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Wilhelm Röpke

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Wilhelm Röpke
Philosophe, économiste

Dates 1899 - 1966
Ropke.jpg
Tendance Libéral conservateur, Ordo-libéral
Nationalité Allemagne Allemagne
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Citation
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Wilhelm Röpke (né le 10 octobre 1899 à Scharmstedt, en Allemagne, décédé le 12 février 1966 à Genève, en Suisse[1]) est un philosophe et économiste allemand honoré dans son pays[2]. Fondateur de l'ordo-libéralisme, il fut avec Walter Eucken à l'origine de l'« économie sociale de marché » mis en œuvre par Ludwig Erhard, père du « miracle allemand ».

Une jeunesse frappée par la première guerre mondiale

Wilhelm Röpke a reçu une éducation classique soignée dans la tradition religieuse protestante. Il étudia le droit et l'économie partir de 1917 à Göttingen, Tübingen et Marbourg. Il mena ensuite une carrière d'universitaire, enseignant l'économie politique dans les universités de Marbourg (comme Privatdozent, professeur d'université non rémunéré) puis de Iéna . Dans cette dernière, où il occupa son premier vrai poste de professeur d'université à moins de 24 ans, il fut le plus jeune professeur d'université de l'histoire de l'université. Il enseigna ensuite à Graz.

Il a participé en tant que jeune homme à la Première Guerre mondiale, une expérience qui l'a marqué à jamais en tant que fervent adversaire des conflits armés. Son interprétation des causes de la guerre l'incline vers le socialisme, pensée qu'il abandonnera grâce à la lecture de Ludwig von Mises. De cette influence, il a décidé d'étudier la sociologie et l'économie.

Membre de la Brauns-Commission en 1930-1931, il exprima ouvertement son opposition au fascisme. Il quitta l’Allemagne en 1933 quand les nazis arrivèrent au pouvoir. Une partie de ses livres furent alors interdits et détruits. il dut s'exiler avec toute sa famille. Il partit d’abord pour Istanbul puis, en 1937, pour l’Institut des Études Internationales de Genève où il enseigna jusqu’à sa mort en 1966. Il y avait été embauché grâce au soutien de William Rappard le directeur pour renforcer le potentiel de l’institut dans le domaine des études pratiques. Il y cotoya Ludwig von Mises, Louis Rougier, Hans Kelsen ou Paul Mantoux.

En 1938, il participa au colloque Walter Lippmann, un colloque organisé par Walter Lippmann autour de nombreux intellectuels libéraux, afin de « refonder » le libéralisme.

Après la guerre, il prit une part importante aux débats d'idées dans l'Allemagne de l'après-guerre, écrivant de nombreux ouvrages pour peser sur les réformes en cours. Son soutien aux réformes de libéralisation ne fut pas uniquement théorique mais également pratique, par l'écriture de nombreux opuscules à destination du grand public pour les soutenir. Ainsi, il fut un fervent partisan des mesures de libéralisation des prix menées en 1948 en Allemagne, contre l'avis des américains. Il s'opposa ainsi à Ludwig Erhard quand celui-ci refusa de libéraliser les prix des logements. Il a également conseillé le chancelier allemand Konrad Adenauer jusqu'à la fin des années 1950.

Röpke succèda à Friedrich Hayek à la présidence de la Société du Mont-Pèlerin (1961-1962) avant de donner le relais à John Jewkes.

L'ordre spontané comme moteur du développement des économies

Son oeuvre est tant économique que philosophique et, comme les autres ordolibéraux, il se démarque des néo-classiques par le rejet de la mathématisation de l'économie. En outre, il s'opposa fermement, comme l'école autrichienne, à l'école historique allemande.

Il fait partie des trois intellectuels de l'époque moderne qui ont redonné tout son sens à l'expression : ordre spontané. En effet, il est le premier à imprimer cette expression, avant Michael Polanyi et Friedrich Hayek. On retrouve cette trace en 1937, en Autriche, dans son livre édité en allemand (Die Lehre von der Wirtschaft) et qui ne fut traduit en anglais qu'en 1962 (Economics of the Free Society). Il explique qu'une économie de marché est un ordre spontané et non pas un ordre commandé.

L'existence de l'ordre au lieu de l'anarchie, l'ordre spontané, si on veut, n'est pas en lui-même un phénomène étonnant. Les processus particuliers à la vie économique dans une société libre rend évident la supériorité fondamentale de l'ordre spontané sur l'ordre commandé. L'ordre spontané n'est pas juste une autre variété d'ordre, bien qu'il soit d'une habileté surprenante à fonctionner, si cela est nécessaire, même sans le commandement provenant d'en haut. Car si on montrait qu'une organisation d'un système économique d'une société libre peut être fondamentalement différente de l'organisation d'une armée, il y a des raisons de croire que c'est la seule possible.
Wilhelm Röpke, Economics of the Free Society (1962), p.4

Ce livre fut interdit par les envahisseurs nazis en 1939 et il fut détruit chez l'éditeur. La traduction française apparue en 1940 (Explication économique du monde moderne, Paris, Librairie de Médicis) et le courage de l'éditeur trompa la vigilance des censeurs. Les traductions en suédois (1946), en italien (1949), et en finnois (1951) étendirent le rayonnement d'influence de ce livre au-delà du confinement des pays de langue allemande.

