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Réserves fractionnaires

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Le terme de "système de réserves fractionnaires" (on parle aussi de "couverture partielle") désigne le droit pour une banque commerciale de prêter, par des jeux d'écritures, de l'argent qu'elle n'a pas - en apparence - et sur lequel, outre le remboursement par le débiteur, elle touchera des intérêts. Cette création de monnaie scripturale est tempérée par l'obligation de déposer un pourcentage des encours de crédit de la banque auprès de la banque centrale ("réserves obligatoires"), pourcentage relativement faible en pratique (quelques pourcents). De la même façon, la transformation bancaire consiste à prêter des ressources à court terme (celles des épargnants) pour financer des crédits à long terme (ceux des emprunteurs), la banque se rémunérant à partir de la différence entre taux court et taux long.

On parle dans ce cadre d'effet multiplicateur du crédit, le multiplicateur désignant le rapport entre la base monétaire (monnaie centrale) et la quantité de monnaie issue du crédit accordé par les banques. Ce sont "les crédits qui font les dépôts".

Bank-robbers.png

Un sujet polémique

Les avis des différents théoriciens sont très tranchés, les uns estimant que le système de réserves fractionnaires est une escroquerie, les autres que c'est une innovation capitale en matière de monnaie et de système bancaire :

Le principal théoricien libertarien Murray Rothbard et ses disciples ont adopté le point de vue selon lequel le système de réserves fractionnaires est illégitime et que seulement des réserves à 100 % ou un simple entrepôt bancaire (warehouse banking) est conforme à une législation libertarienne. Rothbard fait valoir qu'une banque qui promet de rembourser ses billets, à la demande, en un or qu'elle ne possède actuellement pas, commet une escroquerie à l'égard de ses clients. Ses partisans affirment que même si le client acceptait l'arrangement en connaissance de cause, la banque et le client deviendraient complices dans une escroquerie à l'égard de tierces parties. Selon eux, « les médias fiduciaires » (c'est-à-dire les billets à couverture partielle et les dépôts), prévalent aujourd'hui grâce à une combinaison de tours de passe-passe bancaires et de restrictions légales contre des banques qui voudraient pratiquer légitimement des réserves à 100 %.
En opposition à ce point de vue, les théoriciens modernes de la banque libre soutiennent que les billets à couverture partielle et les dépôts ont subi avec succès l'épreuve du marché : ils ont prévalu sur les récépissés d'entrepôt (warehouse receipts), car les clients y trouvent mieux leur compte. Aucune escroquerie n'est commise par une banque qui émet des instruments fiduciaires sans en cacher la nature, ce que les banques ont généralement fait. En effet, rien sur un billet n'indique qu'il s'agit d'un récépissé d'entrepôt. Les clients des banques n'ont pas été dupés pendant des siècles, mais ont préféré utiliser l'argent gratuitement entreposé en dépit du risque légèrement plus élevé de défaut de paiement. (Lawrence H. White, "Money and banking", The Encyclopedia of Libertarianism, SAGE Publications, 2008)

La polémique remonte en réalité au XIXe siècle : dans un article du Journal des Economistes (août 1866), l'économiste Victor Modeste (1818-1893)[1] assimile l'encaisse monétaire non garantie par des réserves en monnaie-marchandise (métallique) à de la « fausse monnaie », et Gustave de Molinari pensait de même que les billets de banque non remboursables ne sont plus que des « chiffons de papier ». Au contraire, Jean-Gustave Courcelle-Seneuil défendait la banque libre à réserves fractionnaires.

Risques

Le risque principal que présente ce système est l'impossibilité pour une banque de faire face à ses engagements en mobilisant ses actifs (risque de liquidité), par exemple pour rembourser des déposants qui viendraient retirer leurs fonds en masse par mouvement de panique (bank run), ce qui conduirait à la faillite de la banque (et à la ruine des derniers arrivés).

