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Napoléon III

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Napoléon III
Personnage historique

Dates 1808-1873
Napoleon III.JPG
Tendance bonapartiste
Nationalité France FranceSuisse Suisse
Articles internes Autres articles sur Napoléon III

Citation Le nom de Napoléon est à lui seul un programme ; il veut dire à l’intérieur ordre, autorité, religion, bien être du peuple, à l’extérieur dignité nationale
Interwikis sur Napoléon III

Charles Louis Napoléon Bonaparte né à Paris le 20 avril 1808 et mort à Chislehurt, Kent, le 9 janvier 1873, neveu de Napoléon, connu comme Napoléon III a été à la tête de la France de 1848 à 1870 d'abord comme président de la République puis comme empereur des Français. Il n'a pas bonne réputation et reste un personnage mystérieux. Le Sphinx, disait Zola. Napoléon le Petit pour Victor Hugo. Un rêveur ? Un minus ? Le simple héritier d’un nom prestigieux ? Il n’est pas le génie politique et militaire qu’était son oncle et pourtant quel homme politique français du XIXe siècle a autant marqué et l’histoire de la France et l’histoire de l’Europe entre 1815 et 1914 ? Quel autre chef d’État s’est autant intéressé au sort des ouvriers ? Il a connu un destin fabuleux. Sa vie est un roman mais qui finit mal. Mais son règne n'a pas été seulement celui d'un ambitieux, c'est aussi un système doctrinal, le bonapartisme.

A la recherche d'une destinée 1808-1848

Le Prince 1808-1832

Charles Louis Napoléon est le troisème enfant d'un mauvais couple,formé par Louis Bonaparte et Hortense de Beauharnais. Louis, bizarre et maniaque, est roi de Hollande de 1805 à 1810. Hortense est la maîtresse de Flahaut, officier de l’État-Major (d’où la naissance de Morny en 1811). Est-il bien le fils de son père ? Il est néanmoins élevé par sa mère comme un Prince. Son frère Napoléon-Louis et le roi de Rome (fils de Napoléon Ier) sont avant lui dans la succession. Hortense obtient de la Restauration le titre de duchesse de St-Leu puis se rallie à Napoléon pendant les 100 jours. Elle est contrainte à l’exil.

Elle s'installe à Arenenberg au bord du lac de Constance. L'éducation du prince, de 12 à 19 ans, est faite par Le Bas, fils du conventionnel, un républicain. Élève moyen au gymnasium d’Augsbourg, il y apprend l’allemand. Sa mère fait son éducation politique : Les Bonaparte doivent se rappeler que toute puissance leur vient de la volonté populaire. Il séjourne à Rome chez les Bonaparte : Fesch, Lucien, Pauline, Jérôme. Louis-Napoléon apprend l’italien. Proche des Carbonari, il n'en est pas membre comme son frère aîné.

À partir de 1830, l'orléanisme s'impose comme rival du bonapartisme. Il est expulsé de Rome en 1831. Il participe avec son frère au soulèvement de Romagne. Napoléon Louis meurt de la rougeole. En fuite et déguisés, Hortense et son fils traversent la Toscane, Gènes et la France et se retrouvent à Londres où Louis-Napoléon s'initie à l’anglais. De retour au lac de Constance et Arenenberg, il apprend en 1832 la mort du duc de Reichstadt.

Le Prétendant 1832-1840

Pour Hortense, le souvenir de Napoléon est intact, reste à prendre sa place. Joseph réunit à Londres ses frères : Louis-Napoléon représente son père impotent. Il rédige un manuel d’artillerie destinée à l’armée suisse (1834) car il est capitaine d’artillerie à Berne. Fait peu connu, Louis-Napoléon, en plus d'être Français, était Suisse (par naturalisation le 14 avril 1832). Il avait été élève de l'École militaire centrale de Thoune (canton de Berne). En 1835 Persigny, aventurier bonapartiste, entre dans sa vie.

Sous la Monarchie de Juillet, le culte de Napoléon est associé à la cause du peuple.Le 30 octobre 1836, c'est l'affaire de Strasbourg. Il se voit maître de Strasbourg le testament de l’empereur d’une main, l’épée d’Austerlitz de l’autre pour annoncer au monde que l’Empereur a un héritier. Il a déjà sa bande avec Persigny et d’autres. L’un des colonels artilleurs est gagné. Des proclamations préparées : Voyez l’aigle, emblème de gloire, symbole de liberté, et choisissez. Mais les artilleurs n’arrivent pas à entraîner les fantassins et les conspirateurs sont arrêtés. Le gouvernement inquiet n’apprend l’échec que le lendemain, la neige ayant empêché le télégraphe de fonctionner. La reine Hortense se précipite à Paris pour réclamer la grâce de son fils qui est embarqué à Lorient pour les États-Unis. Les jurés alsaciens acquittent les prévenus. Le 3 avril, il est à New York. Sa mère est atteinte d’un cancer et il rentre en Europe dès le mois de juillet. Ses oncles le boudent. Il doit faire des faux papiers américains pour obtenir un passeport à Londres. Sa mère expire dans ses bras à Arenenberg le 5 octobre 1837. Il héritait d’un capital de plus de 3 millions (120 000 F de revenus). Il fait publier une brochure sur la tentative de Strasbourg qui provoque l’irritation du gouvernement français et une tension avec la Suisse.

