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Bruno Leoni
| Bruno Leoni | |||||
| Juriste | |||||
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| Dates | 1913-1967 | ||||
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| Tendance | Libéral classique | ||||
| Nationalité | |||||
| Articles internes | Autres articles sur Bruno Leoni | ||||
| Citation | « On oublie pourtant la plupart du temps de faire remarquer que le remède législatif est peut-être trop rapide pour être efficace, trop imprévisible pour être complètement bénéfique, et beaucoup trop soumis à la contingence des points de vue et des intérêts d'une poignée d'individus (les législateurs), quels qu'ils soient, pour être une solution satisfaisante pour tous. » | ||||
| Interwikis sur Bruno Leoni | |||||
Bruno Leoni (Ancône, 26 avril 1913- 21 novembre 1967) est un théoricien italien du droit. Il fut professeur de théorie Juridique et de la théorie de l'État, à l'université de Pavie. Il fut allocataire d'une bourse de recherche Fulbright aux États-Unis en 1953. Il fut également le rédacteur en chef de la revue scientifique en sciences politiques, Il Politico, où plusieurs de ses études ont été publiées.
Biographie
Après des études de droit à l'Université de Turin, il commence à publier des ouvrages et articles de théorie juridique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a participé à un groupe de résistants antifascistes où il s'est distingué par plusieurs exploits héroïques.
En 1945, il devient professeur de philosophie du Droit et de la théorie de l'État à l'université de Pavie. Tout en travaillant comme avocat, il est également fondateur du journal Il Politico et collaborateur au quotidien économique 24 Ore, dans lequel il critique les dérives interventionnistes des différents gouvernements italiens. Voyageur assidu, surtout aux États-Unis où il trouve des stimulations intellectuelles et des possibilités de discussion et de débat inexistantes en Italie.
En 1961, il publie son classique Freedom and The Law (traduction La Liberté et le Droit parue en 2006 aux Belles Lettres), qui exercera une influence considérable aussi bien sur Friedrich Hayek (pour son évolutionnisme juridique) que sur Murray Rothbard (lequel y reconnaîtra une conception quasiment libertarienne d'une société de droit fonctionnant sans le monopole étatique de la coercition).
Bruno Leoni s'est activement impliqué dans la Société du Mont-Pèlerin, en associant à cet engagement la création du Centre d'études méthodologiques à Turin où il proposa d'introduire un solide coefficient de libéralisme dans la culture italienne. Il a présidé brièvement la société du Mont-Pèlerin, dont il était secrétaire, en 1967, succédant à Friedrich Lutz et cédant sa place à Guenter Schmolders mais il meurt prématurément, victime d'un meurtre, le 21 novembre 1967.
Liberté et droit
En Italie, la culture libérale imprégnée de l'idéalisme de Benedetto Croce n'a pas compris le caractère novateur des idées de Leoni, tandis que dans le monde anglo-saxon, il n'a pas non plus occupé toute la place qu'il méritait, ses intuitions se présentant souvent de manière fragmentaire. Estimé de son vivant, il est tombé un peu dans l'oubli après sa disparition. Il a consacré ses efforts à l'élaboration d'une théorie capable d'expliquer comment le droit et l'État peuvent émerger des aspirations et des pouvoirs des individus. Dès ses premiers essais, il critique vigoureusement le droit positif et le rationalisme juridique. À la tentative de fonder le droit sur la volonté arbitraire des Hommes, il oppose la recherche d'un droit s'enracinant « dans les rapports qui se développent spontanément dans le peuple ». S'il n'accepte pas pleinement le droit naturel, il apprécie du moins qu'il ne procède pas de décisions du pouvoir politique. Il voit dans la coercition l'élément essentiel et impossible à éliminer de la politique.
