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Thomas Hobbes

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Thomas Hobbes
philosophe

Dates 1588 - 1679
Thomas Hobbes: portrait par John Michael Wright
Tendance
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni
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Citation
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Histoire du Royaume-Uni

Thomas Hobbes (Westport, 5 avril 1588 – Hardwick, 4 décembre 1679) est un philosophe matérialiste-nominaliste anglais, considéré comme l'un des plus importants philosophes politiques, auteur du Léviathan. Précurseur du libéralisme, les aspects libéraux chez Hobbes tiennent à sa conception individualiste du droit naturel mais ils tiennent aussi à sa conception de la liberté se définissant en premier par l’absence d’obstacles[1].

B0.jpg Discussions sur le forum
Jusnaturalisme, Objectivisme Et Hobbesianisme (for)

Biographie

Thomas Hobbes est né dans la région de Wiltshire en Angleterre. Il raconte lui-même que sa mère accoucha avant terme sous le choc de la nouvelle de l’appareillage de l’invincible armada. Son père était vicaire de Charlton et de Westport ; il fut forcé de quitter la ville, abandonnant ses trois enfants au soin d'un frère plus âgé, Francis. Hobbes fut instruit à l'église de Westport dès l'âge de quatre ans et entra ensuite à l'école de Malmesbury, puis dans une école privée tenue par un jeune homme, Robert Latimer. Hobbes fit preuve d’une précocité intellectuelle remarquable : à l’âge de six ans, il apprenait le latin et le grec, et vers quatorze ans, il traduisit en latin la Médée d’Euripide. Il entra à Magdalen Hall (Oxford) en 1605 où il prit en aversion la vie universitaire. Le principal de Magdalen était John Wilkinson, un puritain agressif qui a eu une certaine influence sur Hobbes.

À l'université Hobbes semble avoir suivi son propre programme d'études ; il « était peu attiré par l'étude scolastique ». Il n'est pas allé jusqu'au diplôme. En 1608, il devint le tuteur du fils aîné de William Cavendish, baron de Hardwick et futur comte de Devonshire. Il fut chargé de voyager sur le continent avec son élève ; il parcourut ainsi la France, l’Italie, l’Allemagne en 1610, année de l’assassinat de Henri IV. De retour en Angleterre, il se mit à l’étude des belles lettres, lisant et traduisant Thucydide, son historien préféré. Sa traduction parut en 1628, année où mourut son élève et ami.

Il devint peu après de nouveau travelling tutor pour le fils du comte de Gervase Clifton et retourna sur le continent. Il passa dix-huit mois à Paris, et se rendit peut-être à Venise. De retour en Angleterre en 1631, il se voit confier le jeune comte de Cavendish. C’est vers cette époque (1629 – 1631) qu’il découvre Euclide et se prend de passion pour la géométrie. Trois ans plus tard, Hobbes et son élève visitèrent la France et l’Italie et restèrent huit mois à Paris, jusqu’à l’automne 1637. C’est à ce moment qu’il fut mis en rapport avec le père Mersenne, qui lui ouvrit la société savante de Paris et l’incita à publier ses ouvrages de psychologie et de physique. Il décrit dans une autobiographie son état de méditation incessante, « en bateau, en voiture, à cheval. », et c’est en effet à ce moment de sa vie qu’il conçoit le principe de sa physique, le mouvement, seule réalité génératrice des choses naturelles. Ce principe lui parut bientôt capable de fonder la psychologie, la morale et la politique.

Vers 1642, il écrivit un petit traité, Éléments de la loi naturelle et politique, en réaction aux événements qui troublaient la vie politique, traité écrit en anglais où il s’efforce de démontrer que « la puissance et le droit sont liés à la Souveraineté par une connexion inséparable. » Le livre ne fut pas publié, mais des copies circulèrent et firent connaître Hobbes. Inquiété par les résolutions du Long Parlement, il se réfugia à Paris. Or, vers cette époque, René Descartes, qui était en Hollande, avait chargé Mersenne de communiquer les Méditations Métaphysiques pour recueillir des commentaires des meilleurs esprits. Apprenant la présence de Hobbes à Paris, Mersenne s’adressa à lui, et Hobbes écrivit les Troisièmes Objections, qui sont un témoignage précieux pour l’étude de sa philosophie première. Ses objections furent transmises à Descartes en janvier 1641. Après d’autres objections de Hobbes, contre la Dioptrique cette fois, Descartes finit par refuser d’avoir encore affaire à « cet Anglais ».

