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Prix

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Graphique en faveur d'un système de prix libres, The Freeman, 1958

Un prix est un concept qui revêt plusieurs significations.

Nature d'un prix

Un prix littéraire est sensé récompenser une vraie valeur artistique, mais que reflète un prix ? Les marxistes dénient au prix le fait de refléter la valeur du bien en question, sinon sa simple valeur d'échange actuelle (et non nécessaire puisque le marché peut être "déséquilibré" par des facteurs exogènes – rumeurs, facteurs climatiques – ou endogènes – spéculation, anticipation, processus autoréalisants –, et de ne pas prendre en compte d'autres facteurs comme sa valeur d'usage (ou encore sa valeur morale).

Que dit le prix sur le bien en question ? Son utilité (comme le salaire pour un emploi ?), sa rareté, reflète-t-il un jugement de valeur sociétale (une chanteuse de variété pop n'est ni très utile (vitale), ni très rare mais gagnera beaucoup...), etc.

Dans le langage courant, on emploie souvent le prix (et la hausse des prix) pour synonyme de pouvoir d'achat.

Rôles des prix

Pour certains économistes autrichiens, l'information relative à des circonstances particulières de temps et de lieu ne peut jamais être centralisée, existant nécessairement sous forme dispersée, mais peut néanmoins être communiquée via les prix de marché des sociétés capitalistes.

  • Ludwig von Mises a souligné le rôle des prix pour coordonner les actes de millions d'individus
  • Hayek a mis en évidence le rôle des prix pour transmettre l'information: « les prix peuvent jouer de telle manière qu'ils coordonnent les actions séparées de différents individus de la même façon que les valeurs subjectives aident un individu à coordonner les différents aspects de son projet. »[1]. L'erreur est de croire, de faire croire, de dire ou de faire dire à Hayek, comme l'a fait Sanford Grossman[2], que les prix reflètent complètement toutes les informations opportunes.
  • Selon Kirzner, les prix ont deux fonctions différentes de communication. Il distingue les fonctions de communication des prix d'équilibre et des prix de déséquilibre, et insiste particulièrement sur la dernière. Les prix d'équilibre fournissent des signaux économiques qui permettent une coordination instantanée des décisions décentralisées

Différents types de prix

Prix de marché et prix "politiques"

Pourquoi les prix de marché sont-ils supérieurs aux prix que les planificateurs centraux traitent ? Hayek, Kirzner et leurs disciples croient que les prix de marché sont de meilleure qualité du fait de leur fonction, à savoir celle de communiquer l'information. Mises, au contraire, montra que la vertu première des prix de marché tient à leur origine. Les prix de marché véritables proviennent de la coopération volontaire ; ils ne peuvent jamais être simulés. Ils ne peuvent être saisis par des recherches intellectuelles parce que leur signification n'est pas liée à la vérité ou à la connaissance. Ils ne peuvent que provenir des actions entrepreneuriales. Ainsi, seul l'usage non entravé de la propriété privée assure une sélection inspirée par la productivité de valeur.

Dans le socialisme, il ne peut pas y avoir de calcul parce que celui-ci présuppose des prix de marché. Les prix de marché présupposent eux-mêmes l'échange et par conséquent la propriété privée.

Prix d'équilibre

Prix de l'argent

Le "prix de l'argent" indique le coût que doit s'attendre à payer celui qui recherche des capitaux sur le marché. Il se présente en pratique sous la forme de deux taux :

  • le taux d'intérêt, rémunération du capital prêté ; on distingue :
    • les "taux courts" (à échéance de quelques mois ou quelques années), servent au refinancement des banques, aux prêts entre les banques, au crédit à la consommation[3], etc. ; ces taux se basent en général sur le taux directeur, taux d'intérêt au jour le jour fixé par une banque centrale ;
    • les "taux longs" (taux à longue maturité, c’est-à-dire à échéance lointaine, 10, 20 ou 30 ans), qui concernent souvent la dette publique
  • le taux de change, quand il s'agit d'une monnaie étrangère.

Ces taux ont une influence importante sur les décisions économiques (investissement, création d'entreprise, importation, exportation, épargne, thésaurisation, etc.).

La Critique de la Théorie néo-classique des Prix par Israel Kirzner

Israel Kirzner, économiste américain de l'école autrichienne, est un disciple de Ludwig von Mises. À travers ses travaux, il a émis une critique fondamentale de la théorie néo-classique des prix. Il remet en question l'approche traditionnelle basée sur l'équilibre et met en avant le rôle essentiel de l'entrepreneur et du processus de découverte dans l'économie.

