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Opportunité

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Les recherches en économie ou en science de gestion, sur les opportunités entrepreneuriales sont devenues le point central des recherches sur l'entrepreneur plutôt que des études restreintes sur l'entrepreneur individuel, sur le démarrage de l'entreprise, ou sur l'innovation des produits.

Une grande partie de la discussion concernant les opportunités entrepreneuriales se concentre sur le débat ontologique, méthodologique et épistémologique entre la perspective objectiviste, qui est la plus largement adoptée et la perspective constructiviste un peu moins connue. La perspective objectiviste soutient que les opportunités sont créées indépendamment de l'entrepreneur et, par conséquent, elles sont disponibles pour tous. Elle tire son origine de l'approche de l'école autrichienne (Friedrich Hayek, Israel Kirzner) et de ses "fellow travellers (Scott Shane, Sankaran Venkataraman. D'autre part, la perspective constructiviste soutient que les opportunités sont produites par un processus de construction sociale et qu'elles ne peuvent pas exister en dehors de l'imagination de l'entrepreneur de son futur monde. Elle prend appui sur les auteurs du subjectivisme radical (George Shackle).

L'approche objectiviste et constructiviste des opportunités entrepreneuriales

Les opportunités peuvent être conceptualisées à partir de différents points de vue, tels que :

  • L'approche objectiviste ou réaliste
  • Le constructivisme de l'opportunité (Matthew S. Wood et William McKinley: 2010)
    • La reconnaissance de l'opportunité (C. Christensen, J. H. Dyer, H. B. Gregersen: 2008). Selon K. D. Miller[3], la reconnaissance de l'opportunité est une forme d'arbitrage où un entrepreneur reconnaît une demande non satisfaite existante et correspond à un produit connu.
    • La création de l'opportunité

Avant qu'une entreprise puisse être lancée, selon le point de vue objectiviste, l'entrepreneur doit d'abord repérer, évaluer et agir sur une opportunité qu'il / elle pense être une opportunité d'affaires viable. En essence, la reconnaissance des opportunités est une découverte d'une idée utile pour la création d'une nouvelle entreprise, ou pour développer la croissance de l'entreprise, et qui peut s'effectuer également par la recherche d'informations existantes sur le marché et par de nouvelles possibilités technologiques.

La notion selon laquelle les opportunités existent avant le processus entrepreneurial[4] a été largement critiquée. L'insuffisance empirique de la découverte résulte des mauvaises hypothèses sur la nature définitive et stable des opportunités, sur les processus linéaires, sur la construction de l'agence qui réside principalement sur le seul entrepreneur; ainsi que le manque de concentration sur l'interprétation, la créativité et les facteurs subjectifs des êtres humains inter-communiquant sur le marché.

D'un point de vue constructiviste, les opportunités entrepreneuriales émergent à partir des cognitions et des comportements des entrepreneurs lorsqu'ils s'engagent dans des interactions avec les structures sociales existantes. Plutôt que d'être reconnues ou découvertes, les opportunités surgissent ou sont «instanciées» par un processus d'interaction récursive entre les entrepreneurs et leurs environnements physiques et sociaux. Les opportunités de produire et de vendre de nouveaux produits ou services n'existent pas jusqu'à ce que les entrepreneurs agissent pour les créer. Les opportunités sont en fait formées dans le processus entrepreneurial de manière non linéaire. Dans la création d'opportunité, ni l'offre ni la demande n'existent avant l'action individuelle. Au lieu de cela, l'individu, à travers ses actions, développe à la fois l'opportunité et le marché. Les individus ne reconnaissent pas les opportunités d'abord et ensuite agissent; plutôt, ils agissent, attendent une réponse de leurs actions, généralement du marché, puis ils réajustent leurs plans et agissent à nouveau. En agissant, les individus forment des opportunités qui suivent un chemin de dépendance; ces opportunités n'auraient pas pu émerger sans la série d'actions qui se sont enchainées. Ce sont donc non pas un seul entrepreneur, mais plusieurs acteurs du processus entrepreneurial qui contribuent à la notion d'agence entrepreneuriale. En effet, les fondateurs d'origine sont importants, mais il ressort clairement que, sans l'intervention d'autres acteurs, le processus entrepreneurial ne commence jamais. Les processus entrepreneuriaux dépendent de l'interaction de l'agence entre de multiples acteurs, ce qui donne l'élan (le momentum) au processus entrepreneurial.

Les deux approches objectivistes et constructivistes se différencient sur le plan épistémologique. L'orientation épistémologique du concept objectiviste est de trouver la vérité tandis que l'orientation constructiviste repose sur la notion de viabilité comme critère d'attention au monde expérientiel. En d'autres termes, les entrepreneurs ne découvrent pas l'inévitabilité d'une réalité objective, mais ils s'engagent dans le monde d'une manière qui leur permet de conceptualiser un avenir viable. Ils travaillent ensuite à organiser leur monde expérientiel d'une manière cohérente avec cette connaissance de viabilité entrepreneuriale. Les connaissances et les opportunités dans ce point de vue sont relatives. Le problème est que lorsque tout est relatif, voir lorsque le constructionnisme est radical, soit on renonce à toue logique de cohérence de l'action humaine, soit dans le deuxième cas, on remet en cause tout élément de perception comme une preuve d'existence[5].

