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Externalité

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En économie, une externalité ou effet externe, est l'effet ou résultat qu'une activité ou transaction peut avoir sur une tierce partie qui n'est pas impliquée directement dans l'activité ou transaction en question. Une externalité peut être positive, quand elle génère un bénéfice externe, ou négative quand elle génère un coût ou détérioration externe.

Les externalités peuvent se diviser en quatre catégories :

  1. Les économies externes de production désignent l’amélioration du bien-être ressenti par l’agent B, non indemnisée, suite à une production de l’agent A. Ex : les abeilles d'un élevage apicole pollinisent, par leur va-et-vient de fleur en fleur, les arbres d'une plantation proche (qui en retour fournit les fleurs que les abeilles butineront, externalité positive pour le propriétaire des abeilles) ; cf. passager clandestin
  2. Les économies externes de consommation désignent l’amélioration du bien-être ressenti par l’agent B, non indemnisée, suite à une consommation de l’agent A.
  3. Les déséconomies externes de production désignent la détérioration du bien-être ressenti par l’agent B, non indemnisée, suite à une production de l’agent A. Ex : les pesticides utilisés dans ses champs par un cultivateur contaminent les eaux d'un élevage piscicole proche. La pollution est en général considérée comme une source d'externalités négatives.
  4. Les déséconomies externes de consommation désignent la détérioration du bien-être ressenti par l’agent B, non indemnisée, suite à une consommation de l’agent A.

Externalités négatives

Selon la théorie économique néoclassique, la présence d'externalités est le signe d'une « défaillance » car le système de coûts et bénéfices ne représente plus l'état réel du marché, soit les coûts sont sous-estimés et les bénéfices sur-estimés soit l'inverse. Ainsi, les conséquences inévitables d'une telle situation sont soit des actions économiques faussées, soit à une situation d'allocation inefficace des ressources. Le concept d'externalité dite négative vise à expliquer les cas où les activités génèrent des inconvénients, des dommages ou dégradations liées à ces activités sans qu'il existe une quelconque compensation ou atténuation de nuisances visant à rétablir la situation avant que les dites activités prennent place. L'aggravation d'une telle situation peut compromettre durablement la poursuite de l'activité en question, elle provoque une nuisance au voisinage, elle peut aussi provoquer des souffrances futures, ceci sans que l'auteur de la dite activité soit informé ou conscient.

Il existe plusieurs cas d'externalités négatives plus ou moins simples à aborder comme celui du bétail errant qui détruit les cultures sur les champs voisins, ce problème relativement simple peut être résolu par la mise en place d'une clôture entre propriétés. Il se peut que le fermier et l'éleveur décident autrement en passant un accord fixant un montant de dommages à payer se basant sur un calcul de gains et de coûts. Ici dans ce cas un simple accord mutuel intervient. Il peut arriver aussi que les circonstances changent avec le temps et qu'un simple accord ne soit plus satisfaisant pour l'une ou l'autre partie, par exemple que le coût de la mise en place d'une clôture soit plus rentable pour les deux parties. D'autres cas s'avèrent toutefois beaucoup plus complexes et présentent des difficultés d'analyse accrues.

Il est à noter que le concept d'externalité est tout d'abord considéré en dehors du système de prix du marché, externe donc au calcul des agents, il s'agit donc d'un effet externe qui n’est pas pris en compte par celui qui en est à l’origine. Par externalité négative il faut donc entendre un effet négatif indirect d'une activité sur un ou plusieurs agents, les dommages causés ne sont donc pas inclus ou pris en compte dans les coûts de production.

Le point de vue libertarien quant aux externalités négatives telles que la pollution est que le pollueur est toujours responsable, même si la pollution est accidentelle ou « raisonnable ». Murray Rothbard, dans Law, Property Rights, and Air Pollution (Cato Journal 2, 1989, 55-99), pose cependant des conditions à cette responsabilité :

  • la propriété polluée avait effectivement un propriétaire avant que la pollution n'intervienne (homesteading principle)
  • la pollution doit causer un réel dommage (une onde radio cause-t-elle un dommage ?)
  • la charge de la preuve revient au plaignant
  • le plaignant doit prouver un lien de causalité strict entre les actions du pollueur et le dommage qu'il prétend subir
  • la responsabilité du pollueur doit être directe (ainsi un vendeur de produits polluants ne peut être mis en cause s'il ne pollue pas lui-même).

