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Nationalisme

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Le nationalisme est une idéologie qui soutient que la société civile doit être organisée et confinée dans l'État-nation. Selon cette doctrine, les principales valeurs sont l’intégrité et unité de la nation, la préservation et prestige d'une identité unique, l'esprit d'indépendance et la conservation du principe de souveraineté. Le nationalisme considère l'identité des individus comme faisant partie intégrante de la nation. Pour les nationalistes, la nation est la seule base légitime de l'État : on parle ainsi d’État-nation, supposé garantir l'existence de la nation et préserver son identité en lui assurant l'usage d'un territoire sur lequel prédomine la culture nationale ou le peuple qui fonde son identité.

Qu'est ce que le nationalisme ?

Le nationalisme est la revendication d’une communauté sur la base d'une unité politique. Le même terme qualifie la volonté de puissance qui s’exprime dans une nation. L’idéologie nationaliste s’est d’abord avancée au XIXe siècle sous des dehors libéraux et anti-monarchistes. A la veille du XXe siècle. elle irrigue largement les courants anti-démocratiques et renferme des potentialités totalitaires avec la figure toute-puissante d’un État-nation. Le nationalisme a souvent tendance à renforcer la prolifération de l'étatisme avec comme conséquences une croissance de l'interventionnisme et son corollaire le protectionnisme. C’est une religion séculaire qui désigne des ennemis intérieurs et extérieurs et interprète le passé dont son projet politique est considéré comme un aboutissement.

Beaucoup de politiques nationalistes ont été essentiellement menées contre quelque chose : l’antisémitisme peut regrouper des nationalistes de nationalité différente.

Fichte (1762-1814) dans son Discours à la nation allemande après la défaite prussienne érige la France en contre-modèle. Le peuple allemand est celui qui possède « le plus nettement le germe de la perfectibilité humaine », d’où la coïncidence entre germanité et humanité. Le rôle de l’État est magnifié pour arracher les jeunes cerveaux à la tutelle des parents et de l’Église. Mommsen (1817-1903) apporte son soutien à la politique de Bismarck en Alsace alors que son confrère Fustel de Coulanges (1830-1899) invoque la libre volonté des Alsaciens illustrant deux conceptions : Staatsnation et Kulturnation. Cette dernière tend à s’imposer au reste de l’Europe. « Le Français est homme par nature et Français par accident, tandis que l’Allemand se sent d’abord Allemand, et homme à travers sa qualité d’Allemand »(Louis Dumont).

Le nationalisme finit par aboutir à l'écrasement de l'individu au profit du collectif :

L'individu doit finir par réaliser que son propre ego n'a aucune importance en comparaison avec l'existence de la nation, que la position de l'individu n'est conditionnée que par les intérêts de la nation dans son ensemble. L'esprit et la volonté de la nation unie valent bien plus que la liberté d'esprit et la volonté individuelles. (Adolf Hitler)

Point de vue libéral

Pour les libéraux, le nationalisme procède d'une sacralisation de la nation, et lui donne un contenu politique qui devient dangereux puisqu'il s'affirme au détriment des autres. Il est souvent utilisé par les États-nations pour justifier le protectionnisme. Au prétexte de défendre les intérêts économiques, sociaux ou culturels de la nation, on organise le rejet de l'étranger, et on dresse les peuples les uns contre les autres. Le nationalisme conduit à l'incompréhension et au conflit. Il pose la suprématie du collectif sur l'individuel, au nom de la souveraineté nationale : la nation est alors le prétexte d'une réduction des libertés individuelles et d'une atteinte aux droits de propriété. On aboutit à la négation de la souveraineté de l'individu.

On peut distinguer différentes formes (ou différents degrés) de nationalisme :

  1. au niveau individuel, c'est un sentiment d'attachement à la nation, à l'idée nationale ;
  2. au niveau collectif, c'est la volonté d'un peuple de préserver une identité commune et souvent de posséder un territoire national ;
  3. au niveau du pouvoir, le nationalisme, au-delà d'une doctrine politique qui affirme la primauté de l'intérêt national, peut être une idéologie imprimée par les gouvernants et destinée à conforter leur pouvoir.

Point de vue libertarien

Pour les libertariens, le nationalisme procède d'une illusion collectiviste, celle de l'État-société ou de l'État-nation. Pour les nationalistes, la nation est quelque chose de coercitif par nature, et le fait d' « appartenir » à une nation donne à celle-ci, ipso facto, tous les droits sur l'individu (ou des droits très étendus). Comme la nation reste quelque chose d'abstrait, on tend à confondre l'État avec la nation et avec la société civile, et donc à approuver toute action de l'État comme si c'était une action du pays tout entier, et à refuser toute limitation de l'État comme si c'était une détérioration de la société civile. Un des stratagèmes les plus employés par les hommes politiques est de parler du "peuple" et de la "nation" quand en fait ils parlent de l’État ou du gouvernement.

Pour un libertarien, l'individu prime toujours sur le collectif. L'individu peut (ou non) avoir un sentiment "identitaire" qui le fait se sentir membre d'une nation, pour autant il n'a aucune obligation à se sacrifier pour la collectivité ni à accepter de contrainte d'origine collective.