Le 14 octobre 1838, il quitte Arenenberg et le 25, arrive à Londres, nouvelle base de départ pour un nouveau coup. Il est partout traité en hôte de distinction, installé dans une belle résidence sur St James Park. Il est reçu avec le protocole réservé aux princes des maisons régnantes. La vie mondaine est l’écran derrière lequel il dissimule ses autres activités. Dès 1836, Louis-Napoléon écrivait à Odilon Barrot, chef de l’opposition parlementaire : le système napoléonien consiste à faire marcher la civilisation sans discorde et sans excès. Des idées napoléoniennes (1839) : il n’est pas facile de transformer une vieille monarchie en république mais l’empire a remplacé l’arbitraire par la loi égale pour tous. Les thèmes du livre sont tirés du Mémorial. L’Empereur avait voulu faire en 10 ans l’ouvrage de plusieurs siècles. L’idée napoléonienne n’est point une idée de guerre, mais une idée sociale, industrielle, commerciale et humanitaire. Il fait de Napoléon un saint-simonien ! L’ouvrage fut traduit en six langues. Il se réconcilie avec sa famille. Dans l’Idée napoléonienne (1840) il souligne : Depuis Clovis jusqu’à Louis XVI et jusqu’à la Convention, je suis solidaire de tout ce qui s’est fait en France.

Louis-Napoléon Bonaparte en 1839


L’Aventurier 1840-1848

Le 5 août 1840, c'est la tentative de Boulogne. Boulogne était une petite place. Le gouvernement avait vent de l’affaire. Le retour des cendres avait été décidé et la France isolée diplomatiquement par les manœuvres de Adolphe Thiers. Le débarquement est confus, les soldats ne sont pas séduits par les discours du prince : au bout de 3 heures, les conjurés sont faits prisonniers. C’est plus pitoyable que Strasbourg. Louis-Napoléon se montre digne pendant son procès au palais du Luxembourg devant les Pairs (28 septembre - 6 octobre). Sur 312 pairs, 160 s’abstiennent, les autres votent la condamnation à l’emprisonnement perpétuel. L’opinion est indifférente : la médiocrité des complices sauf Persigny y est pour quelque chose.

Il est enfermé à Ham (1840-1846), dans la Somme. Le retour des cendres enthousiasme les foules le 15 décembre 1940 mais ne suscite guère d’intérêt pour le neveu. Il avait son domestique qui l’avait suivi et deux de ses complices pour voisins : Conneau et Montholon. Il fera deux enfants à une lingère du cru qu’il avait obtenu d’engager. Cette captivité est assez confortable et il reçoit des visites. Sa famille semble l’avoir abandonné sauf Napoléon, fils de Jérôme. Je passe mon temps à étudier, à réfléchir et à espérer. Il écrit des études sur l’artillerie et des articles politiques. Il lit Adam Smith, Jean-Baptiste Say, Louis Blanc. Il commence à s’intéresser à la question sociale : l’Extinction du paupérisme parait d’abord sous forme d’articles. Il connaîtra six éditions dont 3 en 1844. Le peuple est comme vous dans les fers lui écrit Georges Sand. Lucien est mort en 1840, Joseph en 1844, Jérôme ne compte pas. Il est l’unique représentant du pouvoir impérial. Les pensions qu’il doit payer aux anciens serviteurs d’Hortense et à ses complices épuisent son revenu. Sa santé n’est pas brillante dans son climat humide. Son moral baisse : La nation dort et dormira encore longtemps. Le 25 mai 1846, il s’évade sous les habits d’un ouvrier qui faisait des réparations à la forteresse. Est-ce l'origine du surnom de Badinguet ?

Mais ni la France ni l’Autriche ne devaient le laisser gagner la Toscane pour voir son père qui meurt à Livourne le 25 juillet 1846 sans lui mais avec qui il s’était réconcilié. Il demeure à Londres de mai 1846 à septembre 1848. Il prend aussi les eaux à Bath. Il est toujours l’invité de la société. Il fait la connaissance de miss Howard une ancienne prostituée qui partagera sa vie jusqu’en 1853. L’héritage de son père le sauve du naufrage financier. Mais il continue à vivre d’expédients. Faute d’argent et de complices, encore emprisonnés, il ne prépare aucun coup. Mais il se considère désormais comme le chef de la famille Bonaparte.

Le destin favorable : Les années heureuses 1848-1860

Le Prince-Président

La République est proclamée, je dois être son maître écrit-il à sa cousine.

Mais le gouvernement provisoire l’invite à retourner à Londres. Il s’incline et rentre le 2 mars. Il n’essaie pas d’être candidat aux élections d’avril. Sont élus Napoléon-Jérôme, Pierre (fils de Lucien) et Lucien Murat. Il se fait élire le 4 juin 1848 dans 4 départements. La foule attend l’arrivée du nouveau député. Il passe pour un des chefs de la démocratie sociale. Faut-il accepter le retour de l’exilé ? Devant l’hostilité parlementaire, il adresse sa démission. Ainsi, il ne sera pas compromis par les journées de juin.

Les 4 et 5 septembre aux élections partielles, 5 départements votent pour lui. Dans la Seine, il est arrivé en tête. Louis-Napoléon peut désormais revenir. Médiocre orateur, il parle avec un accent. Il parle donc peu et vote encore moins. Il siège à gauche.

