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Réalisme (relations internationales)

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Le réalisme désigne en relations internationales une position critique des doctrines idéalistes, plus ou moins systématisée autour de la notion d'intérêt national.

Une critique de l'idéalisme

Fondamentalement le réalisme est une critique des doctrines optimistes qui nient le caractère nécessairement conflictuel des relations internationales et appellent à construire un ordre transcendant les clivages nationaux.

Le réalisme oppose à ces projets idéalistes de paix universelle l'égoïsme des États. Il adopte une position sceptique face aux systèmes qui prétendraient ordonner les nations une fois pour toutes de façon à ce que les conflits disparaissent.

Au contraire la prétention d'éliminer la guerre est néfaste en ce qu'elle facilite la possibilité de la guerre totale.

En particulier le réalisme dénonce l'idée d'un ordre international qui serait fondé sur le droit. La clé de la paix se trouve au contraire dans l'équilibre des puissances. La souplesse du système international est également un bien qui permet un rééquilibrage permanent de sorte que les pays sont intégrés et les seules guerres qui adviennent sont limitées.

Si la position réaliste est perçue par les idéalistes comme cynique, le réalisme est pour ses partisans la seule façon de diminuer un mal par ailleurs nécessaire qu'est l'institution de la guerre.

Une doctrine positive systématisée autour de l'intérêt national ?

Le réalisme a parfois été transformé en doctrine positive, en système qui explique toutes les relations internationales par le principe de la recherche de puissance des États.

Dans cette conception tous les États cherchent rationnellement à maximiser leur intérêt. Il s'agit ici d'un intérêt relatif car peu importe la puissance objective, seule compte la puissance à l'égard des autres pays.

Néanmoins l'histoire démontre que les États suivent parfois des objectifs politiques qui ne correspondent pas à une recherche de puissance, ce sous l'impulsion des démagogues et des passions... ou de l'idéalisme. Ainsi de Napoléon III qui soutient l'unification italienne par la force de l'armée française sans véritablement chercher de contrepartie territoriale et en détruisant un ordre international qui contenait les Allemands. Ainsi de Hitler qui affecte des ressources au génocide de la partie juive de sa propre population et de celle de pays voisins alors qu'il est en guerre totale contre l'URSS. Ainsi des Américains qui consacrent des sommes colossales à l'exportation de leurs institutions en Irak. Inversement, la France sous l'emprise du pacifisme n'a pas su protéger son intérêt en empêchant l'Allemagne de l'entre-deux-guerres de se réarmer et d'occuper la Rhénanie.

Ce faisant, une doctrine réaliste positive et rationalisée autour de la volonté de puissance réalisée rationnellement fait preuve d'un défaut de réalisme : les États n'agissent pas toujours rationnellement.

Si la guerre est comme l'écrit Clausewitz la poursuite de la politique par d'autres moyens, rien ne rend nécessaire que la politique d'un État vise l'accroissement de sa puissance.

Positionnement politique du réalisme

Il convient de relever que dans le jargon américain, l'idéalisme est parfois appelé libéralisme. Mais ce libéralisme-là doit se comprendre comme un libéralisme dans l'acception anglo-américaine c'est-à-dire un libéralisme de gauche, idéaliste et confiant dans les bonnes intentions.

Le réalisme est plutôt de droite même si on trouve des hommes de gauche qui en sont partisans et que de nombreux hommes de droite sont des idéalistes, tels les néoconservateurs.

En tant qu'heuristique pessimiste des relations internationales, il est proche du conservatisme, néanmoins le représentant le plus illustre en France du courant réaliste est Raymond Aron. Celui-ci a écrit plusieurs ouvrages réalistes et s'est intéressé à l'influence de Nicolas Machiavel.

Un autre réaliste, conseiller du prince, Henry Kissinger, a dédicacé au philosophe français un de ses ouvrages "à mon maitre". Kissinger a imprimé une politique réaliste aux États-Unis, contredisant la tendance à l'idéalisme de ce pays depuis la Première Guerre mondiale.

Sa politique a été attaquée à gauche par les pacifistes mais aussi à droite par une nouvelle espèce idéaliste qui appelait à une promotion agressive de la démocratie. Du manque de soutien politique que la postérité offre à Nixon et Kissinger, du cynisme que l'opinion publique prête aux réalistes, il résulte qu'un grand nombre de maux et notamment les coups d’État autoritaires advenus dans les années 70 sont imputés à tort à leur compte.

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