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Croissance économique

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En macroéconomie la notion de croissance économique désigne une augmentation continue de la quantité et de la qualité des biens et des services produits chaque année dans un pays ou zone géographique, liée à l'augmentation de la productivité du travail et du capital.

Définition de la croissance économique

L'indicateur le plus utilisé pour mesurer le taux de croissance et la somme des valeurs ajoutées est le PIB (Produit intérieur brut).

Jacques Garello et Jean-Yves Naudet, en 1991, en précisent la définition :

« La croissance économique se caractérise par une augmentation durable de la production et des principales grandeurs économiques – comme le Produit Intérieur Brut (PIB). »


En général la croissance économique est définie en termes de grandeur synthétique mesurant le résultat de l'activité économique, un état final mettant en rapport des périodes données, mesurées statistiquement par des taux de variation en termes de volume.

L'approche néo-classique utilise les notions de facteurs de production et de progrès technique pour expliquer la croissance. Il existe donc une croissance extensive lorsque l'économie voit surtout se développer les facteurs de production (capital et travail). Il y a, par contre, croissance intensive, quand celle-ci est due aux gains de productivité.

Les économistes de l'école autrichienne n'insistent pas sur la valeur et l'évolution de l'agrégat PIB, c'est-à-dire sur une mesure de la variation quantitative d'une valeur globale. Mais ils analysent les explications logiques et individuelles de cette croissance. En effet, on remarque que les pays qui disposent de droits de propriété variés et perdurants, où les individus peuvent entreprendre en laissant épanouir leur libre initiative avec des politiques de libre-échange, sont des régions qui connaissent une forte croissance. Par contre, les pays où l'État intervient de façon permanente ou fréquente par des politiques industrielles, économiques, fiscales, protectionnistes et règlementaires sont des régions, en règle général, de faible croissance.

Aussi, Henri Lepage en 1982, enrichit la définition de la croissance :

« Le mot croissance n'est donc pas seulement synonyme d'accumulation croissante. Il est ainsi, d'abord et avant tout, l'expression d'un mouvement dynamique dont la caractéristique est de contraindre les producteurs à offrir aux consommateurs les moyens d'accéder à des "technologies" d'usage de leur temps de plus en plus efficientes. »

Il est ainsi évident que la notion de croissance ne repose pas uniquement sur la fonction de production. Il faut introduire, comme le présente Gary Becker, dans sa théorie du capital humain, les capacités individuelles dans l'acquisition et accumulation des connaissances, ce qui constitue le capital immatériel des individus. Certains économistes de l'école autrichienne insistent pour 'retrouver' l'entrepreneur, en ne confondant pas producteur et entrepreneur. Le marché est une procédure de découverte et l'entrepreneur est un réducteur d'ignorance. La valeur individuelle du temps pousse les intervenants sur le marché à rechercher des moyens d'économiser cette ressource rare. La croissance est corollaire aux gains de pouvoir d'achat, non seulement en valeur, mais aussi en nombres croissants de consommateurs disposés à acheter des produits de plus en plus finement adaptés à leurs exigences. D'où une diversification des produits sur le marché et une segmentation de ce dernier.

Il existe différentes approches et théories de la croissance, mais il est communément admis que la demande des consommateurs met en mouvement la croissance économique, d'où aussi l'idée qu'en cas de chute des dépenses de consommation, en cas de crise par exemple, une bonne partie des économistes et en spécial les dirigeants politiques pensent que pour « relancer l'économie » il suffit aussi de relancer les dépenses de consommation. Ainsi les dirigeants politiques croient que la clé de la croissance économique dépend de « l'injection de liquidités » pour créer la demande de biens et services. La « croissance économique » ne se réalise pas parce que les gens consomment et dépensent plus, au contraire, les consommateurs dépensent et achetent plus parce que c'est un des effets notables de la croissance économique.

La « croissance du PIB » mesure du progrès économique ?