Une recherche de synthèse entre exploration et exploitation de l'opportunité

Vers une Approche Complémentaire : l'entrepreneur ambidextre

Les deux approches ne sont cependant pas nécessairement opposées et elles peuvent très bien se compléter par une stratégie marketing ambidextre[6] ou par un juste compromis entre les deux[7]. D'une part, l'exploration excessive au détriment de l'exploitation des opportunités peut être coûteuse, car les résultats tangibles de l'exploration ne seront réalisés seulement que dans un avenir lointain avec une incertitude considérable. D'autre part, une concentration sur l'exploitation sans exploration décourage l'organisation de poursuivre son apprentissage entrepreneurial et son développement. Cela peut inciter les entreprises à se concentrer uniquement sur un avenir proche, de passer outre certains investissements nécessaires à long terme et ainsi de passer à côté d'opportunités qui peuvent s'avérer utiles pour la croissance et l'accès à de nouveaux bénéfices. Tout étant attiré par le marché afin d'exploiter des opportunités, l'entrepreneur est aussi capable de créer son propre marché[8].

Une troisième voie d'approche d'opportunité est donc abordée par une épistémologie réaliste[9] évolutive (Campbell[10], J. Azevedo[11]) qui intègre des éléments de perspectives réalistes et certains éléments de perspectives constructives dans la discussion sur la formation des opportunités entrepreneuriales. Par conséquent, les conflits apparents et récents entre les chercheurs réalistes et les chercheurs constructivistes peuvent être résolus. L'approche réaliste évolutive suppose que la réalité est ce que l'individu perçoit dans son action, mais que cette opportunité est testable par une réalité objective et externe, bien que potentiellement non observable, et qui demeure le guide d'action le plus fiable qu'il soit.

Les opportunités ne sont pas nécessairement "objectives", si cela signifie qu'elles sont "préexistantes" à leur découverte. Mais les opportunités sont objectives dans le sens où elles sont prises en compte, elles sont latentes et possibles, mais qu'elles doivent encore être activées par de nouvelles interactions humaines dans le domaine économique. En d'autres termes, les opportunités sont dans un sens déjà ici, presque à portée de main et tout simplement pas encore actualisées. Les opportunités ne sont pas créées ex nihilo par l'entrepreneur car des conditions initiales latentes sont nécessaires à leur création. Ainsi, la dichotomie de la création ou de la découverte des opportunités n'est pas directement pertinente. L'accent dans un autre domaine de recherche porte davantage sur le problème de la recherche et la nature équilibrée des possibilités entrepreneuriales évolutives. Il s'agit de mettre en évidence la nature des opportunités non prouvables (non testables a priori) mais envisageables.

Toutes les idées n'aboutissent pas à une opportunité, cela est d'autant plus probant pour une entreprise avec une orientation entrepreneuriale. Toutefois, une idée est toujours au cœur d'une opportunité entrepreneuriale. Nous sommes tous susceptibles, un jour ou l'autre, d'avoir ou de percevoir[12] une idée. Ce principe ramène à une approche plus égalitaire de la notion d'opportunité. Dans certaines circonstances et pour peu d'entre nous, cela va constituer une rente économique et constituer un oreiller de billets bien rempli pour passer le reste de notre existence. Pour la plupart des gens, les opportunités de profit sont quotidiennes mais elles sont généralement infimes et quelquefois passent quasiment inaperçues. Bien que la dynamique de l'entrepreneur soit individuelle, l’identification d’opportunités peut être aussi le fruit d’un effort collectif (mobilisation des forces vives des participants, diversité d'horizons des participants et de leur compétence pour accroître la génération d’idées, variation des idées proposées en vue d'opportunités, compréhension mutuelle entre des individus, moments de convivialité dans les ateliers de créativité).

Explorer l'interface : La Synergie entre les Perspectives de Schumpeter et Kirzner

Dans le débat économique, les travaux de Joseph Schumpeter et d'Israel Kirzner ont suscité un intérêt particulier en ce qui concerne le rôle de l'entrepreneur dans le processus de marché. Schumpeter a mis l'accent sur l'entrepreneur créatif, innovant et perturbateur, tandis que Kirzner a souligné le rôle de l'entrepreneur vigilant dans l'équilibrage du marché par la découverte d'opportunités de profit existantes. Au fil du temps, cette distinction a été présentée comme une opposition entre deux perspectives radicalement différentes.

Cependant, de nouveaux chercheurs commencent à explorer l'interface entre les points de vue de Schumpeter et de Kirzner, remettant en question la netteté de la distinction. Ils suggèrent qu'il pourrait exister des synergies entre les deux approches, plutôt qu'une séparation nette. Plutôt que de considérer les perspectives comme opposées, certains chercheurs cherchent à comprendre comment l'entrepreneuriat créatif et vigilant pourraient se compléter mutuellement dans le contexte du capitalisme dynamique.

Une idée prometteuse est d'envisager comment la vigilance de l'entrepreneur, telle que soulignée par Kirzner, peut jouer un rôle essentiel dans la génération des opportunités entrepreneuriales qui, à leur tour, pourraient conduire à des actes créatifs et innovants. En mettant l'accent sur la vigilance, on reconnaît que l'entrepreneur ne réagit pas simplement passivement aux opportunités existantes, mais qu'il joue un rôle actif en les découvrant et en les exploitant.

En effet, la vigilance de l'entrepreneur peut être vue comme un élément déclencheur de la créativité entrepreneuriale. En étant attentif aux changements dans le marché, aux nouvelles tendances et aux besoins des consommateurs, l'entrepreneur vigilant est mieux placé pour identifier les lacunes et les opportunités inexploitées. Ces découvertes peuvent ensuite stimuler la créativité de l'entrepreneur, l'encourageant à élaborer de nouvelles idées et solutions pour répondre à ces besoins et opportunités.

