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Algérie

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L'Algérie, en forme longue la République algérienne démocratique et populaire (en arabe الجمهورية الجزائرية الديمقراطية), est un pays d’Afrique du nord qui fait partie du Maghreb, de 40 millions d'habitants, limitrophe de la Tunisie au nord-est, de la Libye à l'est, du Niger et du Mali au sud, de la Mauritanie et du Sahara occidental au sud-ouest, et enfin du Maroc à l’ouest.

L'Algérie n'est pas une République islamique, mais l'islam y est religion d’État.

L'Algérie a été marquée – et en même temps créée de toutes pièces – par une longue colonisation française (1830-1962), qui prit fin avec la guerre d'Algérie (1954-1962) et l'exode d'un million d'habitants d'origine européenne.

Histoire de l'Algérie depuis la colonisation française

  • 5 juillet 1830 : débarquement d'un corps expéditionnaire français à Alger (début de l'Algérie française) ; le pays est alors depuis plus de 300 ans sous la domination de l'Empire ottoman, mais le dey d'Alger (Hussein Dey ou Hussein Pacha), souverain de la régence d'Alger, mène une politique largement indépendante d'Istanbul ; l'affaire de l'éventail (le 29 avril 1827, le Dey frappe le consul de France, Pierre Deval, avec un chasse-mouches), est utilisée par Charles X pour lancer un blocus contre le port d'Alger en 1827, puis pour débarquer en 1830
  • 6 juillet 1836 : bataille de la Sikkak, opposant les troupes françaises conduites par le général Bugeaud aux combattants de l'émir Abd el-Kader (victoire française)
  • 10 octobre-13 octobre 1837 : le siège de Constantine se termine par une victoire française décisive, contrairement au siège de Constantine de 1836, qui fut un échec militaire
  • 29 décembre 1840 : le général Bugeaud est nommé gouverneur général de l'Algérie
  • 23 décembre 1847 : reddition d'Abd El-Kader, chef politique et militaire algérien, au duc d'Aumale, gouverneur général français d'Algérie
  • 1847 : publication du Premier rapport sur l'Algérie par Alexis de Tocqueville (extrait du rapport des travaux parlementaires) ; Tocqueville justifie la domination française, tout en espérant un "bon gouvernement" de l'Algérie : « Il serait peu sage de croire que nous parviendrons à nous lier aux indigènes par la communauté des idées et des usages, mais nous pouvons espérer le faire par la communauté des intérêts ».
  • 12 novembre 1890 : « Toast d'Alger » : déclaration du cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger, annonçant le ralliement d'une partie des catholiques français aux institutions républicaines
  • 3 juillet 1940 : à Mers el-Kébir, port militaire dans le golfe d'Oran, la marine britannique coule la flotte française pour empêcher qu'elle soit livrée à l'ennemi nazi
  • 8 novembre 1942 : début de l'opération Torch, les Alliés débarquent en Algérie et au Maroc (Seconde Guerre mondiale)
  • 10 février 1943 : publication du Manifeste du peuple algérien par Ferhat Abbas, demandant un nouveau statut pour l’Algérie et l'abolition de la colonisation ; Ferhat Abbas profite de l’affaiblissement de la France envahie par l’Allemagne, et du débarquement anglo-américain à Alger en 1942
  • 8 mai 1945 : début des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, répressions sanglantes de manifestations nationalistes et indépendantistes
  • 1er novembre 1954 : début des "événements" insurrectionnels en Algérie, de ce qui deviendra la guerre d'Algérie
  • 20 août 1955 : massacres dans le Constantinois (ou massacres de Philippeville), tueries perpétrées par les indépendantistes du FLN
  • 13 mai 1958 : coup d'État mené à Alger, précipitant le retour aux affaires de Charles de Gaulle
  • 4 juin 1958 : discours de Charles de Gaulle à Alger (avec la phrase ambiguë « Je vous ai compris »)
  • 6 juin 1958 : à Mostaganem, Charles de Gaulle termine son discours en criant : "Vive l'Algérie française !"
  • 2 octobre 1958 : discours de Constantine du général Charles de Gaulle qui annonce un plan de réformes sociales, économiques et culturelles pour l’Algérie et affirme l’existence d’une « solidarité étroite » entre l’Algérie et la France
  • 24 janvier-1er février 1960 : semaine des barricades à Alger (journées insurrectionnelles)
  • 6 septembre 1960 : parution du "Manifeste des 121", sous-titré « Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie », dans le magazine Vérité-Liberté