Dans sa deuxième période de réflexion, Leoni s'efforce d'appliquer aux décisions collectives les critères d'analyse qui s'appliquent aux choix économiques : « L'action politique m’est apparue comme un échange de pouvoirs ». Tout individu possède une certaine quantité de pouvoir politique de par sa capacité à faire respecter sa personne et ses biens. La vie sociale semble ainsi reposer sur l'échange de pouvoirs, lesquels pour être complémentaires, doivent être capables de garantir la liberté de chacun. Ainsi chacun s'engage par obligation contractuelle à respecter les demandes analogues des autres. Cette approche avait déjà été appliquée au droit, Leoni écrit dans les Appunti de 1966 : « la norme juridique correspond au prix du marché ». Un ordre juridique sera « la résultante effective des comportements et des demandes de chacun ». Par son comportement, chaque individu exerce une influence sur les normes juridiques. Ainsi, les Hommes échangent des biens (économie), des demandes (droit) et des pouvoirs (politique). Ainsi, l'ordre juridique émerge à partir d'actions individuelles, lesquelles n'ont pas pour objectif de réaliser cet ordre. Le droit naît d'interactions individuelles, et non de l'acte d'une autorité. Cependant, seules les prétentions considérées comme légitimes par la grande majorité des membres d'une communauté le sont effectivement. Pour passer de la subjectivité des demandes individuelles à l'objectivité du droit, il faut faire appel à une vérification a posteriori : le droit est un « phénomène historique » et non une science logique a priori.
Il s'agit d'un rappel à la tradition et d'une défiance envers la législation qui témoignent d'un conservatisme profond. Ainsi, seule la certitude à long terme, le jus civile romain et la common law britannique, va de pair avec la liberté individuelle. Les juges sont les vrais représentants du peuple et plus respectueux de la liberté individuelle que les assemblées législatives. Chez les Romains et les Anglais, le droit n'était pas quelque chose de créé, d'arrêté par décret, mais quelque chose de préexistant, que l'œuvre des jurisconsultes et des juges devait découvrir. Chaque fois que l'on substitue la règle de la majorité au choix individuel sans que cela soit vraiment nécessaire, la démocratie entre en conflit avec la liberté. La formation du droit doit être soustraite aux politiques et à la logique des majorités. Il y a donc chez Leoni une veine libérale, une tentative de réfléchir à une association civile capable de se passer de l'État, même si son refus du droit naturel le sépare du courant anarcho-capitaliste.
Une redécouverte de l'apport intellectuel pour des jours futurs et meilleurs des idées libertariennes dans le monde
Ce n'est qu'en 1995 que l'importance de la pensée de Bruno Leoni commence à prendre de l'ampleur en Italie. Jusqu'alors, son influence s'exerça beaucoup plus manifestement à l'étranger, à partir des années 1960, que dans son pays. Impliqué dans le développement des idées libérales et libertariennes, il fut exemplaire aux côtés de Friedrich Hayek dans l'organisation des conférences de la Société du Mont-Pèlerin. Il en fut secrétaire et président. Mais ce n'est qu'en 1995 que l'éditeur Canovaro (Liberilibri de Macerata), publie la traduction en italien de La liberté et le droit qui avait vu le jour aux Etats-Unis en 1961. Grâce à Leonardo Morlino et à Raimondo Cubeddu, la pensée de cet érudit fut portée à l'attention des chercheurs italiens et du grand public. Dans l'introduction de l'ouvrage, Raimondo Cubeddu avait souligné le mythe que représente l’État en tant que producteur de l'ordre par la législation et la planification économique et sociale. Bruno Leoni avait traité ces questions en montrant les faiblesses théoriques et les risques politiques d'une hypertrophie législative. Mais l'influence du normativisme de Hans Kelsen et du positivisme avaient pris le dessus dans la pensée des juristes italiens.
Mais les temps changent. Aujourd'hui, l'économie de marché est acceptée et soutenue par un grand nombre de personnes, y compris parmi les représentants du socialisme. Trente-cinq ans après sa mort, Bruno Leoni a finalement gagné une juste place parmi les leaders de la culture politique et juridique, influence qui ne cesse de grossir au début de ce XXIe siècle.
L'influence de Bruno Leoni sur Friedrich Hayek : redécouverte de l'origine catholique et espagnole de l'analyse économique autrichienne
Selon Jesús Huerta de Soto[1], Bruno Leoni a joué un rôle essentiel dans la transformation de la perspective de Friedrich Hayek sur l'origine de l'analyse économique autrichienne. À partir des années 1950, Leoni a influencé Hayek en lui faisant prendre conscience de l'influence catholique et espagnole sur la pensée économique autrichienne. Selon Leoni, les racines de la conception dynamique et subjectiviste de l'économie se trouvaient dans la tradition intellectuelle de l'Europe méditerranéenne, en particulier dans la tradition grecque, romaine et thomiste.
