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Gabriel Bonnot de Mably

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Gabriel Bonnot de Mably
Philosophe

Dates 1709 - 1785
Gabriel Bonnot de Mably
Tendance Présocialiste
Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Gabriel Bonnot de Mably

Gabriel Bonnot de Mably, abbé de Mably, né à Grenoble le 14 mars 1709 et mort à Paris le 2 avril 1785, est un philosophe français, précurseur du communisme et du républicanisme. C'est le frère d'Étienne Bonnot de Condillac.

Présentation

Il nait dans une famille de la noblesse de robe grenobloise, tout juste anoblie. Son frère Jean Bonnot de Mably devint grand prévôt de Lyon et son frère Étienne Bonnot de Condillac, lui aussi ecclésiastique et philosophe. Pour l'un comme pour l'autre, la fonction d'abbé n'était qu'un titre.

Introduit dans l'élite de la société, il travailla auprès du cardinal de Tencin, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, qui le destine à la carrière de diplomate. Ses fonctions l'amenèrent à négocier, en 1743, avec l'ambassadeur de Prusse, un accord contre l'Autriche. En 1746, Mably rompit avec le cardinal et se consacra à ses travaux. Il développa un système de pensée proche de celui de Jean-Jacques Rousseau.

Mably consacra alors la majeure partie de sa vie à la philosophie. Bien que décrit comme un « solitaire austère et bourru »[1], sa notoriété grandit rapidement et il était au XVIIIe l'un des auteurs les plus populaires. Son nom est cependant tombé dans l'oubli au XXe siècle.

Pensée

L'œuvre de Mably préfigure les idées communistes et républicanistes.

Il critique fortement la société d'Ancien Régime, dont il dénonce les privilèges accordés à certains. C'est bien le seul élément libéral que l'on peut retrouver dans la pensée de Mably. Pour Mably comme pour Diderot, la propriété est la cause de tous les malheurs de la société et il faut l'éliminer pour revenir à une sorte de communisme tribal. Par la propriété collective, la société parviendra à la vertu, selon ce qu'il expose dans ses Observations sur l'histoire de France de 1765 ou dans De la législation ou Principe des lois de 1776. L'historien André Jardin note cependant que Mably tempère lui même cet idéal et reconnait, par la bouche de l'un de ses personnages, que vouloir la supprimer intégralement serait « folie »[1].

La société idéale pour Mably, c'est Sparte, modèle de frugalité et de vertu. Dans ses Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale et de la politique de 1763, il met en avant le personnage de Phocion, incarnation de cet homme idéal que la collectivisation doit faire émerger magiquement. Il s'agit de revenir à un état de nature idéalisé dans lequel l'homme serait bon et où l'égalité règnerait. Dangereuse illusion comme le communisme et ses 100 millions de morts l'ont montré.

Mably exerça une influence posthume importante sur la réunion des États Généraux de 1789 avec son Histoire de France et son Des droits et des devoirs du citoyen. Ce dernier parut en mai 1789 et se diffusa rapidement malgré la censure royale.

Mably s'opposa aux physiocrates, ces penseurs libéraux dont Mably dénonça le « despotisme légal » dans ses Doutes proposés aux philosophes et aux économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques (1768). Il s'y oppose à l'ordre naturel mis en avant par les physiocrates. Cet ouvrage est une réponse à L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, publié par Mercier de La Rivière un an plus tôt. Il critiqua également le système politique anglais qui, selon lui, subordonnait le pouvoir législatif au pouvoir exécutif.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 André Jardin, Histoire du libéralisme politique, Hachette, 1985, p.56

Œuvres

Seule une partie des œuvres de Mably ont été publiées de son vivant. Gabriel Blizard organisa la publication de ses œuvres complètes en 1794-1795, dans un recueil de quinze volumes.

Œuvres parues de son vivant
  • 1740, Parallèle des Romains et des François par rapport au gouvernement,
  • 1741, Lettres à Madame la Marquise de P... sur l’Opéra,
  • 1746, Le droit public de l’Europe fondé sur les traités conclus jusqu’en l’année 1740
  • 1749, Observations sur les Grecs
  • 1751, Observations sur les Romains
  • 1757, Des principes des négociations pour servir au Droit public fondé sur les traités
  • 1763, Entretiens de Phocion, sur l’introduction de la morale avec la politique, traduits du grec de Nicoclès, avec des remarques
  • 1764, Réponse de M. Abbé de Mably à M. Abbé Rome
  • 1765, Observations sur l’histoire de France, livres I - IV
  • 1766, Observations sur l’histoire de la Grèce, ou Des causes de la Prospérité et des malheurs des Grecs
  • 1768, Doutes proposés aux philosophes économistes sur l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques
  • 1775, Du commerce des grains
  • 1775, De l’étude de l’histoire à Monseigneur le prince de Parme Tome XVI du cours d’études pour l’instruction du Prince de Parme, aujourd’hui S.A.R. l’Infant D. Ferdinand, duc de Parme, Plaisance, Gasuelle etc. par M. l’Abbé de Condillac
  • 1776, De la législation, ou Principes des lois
  • Du gouvernement et des lois de la Pologne (date litigieuse : 1771 ou 1776)
  • 1783, De la manière d’écrire l’histoire
  • 1784, Principes de morale
  • 1784, Observations sur le gouvernement et les lois des États-Unis d’Amérique
Œuvres posthumes
  • 1788, Observations sur l’histoire de France, nouvelle édition précédée de l’éloge historique de l’auteur par M. l’abbé Brizard
  • De la situation politique en Pologne en 1776
  • Le Banquet des politiques
  • De l’étude de la politique
  • Des maladies politiques et de leur traitement
  • Des droits et des devoirs du citoyen (1789,
    • réimprimé en 1793, mais écrit en 1758)
  • Du commerce des grains
  • De la superstition
  • Notre gloire et nos rêves
  • De la paix d’Allemagne
  • De la mort de l’impératrice-reine
  • L’oracle d’Apollon
  • Des talents
  • Du beau
  • Du développement, des progrès et des bornes de la raison
  • Le compte rendu
  • La retraite de M. Necker
  • Du cours et de la marche des passions dans la société

Voir aussi

Bibliographie

  • 1985, André Jardin, Histoire du libéralisme politique, Hachette, ISBN 2010107802
  • 1997, Johnson Kent Wright, A Classical Republican in Eighteenth-Century France: The Political Thought of Mably, Stanford University Press, ISBN 0804727899
  • 2007, Jacques de Saint Victor, Les racines de la liberté : Le débat français oublié, 1689-1789, Perrin, ISBN 2262023794
  • 2008, Mélanges en l'honneur des racines de la liberté, collectif, [lire en ligne]

Articles connexes


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