En intégrant les deux perspectives, les chercheurs soulignent l'importance de l'apprentissage et du développement continu de l'entrepreneur. Alors que certains individus peuvent naturellement posséder des compétences créatives ou être dotés d'une grande vigilance, il est également possible de cultiver ces capacités à travers l'expérience, la formation et l'exposition à de nouvelles idées et environnements.

En résumé, en explorant l'interface entre les vues de Schumpeter et de Kirzner, les chercheurs remettent en question l'idée d'une opposition tranchée et suggèrent que les deux approches pourraient se compléter mutuellement dans l'économie dynamique. Reconnaître le rôle essentiel de la vigilance dans la génération des opportunités entrepreneuriales peut renforcer la compréhension globale du rôle de l'entrepreneur dans le processus de marché et fournir des perspectives enrichissantes pour le développement de politiques économiques favorables à l'innovation et à la croissance.

L'esprit pionnier d'Israel Kirzner

S'il existe un thème dans le monde de la recherche académique qui est incontestablement la marque de fabrique de l'école autrichienne, et en particulier de l'un de ses représentants les plus brillants, Israel Kirzner pour ne pas le nommer, la théorie des opportunités en fait bien partie. Sauf à vouloir occulter, maladroitement ou de façon maligne, l'école autrichienne, celle-ci est toujours citée en référence dans tous les articles traitant de l'opportunité grâce à son apport originel à la théorie de l'entrepreneur. Par ailleurs, de nombreux chercheurs ont tenté de créer des variantes à l'approche autrichienne[13].

La perception différentielle des informations

Joseph Schumpeter avait déjà traité du sujet de l'entrepreneur en 1912. Mais, il avait accentué surtout l'aspect innovateur et disruptif de son action dans l'équilibre général. Selon Schumpeter, l'opportunité provient d'une innovation. Il a fallu donc attendre plus d'un demi-siècle pour que Israel Kirzner mette le doigt sur un élément indispensable pour la compréhension de l'entrepreneuriat dans l'économie, la théorie des opportunités.

Israel Kirzner accentue davantage la cognition entrepreneuriale par la perception différentielle de l'information. Ce serait une grossière erreur, cependant, d'assimiler le point de vue d'Israel Kirzner avec la théorie de l'information asymétrique[14]. Ici, l'économiste autrichien établit une différence cognitive avec l'école néoclassique traditionnelle. Israel Kirzner admet qu'il existe des informations imparfaites sur le marché. Hors, ce n'est pas un aveu de défaillance du marché, mais plutôt une critique métacognitive de l'école néo-classique qui ignore complètement la cognition dans le processus du marché. Israel Kirzner déclare qu'un écart d'information est toujours présent sur le marché. Il ne fait pas cette suggestion en observant le marché comme un observateur extérieur qui analyserait statistiquement les données économiques. Mais, il reprend le processus à l'envers. C'est parce qu'il existe des informations imparfaites que n'importe qui peut être un entrepreneur. Pour Israel Kirzner, cela demande toutefois que la personne soit alerte afin d'identifier et d'exploiter les opportunités du marché. Il donne un élément supplémentaire et d'optimisme à l'acte d'entreprendre. Aucun individu ne peut identifier toutes les opportunités du marché, ce qui donne la primauté à tout individu de posséder certaines informations idiosyncratiques afin de découvrir de nouvelles opportunités.

La vigilance de la découverte d'opportunités

Le concept de l'esprit d'entreprise chez Israel Kirzner repose sur la vigilance c'est à dire sur la découverte d'opportunités de profit grâce à la transformation immédiate de l'apprentissage intuitif en une connaissance consciente. Comme Chester Barnard en avait fait la mention, en 1938, l'intuition n'est pas un attribut du manager figé dans son ordre subconscient. Dans la terminologie entrepreneuriale d'Israel Kirzner, l'intuition est une ressource dont tout individu peut prendre en compte dans sa prise de décision. Quand une personne se rend compte que, suite à une intuition[15] jusqu'alors subconsciente, celle-ci devient un moyen d'accroître (ou de diminuer) sa satisfaction, il découvre cognitivement, alors, qu'il possède simultanément d'une ressource. Ainsi, l'entrepreneuriat est un processus de découverte de ressources, et quelquefois, les racines du déclenchement de la perception des opportunités sont inconscientes et intuitives.

Dans le cadre de Kirzner, les opportunités de profit résultent des prix qui s'écartent de leur valeur d'équilibre. Certaines personnes ont tendance à noter ou à se maintenir en alerte vis à vis de ces possibilités, et leurs actions entraînent des changements dans les prix relatifs. Le cas le plus simple est celui de la vigilance du trader (arbitrage), qui découvre une anomalie dans l'état actuel des prix qui peuvent être exploitées pour un gain financier. Dans un cas plus fréquent, l'entrepreneur est en alerte en ce qui concerne un nouveau produit ou un processus de production supérieur. Il prend alors des mesures pour combler cette "lacune" du marché avant les autres.

Art Carden[16] nous met en garde contre l'idée intuitive et naïve que la perception d'une opportunité déclenche automatiquement et immédiatement un acte d'entrepreneuriat. Il faut quelquefois, des années de maturité entre la perception directe ou témoignée (par exemple la lecture d'un journal, l'écoute d'une conversation ou d'un conseil) pour qu'un acte d'entreprise se déclenche. Quelquefois, la première perception a besoin d'une autre mise en alerte[17].