Pour être élu président, il fallait réunir plus de 4 millions de suffrages (la majorité absolue). La loi de proscription ayant été abolie, il annonce sa candidature le 12 octobre. Les électeurs ne lisaient pas les journaux, ignoraient les personnalités. Louis-Napoléon se pose en champion de la réconciliation nationale. Les mécontents se rallient à lui tout en le méprisant. Ayant contre lui les républicains, Louis-Napoléon ne refuse pas l’appui des monarchistes. Les conservateurs de toute façon ne se rallient à lui que parce qu’ils espèrent sa victoire. Seul je pourrais donner à la droite la popularité qui lui manque. Son nom était le seul connu et populaire, il obtient 5 millions et demi de suffrages. Cavaignac était loin derrière. Les républicains étaient punis de s’être peu intéressés à la paysannerie. Il était résolu à ne pas abandonner se son plein gré le pouvoir conféré. D’ailleurs nul n’était dupe.

Louis-Napoléon Bonaparte président


Inconnu dans un pays qu’il ne connaissait pas, il est isolé. Adolphe Thiers l’avait pris sous sa protection. Mais il méprise trop ce crétin pour accepter de former un ministère. Les républicains de leur côté refusaient d’entrer dans un ministère. Odilon Barrot était le plus à gauche des conservateurs. Falloux eut l’instruction publique. Changarnier à la guerre se donnait des airs protecteurs. Les ministres s’entendent entre eux. Il se montre conciliant et morne. Un corps expéditionnaire français s’interpose entre Rome et les Autrichiens. Face à l’attitude louvoyante du gouvernement, Louis-Napoléon adopte une politique belliqueuse. A l’Élysée, le président est appelé Altesse et Monseigneur. Morny, fils de Flahaut et d’Hortense, entre à l’Élysée en janvier 1849. Il conseille très vite un coup de force. Mais Louis-Napoléon se montre apathique, son amour du plaisir freine son ambition. Son traitement de 600 000 F était insuffisant et il fallut demander des subsides supplémentaires de l’Assemblée.

La Constituante devenue impopulaire fut contrainte par le gouvernement à accepter sa dissolution fin janvier 1849. Pour les élections de mai, le Parti de l’ordre rassemble orléanistes, légitimistes et catholiques. Il remporte 450 des 750 sièges contre 210 à la gauche démocrate socialiste. L’armée avait voté rouge. Persigny et Morny avaient été élus. Le ministère Barrot est très centriste avec Dufaure et Tocqueville se montrant plus à gauche que l’Assemblée. Louis-Napoléon ayant ordonné l’attaque de Rome, Ledru-Rollin dépose une motion d’accusation contre lui le 12 juin 1849. Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent répondit le président. Ledru-Rollin et ses amis s’enfuient en Angleterre. Vive Napoléon devient le cri des loyalistes et Vive la République le cri des insurgés. Les Français entrent dans Rome le 13 juillet et Pie IX est restauré. A l’été 1849, le président se rend en province, est acclamé : Les coups d’État n’ont aucun prétexte, les insurrections n’ont aucune chance de succès. Louis-Napoléon sous prétexte d’écrire à son cher Edgar Ney fait publier dans la presse : La république française n’a pas envoyé une armée à Rome pour y étouffer la liberté italienne. Mais il ne pouvait être question d’évacuer Rome et le président devait ménager le parti catholique. Thiers défend la politique contre-révolutionnaire de Pie IX et Barrot découragé songe à se retirer. Louis-Napoléon décide de former un nouveau ministère sans président du conseil et avec de nouvelles têtes : Achille Fould, Rouher etc. Le nom de Napoléon est à lui seul un programme ; il veut dire à l’intérieur ordre, autorité, religion, bien être du peuple, à l’extérieur dignité nationale. Hugo qui n’a pas obtenu de portefeuille passe dans les rangs de la gauche.

Ayant secoué la tutelle des Burgraves, le président se montre prudent. Son équipe réalisait les objectifs du parti de l’ordre. Les élections partielles de mars et avril 1850 montrent un certain retour des rouges. D’où la loi électorale du 31 mai 1850 : près de 3 millions d’électeurs furent radiés. Louis-Napoléon nomme à l’Intérieur, Baroche, un ancien procureur général. Quant l’assemblée sera au-dessus du précipice je couperai la corde. Orléanistes et légitimistes ne peuvent s’entendre : les déçus passèrent dans le parti de l’Élysée. Au cours de l’été 1850, le président fait de longs voyages en province. A Saint-Quentin, il déclare : mes amis les plus sincères, les plus dévoués ne sont pas dans les palais, ils sont sous le chaume. Le conflit avec Changarnier, commandant militaire de Paris s’envenime : des ministres dont celui de la guerre démissionnent pour ne pas contresigner la révocation du général. Enfin Changarnier est révoqué le 9 janvier 1851. Le 10 janvier Thiers avertit : Si l’Assemblée faiblit…l’Empire est fait. Le ministère est mis en minorité. Louis-Napoléon forme un gouvernement de transition avec des conservateurs sans relief. Mais il a désormais le contrôle de l’armée. De leur côté, les rouges attendaient 1852 pour faire triompher la république et rétablir le suffrage universel.