  • 11 décembre 1960 : début de manifestations pour l'indépendance, manifestations organisées en signe de soutien au FLN et au GPRA, témoignant d'un soulèvement populaire contre le colonialisme ; cette démonstration de force intervient au moment où l'Assemblée Générale de l'ONU, qui a inscrit la question algérienne à son ordre du jour le 20 juillet, doit en délibérer le 19 décembre 1960
  • 8 janvier 1961 : référendum sur l'autodétermination en Algérie, largement acceptée par le peuple français (75 % des votants votent « oui »)
  • 21 avril 1961 : putsch des généraux à Alger (Challe, Jouhaud, Salan et Zeller), en réaction à la politique de Charles de Gaulle, considérée comme une politique d'abandon de l'Algérie française
  • 5 février 1962 : le général de Gaulle préconise une Algérie indépendante sur la base d'une coopération amicale avec la France
  • 19 mars 1962 : cessez-le-feu officiel en Algérie, faisant suite aux accords d'Évian signés la veille et marquant la fin de la guerre d'Algérie
  • 26 mars 1962 : fusillade de la rue d’Isly à Alger : l'armée française ouvre le feu sur une manifestation pacifique de citoyens français favorables au maintien de l'Algérie française (un des derniers exemples de guerre civile entre Français ; Charles de Gaulle ne fera aucune référence à ce massacre dont le bilan officiel est de 46 morts et 150 blessés)
  • 5 juin 1962 : début de l'exode des Français d'Algérie, après l'appel du général Edmond Jouhaud à l'arrêt des combats
  • 5 juillet 1962 : proclamation officielle de l’indépendance de l'Algérie, après le référendum d’autodétermination prévu par les accords d’Évian ; massacre d'Oran
  • 25 septembre 1962 : proclamation de la république algérienne par Ferhat Abbas, qui la présidera désormais jusqu'au 15 septembre 1963 (élection d'Ahmed Ben Bella)
  • octobre 1963 : la guerre des Sables, conflit frontalier dans la région de Tindouf, oppose l'Algérie et le Maroc
  • 19 juin 1965 : un coup d'État renverse le président en place Ahmed Ben Bella et porte Houari Boumédiène au pouvoir ; il sera chef de l'État jusqu'à sa mort le 27 décembre 1978
  • 20 avril 1980 : début du Printemps berbère en Kabylie et à Alger, réclamant la reconnaissance de l'identité et de la langue berbère en Algérie, premier mouvement populaire d'opposition aux autorités depuis l'indépendance du pays
  • 5 octobre 1988 : émeutes et manifestations dans plusieurs villes du pays, obligeant l'armée algérienne à intervenir (la répression aboutit à 15000 arrestations et 500 morts)
  • 27 décembre 1991 : le Front islamique du salut sort vainqueur des législatives ; le régime militaire invalidera les résultats
  • 1991-2002 : "guerre civile algérienne", opposant le gouvernement algérien et divers groupes islamistes (AIS, GIA)
  • 16 juin 1997 : massacre de Daïat Labguer (M'sila), causé par un groupe islamiste (50 morts)
  • 3 janvier 1998 : massacre de Ramka lors de la guerre civile algérienne : environ 1000 personnes sont égorgées par le Groupe islamique armé
  • 27 avril 1999 : élection d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République (il est réélu en 2004, 2009 et 2014 ; il est aussi ministre de la Défense depuis 2003) ; il est victime d'un accident vasculaire cérébral en 2013
  • 22 février 2019 : des rassemblements de grande ampleur interviennent dans les principales villes du pays, à la suite d'appels anonymes relayés sur les réseaux sociaux (jusqu’à 800 000 manifestants) ; développement du mouvement de contestation Hirak
  • 2 avril 2019 : démission d'Abdelaziz Bouteflika ; l’élection présidentielle prévue le 4 juillet est annulée, elle se tient finalement le 12 décembre

L'Algérie contemporaine

Depuis son indépendance en 1962, l'Algérie est un pays socialiste à économie planifiée fortement centralisée, économie rentière reposant sur le pétrole et le gaz. De 1991 à 2002, elle a été déchirée par une vague de violence et de terrorisme ("guerre civile algérienne"). Malgré un timide passage à une économie de marché depuis 1994, le pays reste prisonnier de la bureaucratie, de la dépense publique, de l'influence de l'armée, d'une très forte corruption, d'une absence d’État de droit. Selon l'indice de liberté économique de la Heritage Foundation, l'Algérie est classée parmi les pays très peu libres économiquement (score de 48,9 sur 100 en 2016).

