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Ploutocratie

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La ploutocratie désigne un système politique dans lequel la puissance financière et économique est prépondérante, dans lequel la haute finance exerce un pouvoir souverain. Par métonymie, cela désigne aussi l'ensemble des personnes qui détiennent le pouvoir du fait de leur richesse.

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La ploutocratie n'est qu'un cas particulier de l'étatisme. En effet, ce que les libéraux nomment « étatisme » est l'action de l'État en dehors de sa sphère régalienne légitime (pour le respect du droit), ou au contraire son absence d'action alors que le droit est bafoué. Cette action (ou inaction) illégitime a toujours pour but de favoriser les uns aux dépens des autres. Quand ce sont les plus riches qui sont ainsi favorisés, cette forme d'étatisme se nomme ploutocratie. Qu'il s'agisse de corruption des gouvernants par la finance ou d'intrusion de la finance aux postes de commandement, la ploutocratie n'existe que par l'action de l’État, la coercition étant mise au service d'une oligarchie.

La collusion entre le pouvoir gouvernemental et le pouvoir financier est un phénomène fréquent, déjà dénoncé par Ludwig von Mises dans L'Action humaine. Toutefois, dans son œuvre il fustige fréquemment l'emploi du terme « ploutocrate » par les Nazis, les fascistes et les communistes pour qualifier la classe des gens riches. La richesse n'est condamnable que si elle est mal acquise, et « derrière chaque fortune mal acquise on trouvera toujours un homme de l'État » (François Guillaumat).

Un bon exemple de l'évolution des sociétés étatisées vers une sorte de ploutocratie est fourni par la crise financière de 2007-2008 : les États ont renfloué les banques sous prétexte de too big to fail, ce que les libéraux ont condamné :

«  Les banquiers et financiers n’ont pas gagné d’argent en mettant leur capital en risque (la base du libéralisme) mais en achetant la complicité des gens au pouvoir, ce qui n’a rien à voir avec le libéralisme et tout avec le social-clientélisme, cette horrible maladie de la démocratie. »
    — Charles Gave

«  Cette crise, c'est une crise du socialisme plutôt que du capitalisme : on vient au secours des banquiers systématiquement et avec de l'argent public ; ce n'est pas le fonctionnement normal du capitalisme. »
    — Olivier Delamarche

Dans une société vraiment libérale, où l'on ne peut échapper à sa responsabilité, la seule possibilité aurait été la faillite.

On peut d'ailleurs remarquer que l'évolution vers la ploutocratie est une pente naturelle d'un grand nombre de démocraties, sans même qu'il s'agisse pour autant de corruption directe : la tendance de l'homme politique à faire des cadeaux à son électorat (conformément au théorème de l'électeur médian) le pousse à accroître la dette publique, et à mettre petit à petit l’État sous la coupe des marchés financiers dont il dépend de plus en plus pour équilibrer ses budgets. Ainsi s'expliquent les privilèges accordés à une oligarchie financière (législation accommodante, renflouements sous prétexte de too big to fail, capitalisme de connivence, répression financière, etc.).