Mais aucun candidat ne pouvait être opposé à Louis-Napoléon. N’était-il pas plus sage de réviser la constitution pour légaliser son maintien ? Mais le président choisit mal son moment pour réclamer un nouveau supplément de traitement : la demande est repoussée même si 294 députés ont quand même voté pour (ce qui montre la force du parti du président). Son ministère de transition démissionne. Le 11 avril 1851, le ministère rassemble Rouher, Fould, Baroche. Il y avait une majorité pour la révision mais pas une majorité suffisante. Le 1er juin 1851 à Dijon, le prince-président se fait plus précis : La France ne veut ni le retour à l’Ancien Régime, quelque soit la forme qui le déguise, ni l’essai d’utopies funestes et impraticables.

Tocqueville présentant le projet de révision reconnaît qu’il s’agit d’éviter une élection illégale en 1852. Mais il fallait 543 voix de majorité, on n'en obtient que 446 ! Louis-Napoléon n’avait plus le choix. L’Assemblée étant en vacances jusqu’au 4 novembre, le coup aurait lieu fin septembre mais on parle trop, Saint-Arnaud recule et exige qu’on attende le retour des députés pour faire un coup de filet. Voulant réviser la loi de 1850, Louis-Napoléon se heurte à Léon Faucher qui démissionne. Un ministère avec 3 ministres se constitue : Saint-Arnaud à la guerre et Morny à l’Intérieur. La révision échoue de 7 voix le 12 novembre mais les républicains ont voté avec les fidèles de l’Élysée. Le 17 novembre l’Assemblée essaie de placer la réquisition des troupes au président de la chambre : mais les républicains votent de nouveau avec le parti du président. Après avoir beaucoup hésité Louis-Napoléon choisit le 2 décembre. Ce coup d’État que tout le monde attendait surprendra tout le monde : un 2 décembre, qui l’eut cru !

L’Empereur des Français

Le coup d'État du 2 décembre 1851 a été bien préparé. Les consignes sont dans le dossier Rubicon. Les affiches sont placardées à 6 h 30. Entre 6 et 7, 78 arrestations sont opérées. La troupe occupe les points stratégiques. Dans son appel Louis-Napoléon se réclame de la France régénérée par la révolution de 1789 et organisée par l’Empereur. La république subsiste. Les ouvriers sont au travail, les boutiques ouvertes. Louis-Napoléon est bien accueilli par la troupe. Des députés de droite et de gauche protestent contre le coup d’État. Ils sont arrêtés (pour 1 ou 2 jours). Les républicains, le 3 décembre, essaient de soulever le peuple, Jean-Baptiste Baudin est tué sur une barricade au faubourg St-Antoine. La résistance persiste. Louis-Napoléon n’arrive pas à constituer un ministère. Le 4, des barricades se sont dressées, avec peu de monde. Mais une violente fusillade rue St-Denis et boulevard Montmartre fait plusieurs centaines de tués au total. La répression a été plus violente que la résistance. Le 5 décembre, Paris est terrifiée. En province les grandes villes ne bougent pas mais les campagnes du Centre et surtout du midi résistent. Les soulèvements sont écrasés en quelques jours : les conservateurs se rallient au régime qui préserve l’ordre. Une dure répression se poursuit jusqu’en janvier 1852, au total 26 000 arrestations. Thiers, Changarnier, Charles de Rémusat, Victor Hugo sont exilés. C’est la peur des rouges qui explique la férocité de la répression. Après le plébiscite du 21 décembre au scrutin secret, on compte 7,4 millions de oui mais 1,4 millions d’abstentions. Louis-Napoléon fit alors des gestes pour ne pas apparaître comme l’homme de la Réaction : début 1853, il ne restait que 6150 condamnés de 1851. Mais le régime n’a pas pu rallier les républicains.

Le régime prend tout de suite une couleur monarchique. Le prince s’installe aux Tuileries. Miss Howard faisait problème : on la pourvoit d’une terre, avec le titre de comtesse de Béchevet. Le 15 août la Saint-Napoléon est célébrée dans Paris illuminé. La constitution avait été promulguée le 14 janvier 1852 : un pouvoir personnel appuyé sur le suffrage universel. Le Prince se veut cependant l’héritier véritable de la Révolution. Il est bleu entre les blancs et les rouges. Par décret, Louis-Napoléon nationalise la fortune des Orléans (aussitôt qualifié de premier vol de l’aigle) ce qui scandalise la bourgeoisie. Rouher, Fould et Morny démissionnent. La crise sera éphémère.

Le décret du 17 février sur la presse instaure l’autorisation préalable et l’avertissement. Le 2 février le scrutin d’arrondissement remplaçait le scrutin de liste. Avec la candidature officielle, l’administration se chargeait de tout. Le problème des élections de février 1852 était l’abstention : très forte dans de nombreuses villes (75 % à Saint-Étienne, 77 % à Lille). Il n’y eut que 3 opposants déclarés.