L'équilibre et l'entrepreneur

Israel Kirzner souligne que la théorie néo-classique des prix se concentre principalement sur l'équilibre, où les prix sont supposés être déterminés de manière instantanée pour égaler l'offre et la demande. Cela implique que toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions économiques sont "données" de manière homogène à tous les individus.

Cependant, Kirzner critique cette approche en mettant en évidence le rôle central de l'entrepreneur dans le processus économique. Pour lui, l'entrepreneur est celui qui perçoit les opportunités d'arbitrage et de profit dans un environnement d'incertitude. Contrairement à l'hypothèse néo-classique d'informations données, l'entrepreneur doit constamment découvrir des opportunités nouvelles et non encore identifiées par d'autres.

Le processus de découverte

La critique principale de Kirzner réside dans le concept de "découverte". Il affirme que la connaissance économique n'est pas donnée de manière centralisée et homogène à tous les individus, mais plutôt dispersée dans la société. Chaque individu possède des informations uniques sur son environnement et ses circonstances, ce qui rend impossible une allocation instantanée et efficace des ressources.

L'entrepreneur, selon Kirzner, joue un rôle essentiel dans ce processus de découverte. En cherchant activement des opportunités de profit, l'entrepreneur identifie et exploite les écarts entre l'offre et la demande. Ces découvertes sont le moteur du processus de marché, qui est ainsi stimulé par la concurrence dynamique entre les entrepreneurs.

La primauté de l'entrepreneur

Contrairement à la théorie néo-classique qui considère l'équilibre comme un état statique et donné, Kirzner insiste sur le caractère dynamique du marché. L'entrepreneur est constamment engagé dans le processus de découverte, ce qui entraîne des ajustements permanents des prix et des quantités pour atteindre de nouveaux équilibres.

Pour Kirzner, l'entrepreneur occupe donc une place centrale dans l'économie en tant que force motrice du processus de marché. Son rôle est de rechercher et de réaliser des opportunités de profit, participant ainsi à l'amélioration continue de l'efficacité économique.

Conclusion

La critique de la théorie néo-classique des prix par Israel Kirzner repose sur la reconnaissance du rôle crucial de l'entrepreneur et du processus de découverte dans l'économie. Selon lui, l'équilibre statique et l'idée d'une connaissance homogène et donnée sont des concepts inadaptés pour expliquer le fonctionnement réel du marché. En mettant en avant l'entrepreneur, l'école autrichienne offre une perspective dynamique et réaliste de l'économie qui met l'accent sur l'importance du processus de marché et de la concurrence pour stimuler l'efficacité économique.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Friedrich A. Hayek, « L’utilisation de l’information dans la société », Revue française d’économie 1, n° 2 (automne 1986) : 128 [lire en ligne].
  2. Sanford J. Grossman, 1976, On the Eficiency of Competitive Stock Markets Where Traders Have Diverse Information, Journal of Finances, Vol 31, pp573-585 et Sanford J. Grossman, 1989, The Informational role of Prices
  3. Bibliographie sur crédit à la consommation
    • 1994, Rosa-Maria Gelpi, François Julien-Labruyère, "Histoire du crédit à la consommation: doctrines et pratiques", Paris: La Découverte
    • 2014, Sabine Effosse, "Le crédit à la consommation en France, 1947–1965. De la stigmatisation à la réglementation", Paris: IGPDE/Comité pour l’histoire économique et financière de la France

Citations

  • Le système des prix n’est rien d’autre qu’un système d’information dont les entrepreneurs se servent pour arriver à leurs décisions. Si l’on bloque les taux de change et les taux d’intérêts, les pauvres chefs d’entreprise se retrouvent un peu comme un navigateur sans aucun instrument, en pleine mer, n’ayant aucune idée de l’endroit où il est et sans aucun moyen de savoir vers où aller. Plus aucun chef d’entreprise ne peut prendre une décision rationnelle. (Charles Gave)

Voir aussi

Bibliographie

  • 1992. Esteban F. Thomsen. Prices and Knowledge : A market-process perspective. London : Routledge. (ISBN 0-415-06865-7)
  • 1993, Hugh Rockoff, "Price controls", In David R. Henderson, dir., "The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets", New York: Time-Warner Books, Inc., pp416-421
  • 2006. Henry Hazlitt. « Le fonctionnement du système des prix ». Chap. 15 de L’Économie Politique en une Leçon. Paris : Institut Charles Coquelin. (ISBN 2-915909-06-7) [lire en ligne]
  • 2010, Stephen C. Miller, "Price: the ultimate heuristic", In: Peter Boettke, dir., "Handbook on Contemporary Austrian Economics", Cheltenham: Edward Elgar, pp67-76

Liens externes

Articles connexes


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