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Arthur Koestler

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Arthur Koestler
Essayiste

Dates (1905-1983)
Arthur-Koestler.jpg
Tendance Anti-totalitariste
Nationalité Hongrie Hongrie puis
Royaume-Uni Royaume-Uni
Articles internes Autres articles sur Arthur Koestler

Citation
Interwikis sur Arthur Koestler

Arthur Koestler (Artúr Kösztler, en hongrois) est né le 5 septembre 1905 à Budapest et décédé volontairement en compagnie de son épouse, le 1er mars 1983 à Londres. Il fut un intellectuel, d'origine austro-hongroise, devenu citoyen britannique en 1945. Après des études à Vienne, en Autriche, il devint un brillant auteur d'essais, de romans et d'autobiographies[1].

Le combat anti-totalitaire face au stalinisme soviétique et aux intellectuels de gauche

Searchtool-80%.png Article détaillé : stalinisme.

En 1931, Arthur Koestler rejoint le Parti communiste en Allemagne où il vient en aide à Willi Münzenberg. Arthur Koestler débute sa carrière dans le journalisme en Palestine et couvre la guerre d'Espagne. Condamné à mort par les Franquistes, il est sauvé de la mort de justesse grâce aux Britanniques. Il fait plusieurs séjours en URSS durant cette période, mais découvrant la réalité du régime à l'occasion des procès de Moscou, il démissionne du parti en 1938. En 1939, il traite du leadership héroïque de Spartacus dans la révolte des esclaves dans la Rome antique (The Gladiators), un sujet d'histoire ancienne très prisé par les écrivains de gauche. Installé en France, il est arrêté, en Octobre 1939, par le gouvernement français et interné au camp du Vernet d'Ariège, surnommé le «Dachau français». Cette expérience va jouer un rôle important dans l'évolution d'Arthur Koestler, vers la défense des idées de liberté. Il réussit à gagner une position privilégiée et il obtient la permission de continuer à écrire, avant d'être libéré et de se rendre à Londres. Cependant, dès son arrivée, il est arrêté et reste détenu pendant six semaines à la prison de Pentonville.

Il publie, en 1940, un roman dévastateur et anti-totalitaire, Sonnenfinsternis (« L'éclipse solaire »), traduit en anglais sous le titre Darkness at Noon[2] (« L'obscurité à minuit ») et en français (Du zéro à l'infini), qui lui donne une renommée internationale. Les intellectuels français de gauche proches du parti communiste, Simone de Beauvoir, en particulier, réagissent très négativement. Arthur Koestler va être un des rares intellectuels européens à s'engager politiquement dans la dénonciation du totalitarisme soviétique au début de la période de la Guerre froide, ce qui le sépare des autres grandes figures de renommée internationale comme Jean-Paul Sartre et Bertolt Brecht.

Du zéro à l'infini raconte l'histoire de Roubachof, un vieux révolutionnaire bolchevique d'Octobre, qui est exclu du parti, emprisonné et jugé pour trahison contre l'Union soviétique. Le roman se déroule en 1938 pendant les purges staliniennes et des procès de Moscou. Il reflète la désillusion personnelle de l'auteur avec le communisme, car Koestler connaissait personnellement certains des accusés lors des procès de Moscou.

Sa désillusion ne s'est pas seulement exprimée vis à vis du communisme mais pour tout système social fondé sur une éthique utilitariste. En 1954, dans son livre, L'écriture invisible, il écrit que « Dans l'équation sociale, la valeur d'une seule vie est nulle. ... tout mouvement politique qui se fonde implicitement sur ​​l'éthique purement utilitaire, devient une victime de la même erreur fatale. C'est une erreur aussi naïve que la résolution d'un problème mathématique, et pourtant, ses conséquences mènent droit à la catastrophe du Goya[3], au règne de la guillotine, aux chambres de torture de l'Inquisition, ou aux caves de la Loubianka ». Il ne croyait pas que l'individu soit le résultat d'une foule d'un million divisé par un million. Il ne croyait plus en l'humanité. Il croyait en l'individu. Dans ses efforts pour éviter une troisième guerre mondiale massivement destructrice à l'âge atomique, Koestler a exhorté « le désarmement psychologique », ce qui signifiait la liberté de communication et de mouvement des individus à travers la frontière des deux blocs de la guerre froide.