Restaurer l’Empire n'était pas à l'ordre du jour : Conservons la république ; elle ne menace personne, elle peut rassurer tout le monde. Un voyage dans le Centre et le Midi en septembre-octobre change ses sentiments. A Bordeaux, accueilli par le préfet Haussmann, il déclare : l’Empire c’est la paix. Le sénatus-consulte du 7 novembre 1852 restaure l'Empire : 7,8 millions de oui mais plus de 2 millions d’abstentions surtout dans l’Ouest et le Midi. Le nom de Napoléon III donnait à la dynastie une allure plus ancienne. Il avait songé un instant à se faire sacrer par le pape. Persigny fit établir la liste civile à 25 millions comme Louis XVI ! Il devenait nécessaire que l’empereur se marie avec comme successeur un Napoléon-Jérôme mal vu du personnel impérial. N’arrivant pas à contracter un mariage princier, il tombe sous le charme d’Eugénie de Montijo qu’il épouse le 29 janvier 1853. Elle était belle et élégante. En 1856, la naissance du prince impérial paraît consacrer la dynastie. Le baptême à Notre-Dame se fait dans l’enthousiasme populaire, le 14 juin.

Empereur à 45 ans, dès 1856, il parait engraissé et vieilli. Laid, il plait. Sensible et timide, il a l’ardeur des Beauharnais pour l’amour. Il aime l’honneur et la gloire, se croit voué à faire l’Histoire. L’impératrice catholique et cléricale avait cependant pour ami l’athée Mérimée. Femme du monde plus qu’impératrice, elle s’intéresse à la politique, cherche à s’instruire mais reste conservatrice et autoritaire. Après 1865, toute entente conjugale cessa.

La cour de Napoléon III était brillante. La campagne c’est Saint-Cloud mais aussi Fontainebleau. En août Plombières puis Vichy. Biarritz en septembre. Compiègne en novembre avec son train spécial. Les souverains d’Europe viennent à Paris : Victor-Emmanuel et Victoria puis la pluie de rois de l’exposition de 1867. Eugénie disait à Mérimée : Il faut une maison gaie, de la jeunesse. On n’avait rien vu de comparable depuis Versailles. Il n’y eut quasiment pas de nouveaux nobles : Morny et Persigny étaient cependant faits ducs. Vers 1865 on devait commencer à se lasser du brillant. Il y eut beaucoup de petites impératrices mais le plus souvent obscures sauf la Castiglione (1856-1857).

Tout pouvoir émane de l’Empereur. Il travaille beaucoup mais doit déléguer à une dizaine de ministres une partie de son pouvoir. Les ministres ne sont que des instruments. Il s’appuie durant tout l’Empire sur une vingtaine d’hommes : Persigny puis Billaud à l’Intérieur, Fould puis Magne aux Finances mais aussi Baroche et Rouher. Ils sont les contemporains de l’Empereur : la cinquantaine au début de l’Empire. Ce ne sont pas des théoriciens mais des hommes de dossiers. Morny préside de 1854 à 1865 le corps législatif. L’empire repose surtout sur le prestige de Napoléon III. Il n’y a pas vraiment de parti bonapartiste. Les préfets appartiennent eux aussi à la bourgeoisie sérieuse. L’armée était fidèle au régime. Pour l’Église, il était apparu comme un nouveau Constantin. Mais Napoléon ne veut pas être l’otage de l’Église. Finalement, il y eut soupçons de part et d’autre.

Le Progrès et la Gloire

Il écrit à son cousin Napoléon-Jérôme : Quand on porte notre nom et qu’on est à la tête du gouvernement, il y a deux choses à faire : satisfaire les intérêts des classes les plus nombreuses, se rattacher les classes élevées. Ayant lu les saint-simoniens, ayant vécu en Angleterre, il voulait frapper les esprits par des miracles économiques. Louis-Napoléon juxtapose interventionnisme étatique et libéralisme économique  : les réalisations de son règne stupéfieront les contemporains, à l'image de l'avance rapide dans la construction des grandes lignes, de type PLM. Il fait de la transformation de Paris une affaire personnelle que met en oeuvre Haussmann préfet de la Seine (1853-1870). Avec l'Exposition universelle de 1855, commence le temps de la fête impériale. Les parcs et les squares sont l’idée du prince mais égouts et adductions d’eau reviennent à Haussmann. Il veut rétablir la circulation : gares, longues avenues droites, perspective avec monument. Le nouveau Louvre achevé en 1857, l'Opéra commencé en 1861 mais reste inachevé en 1870. Les travaux irritent le Corps législatif composés avant tout de ruraux. On se plaignait que les capitaux soient accaparés par les démolitions et les chemins de fer. Avec l’arrivée de Fould aux Finances en 1861, on arrête les dépenses. Un Empire économe était-ce toujours l’Empire ? Le meilleur système de finances consiste à développer la richesse du pays(Persigny).

Napoléon III et Haussmann


Sur le plan extérieur, il s'agit d'annuler les traités de 1815, avec une remise en ordre de l’Europe selon le principe des nationalités. Il faut des guerres limitées et surtout des Congrès. Il devait affronter les monarchies du Nord mais se concilier les Anglais. Il n'avait pas de programme précis mais utilisait les circonstances. D’un silence mystérieux, l’empereur passait à un excès de confidence et il s’engageait imprudemment par des programmes… Napoléon III ne peut compter sur ses ministres des affaires étrangères, conservateurs hostiles à la politique des nationalités comme Waleski (1855-1860). Il veut affranchir les nations sans les conquérir. Veut-il réaliser les frontières naturelles ? Savoie, Nice, Belgique et rive gauche du Rhin ? La querelle sur les lieux saints sera l'occasion de la guerre de Crimée. La guerre russo-turque qui provoque l’intervention anglaise, occasion pour la France de s’allier avec Londres. Les opérations sont difficiles, les maréchaux du second Empire ne vaudront jamais ceux du Premier. Devant la pression de l’Autriche, la Russie doit faire la paix : congrès de la paix a lieu au quai d’Orsay (1856). Napoléon III favorise la naissance de la Roumanie, l’autonomie du Montenegro et de la Serbie.

