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Salaire

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Le salaire est le paiement périodique que reçoit d'une entreprise un salarié, en échange de son travail, conformément à un contrat de travail.

Différence entre salaire et profit

Le salarié loue son travail à son employeur, et transforme un certain nombre de produits, dont le droit de propriété appartient à l'entrepreneur (à l'actionnaire, en réalité). L'employé est payé pour ce travail, pour cette location de travail, indépendamment du fait que l'objet qu'il a transformé soit vendu ou non. A l'inverse, l'employeur ou le capitaliste eux, achètent le travail de l'employé, et la transformation des objets qu'il a permis, sans savoir si cet objet dont ils détiennent la propriété, va être vendu.

En clair, l'employé a un salaire avancé sur la vente, et l'employeur ou l'actionnaire parie sur une éventuelle vente future de l'objet/service qu'il a en sa propriété. Ce qui se traduit simplement par une prise de risque pour l'employeur ou le capitaliste que le salarié ne prend pas. On dit que le salarié a une préférence temporelle pour le présent (puisqu'il préfère vendre un service pour toucher de l'argent maintenant, plutôt que de vendre le produit transformé dans le futur), et l'employeur ou l'actionnaire a une préférence temporelle pour le futur (puisqu'il préfère acheter maintenant un service, pour vendre éventuellement l'objet ou le service demain). Le profit est simplement la rémunération de cette préférence temporelle pour le futur, qui n'est rien d'autre que de la rémunération du risque.

Théorie des salaires originels

Pour Adam Smith, comme pour d'autres, dans les économies pré-capitalistes, tous les revenus proviendraient des salaires reçus par les travailleurs. Les salaires sont donc le revenu originel. Cette théorie se rattache à celle de la valeur-travail. Les profits, eux, ne seraient donc apparus qu'avec le capitalisme. Et ne seraient rien d'autre que les revenus du capitaliste, issus et soustraits des salaires.

On trouve la même logique chez Karl Marx.

Cette théorie a été vivement critiquée par les économistes autrichiens, qui soutiennent au contraire que, dans les économies précapitalistes, seuls les profits existaient, et que les salaires ne sont apparus qu'avec l'avènement du capitalisme.

Point de vue keynésien

Le keynésianisme offre l'avantage (au moins pour les politiciens et certains économistes) de pouvoir justifier tout et son contraire. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les salaires :

Pendant des années, les économistes keynésiens nous ont expliqué que la cause essentielle du chômage résidait dans l’insuffisance des salaires. Avides de faire un profit immédiat, les employeurs proposeraient des salaires trop bas, la généralisation de ce comportement aboutissant à une insuffisance de la demande globale.
(...) Après avoir dénoncé les méfaits des mécanismes du marché du travail responsables de salaires de misère, les théories de la Nouvelle Économie Keynésienne (N.E.K.) nous expliquent aujourd’hui, à grands renforts d’équations, quasiment le contraire. La théorie du salaire d’efficience résume bien cette nouvelle position. Selon cette théorie, les employeurs, dans un souci d’attirer les meilleurs employés ou de conserver les plus motivés et retenir les plus qualifiés (de limiter le turn-over), vont proposer des salaires supérieurs au salaire d’équilibre. Si on laisse alors les agents libres de s’entendre autour de la détermination d’un tel salaire d’efficience, la généralisation de ce comportement aboutira au niveau macroéconomique à un chômage qualifié « d’équilibre ».
(...) Même si l’on admet implicitement que les employeurs ne sont plus d’avides exploiteurs, ils produisent à leur insu le chômage en voulant récompenser les plus compétents ! (Jean-Louis Caccomo)

Don Bellante, en se fondant sur une perspective de l'école autrichienne de l'entrepreneurship et de la théorie des cycles économiques, critique cette vision néo-keynesienne du marché du travail qui ferait apparaître, soi-disant, des salaires d'efficience. Il condamne la prémisse du Modèle néo-keynesien selon laquelle toutes les entreprises offrent un salaire au-dessus du salaire de concurrence. Cela peut s'avérer vrai pour une ou plusieurs entreprises dans un secteur mais pas pour toutes, nous indique Don Bellante ; car sinon, le salaire ne peut plus être connu. En fait, ces économistes raisonnent comme si toutes les entreprises étaient uniformes en technologie. Et, la structure de production reposant sur un capital hétérogène est complètement omis. Dans l'approche des néo-keynesiens, il n'existe pas de processus. Ces économistes partent d'un point u de chômage pour définir un salaire w. Or, leur raisonnement est inverse de la logique. Selon les auteurs autrichiens, la rigidité à la baisse des salaires (stickiness) est prépondérante non pas dans la phase première de la crise mais dans la seconde phase de contraction de l'économie. La coordination des agents économiques est possible, non pas à cause de la rigidité ou non d'agrégat (prix, salaire), mais parce qu'il existe des entrepreneurs susceptibles de percevoir des gains provenant de salaires trop élevés chez le concurrent et qui contractent volontairement avec d'autres entrepreneurs (travailleurs) qui offrent leurs services (force de travail).