Il n'existe pas d'accord unanime dans l'école autrichienne d'économie entre le camp des rothbardiens et des kirznériens sur le statut des opportunités entrepreneuriales. La tendance kirznerienne les considère comme des opportunités déjà existantes, objectives et indépendantes de l'individu. Kirzner soutient que l'entrepreneur "répond" au changement des données. L'entrepreneur vigilant dispose non seulement de compétences pour détecter des opportunités mais aussi l'entrepreneur est capable de les apercevoir. Sans la vigilance, l'entrepreneur est incapable de détecter les opportunités. Celui-ci exploite les opportunités qui existent déjà et qui attendent justes d'être découvertes. Israel Kirzner considère l'entrepreneur non pas comme une source produisant des idées innovantes ex nihilo, mais comme étant attentif à des opportunités qui existent déjà et qui attendent d’être remarquées. Le camp des rothbardiens, cependant, appuient leur analyse sur les profits et les envisagent comme des opportunités futures, qui existeront ou qui peuvent potentiellement exister. L'individu croit dans des profits futurs et il crée éventuellement des images de leur futures existences. Les opportunités sont donc subjectives pour les rothbardiens. C'est la perception individuelle qui interprète et définit quelque chose comme une opportunité. En ce sens, il est difficile de pouvoir parler d'opportunités existantes. Étant donné que les opportunités ne peuvent être définies comme telles qu'après avoir déjà été mises sous l’œil de l'anticipation de l'entrepreneur. Par conséquent, seules les opportunités réellement réalisées peuvent être observées[18].

L'approche austro-public choice des opportunités

Dans une approche centrée sur l'austro-public choice, c'est à dire sur l'étude des décisions publiques dans un cadre d'analyse de l'école autrichienne, Israel Kirzner met aussi en exergue un autre point du processus entrepreneurial qui est entravé par les contraintes réglementaires.

Dans l'analyse d'Israel Kirzner, il existe des opportunités pour tous dans la mesure où nous sommes alertes des écarts informationnels. Ces opportunités perdurent tant que les acteurs du marché sont ignorants de leur existence. Et, dans le cadre de l'interventionnisme, le déséquilibre informationnel s'aggrave par un problème métacognitif. Car, dans bien des cas, la réglementation empêche les hommes et les femmes de savoir qu'ils peuvent savoir, c'est-à-dire d'apprendre de leur propre ignorance et/ou de l'ignorance des autres. L'interventionnisme crée un autre problème cognitif majeur, celui de déformer les informations et d'entraîner des entrepreneurs à prendre des décisions qui se révèleront fausses dans le futur (le cas de la manipulation des taux d'intérêt ou de la masse monétaire est un exemple).

Dans les industries qui sont réglementées, l'incitation qui pousse les entrepreneurs à mettre en œuvre de nouvelles techniques est bloquée. C'est-à-dire que les limites qui sont imposées par les organismes réglementaires sur les bénéfices peuvent freiner les perceptions d'opportunités des managers et donc de stopper les innovations. Aussi, Israel Kirzner prône la "fertilité de la liberté"[19] entrepreneuriale pour découvrir de nouvelles opportunités quel que soit le secteur d'activités[20]. Les incitations pécuniaires sont indispensables pour susciter la vigilance entrepreneuriale. Même s'il existe des raisons acceptables voire plausibles, présentées comme éthiques à l'ensemble de l'opinion publique ou à une partie d'entre elle, il apparait évident que les restrictions réglementaires tendent à inhiber l'orientation entrepreneuriale des sociétés en particulier et de l'esprit d'entreprise dans la grande "Société", dans son ensemble.

Les schèmes hayékiens

L'esprit d'entreprise est l'acte de comprendre et de répondre aux opportunités de profit existant dans un monde maladroitement dénommé imparfait, puisqu'il s'agit de notre monde réel. Contrairement à d'autres approches dans l'économie moderne, les imperfections en question ne sont pas considérées comme des "frictions" temporaires, résultats de droits de propriété mal définis, de coûts de transaction ou d'asymétrie d'information. Ces dites imperfections peuvent très bien s'insérer dans le moule de la théorie de l'équilibre général. Mais les économistes de la découverte d'opportunités conçoivent le marché dans un déséquilibre permanent et inévitable, où les acteurs économiques sont confrontés à l'ignorance. Comme le formule un autre chercheur en entrepreneuriat, Sankaran Venkataraman[21], les différences de caractères ou des traits de personnalité n'expliquent pas l'émergence des opportunités dans une économie. Car les opportunités proviennent de la manière dont les gens utilisent l’information. Puisque les schèmes entre individus sont différents, ceci explique les différences d'opportunités dans une société. Friedrich Hayek explique [22] que la connaissance est idiosyncratique, c'est à dire qu'elle est intrinsèquement personnelle, quelquefois partiellement partagée, mais toujours limitée. Elle est le résultat de l'expérience propre de chaque individu. Grâce à un « corridor de connaissances »[23], un individu a la possibilité (ou pas) de reconnaître certaines opportunités et non d’autres.