Il est admis, pour une large partie des économistes, qu'il existe une corrélation entre la « croissance du PIB » et le progrès économique. Il est tout aussi admis que le PIB ne « mesure » pas le bien-être, la santé et le bonheur. Dans l'évolution des récentes « révolutions statistiques » sont nés des multiples d'indicateurs statistiques : empreinte écologique, indicateur de développement durable, indice de développement humain, entre autres.

Il est presque certain que toute cette fièvre statistique découle du besoin de toujours découvrir le meilleur critère statistique possible pour nous apporter l'image la plus fidèle de la réalité, telle que nous la vivons quotidiennement. Les statisticiens veulent toujours faire mieux pour essayer de rendre "objectives" les réalités et valeurs "subjectives". Compiler des données pour qui ? dans quel objectif ? en quoi cela contribue aux formules magiques des gouvernements pour vraiment nous apporter le progrès économique ?

L'idée de supercalculateur est sans doute un vieux rêve des totalitaristes, l'idée que les affaires d'une nation doivent être le plus ordonnées possible, il n'est pas étonnant alors de voir tous les planificateurs mondiaux saluer, avec bonheur, chaque nouveau pas dans l'application de nouveaux indices statistiques. Ce n'est toujours pas gagné que cela contribue vraiment au progrès économique.

La recherche des économistes reconnaît depuis longtemps que la croissance[1] des petites et moyennes entreprises (PME), par l'intermédiaire de l'esprit d'entreprise[2], constituent un moteur majeur de la croissance économique[3]. Jonathan Hughes, en 1965[4], a examiné l'influence des entrepreneurs rares mais indispensables, les "vital few", dans la promotion de la croissance économique. La grande valeur de sa contribution réside dans le fait qu'il reconnaît le rôle de l'entrepreneur dans la secteur public aussi bien que dans le secteur privé, à la différence qu'il considère que l'entrepreneur du secteur public comme étant très fortement impliqué dans la croissance de la bureaucratie. Les personnes qui ont des personnalités entrepreneuriales, conclut-il, doivent être attirées vers le secteur privé où, grâce aux marchés concurrentiels, les incitations sont mieux alignées sur l'intérêt public à long terme.

Comprendre les facteurs de la croissance présente un intérêt économique et politique général, notamment parce que les entreprises axées sur la croissance sont une source importante de création d'emplois[5] et de revenus dans les économies de marché. Ces éléments sont des déclencheurs favorables à l'élection ou à la réélection des femmes et hommes politiques. En adoptant une perspective comparative internationale, l'historien économique, Eric Jones soutient que l'esprit d'entreprise est une caractéristique naturelle du comportement humain. Ses études (1981[6], 1988[7]), sur le miracle économique européen et la récurrence de la croissance économique mondiale, montrent que l'État peut soit encourager, soit réprimer cet élan entrepreneurial. Un régime de liberté dans un État de droit fourni le cadre aux entrepreneurs pour s'exprimer favorablement, ce qui permet aux gens de faire des expériences réussies d'organisation commerciale et industrielle à leurs propres frais. La répression, au contraire, survient lorsque les mains des élites occupent le pouvoir politique et lorsqu'elles pensent être les mieux placées pour savoir quelles expériences sont socialement souhaitables et lesquelles ne le sont pas. Elles subventionnent alors des expériences prestigieuses avec les impôts des contribuables et elles répriment les expériences entrepreneuriales ordinaires parce qu'elles sont considérées comme inutiles, immorales ou politiquement subversives.

Erreur fréquente : le culte de la croissance éternelle de la part des libéraux

Il existe une façon abusive et simplifiée d'accuser les libéraux d'adorateurs du culte de la croissance.

Si la croissance économique est largement acceptée comme un attribut souhaitable pour le niveau de vie dans l'économie, les libéraux n'ignorent pas pourtant les lacunes qui entourent le concept de croissance et celui de « Comptabilité nationale ». La « guerre des chiffres » autour des pourcentages annoncés comme « données officielles » n'est pas une prérogative à titre de culte, les libéraux n'attachent aucune adoration particulière au calcul d'agrégats.

