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Scolastique

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La Scolastique (du latin schola, du grec skholè, tenir école ou faire des cours) désigne une pratique académique ou mode de formation et d'enseignement remontant à l'époque médiévale. Initialement désignant l'occupation studieuse pendant les temps libres, moment de suspension temporelle, la scolastique devient ensuite un certain type de travail, un temps d'études consacré au savoir.

La scolastique

Entre environ 1100 et 1500, la scolastique est devenue un modèle intellectuel et institutionnel. Particulièrement active dans les universités, elle s'appuie sur la transmission des connaissances de la philosophie antique (Aristote, Platon) et la théologie chrétienne médiévale (Boèce, Saint Augustin, la Bible). La Scolastique est avant tout un outil et une méthode d'enseignement qui met l'accent sur le raisonnement dialectique.

Dans la période entre environ 1250 et 1350, la Scolastique s'est intéressée, au-delà de la théologie, à la philosophie de la nature, la psychologie, l'épistémologie et la philosophie de la science. Cependant tous les Scolastiques étaient liés par la doctrine de l'Église et certaines questions de foi ne pouvaient être discutées sous peine de procès en hérésie. Dans la période finale et tardive (1400-1500), la Scolastique perd de son influence, considérée comme une méthode rigide, formaliste et dépassée.

D'un point de vue historique, l'époque scolastique s'étend tout au long de la période du Moyen Âge classique, avec la naissance des universités médiévales, mais aussi grâce à l'enseignement diffusé dans les écoles monastiques. D'un point de vue philosophique c'est aussi une période prolifère, de conflits dogmatiques, de confrontation constructive entre la foi et la raison. La schola est tout d'abord une discipline, une dialectique ou logique, une conception rigoureuse de la philosophie, une recherche. La scolastique en tant que méthode visait à rendre plus intelligibles les enseignements théologiques, grâce aux lectures commentées (lectio), le raisonnement argumenté (quaestio), la question disputée (disputatio) discussion autour d'une problématique soulevée, questions quodlibétales, discussion sur un sujet non préparé et un résumé (sommes).

Le scolasticus est l'équivalent de l'homme versé dans les lettres, un maître d'école, un savant, un scolasticissimus. En effet, à l'époque du Moyen-Âge, on désignait par « arts libéraux » les disciplines fondamentales, le trivium formant la base de l'enseignement, la grammaire, la dialectique et la rhétorique, mais aussi le quadrivium, l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie, formant le sommet du savoir.

Les Scolastiques de l'école de Salamanque ont apporté d'importantes contributions à la théorie économique, qui devaient influencer plus tard l'École autrichienne aux XIXe siècle et XXe siècle. Murray Rothbard leur accorda le titre de proto-autrichien. Carl Menger eut le mérite de redécouvrir cette école de pensée originale. Jesus Huerta de Soto retrace[1] l'influence des scolastiques espagnols à Charles V, qui fut le roi d'Espagne et qui a envoyé son frère, Ferdinand Ier, pour devenir le roi d'Autriche. Avec la publication de l'Histoire de l'analyse économique de Joseph Schumpeter, il était devenu clair que le mépris exprimé par de nombreux économistes pour l'économie scolastique était inapproprié et que les scolastiques ont eu une influence significative au départ sur Grotius et Pufendorf, et par conséquent aussi sur Adam Smith. Avant Schumpeter, Joseph Höffner avait évoqué la dépendance des philosophes du droit naturel vis-à-vis des scolastiques espagnols dans le contexte du droit des nations. Il a également apporté d'importantes contributions à la redécouverte de l'économie par les derniers scolastiques.

Principaux scolastiques

1ère génération des scolastiques :

2ème génération des scolastiques :

3ème génération :

4ème génération :

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Jesus Huerta de Soto, 1999, "Juan de Mariana: the influence of Spanish scholastics", In: Randall Holcombe, dir., "15 Great Austrian Economists", Alabama: Ludwig von Mises Institute, Auburn University, pp1–12
  2. Murray Rothbard souligne (1995) que le professeur catholique de Bologne, Huguccio, dans sa Summa de 1188, a établi la doctrine selon laquelle la propriété privée devait être considérée comme un droit sacro-saint dérivé de la loi naturelle. Autrement dit, la propriété privée doit être à l'abri des agressions de l'État.
  3. Juan de Mariana a écrit sur la subjectivité de la valeur, sur l'inflation et sur l'impossibilité d'organiser une société par des ordres coercitifs en raison du manque d'information
  4. "De justitia et jure"
  5. Juan de Lugo (1583-1660), parvient à la conclusion, en 1642, que le prix d'équilibre dépend de tant de circonstances spécifiques qu'il est connu uniquement de Dieu lui-même (« pretium iustum mathematicum licet soli Deo notum ») (Lugo, 1642 : vol. II, 312). Il a expliqué la nature dynamique du marché et l'impossibilité de modéliser l'équilibre.
    • J. de Lugo, 1642, "Disputationes de iustitia et iure. Sumptibus Petri Prost", Lyon.