Après cet épisode, Hobbes reprit ses travaux et publia en 1642 le De cive, où il explique que la solution aux guerres civiles qui secouaient l’Angleterre consistait à faire du pouvoir religieux une fonction du gouvernement. Il publiera une édition augmentée de cette œuvre en 1647, au moment où il terminait son traité De la nécessité et de la liberté et où il commençait le Léviathan.

En 1647, alors qu’il prévoyait de se retirer dans le midi de la France, il fut nommé professeur de mathématique du jeune prince de Galles qui était réfugié en France. Il exerça ces fonctions jusqu’au départ du prince en Hollande, en 1648.

En 1650, Hobbes s’occupe d’éditer La Nature humaine ou les éléments fondamentaux de la politique, et le De corpore politico. L’année suivante paraît sa grande œuvre : Léviathan, qui provoqua le scandale. Il fut accusé d’athéisme et de déloyauté, et il s’enfuit de Paris pour l’Angleterre. Là, il ne fut inquiété ni par le pouvoir séculier, ni par le pouvoir ecclésiastique, mais rencontra de nombreux adversaires (théologiens, universitaires, etc.) qui se liguèrent contre lui. Il dû donc soutenir plusieurs disputes, par exemple avec l’évêque Bramhall, ou avec les universitaires d’Oxford (accusés fort injustement d’ignorance par Hobbes) d’où sortiront le De Corpore (1655) et Questions relatives à la liberté, à la nécessité et au hasard (1666). Pendant plus d’un quart de siècle, il y eut ainsi attaques, répliques, dupliques, etc., en philosophie, en physique, dans le domaine des mathématiques, où il apparaît que Hobbes surestimait beaucoup ses découvertes. Ces énormités mathématiques furent ainsi jugées risibles ou pitoyables. Néanmoins, il ne renonce pas, publie en 1658 le De homine, deuxième partie de sa trilogie, où les mathématiques occupent encore une certaine place, et il persiste dans la publication de ses découvertes mathématiques (Quadrature du cercle, cubature de la sphère, Duplication du cube, 1669) qui sont réfutées par ses adversaires, en particulier par Wallis. Il doit également se défendre contre les rumeurs selon lesquelles il aurait écrit le Léviathan pour gagner la faveur de Cromwell.

Après le rappel de Charles II, Hobbes est accueilli à la cour et devient le familier du roi. Il reçut une pension de cent livres. Mais cette fortune favorable ne fut pas de longue durée. Dans l’entourage du roi, Hobbes comptait de nombreux ennemis, et parmi eux des évêques qui entreprirent de réfuter le corrupteur de la morale.

Le 31 janvier 1667, peu de temps après l’incendie de Londres, un bill passa à la chambre des communes, afin de prendre des mesures contre les athées et les sacrilèges ; il y était fait mention du Léviathan. La lenteur des procédures sauva Hobbes, qui prépara un plaidoyer, publié avec la traduction latine du Léviathan en 1668. Mais il eut surtout de puissants protecteurs, et le roi le soutint à la condition qu’il ne publia plus de livres de politique ou de religion.

Il compose Béhémoth en 1670, puis un dialogue et une Histoire ecclésiastique, et, en 1672, une autobiographie en distiques latins. À partir de 1675, il passe ses derniers jours hors de Londres, chez ses amis de la famille Devonshire. En août 1679, il préparait encore une œuvre pour l’impression ; mais, en octobre, la paralysie l’en empêcha, et le 4 décembre, il mourut à Hardwick.