Le 14 janvier 1858, l'attentat d’Orsini à l’Opéra, rue Lepelletier, fait 8 morts, 150 blessés. Il entraîne la mise en place d’une loi de sûreté générale, législation répressive qui permet d’emprisonner tout opposant. Orsini dans sa prison adresse des lettres à Napoléon pour qu’il rende à l’Italie son indépendance. La défaite de l’Autriche permettra d’abolir les traités de 1815. Il songe non une Italie unifiée mais une confédération sous influence française. Il recontre Camille Cavour à Plombières le 21 juillet 1858. Les députés comme les ministres sont hostiles à la guerre. Mais voilà que l’Autriche adresse un ultimatum le 20 avril 1859 et le traité franco-piémontais joue comme traité défensif. Napoléon veut prendre le commandement de l’armée et organise la régence avec l’impératrice et le roi Jérôme. Les ouvriers acclament l’empereur en route pour la gare de Lyon. Les batailles sont confuses et sanglantes : Magenta le 4 juin et Solferino le 24 juin. Le 3 juillet Paris célèbre la victoire et acclame Eugénie et son fils. Mais l’armée française est hors d’état de poursuivre. C’est une victoire inachevée. Napoléon a mesuré son insuffisance militaire. Mais il fait peur à toute l’Europe. Le 15 août, il proclame une amnistie générale des proscrits. Le régime mène des expéditions lointaines : celle de Syrie 1860 qui suscite l’inquiétude de l’Angleterre face à l’agitateur universel (Victoria). L'expédition contre la Chine 1860 se fait en revanche avec les Anglais : elle favorise l’installation en Cochinchine et Cambodge.

Le sort infidèle : les années difficiles 1861-1873

Le vent tourne 1861-1865

En 1861, Français, Espagnols et Anglais interviennent au Mexique pour le paiement des créances. Face aux États-Unis déchirés par une guerre civile, il s'agit de faire du Mexique un État ami et client. Un projet romanesque d’empire latin et catholique s’ébauche avec Maximilien. En juin 1864, Maximilien entre à Mexico. Avec la fin de la Guerre de Sécession, le retrait devient inévitable. C’est un échec total. Napoléon ne rêve que de modifier la carte de l’Europe grâce à un Congrès en 1863. La France ne peut s’entendre avec la Prusse malgré le désir de l'empereur. La question romaine s’enlise après Aspromonte (1862). Angleterre et Russie se retirent des affaires européennes. Prusse et Autriche se disputent la domination de l’Europe centrale avec Napoléon III pour arbitre. La publicité des débats (18 places) et la publication des compte-rendus raniment la vie politique. Le Corps législatif discute de plus en plus longuement la politique du gouvernement à partir de 1861. La critique est d’autant plus aisé que les opposants savent qu’ils ne seront pas au gouvernement le lendemain. Morny à Ollivier : nous marchons au gouvernement parlementaire, j’y pousse. Pour Émile Ollivier, l’Empire peut devenir l’éducateur de la démocratie, les révolutions n’aboutissant qu’au despotisme. Aux élections de 1863, les républicains se résignent à entrer dans l’opposition constitutionnelle et les anciens libéraux comme Thiers se rapprochent des républicains. L’ambassadeur belge note dès 1863 le déclin du prestige du gouvernement. Thiers se prononce sur les libertés nécessaires le 11 janvier 1864. Rouher répond : l’Empereur n’a pas relevé le trône pour ne pas gouverner. L’empereur s’est toujours intéressé aux ouvriers : son régime a créé le plein emploi. Napoléon doit imposer la légalisation de la grève au conseil d’État et au Corps législatif. Mais il ne rallie pas les ouvriers au régime et Ollivier n’est pas suivi par les républicains. Morny rêve de former un gouvernement inaugurant un Empire libéral mais il meurt le 10 mars 1865.

Le déclin 1866-1869

1866 est l’année décisive. Napoléon voit dans le conflit austro-prussien la dissociation de l’alliance germanique qui l’avait arrêté en Italie. Il croit à une guerre longue avec une victoire autrichienne. Sadowa le surprend : sa meilleure armée est au Mexique et il est malade. La Prusse s’impose comme la première puissance militaire d’Europe. L’Autriche demande la médiation française mais la Prusse impose ses conditions car la France n’a pas les moyens de faire pression sur elle. L’opinion toujours hostile à la Prusse pousse l’empereur à réclamer des compensations : l’annexion du Luxembourg et de la Belgique par la France. La circulaire La Valette, texte en fait rédigé par Napoléon et Rouher pour le Moniteur se prononce pour une Europe de grands États nationaux face à la puissance des États-Unis et de la Russie mais doit reconnaître que nous avons besoin d’améliorer sans délai notre organisation militaire pour la défense de notre territoire. Donc la France était en danger ! Bazaine évacue Mexico en février 1867.

