Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Génocide

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Un génocide est un acte criminel commis dans l’intention de tuer ou détruire un groupe humain en tant que tel. Le crime de génocide est donc le phénomène de destruction de populations entières. Il est aujourd'hui considéré comme crime contre l’humanité.

Le terme de génocide a été créé en 1943 par le juriste juif polonais Raphael Lemkin, qui a milité toute sa vie pour la reconnaissance en droit positif international du crime de génocide, ce qui surviendra en 1948 avec l'adoption par l'ONU de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Certaines expressions sont synonymes du terme génocide : populicide, nettoyage ethnique, crime de masse, crime de guerre ou encore crime contre l'humanité. Un usage excessivement étendu du terme de génocide semble aujourd'hui être établi pour désigner certains faits de guerre, par exemple le conflit en ex-Yougoslavie de 1992 à 1995, en particulier le massacre de Srebrenica au mois de juillet 1995 qui a provoqué plus de 8000 morts.

Pour Lemkin, le génocide est la destruction d'un groupe ethnique, racial, national ou religieux. Pour l'ONU (résolution 96), c'est le déni du droit à l'existence d'un groupe humain dans son entier, quelles qu'en soient les raisons. Il existe de nombreuses autres définitions[1].

Exemples de génocide

  • la guerre de Vendée (1793-1796) est le premier génocide européen (entre 150 000 et 190 000 morts selon les estimations les plus sérieuses), génocide jamais reconnu par la France ; cependant, certains historiens considèrent qu'il y a eu en Europe un génocide plus ancien encore, le "génocide irlandais" dû aux troupes de Cromwell (1649-1652) ;
  • génocide circassien causé par l'Empire russe entre 1864 et 1867 (de 600 000 à 1,5 million de morts) ;
  • génocide des Arméniens (1915-1916) par la Turquie (de 800 000 à 1,5 million de morts selon les estimations) ;
  • génocide grec pontique (1914-1923) par la Turquie (environ 350 000 morts) ;
  • génocide assyrien (1914-1920) par la Turquie (de 500 000 à 750 000 morts selon les estimations) ;
  • l'Holodomor (ukrainien : голодомо́р), grande famine en Ukraine et dans le Kouban (1932-1933), causant entre 2 et 5 millions de victimes ; il y a une controverse sur le terme de "génocide" car on ne sait pas exactement si la responsabilité de ce drame revient à Staline (volonté délibérée de détruire la nation ukrainienne ?) ou à l'incompétence ordinaire du régime soviétique ;
  • la Shoah, extermination systématique par l'Allemagne nazie de cinq à six millions de Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale ; ce génocide était déjà connu en 1942 (révélé aux États-Unis par l'industriel allemand Eduard Schulte) mais il dut longtemps affronter l'incrédulité des gouvernements ;
  • génocide cambodgien, dû au régime Khmer rouge (Pol Pot) lorsqu’il contrôla le Cambodge de 1975 à 1979 (1,7 million de morts) ;
  • génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda (500 à 800 000 Rwandais, en majorité Tutsis, massacrés en trois mois).

Exemples controversés quant à la qualification de « génocide » :

  • la Grande Terreur stalinienne fait 2 millions de victimes entre 1937 et 1938, dont 725 000 exécutions d'« ennemis du peuple » ;
  • en Chine, le "Grand Bond en avant" (nouvelle politique économique lancée par Mao Zedong) provoque une grande famine entre 1958 et 1962, qui fait de 30 à 40 millions de morts ;
  • l'institution soviétique du Goulag (1918-1960) aurait fait, selon les estimations, entre 2 et 17 millions de morts (Nicolas Werth et Luba Jurgenson donnent dans leur ouvrage "Le Goulag" des chiffres de 20 millions de détenus et 4 millions de morts) ;
  • massacre de Srebrenica (juillet 1995) durant la guerre de Bosnie-Herzégovine : plus de 8000 civils bosniaques musulmans sont tués par des unités de l'Armée de la République serbe de Bosnie (VRS) sous le commandement du général Ratko Mladić ; c'est la seule fois que la Cour internationale de justice (CIJ) parle de génocide concernant des crimes de guerre, qualification contestée par plusieurs historiens et intellectuels ;
  • « génocide musulman » de 80 millions d'hindous qui auraient été tués entre 1000 et 1525, selon l'historien indien Kishori Saran Lal (1920–2002) ; notamment la conquête de l’Afghanistan (an 1000) fut suivie par l’extermination de la population hindoue de cette région (Hindu Kush) ; ce serait le génocide le plus étendu de l'histoire. Certains historiens (notamment l’historien musulman Muhammad Qasim Hindu Shah, 1560-1620) parlent de plus de 400 millions d’Indiens massacrés pendant l’invasion et l’occupation islamique de l’Inde, mais ce chiffre semble exagéré ;
  • « génocide américain » dû à la colonisation européenne des Amériques à partir du XVe siècle, évalué à plusieurs dizaines de millions de morts (meurtres de masse, maladies, etc.) ;
  • « génocide nucléaire » : certains estiment que les bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki de 1945 (de 155 000 à 250 000 morts) constituent un génocide (d'autres parlent de « démocide », de crimes de guerre ; c'est au minimum une « violation des lois internationales et humanitaires », de l'aveu même des États-Unis, puisque le bombardement de ces deux villes ciblait essentiellement des civils). Toutes sortes de comptabilités ont été imaginées pour "justifier" ces bombardements, en spéculant sur les vies épargnées par l'arrêt de la guerre suite à la reddition japonaise.

Citations

  • On se demande avec anxiété ce qu’entreprendront les Soviets une fois tous leurs bourgeois exterminés. (Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, 1929)
  • Nous nous tromperions nous-mêmes et nous tromperions le peuple si nous dissimulions aux masses la nécessité d'une guerre d'extermination sanglante et sans concession, comme tâche immédiate de l'action révolutionnaire à venir. (Lénine, Proletariy, n°2, 29 août 1906)
  • Le génocide, qu'en savions-nous à Londres ? (...) Je ne prêtai pas, même aux hitlériens, l'idée de l'Endlösung (Solution finale) : la mise à mort, à froid, de millions d'hommes, de femmes et d'enfants, qui osait la prévoir ? (Raymond Aron, Mémoires, 1983)
  • Si "nous sommes le gouvernement" [...], les Juifs tués par l’État nazi n'ont pas été assassinés, ils se sont suicidés, puisqu'ils étaient le gouvernement (démocratiquement élu), et donc tout ce que le gouvernement leur a fait était volontaire de leur part. (Murray Rothbard, Anatomie de l’État)
  • À vingt ans, je n'avais en tête que l'extermination des vieux ; je persiste à la croire urgente mais j'y ajouterais maintenant celle des jeunes ; avec l'âge on a une vision plus complète des choses. (Émil Cioran)

Notes et références

Voir aussi

Liens externes


7684-efdur-Justice.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail concernant le droit et la justice.