Un autre risque est l'inexorable croissance de l'endettement général, et principalement de la dette publique :

Des banques commerciales ont reçu une patente pour prêter de l’argent qui n’existe pas encore. En effet, pour 1 de dépôt, les banques commerciales peuvent prêter 99. C'est ce qu'on appelle le système des réserves fractionnaires. Cet argent est prêté pour des dépenses privées (ce que votre conseiller financier appelle "vos projets") ou des investissements, ou enfin des dépenses publiques. Le capital n’existe pas (à 99 %), les prêteurs ne prennent donc pas de risque, surtout s'ils prêtent à des États, ces mêmes États qui leur ont accordé leur licence de création monétaire. Les prêteurs en mauvaise posture seront sauvés par la Banque centrale, leur État donc vous, contribuable. Ainsi tourne ce système dévoyé que nous pourrions appeler "anti-capitalisme". En effet, il fonctionne avec de l'anti-capital, qui est au capital ce que la matière est à l’antimatière. (Simone Wapler, Atlantico, 12/12/2012)

Libéraux opposés

En raison de tous ces risques, plusieurs auteurs libéraux (Murray Rothbard, Jörg Guido Hülsmann, Jesus Huerta de Soto) proscrivent le système de réserves fractionnaires ou prônent des réserves à 100 %, soit pour des raisons morales (on ment aux déposants en leur affirmant qu'ils peuvent retirer leur argent à tout moment[2] — la banque encaisse des intérêts en échange de l'argent fictif qu'elle a créé) ; soit pour des raisons politiques (il est politiquement impossible d'empêcher les hommes de l'État d'abuser du pouvoir de création monétaire) :

« Alors que chacun doit payer ses dettes ou bien être condamné à faire faillite, les banques peuvent refuser de convertir leurs billets, tout en exigeant de leurs débiteurs qu’ils paient à date spécifiée. […] Dans un marché vraiment libre, une telle activité est moralement répréhensible, comme n’importe quelle autre forme de vol. »
    — Murray Rothbard, État, qu’as-tu fait de notre monnaie ?

« Croire que la banque à réserves fractionnaires doit être considérée comme relevant du principe de liberté contractuelle et protégée par celui-ci implique une incompréhension totale de la signification même de ce principe. La liberté contractuelle n'implique pas que tout contrat mutuellement avantageux devrait être autorisé. Il est clair que si A et B acceptent contractuellement de voler C, cela ne serait pas conforme au principe. La liberté contractuelle signifie plutôt que A et B devraient être autorisés à conclure tout contrat, quel qu'il soit, concernant leurs propres propriétés, alors que la banque à réserves fractionnaires implique la conclusion de contrats concernant la propriété de tiers. »
    — Hans-Hermann Hoppe

D'autres auteurs préconisent la séparation complète des banques de dépôt et des banques de crédit, ce qui aurait pour effet de mieux protéger déposants et épargnants. Les banques ne pourraient prêter les sommes déposées sur un dépôt à vue, mais seulement l'argent des épargnants qui leur aurait été confié dans un but d'investissement ; elles seraient alors des intermédiaires entre les épargnants / investisseurs et les emprunteurs.

Pour Jörg Guido Hülsmann[3], on ne peut parler de marché que tant qu'il y a respect des droits de propriété. Avec le système de réserves fractionnaires, deux entités (la banque et son client) deviennent propriétaires d'une même valeur fiduciaire (fiduciary note). Il est donc pour Hülsmann absurde de déclarer que ce système puisse être un "choix du marché" (comme l'affirme Pascal Salin), sinon on pourrait aussi bien affirmer que le cambriolage et le meurtre sont des "choix du marché". Un vrai "marché bancaire" implique donc pour Hülsmann des réserves à 100 %. De même, pour Walter Block, les réserves fractionnaires violent le droit de propriété, en créant davantage de titres de propriété qu'il n'y a de propriété[4].