La reconnaissance de nouvelles opportunités d'affaires implique souvent la reconnaissance de schèmes, c'est-à-dire un processus cognitif par lequel les individus identifient les tendances significatives dans des réseaux d'événements ou de tendances complexes. Des personnes spécifiques perçoivent des événements complexes et apparemment indépendants comme constituant des modèles d'opportunités identifiables. Ils agissent comme s'ils lisaient le marché avec un pochoir devant leurs yeux. Par exemple, la connaissance acquise grâce à une première expérience[24] permet à un individu de voir des opportunités mieux que d'autres qui n'ont pas cette expérience. La recherche fondamentale sur la reconnaissance des schèmes (Robert Baron) affirme que les cadres cognitifs acquis par l'expérience (par exemple, les prototypes) jouent un rôle central dans ce processus. Ces cadres fournissent aux individus une base pour remarquer les connexions entre des événements ou des tendances apparemment indépendants (par exemple, le progrès technologique[25], l'évolution des marchés, les changements dans les politiques gouvernementales, etc.), et pour détecter les schèmes significatifs dans ces connexions. Les produits ou les services nouveaux apparaissent souvent par la perception de tels schèmes. De nouvelles opportunités d'affaires sont identifiées lorsque les entrepreneurs utilisent de façon pertinente les cadres cognitifs, lorsqu'ils « relient les points » entre les événements en apparence non reliés ou alors lorsqu'ils détectent les tendances et les modèles de ces connexions qui suggèrent de nouveaux produits ou services. Les prototypes des entrepreneurs expérimentés sont plus clairement définis (Robert Baron 2006), ils sont plus riches en contenu, et ils sont plus préoccupés par les facteurs et par les conditions liés à des démarrages ou des exploitations d'une nouvelle entreprise (par exemple, la génération d'un cash-flow positif) que les prototypes des entrepreneurs débutants.

En 1964, Peter Drucker[26] précisait déjà le sens et la portée de la notion de maximisation des opportunités pour un entrepreneur. En effet, le travail entrepreneurial exige plus de l'effectivité que de l'efficacité. Car, la question pertinente n'est donc pas combien l'entrepreneur doit exécuter de bonnes choses mais comment il trouve les bonnes choses à réaliser, comment il se concentre sur ces ressources et comment il fait porter tous ses efforts sur ses opportunités.

Autre point de discussion également. La notion d'entrepreneurship ou la capacité d'un individu à découvrir des opportunités entrepreneuriales n'est pas une vision purement occidentale. Dans tous les pays du monde, quelle que soit la culture, l'acte d'entreprendre passe obligatoirement par la découverte d'opportunités. En 2009, Jintong Tang, a écrit un article étudiant comment les entrepreneurs, en Chine, accumulent et intègrent l'information et les connaissances pour identifier les opportunités lorsqu'ils font face à la faiblesse institutionnelle ou lorsqu'il existe une modification des paramètres d'ordre infrastructurel. La chercheuse américaine, d'origine chinoise, a utilisé la théorie institutionnelle et un cadre interactif de l'esprit d'entreprise. Elle a analysé les caractéristiques individuelles qui conduisent à la reconnaissance d'opportunités par (1) la théorie du capital humain de Gary Becker, (2) par la théorie du capital social, et par (3) la théorie des compétences sociales. Selon sa recherche, les relations entre les caractéristiques individuelles et les possibilités de reconnaissance d'opportunités entrepreneuriales sont subordonnées à (1) l'environnement des entreprises dans lequel les opportunités sont découvertes, et (2) à la turbulence personnelle expérimentée par les entrepreneurs lorsqu'ils font ces découvertes. Jintong Tang conclut que les entrepreneurs chinois souffrent d'une multitude de défaillances institutionnelles [organisationnelles étatiques], telles que de mauvaises communications par des réseaux cloisonnés d'informations, des politiques gouvernementales discrétionnaires, des règlements inefficaces qui font tous obstacles à l'identification et à la poursuite d'opportunités entrepreneuriales.

