dans une société libre, chaque mandant embauche individuellement ses propres mandataires ou représentants, qu’il peut ensuite congédier à sa guise.
Le véritable "représentant" d'un individu doit toujours respecter les ordres de celui-ci, ne peut agir contre ses intérêts ou ses vœux, et peut être écarté à tout moment. Il est clair que le "représentant", au sens que ce terme a dans une démocratie, ne peut jamais accomplir de telles fonctions d'agent, qui sont au contraire les seules en harmonie avec une société libertarienne.

Citations

  • Si "nous sommes le gouvernement" [...], les Juifs tués par l’État nazi n'ont pas été assassinés, ils se sont suicidés, puisqu'ils étaient le gouvernement (démocratiquement élu), et donc tout ce que le gouvernement leur a fait était volontaire de leur part. (Murray Rothbard, Anatomie de l’État)
  • Les représentants du peuple ne sont autres qu’un tas immonde de vendus. Leur vue c’est l’intérêt, leur penchant la bassesse, leur honneur est un orgueil stupide, leur âme un tas de boue. (Flaubert, Correspondance, 1835)
  • Aucune vie, liberté ou propriété n'est en sécurité lorsque le Parlement est en session. (Mark Twain)

Bibliographie

Voir aussi


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