Citations

  • « Il y a des gens riches, appartenant principalement à la classe dirigeante, contrôlant l’appareil d’État ou liés au monde de la banque et du « big business » qui ont bénéficié indirectement de la confiscation, du vol et de la fraude. On ne doit pas laisser ces personnes tranquilles, mais les condamner comme des gangsters. » (Hans-Hermann Hoppe[1])
  • « Les véritables élites qui gouvernent - celles qui choisissent et contrôlent qui doit devenir président, Premier ministre, chef de parti, etc. -, ce sont les ploutocrates. Ces ploutocrates ne sont pas simplement des gens extrêmement fortunés, de grands banquiers et des patrons de grandes entreprises commerciales ou industrielles. Non : les ploutocrates sont un groupe bien particulier de cette classe de super-riches. Ce sont ces grands banquiers et hommes d'affaires très riches ayant pris conscience de l'énorme potentiel de l’État comme institution pouvant éventuellement taxer et légiférer pour leur permettre de s'enrichir encore davantage à l'avenir, et qui - sur la base de ce constat - ont décidé de mettre pied sur le terrain de la politique. Ils ont compris que l'État peut les rendre plus riches qu'ils ne le sont, que ce soit par des subventions, par l'obtention de contrats publics, ou par la promulgation de lois les protégeant contre tout concurrent ou concurrence potentielle. » (Hans-Hermann Hoppe)
  • « Un ploutocrate est un homme qui, disposant du capital et du pouvoir que celui-ci permet, en fait une utilisation non pas industrielle, mais politique : au lieu d'employer des ouvriers, il fait appel à des lobbyistes. » (William Graham Sumner)
  • « Les ploutocrates, tels que définis par le grand mais trop souvent oublié sociologue américain William Graham Sumner, ne sont pas juste les super-riches : les grands banquiers et les capitaines de grandes entreprises et d’industries. Plutôt, les ploutocrates ne sont qu’une sous-classe des super riches. Ce sont ces grands banquiers et hommes d’affaires super riches, qui ont réalisé l’énorme potentiel de l’État en tant qu’institution capable de taxer et légiférer pour leur encore plus grand enrichissement futur et qui, sur la base de cette compréhension, ont décidé de se lancer en politique. Ils se rendent compte que l’État peut rendre bien plus riche qu’on ne l’est déjà : que ce soit en subventionnant, en attribuant des contrats d’État ou en adoptant des lois qui protègent contre une concurrence ou des concurrents indésirables, et ils décident alors d’utiliser leurs richesses pour s’emparer de l’État, et utiliser la politique comme moyen pour leur but de s’enrichir davantage (plutôt que de s’enrichir seulement par des moyens économiques, c.-à-d. en servant mieux ses clients volontaires et payant pour ses propres produits). » (Hans-Hermann Hoppe, Une brève histoire de l’Homme)
  • « Une ploutocratie a pris le pouvoir dans nos Démocraties et l’exerce pour préserver ses rentes. Dans ce système, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Cela amène toujours a une révolte des damnés de la terre comme on l’a fort bien vu au moment de la chute du mur de Berlin. Les peuples, un jour, vont donc reprendre le contrôle de leurs destinées et virer les élites incompétentes et corrompues qui les ont amenés dans la situation actuelle. » (Charles Gave, 24 novembre 2014[2])
  • « La ploutocratie a inventé d'innombrables expédients, tels que générer une énorme dette publique dont les ploutocrates savent qu'ils ne pourront jamais la rembourser, des taxes sur le capital, des impôts qui épuisent les revenus de ceux qui ne spéculent pas, des lois somptuaires qui se sont historiquement révélées inutiles, et d'autres mesures similaires. Le principal but de chacune de ces mesures est de tromper les multitudes. » (Vilfredo Pareto[3].)
  • « Quand je reconsidère ou que j’observe les États aujourd’hui florissants, je n’y vois, Dieu me pardonne, qu’une sorte de conspiration des riches pour soigner leurs intérêts personnels sous couleur de gérer l’État. Il n’est pas de moyen, pas de machination qu’ils n’inventent pour conserver d’abord et mettre en sûreté ce qu’ils ont acquis par leurs vilains procédés, et ensuite pour user et abuser de la peine des pauvres en la payant le moins possible. Dès que les riches ont une fois décidé de faire adopter ces pratiques par l’État — qui comprend les pauvres aussi bien qu’eux-mêmes — elles prennent du coup force de loi. » (Thomas More, L’Utopie)

Notes et références

  1. Hans-Hermann Hoppe, interview pour Philosophie Magazine, mars 2011
  2. Réflexions d'actualité sur la monnaie, Institut des Libertés
  3. Vilfredo Pareto, « Le cycle ploutocratique », 1920, in La transformation de la démocratie, Œuvres complètes, T. XIII, Genève, Ed. Droz. p.60

Voir aussi

Liens externes


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