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France et communisme

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La Une du journal communiste l'Humanité après la mort de Staline

Il est intéressant d'examiner dans quelle mesure le programme du Manifeste du parti communiste est mis en œuvre à des degrés divers, sous prétexte de justice sociale, dans les social-démocraties.

Il est patent qu'en ce domaine, la France a des longueurs d'avance sur les autres pays, comme on peut s'en rendre compte en examinant chacun des points du manifeste communiste. Peu de pays sont allés aussi loin dans la réalisation du programme communiste - en laissant de côté les pays ouvertement communistes ou socialistes (Corée du Nord, Cuba, URSS d'antan, Allemagne nazie ou nationale-socialiste...).

Le manifeste du Parti communiste, Karl Marx - Friedrich Engels, 1847, liste des 10 propositions :

Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'État.

La richesse du pays n'étant plus dans la terre, l'objectif a été renversé : plutôt que de créer des kolkhozes, c'est l'Europe (via une Politique Agricole Commune malthusienne) qui subventionne les agriculteurs (faute de subvention, si on laissait faire le marché, cette agriculture disparaîtrait car elle n'est pas compétitive : c'est donc le contribuable européen qui, pour des raisons politiques, est appelé à financer des activités non rentables). La vente des terres agricoles est régulée en France par des "Sociétés d'Aménagement Foncier et de l'Espace Rural" (SAFER). Des "Commissions Départementales d’Orientation Agricole" ont la main mise totale sur les locations de terre.

Impôt fortement progressif.

L'impôt sur le revenu est progressif, et non proportionnel. Le taux marginal supérieur dépasse 50% depuis des décennies, et il n'y a pas de baisse notable en vue. A comparer avec les pays de l'Est, qui, sortis du communisme, ont instauré des impôts proportionnels (flat tax) très bas (13% en Russie), sans même parler des États-Unis où plusieurs États, et non des moindres, n'ont même pas d'impôt sur le revenu (Alaska, Floride, Nevada, Dakota du Sud, Texas, Washington et Wyoming).

Abolition de l'héritage

En cent ans, le taux marginal de l’impôt sur l’héritage est passé de 1% à 40% (60% pour les successions sans lien de parenté). Le Sénat français reconnait que "le régime général d'imposition des successions et des donations en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis est nettement plus favorable qu'en France" (http://www.senat.fr/lc/lc3/lc3_mono.html).

Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.

Même si la dictature du prolétariat n'est pas encore à l'ordre du jour, la France a un passé chargé en la matière : émigration des protestants au XVIIe siècle, puis des nobles pendant la Révolution, confiscation et mise sous séquestre des biens juifs en 1942, carnet de change en 1982, "troisième émigration" au début du XXIe siècle des diplômés et des plus fortunés vers Royaume Uni, Belgique, Suisse, États-Unis, etc, malgré une exit tax instaurée en 1999 (imposition immédiate des plus-values de cessions ou d’échanges de titres lorsque le contribuable transfère son domicile fiscal hors de France). Certes, il ne s'agit pas de confiscation autoritaire, mais de fuite de certaines élites devant des prélèvements confiscatoires ou l'absence de perspective dans un pays sur-étatisé.

Centralisation du crédit entre les mains de l'État, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'État et qui jouira d'un monopole exclusif.

La Banque de France, créée en 1800 et nationalisée en 1945, a longtemps eu ce rôle de centralisation du crédit. Aujourd'hui la BCE, chargée de conduire la politique monétaire unique en euro et de réguler les taux d'intérêt (pilotage des taux à court terme sur le marché monétaire de l'euro), joue ce rôle de "centralisation du crédit". Les plus grandes banques ont été nationalisées après 1981, et n'ont été que progressivement privatisées par la suite. Le scandale du Crédit Lyonnais (politique expansionniste sans frein avec l'aval de l'État dans les années 1990) illustre l'incompétence de l'État dans ce domaine.

Centralisation entre les mains de l'État de tous les moyens de transport.

Faite pour une bonne part :

- monopole de la SNCF : bien qu'en principe toute entreprise européenne puisse désormais faire du fret ferroviaire sur les grands axes du réseau français, aucune licence d'opérateur ni de certificat n'ont en fait été délivrés. La SNCF fait tout ce qu'elle peut pour éliminer la concurrence, par exemple en interdisant le transport par autocar entre villes (décret-loi de 1934 qui interdit la création de lignes d'autocars). Le trafic voyageur devrait cependant être ouvert à la concurrence en 2010 (trafic international) et 2013 (trafic domestique).
- monopole de la RATP à Paris (peu apprécié de ceux qui subissent les grèves fréquentes et le "service minimum" quotidien).
- Renault, nationalisée après la Seconde Guerre mondiale, a subi un simulacre de privatisation en 1996 (l'État et les "investisseurs institutionnels" ayant ensemble la majorité).
- Air France, nationalisée en 1945, n'a été privatisée qu'en 2004, la participation de l'État restant encore importante.
- transport de courrier, monopolisé par la Poste (les directives européennes prévoient l’ouverture totale du marché du courrier en 2011, mais les politiciens français s'y opposent par tous les moyens possibles)
- taxis tenus par un numerus clausus (depuis 1937 à Paris[1])
- transport de l'énergie électrique : monopole EDF (jusqu'en 2004)

Les transports en France ne sont pas financés seulement par les usagers, mais aussi par des taxes telles que le versement transport.

Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production

La France a été le seul pays occidental à connaître un plan et un "Commissariat au Plan" (qui existe toujours, on a changé son nom en Conseil d'analyse stratégique), le plan (d'inspiration soviétique) étant la fameuse « ardente obligation » du général de Gaulle. Depuis, on a eu l'économie mixte et les grands projets pharaoniques de politique industrielle façon Plan Calcul, Concorde ou TGV, qui sont toujours très appréciés par les élites gouvernantes, bien que la plupart aient conduit à des échecs cuisants (pour le contribuable qui les finance). Début 2005, le gouvernement annonce la création d'une "ambitieuse agence chargée de promouvoir l'innovation industrielle". On a oublié l'échec des "Ateliers nationaux" créés en 1848 pour donner du travail aux chômeurs par des programmes de "grands travaux" (idée reprise avec succès par toutes les dictatures du XXe siècle).

Travail obligatoire pour tous; organisation d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture.

Echec sur ce plan-là. Il est difficile de parler de "travail obligatoire pour tous" au pays des 35 heures hebdomadaires et des records de chômage. Le STO a laissé de mauvais souvenirs, mais les grèves sont très populaires, surtout quand ceux qui les mènent sont parmi les plus privilégiés du système.

Combinaison du travail agricole et du travail industriel; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne.

L'exode rural est continu depuis un siècle, le travail agricole, dévalorisé et assisté par l'État, disparaît au profit principalement de la fonction publique. Les villes grandissent au point de dévorer les campagnes, avec entre elles les friches du "désert français".

Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu'il est pratiqué aujourd'hui.

Réalisé à 100% (plan Langevin-Wallon, projet de réforme scolaire égalitariste du physicien Paul Langevin et du psychologue Henri Wallon, tous deux membres du Parti Communiste Français), avec une école de piètre qualité, à programme unique, sans sélection par le mérite, sans lien avec la réalité professionnelle et qui offre à tous des diplômes sans valeur. Les "enfants" qui vont dans les "fabriques" ont souvent plus de 20 ans !

La seule sélectivité scolaire tolérée et "politiquement correcte" en France est celle qui se fait au profit de l'État (Grandes Écoles chargées de pourvoir les corps de l'État et de l'Administration). La carte scolaire empêche le libre choix de l'établissement (collège).

Voir aussi l'enseignement en France.

On peut ajouter un onzième point : le monopole communiste de la Sécurité sociale

Le monopole de la Sécurité sociale a été fondé en 1945, sous l'égide des communistes. Le résultat est connu de tous : déficits perpétuels, dette, service médiocre, malgré l'abrogation du monopole de la Sécurité Sociale selon la législation européenne, mais qui est loin d'être réalisée en pratique en France[2].

Notes et références

  1. "En 1937, la profession était libre, en 1938, on a fixé un maximum de 22 000 taxis pour l'agglomération parisienne, et par suite de pressions diverses, ce nombre a été réduit progressivement à 12 500, de telle sorte que, pour une ville qui a doublé depuis 1938, le nombre des taxis jugés strictement indispensables en 1938 a été réduit de moitié. On protège non seulement les hommes, mais aussi les machines, car sur ces 12 000 taxis autorisés, il y en a 1000 seulement qui sont autorisés à faire le "doublage", c'est-à-dire à travailler avec deux chauffeurs, mais pour tous les autres. il ne peut y avoir qu'un seul chauffeur travaillant dix heures par jour. Ceci veut dire que l'on a doublé systématiquement le montant de l'investissement nécessaire pour desservir la population parisienne, c'est-à-dire que l'on a absorbé là des capitaux qui faisaient défaut ailleurs, par exemple pour construire des maisons" (Jacques Rueff, L'expansion sans inflation, p.109 - Œuvres complètes, Plon, Paris, 1980, p.454n)
  2. Claude Reichman fait état dans son article Pour quelles raisons la France n'est-elle toujours pas sortie du communisme ? des origines du basculement de la France vers le communisme. En effet, il explique la manière dont les syndicats de gauche ont pris le contrôle des rouages administratifs, politiques, économiques et sociaux de la société française et comment ils s'y sont maintenus avec l'accord tacite des dirigeants politiques qu'ils soient de droite (faiblesse voire lâcheté) ou de gauche (convergence idéologique).


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