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Les origines de la Révolution américaine

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Histoire des États-Unis

Entre 1763 et 1774 les relations n'ont cessé de se détériorer entre la Couronne britannique et les treize colonies d'Amérique du Nord : ce sont les origines de la Révolution américaine

Les Treize colonies

Vers 1760, les Treize colonies comptaient un million et demi d’habitants et trente ans plus tard sur un territoire élargi les États-Unis rassemblaient 3 800 000 habitants dont près de 700 000 esclaves. L’immigration expliquait cette croissance démographique : Anglais, Écossais, Irlandais, Allemands et Hollandais. La religion surimposait son kaléidoscope doctrinal : anglicans, congrégationalistes, presbytériens, luthériens, quakers et baptistes et même des catholiques au Maryland. L’Américain est une créature inédite selon Crèvecœur  : « Est Américain celui qui laisse derrière lui ses anciens préjugés et ses mœurs ancestrales pour adopter des manières nouvelles, liées au nouveau mode de vie qu’il a adopté, au nouveau gouvernement auquel il obéit et au nouvel État qu’il occupe ».

À l’image de Benjamin Franklin au nom prédestiné, les Américains se sentaient tous des cadets et des bourgeois par rapport à l’Angleterre aristocratique. Les inégalités sociales paraissaient moins marquées qu’en Europe, les pauvres mieux lotis que dans l'Ancien Monde, Franklin parlant du « règne de l’heureuse médiocrité ». En dépit de leurs origines distinctes, les Treize Colonies s’étaient dotées d’institutions représentatives : « les divers gouvernements étaient un composé de monarchie, d’aristocratie et de démocratie (…) Les gouverneurs du Connecticut et de Rhode Island étaient élus par le peuple. Le roi nommait tous les autres. Les gouverneurs représentaient la monarchie. Le corps aristocratique était élu par le roi, excepté dans la Nouvelle-Angleterre (…). Partout le corps démocratique était élu par le peuple » (Filippo Mazzei, Recherches historiques…, 1788). Par le suffrage censitaire, les 3/4 des hommes pouvaient voter, étaient exclus les plus pauvres, les femmes et les esclaves. La montée en puissance du régime d’assemblées s’opérait aux dépens de l’exécutif.

Un certain malaise 1763-1770

En 1763 la paix de Paris donnait à la Grande-Bretagne un empire considérable en Amérique du Nord mais entraîna un profond « malaise » entre Anglais et Américains. La métropole faisait tout pour empêcher le développement économique des colonies qui devaient rester le débouché des produits de l’industrie anglaise. Les importations de marchandises étrangères comme les exportations de riz ou de tabac devaient transiter par l’Angleterre. De plus la Proclamation de George III du 7 octobre 1763, soucieuse de ménager les Indiens et d’éviter la dispersion de la population blanche, limitait les volontés d’expansion des colons en fixant la frontière au milieu des Appalaches.

Soucieux de réduire la dette publique, dont l’augmentation était attribuée à la guerre coloniale, les serviteurs de la Couronne songeaient à lutter contre la contrebande endémique. Le Sugar Act (1763) visait à protéger le sucre des Antilles britanniques de la concurrence déloyale du sucre français ou espagnol. Le Currency Act (1764) interdisait d’émettre des billets de banque alors que les colonies souffraient d’une disette d’espèces métalliques. Les colonies protestèrent contre des taxes non consenties : pas d’imposition sans représentation selon la formule fameuse de James Otis. Le Stamp Act imposant un timbre fiscal sur les documents légaux, les journaux, les brochures, les almanachs, les cartes à jouer et les dés était voté sans opposition notable au Parlement et ratifié par la Couronne le 22 mars 1765.

Outre-Atlantique le rejet fut unanime : « ce simple geste aura suffi pour que la Grande-Bretagne perde l’affection de toutes ses colonies » note un juriste new-yorkais loyaliste. L’assemblée de Virginie fut la première à remettre en question le Stamp Act en mai tandis que l’émeute triomphait à Boston en août, la maison du gouverneur étant saccagée. Les partisans de la Révolte se qualifièrent de Sons of Liberty. Des représentants de neuf colonies se réunirent à New York en octobre pour énoncer une « subversion des droits et libertés des colons ». Le pouvoir royal comprenant la gravité de la situation recula : le Parlement annulait le Stamp Act en mars 1766. Mais un Acte déclaratoire rappelait la soumission des colonies à la Couronne et au Parlement.

La tension ne diminuait pas. En décembre 1766, l’assemblée de New York refusait d’appliquer le Quartering Act prévoyant le logement des gens de guerre. Townshend, nouveau chef du gouvernement britannique, fit adopter par le Parlement quatre lois connues comme les Townshend Acts (1767) : elles imposaient des droits de douane payables dans chaque port avec la création d’un bureau de douane centralisé avec un corps de fonctionnaires n’ayant aucun compte à rendre aux administrés. Les Lettres d’un fermier de Pennsylvanie (décembre 1767) de John Dickinson sembla résumer tous les griefs des Américains. En août 1768, Bostoniens et New-Yorkais décidèrent de ne plus importer de marchandises britanniques, suivis l’année suivante par les colonies du Sud. Le secrétaire d’État aux affaires coloniales, Hillsborough adoptait une position de fermeté. Benjamin Franklin commençait à se demander si la Grande-Bretagne était toujours la « mère patrie » si elle n’était pas devenue « marâtre ».

Vers la rupture 1770-1774

Le 5 mars 1770, le gouvernement cédait de nouveau renonçant à tous les droits, à l’exception de la taxe sur le thé, écartant aussi le Quartering Act et donnant l’ordre de retirer les troupes de Boston. Trop tard, hélas. Le même jour le massacre de King Street ensanglantait Boston : pris à partie par la foule les soldats tirent, tuant cinq personnes.

Pourtant, la tension retombait et le commerce reprit entre la Grande-Bretagne et l’Amérique. La contrebande cependant continuait et la goélette La Gaspée chargée de lutter contre le trafic illicite était victime d’un incendie criminel (9 juin 1772). La décision d’assurer le traitement des juges par la Couronne provoqua des remous. À l’instigation de Samuel Adams, les Bostoniens créaient un comité de correspondance et deux textes voyaient le jour : Droits de la Colonie et Atteintes à ces droits et violations, premier catéchisme révolutionnaire. Le Tea Act (1773) avait pour but de secourir l’East India Company qui vendait mal ses produits en lui permettant d’exporter en Amérique. La Compagnie obtenait ainsi le monopole du thé fixant le prix et imposant ses dépositaires. Très vite une campagne de boycott se mit en place et les dépositaires démissionnèrent sous la menace.

Le 16 décembre 1773, à Boston, les émeutiers déguisés en indiens montaient à bord des navires et précipitaient leur contenu dans la rade : on devait parler plus tard de Boston Tea Party. Le général Gage écrivait au gouverneur de Boston le 2 février 1774 : « le moment est venu de savoir si les provinces continueront d’être des colonies britanniques ou si elles deviendront des États indépendants et séparés. »

Sources

  • Bernard Cottret, La Révolution américaine. La quête du bonheur, Perrin 2003, 525 p.


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