Contrairement à la croyance générale selon laquelle les principes théoriques de l'économie de marché et du libéralisme économique étaient issus des calvinistes et des protestants écossais, Leoni a affirmé que ces principes trouvaient leurs origines dans la pensée des scolastiques du Siècle d'or espagnol, en particulier les dominicains et les jésuites de l'École de Salamanque. Il a soutenu que ces penseurs espagnols, tels que Luis de Molina et Juan de Lugo, avaient jeté les bases théoriques de l'analyse économique autrichienne bien avant les philosophes écossais du XVIIIe siècle.
Bruno Leoni a également souligné l'importance de la tradition thomiste dans le développement de la pensée économique autrichienne. Selon lui, les scolastiques espagnols ont été profondément influencés par la philosophie de Thomas d'Aquin et ont intégré ses concepts dans leurs travaux économiques. Selon Léoni, cette tradition intellectuelle, avec son approche dynamique et sa conception de la valeur subjective, a servi de fondement à l'analyse économique autrichienne.
Grâce à l'influence de Leoni, Hayek a commencé à reconnaître l'importance de cette tradition intellectuelle méridionale dans le développement de la pensée économique autrichienne. Cette prise de conscience a été renforcée par les recherches de Marjorie Grice-Hutchinson, l'une des élèves de Hayek, qui a étudié les contributions des scolastiques espagnols en matière économique.
Ainsi, grâce à Bruno Leoni, Friedrich Hayek a été amené à remettre en question les idées prédominantes sur l'origine de l'analyse économique autrichienne et à reconnaître l'influence des scolastiques espagnols et de la tradition thomiste dans le développement de cette pensée économique. Cette nouvelle perspective a enrichi et élargi la compréhension de l'origine intellectuelle de l'école autrichienne.
Citation
| “ | La législation apparaît aujourd'hui comme un moyen plus rapide, plus rationnel et de plus grande envergure pour résoudre toutes sortes de maux ou de désagréments que les modes d'ajustements individuels spontanés tels que l'arbitrage privé, la signature de contrats ou encore la coutume. On oublie pourtant la plupart du temps de faire remarquer que le remède législatif est peut-être trop rapide pour être efficace, trop imprévisible pour être complètement bénéfique, et beaucoup trop soumis à la contingence des points de vue et des intérêts d'une poignée d'individus (les législateurs), quels qu'ils soient, pour être une solution satisfaisante pour tous. Même lorsque ces mises en garde sont prises en compte, la critique porte généralement plus sur certaines lois en particulier que sur la législation en elle-même, et on cherche plutôt de "meilleures" lois qu'une solution autre que la législation. | ” |
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ Jesús Huerta de Soto, 2000, "La Escuela Austriaca. Mercado y Creatividad Empresarial"
Publications
- 1940, Il Problema della scienzia giuridica, Turin, Giapichelli
- 1942, Per una Teoria dell'irrazionale nel diritto, Torino, Giappichelli
- 1950, commentaire du livre de Ludwig von Mises, "Human Action: A Treatise in Economics", “L’Industria”, n°3
- 1952, "Il problema metodologico nelle scienze sociali”, Il Politico, n°3, pp350-358
- Repris en 1997, In: Mario Stoppino, dir., "Le pretese e i poteri: le radici individuali del diritto e della politica", Milano, Società Aperta
- 1953,
- a. "Il Pensiero politico e sociale nell'Ottocento e Novecento", In: E. Rota, dir., Questioni di storia contemporanea, II, Milano, Marzorati, p1251
- b. "Alt ai dirigisti? Il programma liberale di politica economica», 24 ore, 20 janvier 1953
- 1955, avec Eugenio Frola, "Possibilita di applicazione delle matematiche alle discipline economiche", ("Sur la pensée mathématique en économie"), Il Politico, Vol XX, n°2, septembre, pp190-210
- Traduit en anglais en 1977, "On Mathematical Thinking in Economics", Journal of Libertarian Studies, Vol 1, n°2, Spring, pp101-110