Le journaliste Frédéric Pons donne comme explications à la situation algérienne les faits suivants :

  • le poids étouffant de la mémoire : le régime de parti unique mis en place en 1962 ne lâchera plus le pouvoir, une chape de plomb s'abat sur le pays pour entretenir une histoire officielle (tronquée) de la révolution algérienne qui légitime ce même pouvoir (cela va jusqu'à tenir cachées au public les archives historiques et à mettre la recherche historique sous la coupe de la propagande, de peur que les purges politiques passées et les luttes intestines entre apparatchiks algériens n'apparaissent au grand jour).
  • le régime est longtemps une copie du régime soviétique (abandon de l'agriculture, exode rural, industrialisation forcenée) engendrant un effondrement social et économique ; le printemps algérien d'octobre 1988 est violemment écrasé mais contribue à affaiblir le régime et le FLN, entraînant une suppression du régime de parti unique et une relative démocratisation. Cependant la force qui émerge est le FIS (Front islamique du salut), et les islamistes infiltrent la société algérienne à tous les niveaux jusqu'en 1992 (dissolution du FIS en mars 1992). L'armée a réagi pour sauver le régime et mettre fin au "printemps algérien". La guerre civile de 1992 à 1999 fera plus de 200000 morts. Ce traumatisme marque toujours la société algérienne, faute de politique de "vérité et réconciliation" comme il y en eut en Afrique du sud, tant les militaires criminels que les terroristes islamistes ayant été blanchis du jour au lendemain.
  • le pays est un pays à économie très riche avec une population très pauvre (en cela, il est assez semblable au Vénézuela) : la rente pétrolière et gazière permet d'exporter la richesse et d'importer la pauvreté (faute d'une agriculture développée) : 90 % des besoins en consommation sont importés alors que l'appareil productif agricole et industriel pourrait être développé à cette fin. Le système socialiste à plan triennal, privilégiant la rente pétrolière, et dont les circuits d'importation sont entre les mains des islamistes, ne veut pas changer pour développer la production locale et préfère apaiser les colères par des subventions.
  • la corruption est inscrite à tous les niveaux dans les structures et le fondement du système algérien, ainsi que le marché noir. Le désenchantement règne (comme le montrent les statistiques de suicide très élevées). Les jeunes élites partent à l'étranger faute de perspective dans le pays (travail, logement), alors que le pays importe des travailleurs étrangers (par exemple chinois).

A partir de 2019, un mouvement populaire de protestation "Hirak" ("mouvement"), non-violent et d'inspiration démocratique, se développe, qui réclame le départ des dignitaires du régime, la mise en place d'une transition et la nomination d'un président et d'un gouvernement de consensus. Ce mouvement est combattu par l'armée, qui procède à plusieurs milliers d'arrestations. Les militants, accusés d'atteinte à l'unité nationale et d'outrage au chef de l'État, sont souvent condamnés à des peines de prison ferme.

Indicateurs de liberté

  • Monnaie : Le Dinar (DZD) (1 Dinar = 0.00825 Euros le 31 juillet 2016)[1]
  • pas de liberté économique  : en 2018, selon l'indice de liberté économique de la Heritage Foundation, le pays a une note de 44,7 et est classé en 172e position sur 180 pays
  • faible liberté humaine : le Cato Institute (Human Freedom Index : indice de liberté humaine) donne une note de 5,14/10 et le classe en 155e position sur 162 pays, derrière des pays comme la Chine (5,91), le Congo (5,31) ou l'Arabie saoudite (5,48).