Théorie du salaire chez Murray Rothbard

Un individu utilise ses capacités au travail. Ce facteur qu'il incorpore dans le processus de production est rémunéré, c'est ce que l'on appelle le salaire. Cependant, si un homme ou une femme loue ses capacités de travail, ne peut-on pas en déduire qu'il s'agit là de l'esclavagisme ? Non, nous répond Murray Rothbard. Car l'être humain est propriétaire de lui-même. C'est un Droit inaliénable. C'est à dire que, même s'il choisit sa liberté de se placer en servitude, ce droit est irréalisable et inacceptable par tous les gens vivant sur terre. Donc, on ne peut pas capitaliser sur les revenus futurs d'un individu et vendre ou acheter cette capitalisation. Par contre, un homme ou une femme peuvent louer leurs services pour une période déterminée.

Un salaire est le terme décrivant le paiement des services à l'unité d'un facteur travail. Un salaire, donc, est un cas spécial d'un loyer, c'est la location du travail. Sur un marché libre, ce loyer, bien sûr, ne peut pas être capitalisé, puisque l'ensemble du facteur travail, l'homme/la femme, ne peut pas être acheté et vendu pour un certain prix, son revenu doit s'accumuler pour son propriétaire.
C'est ce qui arrive précisément, cependant, sous un régime d'esclavagisme. Le salaire, en fait, est la seule source de loyer qui ne peut pas être capitalisé sur un marché libre, puisque chaque homme est nécessairement propriétaire de lui-même avec une volonté inaliénable.
Murray Rothbard (Man, Economy and State)

A propos de la séparation du salaire des gestionnaires avec le revenu des propriétaires dans une entreprise, Murray Rothbard rejoint les analyses d'Armen Alchian. Le manager est un travailleur comme les autres dans l'entreprise. Il reçoit une rémunération pour superviser les autres travailleurs. A la différence du travailleur indépendant qui cumule les fonctions de manager et de producteur, l'entreprise moderne par actions sépare les fonctions de gestion et celle de production.

Il est certainement vrai que, dans une entreprise détenue par des actionnaires, les propriétaires engagent des managers afin de surveiller les travailleurs, alors que les travailleurs indépendants effectuent leur propre travail managérial. Un manager est un travailleur embauché comme tous les autres travailleurs. Le PDG d'une compagnie, comme le fossoyeur, incorpore son travail dans le processus de production. Le prix du travail managérial est déterminé de la même façon qu'un autre travail.
Sur le marché, le revenu d'un travailleur indépendant inclut le salaire courant pour ce type de travail managérial, que l'actionnaire, bien sûr, ne recevra pas. Aussi, nous voyons, que, loin de rendre l'analyse économique obsolète, le monde moderne de l'entreprise aide l'analyse en séparant et en simplifiant les fonctions dans la production, précisément dans la fonction managériale.
Murray Rothbard (Man, Economy and State)

Citations

  • L'une des parties, le Capital, prendra la charge de tous les risques et la compensation de tous les profits extraordinaires, tandis que l'autre partie, le Travail, s'assurera les avantages de la fixité. Telle est l'origine du salaire. (...) Plus tard, les deux associés, sans rompre l'association, traitèrent à forfait du risque commun. Il fut convenu que l'une des parties donnerait à l'autre une rémunération fixe, et qu'elle assumerait sur elle-même tous les risques comme la direction de l'entreprise. Quand cette fixité échoit au travail antérieur, au capital, elle s'appelle Intérêt ; quand elle échoit au travail actuel, elle se nomme Salaire.  (Frédéric Bastiat, Harmonies économiques)
  • Tout salaire mérite travail. (Yvon Gattaz)
  • Seul le travail accompli pour le compte d'autrui et à sa demande mérite le salaire pour lequel il a été négocié, selon le principe bien plus réaliste que tout contrat légal doit être exécuté. Le non-paiement du salaire dans ce cas serait une forme de "vol", pour parler simple. Mais il n'est pas question, ni de payer un travail inutile ou contreproductif par rapport à ses propres intérêts, ni de considérer qu'il existe un mérite inhérent à creuser des trous d'un côté d'un mur pour les remplir de l'autre côté. ( Liberaux.org)
  • Faut-il ici rappeler que le salariat est une invention de la révolution française ? Assez rapidement après la suppression des corporations qui donnaient un statut aux producteurs, les révolutionnaires ont préféré le contrat de travail au contrat de louage pour encadrer les relations entre le donneur d’ordres et le fournisseur de main-d’œuvre. Pour les révolutionnaires, la meilleure façon de stabiliser la production, et d’éviter l’absentéisme sur les chantiers ou dans les usines, a consisté à prévoir une relation à durée indéterminée entre chacune des parties, ce que le contrat de louage ne permettait pas. (...) On a oublié aujourd’hui l’aberration que constitue cette invention, qui prolonge, modernise, la relation féodale : le salarié appartient à vie à son employeur qui lui doit le couvert et la subsistance. (Éric Verhaeghe, 29/09/2015)

Bibliographie

  • 2000, T. Bates, L. Servon, "Viewing self-employment as a response to lack of suitable opportunities for wage work", National Journal of Sociology, 12(2), pp25–53

Voir aussi

Liens externes


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