Quiconque revendique un intérêt pour le processus d'identification ou de création des opportunités doit se pencher sur les questions essentielles de la façon dont les environnements de marché sont représentés dans l'esprit des entrepreneurs et si ces représentations diffèrent de manière substantielle de celles des autres acteurs du marché. La littérature sociologique souligne comment la culture stimule la vigilance dans le processus de gestion des liens incertains du marché local et de la pure ignorance. Ainsi, le schème de Friedrich Hayek ou l'habitus de Pierre Bourdieu[27], peuvent servir de modus operandi intégré à l'environnement de l'entrepreneur pour comprendre la manière dot ils se saisissent et exploitent ces opportunités.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Russell L. Ackoff, 2003, “The opportunity quest separates real leaders from managers”, Strategy & Leadership, Vol 31, n°5, pp39-40
  2. Ces auteurs soutiennent que l'identification d'une idée doit avoir lieu avant qu'une opportunité puisse être reconnue.
    Gerald R. Hills, G. T. Lumpkin, Robert P. Singh, 1999, "New Venture Ideas and Entrepreneurial Opportunities: Understanding the Process of Opportunity Recognition", United States Association for Small Business and Entrepreneurship (USASBE), 13ème conférence nationale annuelle (1999), pp657-671
  3. K. D. Miller, 2007, "Risk and rationality in entrepreneurial processes", Strategic Entrepreneurship Journal, 1(1–2))
  4. Le processus entrepreneurial dans la perception de l'économiste de l'école autrichienne, Ludwig von Mises, s'inscrit dans la praxéologie, c'est-à-dire dans la science de l'action humaine. Ludwig von Mises ajoute une extension au subjectivisme autrichien de base qui considérait alors l'action humaine comme un « choix ». Lionel Robbins, économiste anglais attiré par les apports de l'école autrichienne dans les années 1930, en avait fait son cadre méthodologique, puisque pour lui, le marché est l'engagement simultané des choix d'individus prenant une décision conventionnelle de maximisation. Mais, pour Ludvig von Mises, le subjectivisme va plus loin. L'économiste cognitiviste donne une dimension supplémentaire au subjectivisme avec le critère d'anticipation. Pour lui, les choix ne reflètent et n'expriment pas simplement les préférences subjectives de l'agent parmi des alternatives données, ils justifient également le jugement subjectif de l'agent concernant l'éventail des plans d'action alternatifs réellement disponibles pour lui au moment de son choix. Et, ces choix répondent à la probabilité de leur résultats alternatifs attendus. Par conséquent, le processus entrepreneurial du marché est dépendant de individu réalisant des choix, donc des entrepreneurs agissants.
  5. Le summum du constructionnisme radical est d'affirmer que la carte n'est pas le territoire et d'en conclure que la carte n'a pas d'existence objective. De la même façon, c'est prétendre de faire croire à un entrepreneur que le bilan comptable qu'il tient dans les mains et qu'il présente à ses banquiers, à ses actionnaires ou à l'Etat fiscal n'est pas la réalité de la vie économique de son entreprise, et que ce document comptable n'existe donc pas objectivement... C'est un comble que peu d'entrepreneurs n'acceptent d'entendre à juste titre.
    • 2009, Tobias Kollmann, Andreas Kuckertz, Christoph Stockmann, "Continuous innovation in entrepreneurial growth companies: exploring the ambidextrous strategy", Journal of Enterprising Culture, Vol 17, n°3, September, pp297–322
      • C. Prange, B. B. Schlegelmilch, 2009, "The role of ambidexterity in marketing strategy implementation: Resolving the exploration-exploitation dilemma", BuR Business Research, Vol 2, n°2, pp215-240
    • 1991, James G. March, "Exploration and exploitation in organizational learning", Organization Science, 2(1), pp71-87
    • 2004, K. Kyriakopoulos, C. Moorman, "Tradeoffs in marketing exploitation and exploration strategies: The overlooked role of market orientation", International Journal of Research in Marketing, Vol 21, n°3, pp219-240
    • 2008, D. Sirdeshmukh, G. B. Voss, Z. G. Voss, "The effects of slack resources and environmental threat on product exploration and exploitation", Academy of Management Journal, 51(1), pp147-164
    • 2010, L. Edelman, H. Yli-Renko, "The Impact of Environment and Entrepreneurial Perceptions on Venture-Creation Efforts: Bridging the Discovery and Creation Views of Entrepreneurship’, Entrepreneurship Theory and Practice, Vol 34, n°5, pp833-856
  6. P. Kotler, N. Kumar, L. Scheer, 2000, "From market driven to market driving”, European Management Journal, Vol 18, n°2, pp129-142
  7. L'épistémologie réaliste s'oppose au positivisme classique qui remonte aux vues d'Auguste Comte et d'Ernst Mach selon lesquels toute théorie non fondée sur des faits observables n'a pas de sens. De plus, Auguste Comte affirmait que le but de la science est son potentiel de prédiction fondée uniquement sur des éléments observables. A l'inverse l'approche réaliste considère que les objets, les processus et les événements non observables ont les mêmes propriétés que les évènements observables. Dans cette vue, l'inobservable existe objectivement et indépendamment de l'esprit. Dans la philosophie réaliste, il existe un monde réel indépendant de nos tentatives de connaissance; que nous, les humains, pouvons avoir connaissance. La validité de nos connaissances est, au moins en partie, déterminée par la façon dont le monde existe.
  8. Par exemple, Campbell (1974) soutient qu'il existe une réalité qui est indépendante de la perception d'un individu et que cette réalité joue un rôle dans les perceptions de l'individu et dans la sélection, la création et la communication des croyances
    • 1997, J. Azevedo, "Mapping Reality. An Evolutionary Realist Methodology for the Natural and Social Sciences", Albany, NY: State University of New York Press
    • 2002, J. Azevedo, "Updating organizational epistemology", In: J. A. C. Baum, dir., "Companion to Organizations", Oxford: Blackwell Publishers Ltd, pp715–732
    • 2017, Evan Douglas, "Perceptions: Looking at the World Through Entrepreneurial Lenses", In: Malin Brännback, Alan L. Carsrud, dir., "Revisiting the Entrepreneurial Mind. Inside the Black Box: An Expanded Edition", Heidelberg: Springer, pp41-59
