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George H. Smith

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George H. Smith
Philosophe

Dates 1949-2022
George H. Smith
Tendance Libertarien
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur George H. Smith

Citation
Interwikis sur George H. Smith

George Hamilton Smith, né le 10 février 1949, au Japon, décédé le 8 avril 2022, est un auteur américain libertarien. Il a grandi principalement à Tucson, en Arizona, et il a fréquenté l'université de l'Arizona pendant plusieurs années sans obtenir de diplôme.

Biographie

Grâce à Roy A. Childs, George H. Smith obtient un contrat avec l'éditeur Nash Publishing à Los Angeles, afin de sortir un livre sur le thème de l'athéisme. Son premier livre fut publié en 1974, L'athéisme : Le cas contre Dieu qui est devenu une référence à la fin du XXe siècle. En parallèle, il a développé des activités d'enseignement, tout d'abord avec son propre forum sur les études philosophiques (avec des bureaux situés sur Sunset Boulevard à Los Angeles). Plus tard, il s'associa avec le Cato Institute et l'Institute for Humane Studies (IHS). Là, pendant près de vingt ans, à partir des années 1970, il enseigna la philosophie politique et l'histoire de l'Amérique politique et intellectuelle aux étudiants universitaires lors des séminaires.

Dans les années 1980, George Smith a travaillé pendant plus de six ans pour la société Knowledge Products, une société basée à Nashville, en tant que rédacteur en chef produisant des enregistrements audio pour l'enseignement de la philosophie, de l'histoire, de l'économie et du commerce. Il s'appliqua à développer une collection d'enregistrements destinée aux classes des premières années d'universités, sur les grands penseurs politiques (Great Political Thinkers).

Parmi ses travaux, George H. Smith a traité des questions de la peine capitale, de l'anarchisme, de la tolérance religieuse, et principalement de l'athéisme. Il a écrit sur les grands penseurs libertariens comme Thomas Hobbes, John Locke, Ayn Rand, Herbert Spencer, Lysander Spooner et William Wollaston.

La théorie de l'anticipation rationnelle de l'athéisme

George H. Smith considère que la conception de l'idée d'un être suprême est le plus répandu et le plus destructeur de tous les mythes élaborés par l'homme. Avec cette provocation, George Smith tente d'argumenter face à des siècles de savants et de chercheurs en théologie. Il expose les ravages historiques et psychologiques provoqués par la religion en général et il conclut, de façon très subjective mais rationnelle, que la croyance religieuse ne peut avoir aucune place dans la vie d'un homme moderne et rationnel. Son objectif n'est pas de convertir les gens à l'athéisme mais de démontrer que la croyance en Dieu est irrationnelle et absurde. Il admet la liberté de croyance de chacun et particulièrement en Dieu, mais il veut absolument attaquer ceux qui appuient et justifient leurs comportements sur leur croyance au prétexte de la substituer à la raison et dans une nécessité morale supérieure.

Reprenant la théorie des probabilités de Blaise Pascal, George Smith veut contrer le célèbre argument du pari. « Si vous pariez sur le christianisme et qu'il n'y a pas de Dieu, vous ne perdez rien », explique-t-il. George Smith analyse donc le phénomène de l'adoption de la croyance en reprenant la théorie du Pari de Pascal sur l'inégalité des enjeux entre croire et ne pas croire. Vivre une vie athée et avoir tort expose chacun de nous à une existence éternelle en enfer. Le coût psychologique est énorme. Croire en Dieu a un coût psychologique plus faible que l'athéisme. George Smith avance l'argument que l'existence de Dieu implique l'usage de la raison. Et si on applique les canons du raisonnement à la croyance théiste, nous en arrivons à la conclusion que le théisme n'est pas fondé et doit être rejeté par les personnes raisonnables.

George Smith admet que la raison peut être faillible. Mais dans ce cas, elle peut nous convaincre que si Dieu existe, il ne se mêle pas des affaires humaines. Et donc, croire ou ne pas croire n'a aucune influence dans l'au-delà. On meurt, un point c'est tout. Mais si Dieu existe, il est bon. Il punit les mauvaises actions ou les turpitudes morales. Il ne peut pas condamner à l'éternité infernale ceux qui n'ont pas eu un comportement de croyant durant leur vie terrestre. S'il nous a donné la capacité à raisonner comme outil de base pour la compréhension de notre monde, alors il doit être fier de l'utilisation consciencieuse et scrupuleuse de la raison de la part de chacune de ses créatures. George Smith utilise alors un euphémisme pour représenter l'athéisme, qu'il dénomme « une erreur honnête de croyance ».

Dans le cas où Dieu serait injuste, c'est-à-dire qu'il ne ferait pas la différence entre les erreurs vénielles dont celle de ne pas croire en lui et les autres erreurs plus graves, rien ne pourrait préjuger de son jugement futur. Un croyant pourrait très bien brûler en enfer pour le restant de son éternité si le jugement de Dieu est arbitraire. Un croyant ne serait pas en meilleure position qu'un incroyant. L'enjeu du comportement basé sur cette anticipation rationnelle est équivalent entre croire et ne pas croire. Il n'y a donc pas asymétrie des anticipations. Le Pari de Pascal est remplacé par celui de George H. Smith.