Lien historique

Il y a un lien entre libéralisme et nationalisme, mais il est uniquement historique. Dès la Révolution française et pendant tout le XIXe siècle à partir du Congrès de Vienne (1815), le libéralisme est associé aux revendications nationales des peuples (ce qu'on appellera au XXe siècle le Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes), et s'oppose aux empires ou royaumes autoritaires d'Ancien Régime (Autriche, Russie, Prusse) qui s'évertuent à conserver les privilèges héréditaires de la Noblesse, mis à mal par les idées révolutionnaires, qu'elles soient libérales, républicaines ou bonapartistes. C'est en ce sens que Max Stirner parle du libéralisme comme d'une "religion d'État, la religion de l'« État libre »".

Les nationalistes essayent souvent de se faire passer pour des libéraux, ce qui est en contradiction avec leurs tendances conservatrices ou réactionnaires (voir par exemple leurs opinions en matière de liberté des mœurs, ou sur l'immigration).

Citations

  • Mon pays est supérieur à tous les autres parce que j'y suis né. (G. Bernard Shaw)
  • Le patriotisme est le dernier recours du scélérat. (Samuel Johnson, 7 avril 1775, cité par James Boswell dans La Vie de Samuel Johnson). Ambrose Bierce : « Avec tout le respect dû à un brillant quoique inférieur lexicographe, je me permets d'affirmer que c'est le premier ».
  • Qu’est-ce que le patriotisme et, avant cela, qu’est-ce qu’une nation ? Elle est pour moi un ensemble de sentiments d’appartenance à une tradition, à une histoire, à une aire culturelle, etc. Sentiments assez variables d’un individu à un autre. Or, le sens de ce mot a aujourd’hui changé : l’État a en quelque sorte nationalisé la nation en prétendant en être le défenseur. C’est absurde et inadmissible, puisque c’est une question de sentiments personnels. On en arrive à cette notion d’intérêt économique national, tout aussi absurde, que l’État prétend prendre en main. Il n’existe en réalité que des intérêts particuliers qui entrent en contact les uns avec les autres. (Pascal Salin)
  • Le nationalisme, qui est un processus d'isolement, qui est le résultat de la volonté de puissance, ne peut pas donner la paix au monde. Le nationalisme qui parle de fraternité ment ; il vit dans un état de contradiction. (Krishnamurti)
  • Le patriotisme c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres. (Romain Gary)
  • Le socialisme, aussi longtemps qu'il reste théorique, est internationaliste, mais sitôt mis en pratique, il devient violemment nationaliste. (Friedrich Hayek, La route de la servitude)
  • La notion d’« identité collective » est une fiction idéologique et le fondement du nationalisme. Pour de nombreux ethnologues et anthropologues, l’identité collective ne représente pas la vérité, même parmi les communautés les plus archaïques. Des pratiques et coutumes communes peuvent être cruciales pour la défense d’un groupe, mais la marge d’initiative et de créativité au sein de ses membres pour s’émanciper du groupe est invariablement grande et les différences individuelles prévalent sur les traits collectifs lorsque les individus sont « examinés » chacun séparément et non comme de simples éléments périphériques de la collectivité. (Mario Vargas Llosa, La culture de la liberté)
  • Les Nationalistes ont raison : on ne peut pas renier sa nationalité ; mais les Humanitaires aussi ont raison : on ne doit pas se renfermer dans les bornes étroites de sa nationalité. C'est à l'individualité à résoudre cette contradiction : la nationalité est ma propriété, mais Je ne tiens pas tout entier dans une de mes propriétés ; l'humanité aussi est ma propriété, mais c'est Moi seul qui, par mon unicité, donne à l'homme son existence. (Max Stirner)
  • Le nationalisme est une forme d’expression collectiviste qui réapparaît toujours dans les moments de crise. Quand il y a une crise, il y a ce que Popper appelait le retour à la société tribale, c’est-à-dire à cette forme de protection collectiviste, à cet enfermement. Et c’est une régression, car c’est exactement le contraire de ce qu’est la civilisation, c’est-à-dire l’intégration dans la diversité. C’est une vision tellement sectaire et limitée de la vie qu’elle produit toujours la violence, la guerre, la discrimination, le racisme. Tout cela est derrière le nationalisme. (Mario Vargas Llosa, 27/10/2014)
  • L’homme qui préfère son pays avant toute autre chose présente le même état d’esprit que celui qui délègue tous ses droits à l’État. Tous deux nient que le droit soit supérieur à l'autorité. (Lord Acton)
  • Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture. (Stefan Zweig, Le Monde d'hier, 1942)
  • Un homme qui se respecte n'a pas de patrie. Une patrie, c'est de la glu. (Emil Michel Cioran)

Bibliographie

  • 1928, Carlton J. H. Hayes, "Essays on Nationalism", New York: Macmillan
  • 1931, Carlton J. H. Hayes, "The Historical Evolution of Modern Nationalism", New York: Richard R. Smith
  • 1943, Walter Sulzbach, "National Consciousness", Washington. DC: American Council on Public Affairs
  • 1944, Frederick Hertz, "Nationality in History and Politics", New York: Oxford University Press

Voir aussi

Liens externes

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Critique Du Nationalisme Chez Hayek (for)


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