Du point de vue sociologique, Wilhelm Röpke explique dans son essai de 1953, ("Les pays sous-développés") qu'une importante classe moyenne éprise de liberté, à la fois bourgeoise et paysanne, a soutenu l'émergence de la démocratie dans les pays occidentaux. Cependant, il nie que dans les pays sous-développés, ces conditions préalables existent. Or, ces éléments ne peuvent pas être facilement importés ou créés. Donc, tout programme de développement qui n'intégrerait pas ce fait conduit inévitablement à une fin décevante. Il peut y avoir des hommes et des femmes qui sont prêts à se lancer sur toutes les opportunités d'enrichissement qui se présentent à eux. Mais, il manque souvent dans les sociétés en développement une strate et une formation éthico-spirituelle d'où l'esprit d'entreprise peut émerger. Il manque un humus sociologico-spirituel qui nourrit l'honnêteté, le sens des responsabilités, le sens de la propriété privée, la fidélité à l'entreprise, le formalisme, la ponctualité, l'instinct d'épargne et la volonté de travailler des gens qui composent une communauté. Pour lui, le capital ne peut pas être fécondé artificiellement à partir de la connaissance technico-organisationnelle des savoir-faire de l'Occident. Souvent, les représentants des pays sous-développés ignorent les fondements sociologiques et spirituels de la la réussite économique. Wilhelm Röpke se plaint que mais, malheureusement, une grande partie de l'aide occidentale promeut des plans socialistes colossaux d'industrialisation ambitieuse, qui ne peuvent être réalisés qu'au prix d'une aide continue de l'extérieur, et qui est limitée par l'autosuffisance et l'épargne forcée de la population à l'intérieur du pays.

Sa pensée est ancrée dans des valeurs chrétiennes fortes avec l'idylle bucolique d'une société rurale telle qu'il pouvait la voir en Suisse. Il craint également la massification sociale que la société industrielle rend possible. Pour dépasser ces questions, il faut refonder le libéralisme sur un corpus de valeurs morales et non uniquement économiques. L'inflation est un cancer qui tue l'économie et toute la société. Il développe par exemple ces idées dans Au-delà de l'offre et de la demande, titre dans lequel au-delà signifie qu'il faut s'appuyer sur plus que la loi de l'offre et de la demande pour permettre une économie et une société stable. Il s'oppose enfin avec fermeté à l'inflation et aux monopoles, aux conséquences dévastatrices, tant sur le plan économique que politique.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Il meurt d'une crise cardiaque.
  2. Il fut décoré de l'ordre du mérite de la république fédérale allemande en 1953 dont il était commandeur.

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de Wilhelm Röpke, voir Wilhelm Röpke (bibliographie)

Archives Audio

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de Wilhelm Röpke : Wilhelm Röpke (Littérature secondaire)

Voir aussi

Citations

  • La conviction que la vraie puissance créatrice ne peut prospérer que dans la liberté et non dans le silence sépulcral des opinions prescrites, que sans individualité intellectuelle la société et l’État ne peuvent finalement que dépérir, que l’homme a droit à une protection contre le pouvoir arbitraire et les abus de pouvoir, que l’écrasement de toutes les divergences d’opinion et de toute forme individuelle d’esprit conduit finalement à un ennui dans lequel la vie intellectuelle de la nation est étouffée, dans lequel manquent la joie du rieur, le moindre signe d’humour, et le piment de la vie, et dans lequel rien ne s’épanouit à part le sérieux bestial du fanatique – cette conviction et rien d’autre constitue l’individualisme tant décrié et bien mal compris des libéraux. La plupart des antilibéraux la prennent pour une expression de matérialisme béat. (End of an Era ?, 1933)
  • On nous parle tous les jours des « préjugés » que nous devrions surmonter, des « tabous » dont les hommes de progrès devraient se libérer. On ne se rend pas compte qu’à mesure qu’on marche dans cette voie, la colonne vertébrale tant de l’individu en tant qu’être intellectuel et moral, que de la société prise comme un tout, est réduite en poussière. (...) En voyant de nombreuses productions de la presse moderne à sensations, j’attends avec impatience le numéro où, au nom de la devise « Pourquoi pas ? », et sous le titre « Pourquoi ne nous mangeons-nous pas mutuellement » ?, l’on exposera au mépris général ceux qui refusent de se dévorer, disant que ce sont là des préjugés de « bigots » et de « bourgeois », des tabous de provinciaux attardés et d’ignares culturels.
  • L'antifascisme des communistes et l'anticommunisme des fascistes, c'est en réalité une dispute de famille au sein du secteur totalitaire du monde. (Neue Zürcher Zeitung, 1937)
  • En ce qui me concerne, je combats au fond dans le socialisme une philosophie qui, en dépit d’une phraséologie «libérale», accorde trop peu à l’homme, à sa nature et à sa personnalité, tout en prenant trop à la légère, dans son enthousiasme pour tout ce qui s’appelle organisation, concentration, direction et appareil, le risque qu’ainsi la liberté se voie tout simplement sacrifiée (comme c’est le cas dans l’Etat totalitaire). (Au-delà de l’offre et de la demande, pour une économie humaine, 1958)
  • Wilhelm Röpke exprime un libéralisme de « la juste mesure » et de « la conservation des traditions » pour reprendre Patricia Commun. Si l’on veut « réhumaniser » la pensée économique, Wilhelm Röpke est une bonne piste de réflexion. (Emmanuel Garessus, 12/12/2016)

Liens externes

En français

En anglais

  • "Wilhelm Röpke : An Economist for All Seasons", article de Paul McCormack, publié le 21 octobre 2009 sur le site du Menzies House, qui est la principale communauté australienne en ligne pour les penseurs conservateurs, de centre-droit, libéraux et libertariens.


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