Maurice Allais compare le système de réserves fractionnaires à du faux-monnayage :

Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n’hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. (La Crise mondiale aujourd’hui, éd. Clément Juglar, 1999)

Allais ne considère pas que ce système soit immoral, ce qui le préoccupe est d'abord son instabilité :

Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d'un dépôt auprès d'une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d'écriture. Reposant essentiellement sur la couverture fractionnaire des dépôts, il est fondamentalement instable. (La crise mondiale d’aujourd’hui, article du Figaro, octobre 1998)

De façon assez similaire, Jesus Huerta de Soto[5] affirme, s'appuyant sur Mises, que l'expansion du crédit et la création de nouveaux moyens de paiement provoquent une distorsion de la "structure productive". Ceux qui soutiennent que le système de réserves fractionnaires n'affecte pas l'équilibre monétaire oublient que l'offre de crédit peut créer sa propre demande : une croissance artificielle découle de l'extension du crédit, alimentant un processus inflationniste et amplifiant les cycles économiques. Ce système, même en régime de banque libre, amène inéluctablement à l'instauration d'un prêteur en dernier ressort, la banque centrale, qui "orchestrera" l'expansion du crédit et prêtera les liquidités nécessaires en cas de problème.

Hans-Hermann Hoppe préconise également un taux de réserve de 100 % sur les dépôts et une stricte séparation entre banques de dépôt et banques de prêt, seules options selon lui conformes à la justice et assurant la stabilité économique.

Libéraux favorables

Le système de réserves fractionnaires repose aujourd'hui sur la confiance que la grande masse des gens a dans le système, parce que, au moins implicitement, l'État se porte garant du système bancaire et des grandes banques ("too big to fail"). Dans un système de banque libre (sans banque centrale) et de monnaie privée, ce serait le marché (c'est-à-dire le consommateur) qui aurait le dernier mot, en optant pour le système de banque qui lui semble le plus avantageux. Dans un monde bancaire marqué aujourd'hui par monopoles et cartels, on ne sait pas ce que pourrait être un tel libre marché, cependant George Selgin souligne que le système de banque libre en Écosse au XVIIIe siècle pratiquait les réserves fractionnaires (sans banque centrale), et qu'il est resté très stable, grâce à l'emploi de « clauses optionnelles » permettant d'éviter les paniques bancaires[6].

Pour François Guillaumat et Georges Lane[7], qui invoquent Hayek et Mises à l'appui de leurs dires, ainsi que pour Pascal Salin ou George Selgin, le système de réserves fractionnaires n'est pas frauduleux et n'est pas un facteur d'instabilité. C'est une innovation juridique comparable à la responsabilité limitée et compatible avec la banque libre. De même qu'on peut acheter ou vendre à terme des biens qui n'existent pas encore (vente à découvert), on peut utiliser un instrument financier à couverture partielle. La création de monnaie par les banques n'est pas un facteur d'instabilité, elle ajuste complètement l'offre et la demande de monnaie, mieux qu'avec des réserves à 100 % qui seraient imposées par l’État. Les désordres monétaires sont liés à la création de monnaie non par les banques mais par l'intervention de l’État s'appuyant sur le monopole monétaire d'émission. Ludwig von Mises ne préconisait des réserves à 100 % que pour des raisons politiques (et non économiques), pour empêcher la tendance inflationniste des hommes de l’État.

Pour Hayek, même si le système de réserves fractionnaires peut accentuer les cycles économiques, c'est le prix à payer pour une croissance supérieure à ce qu'elle serait en son absence. Milton Friedman (A Program for Monetary Stability, 1959) propose, pour stabiliser le système monétaire, un retour à des réserves à 100 % pour les comptes courants, sans se faire d'illusions sur la possibilité d'y parvenir :

Les intérêts politiques qui s'y opposent sont trop forts, et les citoyens qui en bénéficieraient à la fois comme contribuables et comme acteurs économiques sont trop ignorants de ses avantages et trop désorganisés pour avoir une quelconque influence.

De même, David Friedman approuve le système de réserves fractionnaires, plus efficace que les réserves à 100 %, d'autant plus dans un système de banque libre où chaque banque veille dans son propre intérêt à maintenir la valeur de la monnaie qu'elle émet.[8]. Antal E. Fekete affirme qu'un système de réserves fractionnaires est tout à fait sain s'il repose uniquement sur l'or et sur des effets commerciaux (real bills)[9] .