La bissociation : épistémologie de la création scientifique

La bissociation, est un terme inventé par Arthur Koestler, en 1964, dans son livre L'acte de la création (traduit en français par Le cri d'Archimède) où il considère le processus d'émergence de la créativité scientifique. Koestler soutenait que l'essence de la créativité réside dans la perception d'une situation ou d'une idée dans deux cadres cohérents pour chacun d'eux mais dont les références sont habituellement incompatibles. La « matrice de la pensée » décrit les schèmes de l'évolution de l'activité mentale régie par un ensemble de règles, c'est à dire son son « code ».

La bissociation associe, ou plutôt combine, deux idées, deux solutions ou deux univers parfois a priori très étrangers, afin d'en créer un troisième, inédit. Ce processus, utilisé dans la technique heuristique de la sérendipité, permet à la fois de faire progresser la science mais aussi des applications scientifiques ou sociales, en stimulant la créativité. Il suggère également que la pensée créative dispose de trois caractéristiques universelles : l'originalité, l'accent et l'économie.

Dans son livre, L'acte de création, paru en 1964, Arthur Koestler opère une étude des processus de découverte, d'invention, d'imagination et de créativité dans l'humour, dans la science et dans les arts. Il expose une théorie générale de la créativité humaine. Pour décrire et comparer différents exemples d'invention et de découverte, Arthur Koestler conclut que tous partagent un schéma commun qu'il appelle la « bissociation » - un mélange d'éléments tirés de deux matrices préalablement indépendantes de la pensée dans une nouvelle matrice de sens par la voie d'un processus impliquant la comparaison, l'abstraction, la catégorisation, les analogies et les métaphores. Cela concerne de nombreux phénomènes mentaux différents qui sont basés sur la comparaison (comme les analogies, les métaphores, les paraboles, les allégories, les blagues, les jeux de mots, l'identification, le jeu de rôle, la personnification, l'anthropomorphisme etc).

L'holarchie : Le monde est un système de systèmes qui sont eux-mêmes composés de systèmes

The Ghost in the Machine (« Le fantôme dans la machine »), le livre d'Arthur Koestler, écrit en 1967, représente un apport épistémologique important de l'auteur. La phrase du titre fut elle-même inventée par le philosophe Gilbert Ryle[4], avec qui il partagea le concept que l'esprit d'une personne n'est pas une entité indépendante, temporairement habitée et gouvernée par le corps. Le livre contribue aux débats commencés par René Descartes concernant le problème du dualisme du corps et de l'esprit. L'approche matérialiste d'Arthur Koestler explique comment l'expérience personnelle de la dualité découle de ce que Koestler appelle un holon. Koestler soutenait que l'esprit est à la fois un tout et une partie. Il opposa une approche fondamentale du problème du corps et de l'esprit avec l'approche basique du behaviorisme de Skinner. Une superposition des forces, écrivait Koestler, se manifeste pour chaque holon, comme le résultat de toute une hiérarchie de forces ontogénétiques et régulières. et opérant dans un continuum de rétroaction indépendante et de flux d'anticipation d'un corps qui s'étend dans son plus large environnement. Les flux sont alimentés par les signaux de vie de chaque membre du groupe, et ce mélange pleinement participatif est l'esprit de la vie dont on ressent la présence comme celle d'un fantôme. Cet esprit est le résultat simplifié d'un ensemble de connaissances complexes, qui émerge de la complexité des règles du groupe et des différentes stratégies individuelles.

Enfin, Arthur Koestler définit une holarchie comme une hiérarchie auto-régulatrice avec des holons qui fonctionnent comme des touts autonomes en supra-ordination de leurs parties, et d'autre part, comme parties dépendantes en sous-ordination et contrôlées par des holons de niveaux supérieurs. Cette structure est caractériséé par une différenciation (génération de variété) et par une intégration (génération de cohérence).

L'un des concepts central du livre est que le cerveau humain a évolué. Il s'est constitué sur des bases plus anciennes dont l'homme a réussi à faire évoluer et à mettre à son profit. Mais, ce cerveau a aussi conservé les structures cérébrales plus primitives. des connexions inadéquates et pauvres qui sont la source d'un potentiel de conflits multiples. Les couches primitives peuvent surpasser et maîtriser l'autonomie de la logique rationnelle, ce qui expliquerait la haine, la colère, la détresse et de tels autres états émotionnels d'une personne.

L'influence d'Arthur Koestler sur la théorie autrichienne de l'entrepreneur

Pour l'économiste Peter Earl, les agents économiques sont des systèmes biologiques complexes opérant dans des environnements sociaux et physiques tout aussi complexes. De ce point de vue, beaucoup de comportements entrepreneuriaux impliquent la construction de nouveaux systèmes en formant des connexions qui n'existaient pas auparavant. Par conséquent, plutôt que d'étudier l'espace physique et institutionnel dans lequel les entrepreneurs jouent un rôle social en mettant en place de nouvelles connexions, Peter Earl préconise aux économistes d'utiliser la démarche épistémologique d'Arthur Koestler. Cette philosophie a inspiré le concept d'entreprise holonique.