Il n’y a plus une faute à commettre (Thiers à la session de 1867). La tension monte avec la Prusse sur le Luxembourg. Le grand-duché est neutralisé. Il aurait pu être le prix d’une réconciliation franco-allemande. Bismarck a montré sa duplicité aux yeux de l’opinion européenne. A l’exposition de 1867, il pleut des rois mais la France n’a aucun allié. Devant une nouvelle tentative de Garibaldi, la France doit renvoyer des troupes à Rome en octobre 1867 : Mentana. Rouher à la Chambre déclare que jamais la France n’abandonnera le pape. Il ne faut jamais dire, jamais, remarque Napoléon. Comment réformer l’armée ? Niel à la Guerre incarne la politique nouvelle d’une armée de civils. Les campagnes sont hostiles. Les députés s’opposent donc au gouvernement. La loi de 1868 revient au tirage au sort et au remplacement. La réforme était ratée. Napoléon ne parvenait plus à imposer sa volonté.

À partir de 1865 la confiance manque. On craint une guerre avec la Prusse. Le désastre du Crédit Mobilier des Pereire en 1867 marque les esprits. Ludovic Halévy dit de l’Empereur : Il n’a pas manqué une occasion de faire des sottises. Les élites sont hostiles, les masses se demandent où veut aller l’empereur. L’empereur va mal, il a une pierre dans la vessie. Il s’abandonne à des hommes de confiance dont Rouher. Mais le prince impérial n’aura 18 ans qu’en 1874. L’impératrice est associée aux échecs du régime. Jules Ferry dénonce les Comptes fantastiques d’Haussmann. L’ère des grands travaux était close. Aux élections de 1869, le patronage gouvernemental est devenu compromettant. On est conservateur libéral. L’opposition est républicaine. L’Empire de 1852 était rejeté par presque tous. Le 6 juillet, 116 députés avaient signé un texte réclamant la responsabilité des ministres et l’indépendance du Corps législatif. L’empereur cède et les ministres démissionnent. Le senatus-consulte du 8 septembre introduit le régime parlementaire. L’empereur va de plus en plus mal. Le 15 août est célébré dans la tristesse. Eugénie part inaugurer le canal de Suez le 16 novembre. Le 29 devant les deux chambres, l'Empereur déclare : La France veut la liberté mais avec l’ordre. Il appelle Émile Ollivier qui s’efforce de concilier parlementarisme et pouvoir de l’Empereur. Je veux pour ministre des hommes qui aiment le peuple et qui soient désireux de soulager ses misères. Le 27 décembre, Napoléon se décide enfin mais Ollivier peine à constituer son ministère. C’est fait le 2 janvier même si Ollivier n’est pas premier ministre en titre. Nous ferons une vieillesse heureuse à l’Empereur dira Ollivier.

La chute et l’exil 1870-1873

Le Senatus-consulte sur l'évolution libérale est ratifié par plébiscite le 8 mai 1870. Les villes votent contre mais les campagnes sont fidèles : 7,3 millions de oui contre 1,5 millions de non et 1,9 millions d’abstentions. C’était inespéré. Le plébiscite parait sacrer le prince impérial. Mon gouvernement ne déviera pas de la ligne libérale qu’il s’est tracée. Le ministère n’a plus de majorité mais par qui le remplacer ? L’empereur ne monte presque plus à cheval et sa démarche est lente. Les crises urinaires sont soignées à l’opium.

La candidature espagnole de Léopold de Hohenzollern faite en cachette de la France provoque une violente réaction de l’opinion. Est-ce la résurrection de l’empire de Charles Quint ? Pour Lebœuf l’armée est prête. Le parti de la guerre domine au Corps législatif. Le Pays de Cassagnac prédit la revanche de 1814 et de Waterloo. La candidature n’est qu’un prétexte : soldons le passé et garantissons l’avenir écrit Cassagnac. La droite espère par la guerre ressaisir le pouvoir. A Ems, le roi Guillaume approuve le désistement mais refuse de s’engager. Bismarck par la dépêche donne le sentiment que le roi a refusé de recevoir Benedetti. A Saint-Cloud le 14 juillet au conseil, Eugénie assure que l’honneur du pays exige la guerre. Les échecs passés exigent un succès de prestige : Napoléon se laisse entraîner par ce qu’il croit être l’opinion (en fait Paris) même s’il reste pacifique. Le 15 Thiers est bien isolé au Corps législatif, Ollivier accepte la guerre d’un cœur léger. Il ne songe qu’à préserver son ministère. Le 19 juillet, la déclaration de guerre est votée.

Napoléon III et Bismarck à Sedan

Eugénie prenait la régence et Napoléon le commandement de l’armée. Le roi de Prusse pouvait perdre des batailles, pas Napoléon III. La France est sans allié et ses chefs n'ont aucune stratégie. Napoléon renonce au commandement le 12 août et quitte Metz qui est encerclé du 16 au 18 août avec l’armée de Bazaine. On ne veut de Napoléon ni à l’armée ni à Paris. Palikao propose que Mac-Mahon secoure Bazaine. Couvrir Paris serait sans doute plus sûr. Lucide mais passif, Napoléon se laisse conduire à l’abîme. Si vous abandonnez Bazaine, la révolution est dans Paris écrit Palikao à Mac-Mahon. Celui-ci se laisse cerner à Sedan, est blessé le 1er septembre. L’empereur cherche la mort toute la journée puis il impose la capitulation. Elle est signée le 2 septembre. L’empereur est prisonnier. Passant pour la Belgique pour gagner son lieu de captivité à Cassel, il apprend la chute de l’Empire. Le 4 septembre 1870, le dentiste américain Evans est le seul à accueillir la souveraine ayant dû fuir les Tuileries. Le 9 septembre, elle retrouve en Angleterre son fils.