Quelle est la vraie source de la création monétaire ?

Il ne faut en fait pas confondre deux choses : la création monétaire ex nihilo, qui est le fait du monopole d'émission de la banque centrale, source de toutes les bulles spéculatives et d'une inflation continuelle ; et le système des réserves fractionnaires, qui selon un certain nombre d'économistes libéraux fonctionne de façon satisfaisante. On a tendance à confondre ces deux choses, parce qu'elles ont une certaine similarité, alors que l'une des créations monétaires ne s'appuie sur rien (sinon de la dette pure, avec, pour la dette publique, la "perspective" de pouvoir rembourser grâce aux impôts futurs), et que l'autre s'appuie sur des actifs réels en collatéral.

En régime de banque libre, une banque qui proposerait des prêts illimités à des taux très agressifs se mettrait très vite au ban de la communauté bancaire et perdrait sa clientèle (les possesseurs de "billets" de cette banque ou autres unités monétaires demanderaient aussitôt les biens promis selon le contrat de monnaie). En revanche, en régime de monopole de banque centrale, rien ne peut freiner la création monétaire, au bénéfice de l’État et indirectement d'une oligarchie financière.

Le "paradoxe" des intérêts manquants

Une objection faite parfois à l'égard du système de réserves fractionnaires[10] est la suivante : si le système bancaire crée 100 – à l’occasion d’un prêt à une personne du système économique non bancaire – comment peut-on lui rembourser 110 (on suppose que le taux d’intérêt est de 10 %) ? Il semble que la "sphère productive" doive entrer dans une spirale indéfinie d'endettement à seule fin de pouvoir payer ces 10 d'intérêts "manquants" à la "sphère financière", puisque cet argent n'existe apparemment pas dans la masse monétaire en circulation.

En réalité, l’intérêt existe déjà dès le début du prêt, car la créance de 10 est reconnue et inscrite dans la comptabilité de la banque, qui peut utiliser cette créance pour payer ses fournisseurs, ses employés, ou distribuer des dividendes. La quantité de monnaie nouvelle qui circule dans l’économie une fois le prêt accordé est exactement la même que la quantité que l’emprunteur remboursera. Il y a une égalité comptable stricte, et il n’existe pas d’intérêts manquants. En revanche, la masse monétaire en circulation a globalement augmenté après la réalisation du prêt (à cause des 10 d'intérêt – les 100 de principal étant détruits à mesure qu'ils sont remboursés à la banque), ce qui n'est pas un problème[11].

La question n'a d'ailleurs rien à voir avec le système de réserves fractionnaires. Elle serait résolue de la même façon avec un système à couverture totale. L'erreur est de confondre la possession de monnaie et la possession d'une promesse de monnaie (erreur d'autant plus facile à commettre que tous les montants sont libellés en utilisant le même valorimètre).

La situation est très différente dans le cas d'acteurs économiques surendettés : dans une économie de "cavalerie", l'emprunteur n'a pas d'autre choix que de réemprunter pour rembourser sa dette. Il ne fait que gagner du temps et repousser un peu la faillite finale (la sienne et celle des créanciers trop imprudents). On peut dire que dans ce cas les intérêts sont indéfiniment manquants. C'est là la pratique d'une banque centrale qui cherche à supporter un système bancaire défaillant, ou à assister des États écrasés par le poids de leur propre dette publique.