La preuve de l'absence de culte aveugle de la croissance peut être attestée par les différentes critiques tenues à l'encontre des illusoires élixirs et panacées proposées par des planificateurs nationaux et internationaux. En effet la critique libérale s'efforce de distinguer les bonnes des mauvaises incitations à l'investissement, les bonnes et les mauvaises politiques de développement, les conséquences des stimulus à la croissance encouragés par la puissance publique. L'idée que l'État est le pilote de l'avion de l'économie est une idée intrinsèquement étatiste, la rhétorique de la croissance, indépendamment des intentions de ceux qui l'utilisent, a souvent plutôt servi les intérêts des étatistes.

Nous pouvons constater que ni l'augmentation de la consommation, ni l'augmentation quantitative de monnaie sont garants d'une croissance saine. Une croissance matérielle infinie (si on pouvait exclure aussi le fait que les biens économiques ont une durée de vie limitée) sur une planète aux ressources limitées est impossible, et c'est précisément par le processus de marché que ces mêmes ressources peuvent être mieux gérées, par le mécanisme des prix, la loi de l'offre et de la demande et par la revalorisation des droits de Propriété.

Si les expressions « croissance perpétuelle » ou « croissance éternelle » avaient un sens économique cela se saurait. Par ailleurs, comme l'a déjà affirmé François Guillaumat, c’est commode de désigner ses adversaires par des termes qu’on ne comprend pas soi-même, et pour proposer leurs « remèdes miracles » les falsificateurs n'hésitent pas à attribuer à leurs adversaires des notions et concepts qui n'ont jamais été soutenues, dans le moindre des cas cette mise en accusation est considérée comme un malentendu grotesque et absurde.

Ainsi des différentes théories telles la "croissance zéro" voulant nous prouver les "limites de la croissance" postulent que le "mythe de la croissance" vit ses derniers jours car ses théoriciens croient avoir trouvé la faille : une croissance illimitée est impossible car on vit dans un monde limité. On nous dira que si l'économie n'existait pas fallait bien un jour l'inventer. Pas besoin d'un cours magistral pour comprendre que dans notre monde fini l'idée de l'infini n'est même pas concevable, mais de là à prétendre que les libéraux ont toujours soutenu cette idée d'éternité au sens quasi-religieux, il fallait bien un jour aussi l'inventer.

La réalité est la suivante :

  • ce sont avant tout les étatistes qui préconisent une croissance indéfinie, seule possibilité pour eux de rembourser une dette publique elle-même toujours croissante ;
  • une croissance indéfinie est possible dans l'immatériel, par l'innovation, l'amélioration des services existants, permettant précisément l'économie des ressources finies ; affirmer le contraire relève du sophisme matérialiste.

Critique autrichienne de la « croissance »

Pour Murray Rothbard, le concept populaire de croissance est une construction imaginaire collectiviste analogue à la notion biologique d'organisme vivant :

« La mode des “théories de la croissance” suppose que chaque économie serait mystérieusement destinée, comme un organisme vivant, à “croître” d’une façon déterminée à un taux défini (en négligeant, dans ce bel enthousiasme, que certaines “économies” “croissent”... à reculons). »

Pour Rothbard : « L’emploi de telles analogies sémantiques tend à faire oublier, voire à nier, la volonté et la conscience individuelles dans les domaines économique et social. »

Par ailleurs, dans un marché libre, chaque individu décide de combien il veut économiser afin d'augmenter son niveau de vie futur, tout comme combien il veut consommer dans le présent.

S'il découle que le total de l'investissement en capital soit un reflet de décisions individuelles volontaires, l'économiste, par conséquent, n'a aucune justification éthique en approuvant la « croissance » comme une fin en soi. Chacun obtient autant de « croissance » qu'il le souhaite et dans l'ensemble tout le monde profite des placements et de l'épargne réalisées par ceux qui économisent volontairement.

Qu'arrive-t-il si le gouvernement décide de stimuler le taux de croissance ? Ce n'est plus à chaque individu de décider combien il veut « croître » volontairement : l'investissement dans ce cas ne peut venir que de l'épargne forcée de certains individus. Bref, si A, B ou C « grandissent » par l'investissement obligatoire, c'est toujours au détriment de D, E ou F qui sont contraints d'épargner. Nous ne pouvons plus dire que le niveau de vie de chaque personne active augmente, sous un régime de croissance obligatoire ce sont surtout les épargnants les grands perdants.