La captivité à Wilhelmshöhe est douce. Pendant ces 6 mois, sa santé s’améliore. Le malheur le rapproche d’Eugénie : Nous sommes plus unis que jamais lui écrit-elle. Aux élections du 8 février 1871, seuls 5 bonapartistes sont élus. Le 1er mars l’Assemblée vote la déchéance de l’empereur. L’exil était inévitable mais les ressources sont modestes bien que la fortune d’Eugénie soit plus considérable d’autant qu’elle vend ses diamants. Le 20 mars il est en Angleterre : Chislehurst est un village à une demi-heure de train de Londres. Une petite cour s’était reformée autour d’Eugénie.

Napoléon a l’espoir de rentrer : le choix n’est-il pas entre République et Empire ? En mars 1873 pour l’anniversaire du retour de l’île d’Elbe, l’empereur et le prince Napoléon auraient gagné Thonon et avec la complicité de Bourbaki commandant à Lyon marché sur Paris. Mais Napoléon est de plus en plus infirme. Une opération de la vessie a lieu le 2 janvier 1873 puis le 6, mais au matin du 9, Napoléon murmure ses dernières paroles sensées : N’est-ce pas, Conneau, que nous n’avons pas été des lâches à Sedan ? Les funérailles ont lieu le 15 janvier en présence de 4 000 Français.

Une propriété achetée par Eugénie à Farnborough dans le Hampshire accueille les sépultures de Napoléon III, de son fils mort en 1879 et de l’impératrice morte en 1920.

Conclusion

C’est beaucoup d’être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d’autorité disait Guizot.

Ce libertin sans moeurs était aussi un caractère sensible et généreux. Ce mondain était aussi un passionné des techniques et un utopiste. C'était un Européen instruit en Allemagne et en Italie, un Français de l’étranger.

Converti de l’évangile de Sainte-Hélène, il a voulu être Auguste succédant à César. Il est l’élu du seigneur sanctionné par le Suffrage universel. Sans le suffrage universel, sa carrière ne se concevait pas. Il se distingue des dictateurs contemporains en se réclamant des principes de 1789. Le 2 décembre a créé la légende noire. Mais Napoléon III ne s’en est jamais fait honneur. Le régime policier ne fonctionne que pendant les époques de crise.

Le régime ne s’est pas durci mais au contraire libéralisé. Il ne conçoit pas un régime sans constitution, chambre et élection. Il est très attentif à l’opinion. L’État reste un État de droit. Le régime libéral serait le couronnement de l’édifice sous le règne de son fils. C’était un libéral qui n’aimait pas beaucoup la liberté politique.

Pour lui, la France est la Grande Nation, l’initiatrice des peuples. La force militaire de la France n’était pas à la mesure des buts poursuivis. En 1870, il était comme un homme traqué à qui toutes les issues sont fatales. Son éblouissante carrière prend fin en 1860 : la fortune l’abandonne. Vieilli, malade, il a perdu l’initiative.

Point de vue libéral

Napoléon III incarne toutes les contradictions propres au bonapartisme : une conception autoritaire, voire autocratique de la politique, dans un sens nationaliste, mais dans le respect des acquis de 1789, comme l'égalité en droit, le recours au plébiscite populaire, avec une tendance libérale, notamment du point de vue économique : attachement à la propriété individuelle, promotion du libre-échange (l'erreur du Blocus continental de son prestigieux oncle a bien été comprise). Le gaullisme pourrait être considéré comme une version « XXe siècle » du bonapartisme.

Cependant Napoléon III, sous l'influence du saint-simonisme, infléchit le bonapartisme dans un sens davantage socialiste :

«  Le gouvernement n'est pas comme l'a proclamé un économiste distingué, "un ulcère nécessaire" ; mais c'est plutôt le moteur bienfaisant de tout organisme social. »
    — Charles Louis Napoléon Bonaparte, Des idées napoléoniennes (1839)

«  L'idée napoléonienne n'est point une idée de guerre, mais une idée sociale, industrielle, commerciale et humanitaire. »
    — Charles Louis Napoléon Bonaparte, Ibid

«  Le prélèvement de l'impôt peut se comparer à l'action du soleil qui absorbe les vapeurs de la terre, pour les répartir ensuite à l'état de pluie, sur tous les lieux qui ont besoin d'eau pour être fécondés et pour produire. »
    — Charles Louis Napoléon Bonaparte, L'extinction du paupérisme

Citations

  • Ce qui s'est noué le 2 décembre 1851 s'est dénoué le 2 septembre 1870. (…) Il était dans cette destinée funeste de commencer par un drapeau noir, le massacre, et de finir par un drapeau blanc, le déshonneur. (Victor Hugo, Histoire d'un crime)

Source

  • Louis Girard, Napoléon III, Fayard 1986, 550 p.

Voir aussi

Liens externes


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