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Joseph Priestley

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Joseph Priestley
Philosophe

Dates 1733 - 1804
Josephpriestley.jpg
Tendance Libéral de gauche
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni
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Citation
Interwikis sur Joseph Priestley

Joseph Priestley (Birstall Fieldhead, v. Leeds, Yorkshire, 13 mars 1733 – Northumberland, Pennsylvanie, 6 février 1804) est un chimiste, physicien, philosophe et théologien anglais, figure controversée de l’âge des Lumières.

Le pédagogue

Fils d’un tailleur calviniste, après des études à l’académie dissidente de Daventry (1752-1755), il dirige une école ce qui l’amène à se pencher sur les questions d’éducation, introduisant des cours pratiques de sciences et l’enseignement de l’histoire moderne (et non plus seulement de l’histoire ancienne) et publiant des rudiments de grammaire anglaise, manuel suffisamment en avance sur son temps pour rester en usage pendant un demi-siècle. Membre de l’église presbytérienne, il enseigne les Langues et Belles Lettres à l’académie Warrington (1761-1767), dans le Lancashire, le plus important établissement dissident. Il enseigna aussi la chimie et, une année durant, l’anatomie ; il créa une petite bibliothèque et, à une époque où l’on manquait de manuels dans toutes les disciplines, il poursuivit tout au long de sa vie la rédaction d’ouvrages éducatifs. Il écrit donc sur tous les sujets : grammaire, éducation, politique, histoire et religion. Il subit l’influence de John Locke et surtout de David Hartley. Priestley préconisait pour les femmes un niveau d’éducation très supérieur à celui qui était d’usage à l’époque. La crainte profonde qu’il avait de voir l’État régir l’éducation et l’uniformité régner de ce fait à la place de la variété et de la liberté dans le domaine de la pensée et des croyances, l’empêchèrent de préconiser un système national.

Le chimiste

Comme chimiste, il a entre autre découvert que le charbon de bois conduit l’électricité et Benjamin Franklin l’encourage à publier son Histoire de l’électricité. Il publie des Observations sur différentes espèces d’air (1772) : au moyen d’une cuve à mercure, il isole des gaz comme l’ammoniac, le protoxyde d’azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone. En 1774, il produit de l’oxygène en décomposant de la chaux de mercure (ou oxyde HgO) au Soleil avec une lentille et comprend son rôle dans la combustion et la respiration des végétaux. Cependant, en tant que partisan de la théorie du phlogistique, il nomma ce nouveau gaz l'air déphlogistiqué et ne se rendit pas compte de l'importance de sa découverte. En collaboration avec Henry Cavendish, il démontra que l'eau est un corps composé. Il est souvent crédité de la création de l’eau gazéifié (1796). Au cours de sa carrière, Priestley resta opposé aux théories révolutionnaires du chimiste français Antoine de Lavoisier, qui donna à l'oxygène son nom. Il avait été élu à la Royal Society (1766), à l’Académie des sciences (France) en 1772 et à l’Académie de Saint-Pétersbourg (1780). Il est considéré comme un des fondateurs de la chimie moderne.

Le penseur radical

Il exerce les fonctions de pasteur, d’abord à Leeds (1767) puis à Birmingham (1780). Il s'est rallié à la pensée unitaire, c’est à dire qu’il croit à l’unité de Dieu et il rejette la divinité du Christ et la Trinité, ce qui le fait considérer comme un radical religieux. Ses pamphlets politiques, attaquant l’église établie et la situation faite aux dissenters et défendant d’abord la liberté civile et le radical Wilkes, et ensuite la cause américaine, lui créent une réputation sulfureuse. Ses idées sur le développement d’un système politique qui permette la plus grande liberté civile possible vont influencer Jeremy Bentham.

A Birmingham, il fréquente les figures de l’industrialisation naissante, John Wilkinson, le maître de forges dont il est le beau-frère, mais aussi Matthew Boulton et James Watt, au sein de la Lunar Society. Les intérêts scientifiques et industriels, méprisés dans l’éducation traditionnelle, étaient précisément pour lui le juste fondement d’une méritocratie prospère. Contrairement à l’opinion traditionnelle généralement répandue, il considérait que c’était les sciences, et non les arts, qui détenaient le rôle libérateur et humanisant dans l’éducation.

Il admettait que « les arts [...] contribuent au développement de la société et de l’humanité, qui est si favorable à l’avancement des sciences », mais c’était à ses yeux dans le domaine scientifique que l’esprit humain atteignait son apogée, « embrassant les objets les plus nobles » et conduisant ainsi à la maîtrise des puissances naturelles, à un accroissement du bien-être de l’humanité et, par voie de conséquence, à un âge d’or. Il défendait une éducation libérale et utile, fondée sur les principes et méthodes de la psychologie de Hartley et propre à servir les intérêts à la fois d’une religion rationnelle et des nouvelles classes d’industriels et de commerçants. Il n’avait aucune admiration pour l’aristocratie héréditaire dont il considérait les écoles dites « publiques » comme immorales et les universités comme répressives. Il défendait les académies dissidentes de la bourgeoisie, plus libérales et plus éclairées, ouvertes à tous, moins onéreuses, qui enseignaient des principes libéraux à la fois en religion et en politique et ressemblaient aux « fleuves qui, en suivant leur cours naturel, fertilisent tout un pays ». Il dépeignait en revanche les universités comme des « mares d’eau stagnante, [...] repoussantes pour le voisinage » et comme des lieux où l’on enseignait des principes « oppressifs et contraires à la liberté ».

