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Socialisme de marché

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Oskar Lange, penseur du socialisme de marché

Le socialisme de marché est une école de pensée économique qui tente de penser un rapprochement du socialisme avec les mécanismes de marché, pour dépasser l'impossibilité du socialisme en l'absence d'un système de prix. Il s'inscrit dans le cadre du débat sur le calcul économique en régime socialiste qui opposa intellectuels de l'école autrichienne et intellectuels socialistes.

Historique du socialisme de marché

Le débat sur le calcul économique en régime socialiste avait dès les années 1920 - 1930 établi l'impossibilité d'une économie socialiste, en se fondant sur l'impossibilité d'une économie sans prix. Les prix jouent en effet un rôle irremplaçable de transmission de l'information dans l'économie, pour permettre à chacun de ses acteurs de se coordonner avec les autres, sans une autorité centrale. Le communisme substitue à cela des autorités centrales omnipotentes, en charge d'orienter l'économie pour le bien de tous. Michael Polanyi dans La Logique de la liberté montra que cette planification voulue par le communisme ne peut pas fonctionner car les ordres monocentriques (dirigés d'en haut) sont incapables de gérer la masse d'information utilisée dans les sociétés polycentriques.

Avec Fred M. Taylor, Oskar Lange prit part au débat intellectuel sur la possibilité ou non du calcul économique dans une économie socialiste lancé par Ludwig von Mises, en tentant de proposer un « socialisme de marché » où les autorités planificatrices tentent de répliquer artificiellement le fonctionnement d'un marché. Dans son ouvrage de 1938, Sur la théorie économique du socialisme, Oskar Lange soutient qu'une économie étatique pourrait être, au moins, aussi efficace, sinon plus efficace qu'une économie de libre marché. Il prétendait que cela était possible si les planificateurs du gouvernement utilisent le système des prix comme si c'était une économie de marché et qu'ils demandaient aux gestionnaires de l'industrie de l'État de répondre de manière paramétrique aux prix déterminés par l'État (minimiser les coûts, etc.). Les prix, sans être libres, seraient fixés par l'État, par « essai et erreur », en mimant les mécanismes des acteurs du marché. Autrement formulé, la seule solution possible pour faire fonctionner la planification est que l'autorité centrale copie les acteurs du marché de façon moins efficiente. Friedrich Hayek fit une critique détaillée de ces thèses du socialisme de marché, en insistant sur le rôle de la connaissance et sur le vecteur d'information des prix dans un système de libre économie. Pour sa part, Ludwig von Mises considérait que sans la propriété privée, il n'y a pas d'incitation pour les entrepreneurs (gestionnaires) de découvrir les prix. Donc, quels que soient les tentatives des fonctionnaires de l’État, ils n'obtiendront des gestionnaires des entreprises d’État au mieux que des prix singés sur ceux du système du libre marché existant en parallèle.

Mécanismes lourds, complexes et vouées à l'échec, ces tentatives sont restées théoriques (« modèle de Lange », « modèle Lange-Dickinson », etc.). Même leurs partisans, comme le marxiste H. D. Dickinson, convenaient que ces tentatives créait une bureaucratie massive et du « red tape ».

Usage plus récent du terme

L'usage du terme socialisme de marché s'est progressivement généralisé à toutes les tentatives de concilier propriété collective des moyens de production et économie de marché. Il est employé pour désigner toute la diversité des régimes ex-socialistes, dans leur transition vers une économie de marché. Aucun de ces régimes n'a été stable et le socialisme de marché a surtout désigné la transition progressive du socialisme vers plus de libéralisme, sans cohérence globale. Certains y rangent des pays aussi variés que Cuba, la Chine ou le Viêt Nam.

Citations

  • « Les biens de production n'étant pas échangés, on ne peut connaître leur prix, leur valeur monétaire. On ne peut conserver dans la communauté socialiste le rôle que la monnaie joue dans l'économie "libérale" pour le calcul de la production. Le calcul de la valeur en termes de monnaie devient impossible. » (Ludwig von Mises[1])
  • « Lorsque les archives du Gosplan furent enfin accessibles et que les anciens économistes soviétiques qui avaient participé à sa mise en œuvre furent autorisés à s’exprimer, il devint impossible de nier l’évidence : point par point, la condamnation à mort prononcée par Mises en 1920 s’était avérée exacte. On découvrit, par exemple, qu’en l’absence de marché libre, les responsables du Gosplan était littéralement incapables d’établir une échelle de prix et en étaient réduits à utiliser les espions du KGB pour récupérer les catalogues de La Redoute ou de Sears. La plus grande entreprise de planification économique jamais conçue n’avait ainsi due sa survie... qu’à l’existence d’économies de marché à ses portes et les écrits de Mises, formellement interdits par le pouvoir soviétique comme naguère par les nazis, circulaient de mains en mains au cœur même de l’appareil de planification (anecdote rapportée, notamment, par Yuri Maltsev, un des économistes chargés par Gorbachev de mettre en œuvre la perestroïka). » (Guillaume Nicoulaud[2])

Notes et références

Voir aussi


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