Un autre point de vue est que pollueur et pollué peuvent négocier, pourvu que cette négociation soit possible et à un coût acceptable (théorème de Coase).

La "solution" étatique, que les libéraux en général refusent, est de taxer le pollueur selon le principe "pollueur-payeur" : taxe sur le pollueur (préconisée par l’économiste britannique Arthur Cecil Pigou), ou marché des droits à polluer, qui est une autre forme de taxation, l'État "vendant" initialement aux pollueurs des droits à polluer (que les pollueurs peuvent ensuite se revendre entre eux).

Le point de vue de l'École autrichienne

L'École autrichienne d'économie refuse la théorie des externalités. La notion d'externalité positive ou négative est :

  • arbitraire : la même externalité peut être ressentie comme positive pour une personne et négative pour une autre ; l'action correctrice des hommes de l'État n'a aucune justification, faute de connaître a priori la satisfaction ou l'insatisfaction qui résulte de l'externalité ; seul l'échange entre les personnes concernées permet de régler le "problème", car les préférences ne sont pas connues et n'apparaissent que par suite de l'action des personnes ;
  • contradictoire : les externalités sont présentées comme une conséquence du droit de propriété, alors que le changement du "niveau de satisfaction" causé par l'externalité était imprévisible pour les personnes affectées ; l'intervention coercitive remet en cause le droit de propriété et apporte une incertitude supplémentaire (on peut dire qu'elle constitue une externalité supplémentaire).

Certaines "externalités négatives" sont fictives, d'autres sont de simples violations du droit. Les prétendues externalités n'aboutissent qu'à une justification de l'interventionnisme étatique coercitif (notamment via la taxation, préconisée par Arthur Cecil Pigou pour compenser les "externalités négatives"), là où le contrat, l'échange, la propriété et la responsabilité peuvent fournir des solutions non-violentes.

Bibliographie

  • 1962, Ralph Turvey, “On Divergences between social Cost and Private Cost,” Economica 29 (novembre 1962), 309-13
  • 1964, Harold Demsetz, “The Exchange and Enforcement of Property Rights,” Journal of Low and Economics? (octobre 1964): 11—26
  • 1979, Dahlman, Carl J., ‘The Problem of Externality,’ The Journal of Law and Economics, 22(1), avril, pp. 141-162
  • 1992, Roy Cordato, Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]Efficiency and Externalities in an Open-Ended Universe
  • 2014, David Haddock, "The Relevant Theory of Irrelevant Externalities: Buchanan, Coase and Pigou", Journal of Law, Economics & Policy, Fall, Vol 10, pp689-729

Citations

  • Comment interpréter la théorie des prétendues « externalités » ? C'est une mise en cause arbitraire du droit de propriété, qui consiste, de manière absurde, à considérer comme un obstacle à la production ce qui est une condition de cette production et la raison d'être même de la théorie économique. Et ce à quoi se résume cette prétendue théorie, tissu d'absurdités, c'est le réflexe de l'enfant qui croit que le droit de propriété serait l'obstacle entre son désir et la tablette de chocolat stratégiquement placée à côté de la caisse dans la supérette − à cette différence près bien entendu que, quand il aura atteint l'âge de raison, l'enfant finira par comprendre que, s'il n'y avait pas le droit de propriété, il n'y en aurait pas du tout, de tablette de chocolat. (François Guillaumat)
  • J'affirme que les misères et les iniquités dont l'humanité n'a cessé de souffrir ne viennent point de la propriété ; j'affirme qu'elles viennent d'infractions particulières ou générales, temporaires ou permanentes, légales ou illégales, commises au principe de la propriété. (Gustave de Molinari)

Liens externes

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