Une pensée matérialiste

Son livre intitulé Histoire des corruptions du christianisme (1782), où il radicalise la pensée de Faustus Socinius, est officiellement brûlé en 1785. Sa réflexion théorique est guidée par ses conceptions religieuses, et par son désir de détruire les fausses notions du christianisme et de rétablir la pureté de ce qui était pour lui la doctrine chrétienne originelle. Il veut lutter également contre l’athéisme et l’incroyance qui sont toujours selon lui encouragés par la corruption des doctrines de l’église. Il tente de développer un système de christianisme rationnel qui s’accorderait avec la science et qui garantirait la résurrection, mais qui convaincrait les incroyants et surtout qui éviterait le danger de l’athéisme. Il refuse le dualisme matière/esprit. La matière est définie par ses propriétés et par les forces d’attraction et de répulsion qui selon lui permettent d’expliquer tous les phénomènes de la nature, y compris la pensée et la sensibilité.

Pour Priestley, le refus de l’âme immortelle et l’affirmation de l’extinction entière de l’homme à sa mort n’empêchent pas la résurrection finale de l’homme par Dieu au jour du jugement dernier, en accord avec la doctrine biblique. Sa théorie selon lui n’entraîne pas, comme l’affirment ses critiques, la matérialité de Dieu. Au contraire, l’essence de Dieu est radicalement différente et donc incompréhensible aux hommes. Un corollaire important de son matérialisme est son nécessitarisme. Pour lui cette doctrine de la nécessité postule que la volonté est déterminée par les circonstances où se trouve l’esprit, et que dans un même état d’esprit on fera toujours le même choix. Cette conclusion se déduit de la doctrine de l’association des idées et c’est une loi aussi invariable que les lois de la mécanique. Mais cela ne veut pas dire que l’homme n’est pas responsable de ses décisions ni qu’il n’est pas susceptible de punition et de récompense.

Au contraire, la doctrine de la nécessité philosophique, dans la mesure où elle exclut l’influence directe de Dieu sur l’esprit des hommes qui les incitera à faire le bien ou à éviter le mal, réaffirme la responsabilité de l’être humain. Il affirme le libre arbitre, qu’il définit comme le pouvoir de faire ce que nous voulons et non comme la possibilité de faire plusieurs choses quand toutes les circonstances sont exactement semblables. Son christianisme éclairé laisse peu de place à la révélation et absolument aucune place à l’autorité confessionnelle de l’église.

L’exilé

Priestley, avec des amis dissidents comme Richard Price[1], accueille avec enthousiasme la Révolution française : il écrit un pamphlet en réponse au célèbre livre de Burke contre la Révolution, en qui il voit un événement annonçant le règne de la raison. En raison de son soutien ouvert à la Révolution française, sa maison et son laboratoire sont brûlés en 1791, lors d’émeutes restées célèbres, à la grande joie de Burke. Il doit partir pour Londres et il enseigne l’histoire et les sciences au New College de Hackney. Il reçoit la nationalité française par décret du 25 août 1792. En septembre 1792, le département de Rhône-et-Loire le choisit comme un de ses députés à la Convention. En 1793, la guerre contre la France rend sa présence en Angleterre toujours plus délicate et il émigre aux États-Unis où il sympathise avec John Adams et Thomas Jefferson. Il continue d’écrire et meurt d’un empoisonnement accidentel.

Principaux ouvrages

  • Liberal Education for Civil and Active Life (1765)
  • The History and Present State of Electricity (1767)
  • 1768, "The First Principles of Government and the Nature of Political, Civil and Religious Liberty"
    • Seconde édition en 1771, "Essay on the First Principles of Government, and on the Nature of Political, Civil, and Religious Liberty", London
  • Disquisition relating to Matter and Spirit (1771)
  • The History of the Present State of the Discoveries relating to Vision, Light and Colours (1772)
  • Experiments and Observations on Different Kinds of Air (1774)
  • The State of Public Liberty in General and of American Affairs in Particular (1774)
  • A Course of Lecturs on Oratory and Criticism (1777)
  • The History of the Corruptions of Christianity (1782)
  • The Doctrine of Philosophic Necessity Illustrated (1782)
  • History of Early Opinions Concerning Jesus Christ (1786)
  • A Political Dialogue on the General Principles of Government (1791)

Sources


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