    • 2017, Evan Douglas, "Perceptions Revisited: Continuing to Look at the World Through Entrepreneurial Lenses", In: Malin Brännback, Alan L. Carsrud, dir., "Revisiting the Entrepreneurial Mind. Inside the Black Box: An Expanded Edition", Heidelberg: Springer, pp61-67
  9. Le modèle du Global Entrepreneurship Monitor, par exemple, combine les indications sur la répartition des efforts de l'esprit d'entreprise au niveau national (population adulte en âge de travailler) avec la littérature dans la tradition autrichienne. Le modèle suggère que la relation entre des nouvelles activités d'affaires et l'environnement institutionnel, ou les conditions du cadre entrepreneurial, est modifiée par la perception des opportunités et par la perception des compétences de start-up dans la population. Ce modèle examine l'effet de l'éducation et de la formation en entrepreneuriat, sur la répartition des efforts dans les nouvelles activités. Il s'accorde avec le concept Kirznérien de vigilance aux opportunités pour stimuler l'action. Jonathan Levie et Erkko Autio, 2008, A theoretical grounding and test of the GEM model, Revue Small Business Economics, Vol 31, n°3, octobre, pp235-263
  10. Comme son nom l'indique l'asymétrie d'information repose sur une différence de possession d'information entre deux agents. Israel Kirzner travaille pour sa part sur la notion d'écart informationnel sur le prix de deux biens avec l'anticipation de leurs valeurs futures faite par un individu
  11. L'idée que les entrepreneurs soient capables d'envisager des opportunités futures là où les autres ne voient rien est maintenant considéré comme un élément essentiel du comportement entrepreneurial. Les entrepreneurs ont un « talent » pour détecter ces opportunités et utilisent des "intuitions", des "pressentiments", des "instincts", du "flair", de la "perspicacité", de la "prémonition". Ils sont éclairer par une lumière qui les aide à prendre une bonne décision.
    • W. H. Agor, 1986, "The logic of intuition – how top executives make important decisions", Organizational Dynamics, Vol 14, pp5–18
    • J. Parikh, F. Neubauer, A. G. Lank, 1994, "Intuition: The New Frontier of Management", Oxford, UK: Blackwell
    • J. R. Mitchell, P. N. Friga, R. K. Mitchell, 2005, "Untangling the intuition mess: intuition as a construct in entrepreneurship research", Entrepreneurship Theory and Practice, Vol 29, pp653–679
  12. Art Carden, 2001, "Economic Progress and Entrepreneurial Innovation: Case Studies from Memphis", Southern Journal of Entrepreneurship
  13. Art Carden cite l'exemple de Kemmons Wilson qui a eu l'idée de créer la chaine hôtelière "Holiday Inn" alors qu'il était lui-même en vacances. Lisant paisiblement, dans son fauteuil, un article de Sinclair Lewis, dans le Saturday Evening Post en 1920, lui suggérant que quelqu'un deviendrait riche s'il mettait sur ​​le marché "une chaîne de petits hôtels agréables et propres". Ce n'est que trois décennies plus tard que Kemmons Wilson suivit ce conseil. Mais, l'idée d'une chambre d'hôtel propre et agréable n'a pas été le seul déclencheur. Une autre alerte a occasionné le changement de l'esprit entrepreneurial. C'est lorsque Kemmons Wilson a remarqué que ses vacances "tournaient au vinaigre" qu'il se décida à suivre les conseils qu'il avait lus trente ans auparavant
  14. Lawrence White considère dans la ligne rothbardienne que de nouvelles opportunités existent parce qu'elles ont été pensées ou remarquées par un entrepreneur qui veut rompre avec la routine. Peter Klein va plus loin. Il estime qu'une opportunité est une hypothèse de profit qui ne peut généralement être prouvée qu'après l'innovation mise en place. Donc, l'opportunité va au delà de la cognition entrepreneuriale, L'opportunité appartient au cadre praxéologique, celui de l'action entrepreneuriale. Pour Peter Klein, les opportunités ne sont pas objectives car elles ne prennent formes qu'à partir du moment où les bénéfices sont réalisés.
  15. Métaphore biologique qu'il emprunte à Fritz Machlup, dans son article, "Liberalism and the Choice of Freedoms", In: Erich Streissler, dir., 1969, "Roads to Freedom : Essays in Honour of Friedrich A. von Hayek", Londres : Routledge and Kegan Paul, p130.
  16. Israel Kirzner cite les travaux de Henry Manne dans la finance des sociétés où le rôle de la découverte entrepreneuriale a été explicitement exploré. Henry Manne discute de l'impact de la répression des activités d'initiés et l'effet d'une réglementation restrictive sur le comportement entrepreneurial dans les sociétés.
  17. Sankaran Venkataraman, 1997, The Distinctive Domain of Entrepreneurship Research, In: Advances in Entrepreneurship, Firm Emergence and Growth, vol. 3, edited by J. Katz and R. Brockhaus, Greenwich: JAI Press, pp119-138
  18. Friedrich Hayek, 1945, « The use of knowledge in society », American Economic Review, 35, 4, pp519-530
  19. R. C. Ronstadt, 1988, « The corridor principle », Journal of Business Venturing, Vol 3, n°1, pp31-40
  20. Le concept de connaissance entrepreneuriale préalable ou ex-ante a été développé à la suite des auteurs de l'école autrichienne principalement par Scott Shane. Il identifie la connaissance préalable des entrepreneurs sur les marchés, par la façon de savoir comment servir un marché et quels sont les problèmes des clients au sein d'un marché qu'ils découvrent et qui influent sur les opportunités entrepreneuriales. Scott Shane, dans son article de 2000, intitulé "Connaissances antérieures et découverte d'opportunités entrepreneuriales", étudie huit entreprises différentes lancées dans le but d'exploiter le processus de l'imprimante 3D(L'impression tridimensionnelle a été inventée en 1989 par quatre chercheurs du MIT, enregistrée sous la marque commerciale : 3DP ™. C'est un processus de fabrication d'un composant physique en créant des couches successives de poudre et de matériau de liaison.) de différentes façons. Grâce à son étude de cas approfondie de huit création d'entreprise qui exploitent la même invention, Scott Shane montre que les entrepreneurs découvrent des opportunités liées à l'information qu'ils possèdent déjà. Il attirer l'attention sur plusieurs implications différentes de celles qui existent dans la littérature sur l'entrepreneuriat et qui remettent en cause les résultats par d'autres recherches sur l'exploitation des opportunités entrepreneuriales, notamment:
