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Louis XVI

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Louis XVI
Personnage historique

Dates 1754-1793
Louis XVI.jpg
Tendance Royaliste
Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Louis XVI

Louis XVI (Versailles, 23 août 1754 - Paris, 21 janvier 1793), successeur et petit-fils de Louis XV a été le dernier roi de l'Ancien Régime en France et la victime de la Révolution française.

Le dernier roi absolu 1774-1788

Troisième fils du dauphin et de Marie-Josèphe de Saxe, il reçoit le titre de duc de Berry. La mort de son frère aîné (1761) puis de son père (1765) fait de lui l'héritier de son grand-père qui ne l'aime guère et lui préfère ses jeunes frères, les futurs Louis XVIII et Charles X. Il reçoit du duc de la Vauguyon une éducation traditionnelle qui mêle religion, morale et humanités mais ne le prépare guère à gouverner un État.

Devenu roi à 20 ans, soit plus tardivement que ses prédécesseurs depuis 1610, il permet à la France de faire l'économie d'une régence. Il va régner 18 ans mais sans réussir à réformer efficacement la monarchie. Populaire à son avènement, il paraît gauche, timide, sans grand caractère ni grandes idées. Ses passions sont la chasse et le travail manuel, la serrurerie. Marié en 1770 à une archiduchesse autrichienne, Marie-Antoinette, il a de la difficulté à consommer son mariage jusqu'en 1777 ce qui alimente les intrigues de cour. La multiplication des attaques contre la reine et la Cour atteint bientôt le roi alors qu'échouent l'une après l'autre les tentatives de réformes.

A son arrivée au pouvoir, Louis XVI bénéficiait des mesures prises par Maupeou et l'abbé Terray pour supprimer les parlements et assainir les finances royales. Il renvoie les ministres, rappelle les parlements et fait de Maurepas son ministre le plus influent. La voie libérale échoue avec Turgot : isolé au ministère comme à la cour, le contrôleur général est disgracié en mai 1776. L'armée et la marine ayant été modernisés, la France s'allie aux Américains en février 1778 et prend sa revanche sur l'Angleterre en faisant triompher la Révolution américaine en 1783. Cette guerre victorieuse va coûter cher au Trésor royal, les recettes financières de Jacques Necker se révélant insuffisantes. Le successeur de Turgot démissionne, découragé, en mai 1781.

Les succès militaires et diplomatiques ne suffisent pas à redorer le blason de l'État monarchique confronté à la conjonction des scandales et des oppositions. La politique de Calonne accroît le déficit ; pour réformer le système des impôts, le ministre a l'idée de convoquer une assemblée de notables pour éviter l'obstruction parlementaire. L'échec de Calonne (avril 1787) renforce l'opposition parlementaire et les émeutes se multiplient.

En 1788, l'État paralysé et en faillite, Louis XVI décide de convoquer les États Généraux et de faire revenir Necker au pouvoir.

Le roi des Français 1789-1792

Les contradictions de Louis XVI sont illustrées par la convocation des États Généraux. Il accorde le doublement du Tiers et l'organisation d'un véritable scrutin représentatif au suffrage universel, mais d'un autre côté il ordonne l'élection distincte et la délibération séparée des deux ordres privilégiés, annulant par là les concessions faites au parti « national ». Son dernier acte public, le 23 juin 1789, est de tenter d'arrêter le transfert de souveraineté au profit des députés du Tiers. Il est prêt à aller jusqu'à une monarchie contrôlée par les États Généraux, mais pas au-delà. C'était quinze ans trop tard. Vaincu en juillet par la prise de la Bastille, otage prisonnier de Paris suite aux journées d'octobre où il doit quitter Versailles, il se retrouve roi constitutionnel mais privé de toute liberté d'aller et venir.

