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Ostracisme

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L'ostracisme, mot venant du grec ostrakon (coquille), est une pratique qui consiste à bannir une personne de la communauté, de l'isoler du groupe, en refusant le contact avec cette personne. L'ostracisme est une forme d'exclusion sociale.

L'ostracisme en tant que pratique sociale est admis par les libéraux et les libertariens, puisque en l'absence de violence il reste conforme à l'axiome de non-agression.

L'ostracisme public

L'isolement d'une personne peut avoir été décidé par l'autorité publique. Lorsque celle-ci décide que le comportement d'une personne peut être dangereux pour le pouvoir, elle possède plusieurs moyens pour bannir la personne en question et l'isoler : la prison, l'enfermement psychiatrique, la censure, la perte des droits civiques, la pression médiatique... Il existe de multiples moyens de bannir une personne de la société. Autrefois, le bagne et l'exil, ainsi que l'excommunication, étaient des formes d'ostracisme public.

L'ostracisme populaire

S'exerce en dehors de la volonté de l'autorité publique. La population agit d'elle même, en refusant tout contact avec la personne ostracisée. Il s'agit en quelque sorte d'un boycott social. Le bannissement social s'exerce par de nombreux moyens. La mise au placard consiste à isoler un travailleur du reste de l'entreprise, en le faisant travailler dans une pièce à l'écart, ou en lui donnant des tâches à accomplir inférieures à son niveau de compétence. Une personne ostracisée peut avoir des difficultés à trouver un emploi, non pas à cause de son manque de compétence, mais à cause de sa situation de personne rejetée par la société. C'est parfois le cas par exemple, pour d'anciens prisonniers qui ne trouvent pas de travail, car leur image de criminel perdure après leur libération de prison. Les syndicats peuvent aussi participer à l'ostracisme d'une personne en l'isolant du reste des travailleurs.

L'ostracisme est souvent une forme de stigmatisation où l'on colle un profil malsain ou criminel sur une personne qui n'arrive pas à se défaire de cette image, malgré ses efforts. Il peut parfois s'agir de préjugés, liés à la morale sociale.

L'ostracisme sous forme d'exclusion sociale concerne de nombreux domaines comme le logement, ou la culture, la sexualité, la drogue, l'origine ethnique, la position sociale ou les opinions politiques, ainsi que l'éducation et la religion.

Liberté et ostracisme

En général les libéraux sont plutôt contre l'ostracisme public, celui qui vient de l’État et de ses institutions. Mais l'ostracisme populaire, celui qui vient de la société elle-même, et donc des individus, est plus difficile à combattre car l'on ne peut pas forcer quelqu'un à apprécier quelqu'un d'autre.

La liberté individuelle, c'est aussi la liberté de choisir ses amis et ses ennemis. Il est donc assez logique, d'un point de vue libéral, d'autoriser l'ostracisme populaire dans certaines limites.

Toutefois, dans les faits, le libéralisme se trouve souvent opposé aux préjugés des mouvements d'opinion de masse, et défend souvent les droits des personnes mal comprises par la population.

L'ostracisme populaire étant une forme de gouvernement populaire, il peut s'avérer parfois aussi liberticide que l'ostracisme étatique, dont il est souvent l'origine. Les deux sont d'ailleurs souvent liés. Il est rare que la société populaire rejette une personne alors que l'État non, et inversement. L'État, plus ou moins démocratique, par nature surfe sur la vague de l'opinion populaire.

C'est pourquoi certains libéraux sont aussi opposés à l'ostracisme populaire qu'à l'ostracisme public. Seulement la manière de les combattre tous les deux n'est pas tout à fait la même. L'ostracisme public doit être combattu par la voie politique, alors que l'ostracisme populaire doit être combattu par la voie économique. La meilleure façon de venir en aide à une personne qui trouve toutes les portes fermées, c'est de lui ouvrir sa propre porte. Et non de lui ouvrir la porte des autres.

Forcer les autres à accepter quelqu'un, serait porter atteinte à leur liberté de choisir. Le combat contre l'ostracisme populaire est donc un combat individuel. Chacun étant libre de choisir à qui il veut donner sa chance ou pas.

Citations

  • « L’État, dit Stirner, c’est l’ostracisme organisé des Moi. » Ce mot n’est pas qu’une figure. L’ostracisme à Athènes ne fut pas une mesure exceptionnelle, ce fut, durant toute une époque, un moyen courant de gouvernement, un instrument commode aux mains de l’État pour empêcher les Moi trop marquants de diminuer sa personnalité. (Henri Lasvignes)
  • Si, pour l’animal prédateur dans la jungle la règle est : tuer ou être tué, pour l’être humain dans la société la règle est : être exclu ou n’être pas exclu. (Roland Jaccard, L'exil intérieur, 1975)
  • Si j’ai le droit de discriminer, c’est que je peux pratiquer ce que j’appellerai l’ostracisme. C’est-à-dire tolérer que l’autre ait le droit de vivre et d’exister, mais sans pour autant approuver ses choix ou ses actes, et aller jusqu’à le boycotter directement ou indirectement, sans lui porter atteinte. (Stéphane Geyres)


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