    (1) les entrepreneurs ne choisissent pas toujours entre les opportunités de marché alternatives en ce qui concerne les nouvelles technologies;
    (2) la source de l'esprit d'entreprise réside dans les différences d'informations sur les opportunités;
    (3) les différences individuelles influencent les opportunités que les gens découvrent, ce qui explique les différences d'organiser leurs efforts entrepreneuriaux et prévient les politiques publiques dans la façon dont le gouvernement peut influencer ce processus.
    La théorie de la recherche d'opportunités suggère que les gens investissent systématiquement leur temps à chercher une opportunité et que les entrepreneurs qui ont du succès sont ceux qui ont des traits psychologiques ou des capacités cognitives supérieures tels que la capacité de traitement, la technique de recherche ou le comportement de balayage (scan) de leur environnement économique et social. Or, toutes les personnes ne découvrent pas les opportunités grâce à la recherche, mais par une reconnaissance immédiate de la valeur de l'information qu'ils perçoivent. Scott Shane propose l'idée que les gens découvrent des opportunités sans une recherche active. Il montre que les entrepreneurs découvrent des opportunités liées à l'information qu'ils possèdent déjà et ces découvertes sont des sérendipités immédiates et non pas le résultat d'une recherche et d'une évaluation systématiques.
    • 2000, Scott Shane, "Prior knowledge and the discovery of entrepreneurial opportunities", Organization Science, 11(4), pp448–469
  21. Le progrès technologique est un moteur fondamental de la croissance économique et du développement. Pour l'École autrichienne d'économie, le progrès technologique est reconnu comme une force dynamique qui nécessite des investissements dont les effets ne peuvent être pleinement réalisés et aperçus qu'avec le temps. Les économistes autrichiens comprennent que le progrès technologique implique le développement et la mise en œuvre de nouvelles idées, méthodes, processus et innovations qui améliorent l'efficacité, la productivité et la qualité de la production. Le progrès englobe les avancées dans divers domaines, notamment les sciences, l'ingénierie, les technologies de l'information et la fabrication. Un aspect clé du progrès technologique mis en évidence par l'école autrichienne est qu'il nécessite des investissements. La recherche et le développement, l'expérimentation et l'investissement dans les nouvelles technologies impliquent souvent des coûts substantiels. Les entrepreneurs et les entreprises doivent allouer des ressources et investir du capital financier pour explorer, développer et adopter de nouvelles technologies. Cet investissement est nécessaire pour surmonter les obstacles, tels que l'incertitude et le risque, associés à l'introduction de technologies nouvelles et non éprouvées. De plus, les effets du progrès technologique ne sont pas immédiatement observables ou pleinement réalisés. Il faut du temps pour que de nouvelles technologies soient développées, testées et intégrées dans le processus de production. L'adoption et la diffusion des avancées technologiques se font souvent progressivement, au fur et à mesure que les entreprises évaluent la faisabilité, la rentabilité et la compatibilité des nouvelles technologies avec leurs opérations existantes. De plus, la courbe d'apprentissage impliquée dans la maîtrise et l'utilisation complète des nouvelles technologies est plus ou moins longue. Les économistes autrichiens reconnaissent que les effets à long terme du progrès technologique peuvent être transformateurs et avoir des impacts significatifs sur la croissance économique, la productivité et le niveau de vie. Les nouvelles technologies peuvent conduire à une efficacité accrue, à des coûts réduits, à des possibilités de production élargies et à la création d'industries et de marchés entièrement nouveaux. Cependant, ces effets se déploient progressivement et deviennent plus évidents à mesure que les technologies arrivent à maturité et sont largement adoptées. En outre, la perspective autrichienne reconnaît l'importance de la concurrence sur le marché et de l'activité entrepreneuriale pour stimuler le progrès technologique. Les entrepreneurs, motivés par des motivations de profit et des opportunités de marché, jouent un rôle crucial dans l'identification, le développement et la commercialisation de nouvelles technologies. Ils assument les risques et les incertitudes associés aux progrès technologiques, investissent dans la recherche et le développement et stimulent la diffusion de l'innovation dans les industries. En résumé, le progrès technologique est considéré par l'école autrichienne comme un processus dynamique qui nécessite des investissements et dont les effets deviennent apparents au fil du temps. L'investissement dans les nouvelles technologies et l'adoption et la diffusion progressives des innovations contribuent à la croissance économique et à l'amélioration de la productivité. Le rôle entrepreneurial, combiné à la concurrence sur le marché, stimule l'avancement et l'application de nouvelles technologies, entraînant des effets transformateurs à long terme sur l'économie.
  22. Peter Drucker, 1964, Managing for Results: Economic Tasks and Risk-Taking Decisions, Harper & Row, New York, NY
  23. Stephane Kouassi intègre le concept d'habitus de Pierre Bourdieu à celui de la théorie des opportunités d'Israel Kirzner en passant outre l'apport de Friedrich Hayek sur les schèmes.
    • Stephane Kouassi, 2021, "Conceptualization of a Kirznerian-Ethnic Entrepreneur in Market Sociology", In: Diana Thomas, Arielle John, dir., "Entrepreneurship and the Market Process", Mercatus Studies in Political and Social Economy, Palgrave Macmillan, pp67-96

Bibliographie

Liste bibliographique sur le thème de l'opportunité entrepreneuriale

Voir aussi

Liens externes


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