Dans la mesure où les entrepreneurs ont des pensées créatrices originales de ce qui pourrait constituer la base d'un futur projet d'entreprise, ils ont aussi besoin de créer des connexions d'opportunités. Cela ressort clairement de l’œuvre de Koestler que la créativité implique une nouvelle synthèse des notions existantes plutôt que de construire quelque chose à partir de rien. La création de nouveaux produits n'implique pas de créer quelque chose à partir de zéro, mais de créer de nouvelles connexions entre des idées, des capacités et des technologies déjà existantes (ex : le walkman, le moto-neige, etc.).

Annexes

Notes et références

  1. Le groupe rock The Police lui a rendu hommage en intitulant The Ghost in the Machine un album de 1981, en référence à un de ses ouvrages.
  2. Le roman, écrit en allemand, est traduit en anglais par Daphné Hardy, la compagne d'Arthur Koestler, au début de 1940. Tous les deux fuient Paris, en mai 1940, juste avant l'arrivée de l'armée allemande.
  3. Le 16 avril 1945, le cargo allemand "Goya" est coulé par un sous-marin soviétique, et provoque la mort d'au moins 6 100 personnes.
  4. Gilbert Ryle, 1949, The Concept of Mind, Chicago: The University of Chicago Press

Publications

  • 1937, Menschenopfer Unerhört (Le sacrifice humain scandaleux), Paris : Éditions du Carrefour
    • Traduit en français en 1937, L'Espagne ensanglantée, Paris : Éditions du Carrefour
  • 1939, Gladiators, New York, Macmillan Co.
  • 1952, Arrow in the Blue: An Autobiography, London: Collins/Hamish Hamilton
  • 1954, The Invisible Writing: The Second Volume of an Autobiography: 1932-40, London: Collins/Hamish Hamilton
  • 1955, dir., On The Trail of the Dinosaur, New York: Macmillan
  • 1964, The Act of Creation
    • Traduction en français en 1965, par Georges Fradier, Le Cri d’Archimède, l’art de la découverte et la découverte de l’art, Paris: Calmann-Levy
  • 1967, "The Ghost in the Machine",
    • Traduit en français en 1968, "Le cheval dans la locomotive", Calmann-Lévy
  • 1968, "The Ghost in the Machine". Psychiatric Communications, Vol 10, n°2, pp45–48
  • 1969,
    • a. avec John R. Smythies, dir., Beyond reductionism: new perspectives in the life sciences ([proceedings of] the Alpbach Symposium 1968), London: Hutchinson
      • Traduit en allemand en 1970, Das neue Menschenbild. Die Revolutionierung der Wissenschaften vom Leben [La nouvelle image de l'homme. La révolution dans les sciences de la vie], Wien: Verlag Fritz Molden
    • b. « Beyond Atomism and Holism — The Concept of Holon », In: Arthur Koestler et John R. Smythies, dir., « Beyond reductionism: new perspectives in the life sciences » ([proceedings of] the Alpbach Symposium 1968), London: Hutchinson et New York: Macmillan, pp192–232
  • 1978, "Janus: A summing up", Hutchinson, U.K, hardcover edition ISBN 0-09-132100-X
    • Nouvelle édition en 1978, Random House, U.S. hardcover edition ISBN 0-394-50052-0
    • Nouvelle édition en 1979, Picador,
    • Nouvelle édition en 1979, Vintage Books, U.S. paperback edition ISBN 0-394-72886-6
    • Nouvelle édition en 1983, New York: Pan Macmillan.
  • 1984, avec Cynthia Koestler, Stranger on the Square, London: Hutchinson & Co., Ltd.