Bibliographie

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  • 1940, T. P. Mac Laughlin, "The Teaching of the Canonists on Usury (XIIth, XIIIth and XIVth centuries)", Mædieval Studies, Part 2, II,
  • 1950, A. Bernard, "La Formation de la Doctrine Ecclésiastique sur l'Usure", In: A. Vacant, E. Mangenot, E. Amann, dir., "Dictionnaire de Théologie Catholique", tome XV(2), Paris, Letouzey et Ané
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  • 1957,
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    • Raymond de Roover, “Joseph A. Schumpeter and Scholastic Economics”, Kyklos, Vol 2
  • 1958, Raymond de Roover, "The Concept of the Just Price: Theory and Economic Policy", Journal of Economic History, Vol 18, n°4, déc.
  • 1959, John W. Baldwin, "The Medieval Theories of the Just Price", Transactions of the American Philosophical Society, 49(4), juillet
  • 1965, Samuel Hollander, On the Interpretation of the Just Price, Kyklos, 18
  • 1967,
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    • Raymond de Roover, "The Scholastics, Usury and Foreign Exchange", Business History Review, Vol 41
    • George O'Brien, An Essay on Mediaeval Economic Teaching, New York, Augustus M. Kelley
  • 1971,
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    • André Lapidus, Le Cœur et les Mains : le Rôle de l'Information dans la Doctrine Médiévale de l'Usure, Œconomia (Économies et Sociétés - série PE), mai
  • 1992,
    • Odd Langholm, Economics in the Medieval Schools, Leiden/New York/Cologne, E.J. Brill
    • André Lapidus, The Limits and Extent of the Retrospective Approach in the History of Economic Thought : the Case of the Middle-Ages, in S. Todd Lowry, dir., Perspectives on the History of Economic Thought (vol.8), Londres, Edward Elgar Publ.
  • 1993, André Lapidus, Introduction à la Pensée Economique Médiévale, In: Nouvelle Histoire de la Pensée Economique, Paris, La Découverte
  • 1994, Philippe Adair, Doctrine de l'Usure et Analyse du Prêt à Intérêt - une Rétrospective des Faits et des Arguments, Cahiers Monnaie et Financement, 22
  • 1997,
    • Albino Barrera, Exchange Value Determination : Scholastiv Just Price, Economic Theory, and Modern Catholic Social Thought, History of Political Economy, 29(1)
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  • 2002, Alexander Gallardo, Spanish Economics in the Sixteenth Century. Theory, Policy and Practice, iUniverse
  • 2003, Alejandro A. Chafuen, Faith and Liberty: The Economic Thought of the Late Scholastics, Lexington Books, ISBN 0739105418
  • 2007, Wim Decock, Leonardus Lessius on Buying and Selling (1605). Translation and Introduction, Journal of Markets & Morality, 10 (2), 433-516
  • 2008, Wim Decock, L'usure face au marché: Lessius (1554-1623) et l'escompte des lettres obligataires. In: Girollet A. (Eds.), Le droit, les affaires et l’argent. Célébration du bicentenaire du code de commerce (pp. 221-238). Dijon: Université de Bourgogne
  • 2009, Wim Decock, Lessius and the Breakdown of the Scholastic Paradigm, Journal of the History of Economic Thought, 31 (3), pp57-78
  • 2012,
    • Pierre Caye, "Seconde scolastique", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp558-560
    • Jesus Huerta de Soto, "Scolastiques espagnols", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp556-558
  • 2016, Irina Chaplygina and André Lapidus, Economic Thought in Scholasticism, in G. Faccarello et H. Kurz (eds), Handbook on the History of Economic Analysis, Cheltenham (UK) / Northampton (USA): Routledge, 2016, vol. 2, pp. 20-42
  • 2020, Giovanni Patriarca, "On the Scottish distinctiveness from late scholasticism to the Scottish enlightenment a preliminary perspective", The Review of Austrian Economics, December, Vol 33, n°4, pp513-520
  • 2021, Daniel Eissrich, "Late Scholastics as Predecessors of Natural Law Economics – The Viewpoint of Joseph Höffner. The European Heritage in Economics and the Social Sciences", In: Jürgen G. Backhaus, Günther Chaloupek, Hans A. Frambach, dir., "Samuel Pufendorf and the Emergence of Economics as a Social Science", Springer, pp171-189

Liens externes

Citations


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