Critique du « léninisme libertarien » : discipline de fer au pays de l’individualisme

En 1983, au cœur des débats internes du mouvement libertarien américain, Murray Rothbard publie dans le *Libertarian Forum* un article incendiaire, *The New Menace of Gandhism*. Officiellement, il s’agit de critiquer la fascination supposée de certains libertariens pour Mohandas Gandhi et pour la non-violence. Mais pour George H. Smith, figure du voluntaryisme, cet article n’est pas une critique intellectuelle : c’est une opération politique, typique de ce qu’il appelle le léninisme libertarien.

  • . Un concept forgé par Rothbard. Le terme ne vient pas des adversaires de Murray Rothbard : il est utilisé par lui-même, sans ironie, pour décrire une stratégie organisationnelle inspirée de Lénine, mais appliquée à un mouvement anti-État.
  • Il ne s'agit pas de marxisme : Rothbard rejette la doctrine collectiviste.
  • Il s'applique au modèle organisationnel du parti libertarien : centralisation, discipline militante, unité stratégique autour d’une « ligne du parti ».
  • Son objectif : créer une avant-garde ('vanguard') soudée, composée de « cadres » fiables, capable de mener la bataille politique avec efficacité.

Dans cette logique, un mouvement minoritaire ne peut pas se disperser en tendances concurrentes : il doit parler d’une seule voix, même si cela implique de marginaliser ou de neutraliser les dissidents.

  • . De l’orthodoxie centralisée au décentralisme stratégique. Murray Rothbard, dans les années 1970, défend un parti libertarien centralisé, où la direction impose la ligne et sanctionne les divergences, traitant par exemple les idées de Samuel Konkin de « déviationnisme ». Mais plus tard, dans 'Vanguard', il se rallie au décentralisme organisationnel, surtout lorsqu’il n’est plus lui-même au centre du dispositif. Ce changement ne supprime pas les réflexes léninistes : un vocabulaire militant, une obsession de l’orthodoxie et une volonté de contrôler le récit stratégique demeurent.
  • . Principes du léninisme libertarien. George Smith résume la logique en trois points :
  • 1. Loyauté au Parti : l’organisation prime sur les divergences personnelles. Une fois la ligne fixée, la discipline s’impose.
  • 2. Neutralisation des dissidents : tout courant alternatif est perçu comme un danger interne, à isoler ou discréditer.
  • 3. Primauté de l’objectif : la fin (protéger et renforcer le Parti) justifie les moyens, tant qu’ils ne violent pas formellement les droits individuels.
  • . Des méthodes d’appareil politique autoritaire. George Smith décrit un arsenal proche de celui des partis politiques traditionnels :
  • Réseaux d’informateurs : des militants assistent aux événements adverses et envoient des « rapports » à la direction.
  • Propagande ciblée : distribution coordonnée de tracts ou de brochures hostiles, préparées à l’avance.
  • Attaque par association : délégitimer un groupe en attaquant une figure emblématique censée l’inspirer (ici, Gandhi).
  • . L’offensive contre le voluntaryisme. En 1975, Gandhi ne posait aucun problème à Rothbard. Mais en 1983, le contexte change : le voluntaryisme séduit des militants radicaux du Libertarian Party, menaçant la base du Radical Caucus. Gandhi devient alors une cible indirecte : en le présentant comme un « charlatan » et un « mystique dangereux », Rothbard espère affaiblir un courant qu’il perçoit comme un « spectre hantant le mouvement ». Pour George Smith, cette attaque est typiquement léniniste : elle ne cherche pas à débattre des idées du voluntaryisme, mais à le neutraliser politiquement en sapant l’image de son prétendu inspirateur.
  • . Une critique de fond. George Smith met en garde : importer dans le libertarianisme la mentalité de parti héritée du léninisme, c’est substituer la loyauté à la vérité, la propagande à l’argumentation, et la surveillance à la confiance. Efficace à court terme pour gagner des batailles internes, cette stratégie risque à long terme de vider le mouvement de sa substance, en sacrifiant l’ouverture intellectuelle sur l’autel de l’efficacité organisationnelle.

En résumé, le « léninisme libertarien » n’est pas une contradiction dans les termes pour Murray Rothbard, c’est une méthode assumée. Mais pour George Smith, c’est une dérive : vouloir défendre l’individualisme par les armes de la discipline léniniste, c’est prendre le risque de tuer le mouvement de l’intérieur.

Informations complémentaires

Publications

  • 1991, Atheism, Ayn Rand and Other Heresies, Prometheus Books, ISBN 0-87975-577-6
  • 1992, dir., "Spooner, Lysander. The Lysander Spooner Reader", Fox & Wilkes
  • 2000, Why Atheism? Amherst, N.Y.: Prometheus Books, ISBN 1-57392-268-4
  • 2013, "The System of Liberty: Themes in the History of Classical Liberalism", Cambridge: Cambridge University Press

Littérature secondaire

Textes externes

Liens externes


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