Sur une plaque de marbre noir, on peut lire :

« vir probus et fama eruditionis domi forisque bene cognitus. »

Selon une anecdote, Hobbes lui-même aurait proposé de graver sur sa tombe :

« Voici la pierre philosophale. »

Œuvres

Hobbes et le libéralisme

Certains auteurs et théoriciens politiques, dont Leo Strauss, Pierre Manent ou Bertrand de Jouvenel, font de Hobbes un libéral ou un précurseur, voire le fondateur du libéralisme :

S'il nous est permis d'appeler libéralisme la doctrine politique pour laquelle le fait fondamental réside dans les droits naturels de l'Homme, par opposition à ses devoirs, et pour laquelle la mission de l’État consiste à protéger ou à sauvegarder ces mêmes droits, il nous faut dire que le fondateur du libéralisme fut Hobbes. (Leo Strauss, Droit naturel et histoire, 1953)

En fait, les aspects libéraux chez Hobbes tiennent à la conception individualiste et rationaliste qu'il a du droit naturel mais ils tiennent aussi à sa conception de la liberté se définissant en premier par l’absence d’obstacles[2].

L'essence du politique

Auteur du Léviathan et du Citoyen (De Cive), il est l'un des premiers philosophes contractualistes qui tente de refonder la légitimité du pouvoir des dirigeants sur autre chose que la religion ou la tradition. Selon la théorie du Léviathan, l'homme qui est par nature vorace ("l'homme est un loup pour l'homme") doit céder certains de ses droits à une entité supérieure - appelée souverain qu'il s'agisse d'un monarque ou d'une assemblée - afin que celle-ci utilise la force qui lui est ainsi conférée pour établir la paix à l'intérieur de la communauté qu'elle gouverne. Hobbes, commentateur assidu de La Politique d'Aristote, s'oppose ainsi à la thèse aristotélicienne selon laquelle l'homme est un animal naturellement social. Pour Hobbes, l'homme peut-être sociable mais non par nature, mais par accident. C'est pourquoi les hommes s'engagent mutuellement selon un contrat.

Autres concepts fondamentaux

Dans la seconde section du De corpore, Hobbes fait l'hypothèse que l'univers est anéanti, mais que l'homme subsiste ; sur quoi cet homme pourra philosopher ?

« Je dis qu'à cet homme il restera du monde et de tous les corps que ses yeux avaient auparavant considérés ou qu'avaient perçus ses autres sens, les idées, c'est-à-dire la mémoire et l'imagination de leurs grandeurs, mouvements, sons, couleurs, etc. toutes choses qui, bien que n'étant que des idées et des fantômes, accidents internes en celui-là qui imagine, n'en apparaîtront pas moins comme extérieures et comme indépendantes du pouvoir de l'esprit. »

Ainsi, toutes les qualités des choses qui s'offrent à nos sens sont-elles des états affectifs inhérents au sujet. Il n'y aurait rien d'absurde, selon Hobbes, à ce qu'un homme éprouve ces affections sans qu'un monde existe, ou sans qu'un monde ait jamais existé (quoique cette hypothèse ne soit pas formulée par Hobbes lui-même, elle découle de ce qu'il dit). Dans cette fiction, l'esprit n'agit que sur des images, et c'est à elles qu'il donne des noms. Mais, remarque Hobbes, c'est aussi bien ce qui ce produit lorsque le monde existe :

« Que nous calculions les grandeurs du ciel ou de la terre, ou leurs mouvements, nous ne montons pas dans le ciel, afin de le diviser en parties et de mesurer ses mouvements ; cela, nous le faisons bien tranquilles dans notre cabinet ou dans l'obscurité. »

Ces images qui forment l'objet exclusif de nos pensées, peuvent être considérées de deux points de vue : ce sont des accidents internes de l'esprit ou ce sont les espèces des choses extérieures en tant qu'elles paraissent exister. Le premier point de vue concerne la psychologie et les facultés de l'âme ; le second est objectif, puisque ces images de notre imagination composent le monde.