Notes et références

  1. Victor Modeste était un économiste du 19e siècle, reconnu pour ses contributions à la théorie monétaire. Ses idées étaient en opposition à celles des partisans de la banque libre de son époque, notamment Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, Gustave du Puynode et Théodore Mannequin. En 1866, Victor Modeste a publié deux articles dans le Journal des économistes, où il avançait que tous les billets de banque excédant les réserves de marchandises avaient un effet inflationniste et devraient être considérés comme de la "fausse monnaie". Cette opinion remettait en question le monopole public sur la monnaie et soutenait que le terme "fausse monnaie" pouvait tout autant s'appliquer aux moyens fiduciaires émis de manière privée. Cette position a déclenché un débat passionné en 1866, malgré sa brièveté, dans le Journal des économistes. Modeste s'opposait ainsi au front de la réserve fractionnaire composé de Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, Gustave du Puynode, et Théodore Mannequin. Son argumentation et ses idées ont suscité des discussions vives à l'époque, reflétant les débats économiques et monétaires de son temps.
    Bibliographie de Victor Modeste
  2. Par exemple, Gary North écrit : « Je suis opposé au système bancaire à réserves fractionnaires, qui repose sur un mensonge : "Nous vous paierons des intérêts sur votre argent que nous avons prêté à quelqu'un d'autre et que vous pouvez retirer à tout instant" ».
  3. Free banking and fractional reserves: reply to Pascal Salin
  4. Is Fractional Reserve Banking Fraudulent? (Walter Block)
  5. A critical note on fractional-reserve free banking, Jesus Huerta de Soto, 1998.
  6. George Selgin, la crise, et l'économie de la banque libre.
  7. Sur une erreur incompréhensible de Murray Rothbard
  8. Emission Triple-V du 15/02/2013.
  9. Fractional Reserve Banking Revisted, Antal E. Fekete
  10. Voir notamment L'Argent Dette de Paul Grignon.
  11. "La création de monnaie scripturale dépend d’une double volonté, la volonté des banques de prêter, et la volonté des agents économiques d’emprunter. En temps de prospérité, cette double volonté existe et la monnaie scripturale augmente. En temps de récession, cette double volonté disparaît et la monnaie scripturale diminue." (Maurice Allais, La crise mondiale d’aujourd’hui, Le Figaro, octobre 1998)

Bibliographie




  • 2018, Hugh Rockoff, "Milton Friedman and Anna J. Schwartz on the Inherent Instability of Fractional Reserve Banking", In: Hugh Rockoff, Isao Suto, dir., "Coping with Financial Crises: Some Lessons from Economic History", Springer Nature, pp107-130

Citations

  • L'allégation selon laquelle la banque à réserves fractionnaires est fondamentalement inflationniste est regrettable non seulement parce qu'elle est théoriquement ainsi que factuellement fausse, mais aussi parce qu'elle détourne l'attention des banques centrales et des autorités de l’État – les vrais coupables derrière toute inflation sérieuse – tout en pointant du doigt les banques commerciales ordinaires, qui sont tout au plus coupables d'avoir fait usage de nouvelles réserves générées par les banques centrales. De cette façon, sans le vouloir, les rothbardiens donnent crédit à la prétention des banquiers centraux comme quoi l'inflation n'est pas leur faute : que sa cause réside dans l'évolution du marché privé, et qu'eux – les « gardiens de l'inflation » – font tout leur possible pour lutter contre. (George Selgin)
  • Le propriétaire d'un titre monétaire est le propriétaire d'un bien actuel [par opposition à un bien futur], et chaque émission excédentaire de titres pour des biens actuels est, dès le début, instantanément et immédiatement frauduleuse et, par conséquent, contraire à l'éthique de marché. (Hans-Hermann Hoppe, Guido Hülsmann, Walter Block)
  • Un système à réserves fractionnaires génère inévitablement de l'instabilité. Le surplus de monnaie bancaire fabriquée à partir de rien, sans contrepartie initiale en espèces matérielles, est en effet à l'origine de la création d'un pouvoir d'achat monétaire supplémentaire auquel ne correspond au moment où il s'exerce l'apport d'aucune ressource nouvelle. L'accroissement de la concurrence pour la distribution d'une production qui, pour l'instant, n'a pas encore augmenté provoque la montée de certains prix, donc l'intérêt des producteurs à répondre à l'augmentation de la demande par une offre accrue de produits, et ainsi de suite. On a le début d'un processus de type boom inflationniste qui va se développer et prendre de l'ampleur au fur et à mesure que les banques continueront, par le crédit, à accroître leur offre de monnaie à partir de rien. (Henri Lepage)

Liens externes


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