- 1957,
- a. "Lezioni di dottrina dello Stato", Pavie, Vicontea
- Nouvelle édition en 2004, Rubbettino, Soveria Mannelli (Catanzaro)
- b. "The Meaning of 'Political' in Political Decisions", Political Studies, Vol V, n°3, pp225-239
- a. "Lezioni di dottrina dello Stato", Pavie, Vicontea
- 1958, "Attualità del federalismo", Il Politico, Vol 1, p98
- 1961,
- a. "Freedom and the Law", New York: van Nostrand
- Nouvelle édition en 1972, 'Freedom and the Law', Los Angeles: Nash Publishing
- 3ème édition révisée en 1991, Indianapolis: Liberty Fund
- Traduction en espagnol en 2010, "la libertad y la ley", Madrid: Union editorial
- b. "Some Reflections on the ‘Relativistic’ Meaning of Wertfreiheit in the Study of Man", In: Helmut Schoeck, James W. Wiggins, dir., "Relativism and the study of man", William Volker Fund & D. Van Nostrand Company, pp158-174
- c. "L'approccio economisto nello studio delle scelte politiche" (L'approche économique dans l'étude des choix publics), Il Politico, Vol 26, n°3, septembre, pp477-502
- a. "Freedom and the Law", New York: van Nostrand
- 1963,
- a. "The law as Individual Claim", conférence donnée au Freedom School Phrontistery à Colorado Springs, Colorado, du 2 au 6 décembre 1963
- Repris en 1991, In: Freedom and the Law, Indianapolis: Liberty Fund, pp189-203
- b. "Relazione", In: Aa.Vv, dir., "Le collettività locali e la costruzione dell’unità europea", Milano, Neri Pozza, p493
- c. "“ Consumer Sovereignty ” and the Law", New Individualist Review, Vol 3, n°1, summer
- Repris en 1981, In: Ralph Raico, dir., New Individualist Review, Indianapolis: Liberty Fund
- d. "La ricomparsa delle teorie della pianificazione economica", Il Politico, n°1: La ricomparsa della pianificazione economica in occidente, pp5-
- e. "The revival of « Economic Planning » in the West", Il Politico, n°1: La ricomparsa della pianificazione economica in occidente, pp7-
- 1964, "The Law as the Claim of the Individual", Archives for Philosophy of Law and Social Philosophy, Vol 40, p58
- 1965,
- a. "Il mito del piano", Il Politico, n°2: Nuovi studi sulla pianificazione, pp5-
- Traduction en anglais en 1965, "The Myth of the « Plan », Il Politico, n°2: Nuovi studi sulla pianificazione, pp9-
- b. "Il problema del calcolo economico nell’economia di piano", Il Politico, n°3: Problemi della pianificazione sovietica, septembre, pp415-
- c. "Il contributo del Pareto allo studio del problema del calcolo economico in una società di piano", Il Politico, n°3: Problemi della pianificazione sovietica, septembre, pp455-
- d. "MITO E REALTÀ DEI MONOPOLII", Il politico, Vol 30, n°4, décembre, pp705-726
- e. "LES HOMMES LIBRES ET LE FUTUR DE L'ÉCONOMIE DU MARCHÉ", Il politico, Vol 30, n°4, décembre, pp852-856
- a. "Il mito del piano", Il Politico, n°2: Nuovi studi sulla pianificazione, pp5-
- 1967, "Sciopero e serrata oggi in Italia", « Il Politico », n°1,
- 1977, avec Eugenia Frola, "On Mathematical Thinking in Economics", Journal of Libertarian Studies, Vol 1, n°2, Spring, pp101-10
- 1997, "La sovranità del consumatore", ("La souveraineté du consommateur"), Roma: Ideazione
- 2003, Lezioni di filosofia del diritto, préface de Carlo Lottieri, Rubbetino, Soveria Mannelli
- 2004, "Lezioni di dottrina dello Stato (cours 1956-57)", Soveria Mannelli, Rubbettino, (avec une préface de Lorenzo Infantino et de Raffaele De Mucci, pp5-41)
Archives Audio
- 1961, Intervention sur le communisme en Italie à la conférence de la Société du Mont-Pèlerin à Turin
Littérature secondaire
Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de Bruno Leoni : Bruno Leoni (Littérature secondaire)
Voir aussi
Liens externes
- (fr)
[pdf]Droit et politique, Essai publié par Institut Libéral Genève, Suisse. - (fr)L’anarchisme juridique de Bruno Leoni, texte de Franck Laffaille sur le site Jus Politicum
- (it)Istituto Bruno Leoni
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