Liste des œuvres et écrits

  • 1640, The Elements of Law :
    • Human Nature
    • De Corpore Politico
  • 1651, Léviathan
    • Nouvelle édition en 1946, "Leviathan: Or, the Mat�ter, Forme and Power of a Commonwealth, Ecclesiastical and Civil", Oxford: Blackwell (introduction de Michael Oakeshott)
    • Traduction italienne en 2001, Leviatano, Bompiani, Milano
  • Elementa philosophiæ :
    • De Corpore
    • De Homine
    • De Cive
  • 1668, Behemoth or the Long Parliament
  • A Dialogue between a Philosopher and a Student of the Common Laws of England

Notes et références

  1. Marc Parmentier, « Hobbes et le libéralisme », www.cndp.fr
  2. Marc Parmentier, « Hobbes et le libéralisme », www.cndp.fr

Littérature secondaire

  • 1962, Crawford B. Macpherson, The Political Theory of Possessive Individualism: Hobbes to Locke, Oxford: Oxford University Press
  • 1971, Desmond P. Ellis, "The Hobbesian Problem of Order: A Critical Appraisal of the Normative Solution", American Sociological Review, Vol XXXVI, August
  • 1975, Michael Oakeshott, "Hobbes on Civil Association", Indianapolis, IN: Liberty Fund
    • Nouvelle édition en 1976, Oxford: Blackwell
  • 1982, Michael Levin, "A Hobbesian Minimal State", Philosophy and Public Affairs 11 (Fall)
  • 1986, Jean Hampton, "Hobbes and the Social Contract Tradition", Cambridge: Cambridge University Press
  • 1987, Catherine Secrétan, "La réception de Hobbes aux Pays-Bas au dix-septième siècle", Studia Spinozana, Vol III, pp27-40
  • 1997, Hussein M. Adam, "Hobbes, Locke, Burke, Ibn Khaldun, and Reflections on the Catastrophe in Somalia”, In: Hussein M. Adam et Richard Ford, dir., "Mending Rips in the Sky: Options for Somali Communities in the 21st Century", Lawrenceville, N.J.: The Red Sea Press
  • 1999, D. Burchell, "The disciplined citizen: Hobbes, neostoicism and the critique of classical citizenship", Australian Journal of Politics and History, 45(4), pp506–525
  • 2009, R. E. R. Bunce, "Thomas Hobbes" (volume 1 Major Conservative and Libertarian Thinkers series, John Meadowcroft, dir.), Continuum, ISBN 9780826429797
  • 2012, Mohamed Cherkaoui, "Thomas Hobbes", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp298-299
  • 2017, Timothy Fuller, "Hobbes’s Idea of Moral Conduct in a Society of Free Individuals", In: Eugene Heath, Byron Kaldis, dir., "Wealth, commerce, and philosophy : foundational thinkers and business ethics", Chicago : The University of Chicago Press, pp135-156
  • 2018, Timothy Fuller, "Liberalism and the Prospect of Rational Order in Hobbes’s Political Philosophy and the Responses of Oakeshott, Strauss and Voegelin", In: Gene Callahan, Lee Trepanier, dir., "Tradition v. Rationalism: Voegelin, Oakeshott, Hayek, and Others", Lexington Books

Liens externes

En français

En anglais

Citations

  • Et certainement il est également vrai, et qu’un homme est un dieu à un autre homme, et qu’un homme est aussi un loup à un autre homme. La première assertion est vraie si l'on regarde les rapports des citoyens entre eux ; la seconde l'est pour les cités entre elles. (De Cive[1])
  • Il est manifeste que pendant ce temps où les humains vivent sans qu'une puissance commune ne leur impose à tous un respect mêlé d'effroi, leur condition est ce qu'on appelle la guerre ; et celle-ci est telle qu'elle est une guerre de chacun contre chacun. (Léviathan)

Notes et références

  1. Profecto utrumque vere dictum est, Homo homini Deus & Homo homini Lupus. Illud, si concives inter se ; Hoc, si civitates comparemus. (De Cive)

Sources de cet article

Cet article vient de l'encyclopédie Wikipédia : Thomas Hobbes sur Wikipedia


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