Littérature secondaire

  • 1956, John Atkins, "Arthur Koestler", London: Neville Spearman
  • 1964, George A. Miller, "Arthur Koestler’s View of the Creative Process", commentaire du livre d'Alfred Koestler, "The Act of Creation", Scientific American, Nov., pp145-149
  • 1968, Jenni Calder, "Chronicles of Conscience: A Study of George Orwell and Arthur Koestler", London: Secker & Warburg
  • 1970,
    • Anonyme, "Arthur Koestler at 65—a fighter for men’s minds now studies their brains", inteview par le magazine L’Express (Paris), traduit par Stanley Hochman, New York Times Magazine, Aug. 30, pp12-26
    • Elizabeth Hall, "A Conversation with Arthur Koestler", Psychology Today, June, p63, p65, pp78-84
    • Elizabeth Hall, "In and Out of Jail with Arthur Koestler", Psychology Today, June, p64
  • 1976, Harold Harris, dir., "Astride the Two Cultures: Arthur Koestler at 70", New York: Random House
  • 1977,
    • a. Murray A. Sperber, dir., "Arthur Koestler. A Collection of Critical Essays", Englewood Cliffs, N. J. : Prentice-Hall
    • b. Murray A. Sperber, "Looking Back on Koestler's Spanish War", In: Murray A. Sperber, dir., "Arthur Koestler. A Collection of Critical Essays", Englewood Cliffs, N. J. : Prentice-Hall, pp109-121
  • 1978, Sidney A. Pearson, Jr., "Arthur Koestler", Boston, MA: Twayne
  • 1979, Thomas Frazier et Reed Merrill, "Arthur Koestler: An International Bibliography", Ann Arbor, MI: Ardis
  • 1981, Hans-Joachim Lang, "Der spanische Bürgerkrieg als Wendepunkt : die Fälle Koestler und Orwell", In: Paul Goetsch et Heinz-Joachim Müllenbrook, dir., "Englische Literatur und Politik im 20. Jahrhundert", Wiesba de: nAk ademisch Verlaggesellschaft Athenaion, p152
  • 1982, Iain Hamilton, "Koestler: A Biography", Secker & Warburg
  • 1983, George Mikes, "Arthur Koestler : the story of a friendship", London : Deutsch
  • 1984, Mark Levene, "Arthur Koestler", New York: Frederick Ungar Publishing Co.
  • 1985,
    • Mamaine Koestler et Celia Goodman, "Living with Koestler : Mamaine Koestler's letters 1945-51", London : Weidenfeld & Nicolson
    • David Lewis Schaefer, "The Limits of Ideology: Koestler's Darkness at Noon", Part I, Modern Age, vol 29, n°4, Fall, pp319-329
  • 1987,
    • Frank Day, "Arthur Koestler: A Guide to Research", New York: Garland
    • Pierre Debray-Ritzen, "Arthur Koestler: Un Croisé Sans Croix", Paris, France: L'Herne
    • Kristiaan Versluys, "Arthur Koestler's Spanish Testament", Revue belge de philologie et d'histoire, Vol 65, n°3, pp552-561
  • 1993, Reed Merrill, "Arthur Koestler". In: Irene R. Makaryk, dir., "Encyclopedia of contemporary literary theory", University of Toronto Press, ISBN 080206860X, pp390-392
  • 1995, Béla Hidegkuti, "Arthur Koestler and Michael Polanyi: Two Hungarian Minds in Partnership in Britain", Polyanyiana, n°4, n°4, winter, pp6-322
  • 1998, David Cesarani, "Arthur Koestler: The Homeless Mind", New York: Free Press
  • 2005,
    • Lee Congdon, "Believing Unbelievers: Michael Polanyi and Arthur Koestler"? In: Richard T. Allen et Struan Jacobs, dir., "Emotion, Reason and Tradition: Essays on the Social, Political and Economic Thought of Michael Polanyi", Aldershot: Ashgate, pp21-39
    • Lee Congdon, "Koestler's Hungarian Identity", Pro Philosophia Füzetek, n°4, pp121-26
    • M. Edwards, "The integral holon: A holonomic approach to organizational change and transformation", Journal of Organizational Change Management, 18(3), pp269-288
  • 2006, Joseph P. Strelka, "Arthur Koestler: Autor, Kämpfer, Visionär", Tübingen, Germany: Francke Verlag
  • 2008, Steven James Bartlett, "The Humanistic Psychology of Human Evil: Ernest Becker and Arthur Koestler", Journal of Humanistic Psychology, Summer, Vol 48, n°3, pp340-363
  • 2009, Michael Scammell, "Koestler: The Literary and Political Odyssey of a Twentieth-Century Skeptic", New York: Random House
  • 2010, Lee Congdon, "True Believer" (commentaire du livre de Michael Scammell, on Koestler: The Literary and Political Odyssey of a Twentieth-Century Skeptic), Vol IX, n°2, American Conservative, pp49-50
  • 2011, John G. Rodwan, Jr, "Arthur Koestler, Individualist" (commentaire du livre de Michael Scammell, "Koestler: The Literary and Political Odyssey of a Twentieth-Century Skeptic"), Logos, Vol 10, n°3

Liens externes


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