Bibliographie

  • 1847 : Alexis de Tocqueville, Premier rapport sur l'Algérie (premier rapport des travaux parlementaires de Tocqueville sur l'Algérie)
  • 2001 : Olivier Le Cour Grandmaison, Alexis de Tocqueville et la conquête de l'Algérie, [lire en ligne]
  • 2013 : Frédéric Pons, Algérie, le vrai état des lieux (50 ans d'indépendance), Calmann-Lévy.

Citations

  • Le régime est féodal, discret, convaincu de sa mission d’arbitre entre le pétrole et la famine, l’algérien et l’anarchie, la menace externe et l’ordre interne. Il faut être algérien pour sentir tout ce soupçon majeur de la caste des décolonisateurs (vétérans, FLN, anciens militaires...) envers les décolonisés. Un lien ténu et de redevances infinies. Le décolonisateur remplace le colon. Les Algériens sont vus comme une menace par le régime, le régime aime parler de ses « bienfaits de la décolonisation », logements gratuits, routes, hôpitaux. Un policier a cette conviction qu’il est là non pour la sécurité de tous mais pour surveiller les gens, les parquer. La définition de la liberté y a donc le sens de désordre menaçant. (Kamel Daoud, Le Point, 16 novembre 2017)
  • Le régime avec femmes et enfants vit en mode off-shore depuis des décennies. Il se replie sur ses castes, intérêts, puits de pétrole et contrats stratégiques. Aux islamistes, médias, journaux, mosquées et prêcheurs, il laisse la rue, il délègue le soin de gérer l’espace public. (Kamel Daoud, Quotidien d’Oran, 13 novembre 2018)
  • Les choses ne doivent pas changer. Le monde arabo-musulman est immobiliste par nature ; il s’est construit sur ce que, en Algérie, on appelle les « constantes nationales », c’est-à-dire les valeurs éternelles de la religion, de la tribu, de la umma [communauté des croyants]. Le réformisme, le progressisme, le changement organisé, la démocratie ne sont acceptés qu’à des doses homéopathiques et seulement lorsqu’ils viennent renforcer les constantes nationales. Les pouvoirs ne sont pas produits par le droit et le jeu démocratique ; ils sont la prérogative naturelle de la caste dominante, légitimée par la religion ou la « légitimité historique ». Depuis l’indépendance, le pouvoir est détenu exclusivement par ceux qui ont conduit la guerre de libération, autant dire le FLN, qui, avec le temps, a formé une noblesse féodale, organisée sur l’équilibre des forces entre les clans et l’allégeance de tous au roi, père de la noblesse et garant de sa survie. (Boualem Sansal, L'Express, 07/11/2018)
  • En Algérie, le pouvoir est, depuis 1962, aux mains de clans féroces qui refusent de le lâcher et empêchent à dessein toutes les transitions pacifiques. Un Algérien désabusé de la Casbah disait : « En Algérie, il y a deux types de personnes : celles qui sont épuisées par le pouvoir et celles qui épuisent les autres avec un pouvoir. » Alors que l’Algérie pouvait être une oasis au nord de l’Afrique, dotée d’un niveau de vie comparable à celui de l’Espagne ou de l’Italie, c’est un pays ruiné, incapable de juguler le mal endémique du tiers-monde : la corruption. (…) Aucun marché n’est attribué sans que le ministre, le fonctionnaire, le politique, le militaire ne ponctionnent leur dîme, souvent considérable, car, pour eux, l’Algérie est une dépouille sans maître. L’essentiel est d’être initié (participation à des soirées arrosées, recommandations, couvertures multiples, comptes occultes, usage d’intermédiaires, passe-droits). Toute la fonction publique a été pillée au profit des intérêts privés. Les ramifications sont si inextricables qu’il est vain de chercher qui dépend de qui : l’épouse, le neveu, la nièce, le parent par alliance sont des prête-noms possibles, et tous peuvent, un jour ou l’autre, faire partie du système. Le mal est profond. Les mafieux à la barre établissent, avec des cabinets privés, souvent étrangers et payés rubis sur l’ongle, des règles qui ne fonctionnent que pour leur besoin spécifique et dans des délais que seuls les initiés sont en mesure de saisir opportunément. (Malek Chebel, Dictionnaire Amoureux de l’Algérie, 2012)
  • L'Algérie, c'est la Corée du Nord, le prestige international en moins. (journal satirique algérien El Manchar)

Liens externes

Notes et références



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