L'économiste Wertfrei ne peut donc affirmer que le niveau de vie de la société s'agrandit. La « croissance » ne peut pas être une valeur absolue, surtout lorsque l'économiste place la « société » en dehors des décisions individuelles volontaires ; le niveau de vie de « la société » ne peut être meilleur en imposant des pertes à certains pour faire croître une autre partie des individus, ce qui est plutôt une régression pour la plupart des gens.

Notes et références

  1. E. Garnsey, 1998, "A theory of the early growth of the firm", Industrial and Corporate Change, Vol 7, pp523-556
  2. Per Davidsson, F. Delmar, Johan Wiklund, 2002, "Entrepreneurship as Growth: Growth as Entrepreneurship", In: M. A. Hitt, R .D. Ireland, S. M. Camp, D. L. Sexton, dir., "Strategic entrepreneurship: Creating a new mindset", Oxford: Blackwell, pp328-340
  3. D. Valliere, 2006, "Consequences of growth: Shaping entrepreneurial attitudes", International Journal of Entrepreneurship and Innovation, Vol 7, pp141-148
  4. Jonathan R. T. Hughes, 1965, "The vital few: The Entrepreneur and American Economic Progress", New York
  5. J. Henderson, S. Weiler, 2010, "Entrepreneurs and Job Growth: Probing the Boundaries of Time and Space", Economic Development Quarterly, Vol 24, pp23-32
  6. Eric Jones, 1981, "The European Miracle", Cambridge
  7. Eric Jones, 1988, "Growth Recurring", Oxford

Citations

  • « Chiffrer un revenu national ou la richesse d'une nation n'a point de sens ; dès que l'on s'engage dans des considérations étrangères au raisonnement d'un homme opérant dans le cadre d'une société de marché, nous ne pouvons plus nous appuyer sur les méthodes de calcul monétaire. Les tentatives pour définir en monnaie la richesse d'une nation ou du genre humain entier sont un enfantillage du même genre que les efforts mystiques pour résoudre les énigmes de l'univers en méditant sur les dimensions de la pyramide de Chéops. » (Ludwig von Mises à propos de la sphère du calcul économique)
  • « La vraie question pour la croissance future n'est pas celle de l'épuisement des ressources utilisées aujourd'hui ; c'est la faillite de l'imagination de sociétés tellement nombrilistes qu'elles n'imaginent pas que l'avenir puisse être autrement que le présent. C'est cette faillite de l'imagination sous la pression du managérialisme. Il est tout à fait possible que cela conduise à la fin de la croissance ; mais si cela arrive, nous ne pourrons que nous le reprocher, plutôt que de croire que c'est la conséquence inéluctable d'un mode de vie insoutenable. » (Alexandre Delaigue)
  • « Ce qui permet la croissance, ce n’est pas une série de règles économiques plus ou moins efficaces mais la sécurité juridique qui est offerte aux entrepreneurs. La croissance économique se produit tout simplement parce que le vol étatique n’est plus possible. » (Charles Gave)

Bibliographie

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  • 1963, Everett Hagen, "How economic growth begins: a theory of social change", Journal of Social Issues, 19(1), pp20-34
  • 1966, Jacob Schmookler, "Invention and Economic Growth", Cambridge: Harvard University Press
  • 1983, N. C. Churchill, VML Lewis, "The five stages of small business growth", Harvard Business Review, 83 (3), pp3-12
  • 1987, S. Birley, "New ventures and employment growth", Journal of Business Venturing, 2 (2), pp155-165
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  • 2017, Michael Fritsch, "Entrepreneurship and growth: a personal story", In: David Audretsch, E. E. Lehmann, dir., "The Routledge Companion to the Makers of Modern Entrepreneurship", New York: Routledge, pp116-129

Voir aussi

Liens externes


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