Louis XVI ne pouvait suivre les conseils de Mirabeau : accepter la société nouvelle née du 4 août pour conforter le pouvoir royal. L'Assemblée constituante de son côté ne songeait qu'à mettre le roi sous tutelle. Le vote de la Constitution civile du clergé en juillet 1790 heurte le croyant sincère qu'est le roi. Il tente de reprendre sa liberté pour ressaisir l'initiative et l'autorité, non pour rejoindre une émigration dont il se méfie : la fuite, mal organisée, s'achève à Varennes le 21 juin 1791.

L'acceptation de la Constitution du 3 septembre 1791 par Louis XVI témoigne de la versatilité ou de la duplicité du roi ou de la volonté de gagner du temps. Néanmoins, les lettres à ses frères témoignent de sa lucidité : « La nation aime la constitution, parce que ce mot rappelle à la classe inférieure du peuple que l'indépendance où il vit depuis deux ans, et à la classe au-dessus l'égalité (...). Le bas peuple voit que l'on compte avec lui ; le bourgeois ne voit rien au-dessus. » Contre ses conseillers et contre Barnave qui a succédé à Mirabeau dans le rôle d'éminence grise, le roi se lance néanmoins dans une surenchère belliciste. Cette guerre qu'il a voulue va l'emporter : les défaites provoquent la journée du 10 août 1792, la prise des Tuileries et la fin de la royauté.

Le roi-martyr

Prisonnier au Temple, le roi déchu reste un chef de famille attentif et serein. Durant son procès, où il est défendu par son ancien ministre, Lamoignon de Malesherbes, il reste silencieux. L'exécution du 21 janvier 1793, inscrite dans la logique révolutionnaire, est acceptée par Louis comme un sacrifice. Comme l'écrit François Furet : « Médiocre accusé à la barre de la Convention, héroïque victime en face de la guillotine, Louis XVI meurt comme un roi sans avoir plaidé la royauté ».

Dans son Testament du 25 décembre 1792, il avait écrit : « Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve. Qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile. »

Sa mort ne provoque ni émotion ni indignation particulière dans l'opinion publique. La révolution a tué non seulement le roi mais aussi la royauté.

Sources

  • François Furet, « Louis XVI » in Furet et Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Champs Flammarion 1992.

Citations

  • Louis XVI, pendant tout le cours de son règne, ne fit que parler de réformes à faire. Il y a peu d'institutions dont il n'ait fait prévoir la ruine prochaine, avant que la Révolution ne vînt les ruiner toutes en effet. Après avoir ôté de la législation plusieurs des plus mauvaises, il les y replaça bientôt : on eût dit qu’il n’ait voulu que les déraciner, laissant à d’autres le soin de les abattre. (Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution)
  • Louis XVI n’était qu’un homme de bien exposé sur un trône et s’y sentant mal à l’aise. Par une succession d’essais incomplets, non suivis, toujours interrompus, il irrita la fièvre publique et ne fit que la redoubler. Car le bien, pour être autre chose qu’un rêve, a besoin d’être organisé, et cette organisation a besoin d’une tête, ministre ou souverain... Cela manqua entièrement durant les quinze années d’essai et de tâtonnements accordées à Louis XVI. Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut se donner d’abord pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple étaient imbus des principes, des lumières sans doute, mais aussi, à un haut degré, des préjugés du siècle, dont le fond était une excessive confiance dans la nature humaine. (Sainte-Beuve)
  • Le 21 janvier, avec le meurtre du roi-prêtre, s'achève ce qu'on a appelé significativement : la passion de Louis XVI. Certes, c'est un répugnant scandale d'avoir présenté comme un grand moment de notre histoire l'assassinat public d'un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s'en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du dieu chrétien. Dieu jusqu'ici se mêlait à l'histoire par les rois. Mais on tue son représentant historique, il n'y a plus de roi. Il n'y a donc plus qu'une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes. (Albert Camus, L'Homme révolté)
  • Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, il peut être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé : mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ? (Robespierre, discours du 3 décembre 1792)


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