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Protectionnisme

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Le protectionnisme est une pratique et doctrine politique dans laquelle l'État intervient dans les relations commerciales, en imposant des taxes, des droit de douane ou des quotas sur les biens et services, dans le but de « protéger » l'industrie, le commerce, ou les emplois dits nationaux. C'est une des principales incarnations de l'interventionnisme et une arme fatale en faveur de l’octroi de privilèges économiques.

C'est l'un des sophismes et erreurs économiques les plus courantes dénoncées avec ardeur par les libéraux. Alors que la survie d'un individu isolé ne dépend que de lui-même, par ses actions ou activités, tout va autrement face à des réalités économiques complexes. Le gouvernement omnipotent, n'accordant aux individus qu'une autonomie arbitraire et relative, toujours prêt à mettre sa main dans les poches des contribuables, il prétend apporter la prospérité en entretenant les illusions du protectionnisme et de l'autarcie économique. Alors que les justes et sages dirigeants politiques prétendent savoir mieux que personne d'autre qui doit commercer avec qui, qui doit être en concurrence avec qui, qu'est ce qui doit être interdit et qu'est ce qui doit être permis, sous prétexte que certains sont des éventuels agresseurs et d'autres éventuelles victimes, ils ne reculent devant rien lorsqu'ils imposent et disposent librement, par la force, des revenus des citoyens dits nationaux, sous prétexte de les défendre contre les agresseurs étrangers.

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Le protectionnisme comme économie de guerre

Le protectionnisme est une politique de la terre brûlée, stratégie visant à détruire ou endommager, volontairement, les ressources, afin d'empêcher, gêner ou minimiser les moyens dont pourrait disposer l'adversaire. C'est aussi une tentative désespérée de sauvetage de tous les dégâts infligés par l'interventionnisme étatique. Simulacre du Monopoly politique, les véritables agresseurs sont présentés comme des sauveteurs alors qu'ils sont les bourreaux de la situation. Le comble de l'imposture c'est d'attribuer la baisse du niveau de vie des citoyens dits nationaux à la « concurrence déloyale » venue de l'étranger, ou accuser de « dumping » une main-d'œuvre moins chère. Ces accusations, souvent répandues dans l'opinion publique, dissimulent en réalité le fait que toutes les mesures interventionnistes ont l'effet d'augmenter les charges et les coûts de production. De fait, tout ce que le protectionnisme vise à protéger sont les avantages et faveurs accordées, les subventions et le financement des mesures bureaucratiques. Aucun protectionniste est assez « loyal » pour reconnaître la responsabilité de l'interventionnisme dans l'augmentation des prix nationaux pour toujours favoriser les producteurs nationaux, qui au final se retrouvent submergés de taxes et charges.

Le véritable adversaire du producteur, du travailleur et consommateur est le protectionnisme, tous doivent supporter la hausse des charges, des coûts, des taxes, en bref, tout l'effort de guerre dans une économie de guerre.

Qu'il soit « défensif », restreignant les importations, ou « offensif », subventionnant les exportations, le protectionnisme vise l'expansion du contrôle étatique sur les activités économiques.

On peut dire que le protectionnisme est un monopolisme nationaliste, mis en œuvre autant par la droite que par la gauche, la droite (dans la tradition colbertiste), le voyant comme une façon de renforcer l'industrie nationale, la gauche de protéger l'emploi contre les pays à bas salaires.

Les différentes formes du protectionnisme

Les États prétendent protéger les productions nationales de la concurrence étrangère. Aussi, il est important de vérifier les points suivants :

  • les lois restrictives ou prohibitives
  • les prescriptions en matière d'enregistrement,
  • les redevances et impositions à la frontière : les droits de douane (barrières tarifaires)
  • les licences d'importation : les quotas d'importation ou appelés aussi les restrictions quantitatives (barrières non tarifaires)
  • les obstacles techniques au commerce
  • la multiplication des normes
  • les politiques d'exception culturelle
  • la "préférence nationale" (par exemple le Jones Act aux États-Unis interdit la pratique du cabotage maritime aux navires ou équipages non américains)
  • les autorisations administratives
  • les réglementations sanitaires et phytosanitaires
  • les subventions à l'exportation
  • les politiques publiques concernant le trafic en transit
  • le régime d'investissement direct
  • les aides diverses, directes et indirectes
  • les questions de propriété intellectuelle
  • les menaces directes[1]

Le protectionnisme : une erreur économique et une erreur morale

Pourquoi les libéraux sont-ils opposés au protectionnisme ?

  • pour des raisons morales : le protectionnisme est l'expression de la loi du plus fort, celle de l'État, qui favorise arbitrairement certains producteurs aux dépens d'autres (étrangers ou non) ;
  • pour des raisons économiques : contrairement à ce que beaucoup pensent naïvement, le protectionnisme ne profite pas aux pays qui le pratiquent. Son seul effet, résultant de la fermeture du marché, est d'augmenter les coûts des produits dans le pays protectionniste, et ceci au profit de quelques producteurs qui s'enrichissent indûment.

La contrainte budgétaire ne permet pas à un État de soutenir l'ensemble de son industrie. Donc, quels sont les secteurs à protéger en priorité sachant que les subventions accordées à une industrie se font au détriment des autres ? L’État ne dispose pas des outils nécessaires à la perception correcte de tous les détails de la structure du marché... Même si son diagnostic était bon, l’État devra ensuite déterminer le niveau de subvention adéquat en fonction de l'industrie, de son budget etc.. Le risque étant une protection insuffisante, la relance de secteurs peu compétitifs ou des subventions aux grands groupes de pression au détriment de l’intérêt de la nation.

Dans sa version agressive, c'est-à-dire quand il s'exerce hors des frontières, le protectionnisme oblige certains pays étrangers à commercer exclusivement avec le pays protectionniste, par la force ou par des prix artificiellement bas (compensés par des subventions étatiques aux producteurs) ; dans ce dernier cas, ce sont les contribuables du pays protectionniste qui sont volés au bénéfice des producteurs de ce même pays.

Il est faux d'affirmer que le protectionnisme est pour un pays une façon de s'enrichir tant qu'on n'a pas cherché qui s'enrichit ainsi : ce qui se passe le plus souvent est une redistribution à l'intérieur du pays, aux dépens des uns (consommateurs ou contribuables selon les cas) et au bénéfice des autres (producteurs).

Un produit de bonne qualité, ou offrant un bon rapport qualité/prix, n'a pas besoin de mesures protectionnistes pour se vendre. Le protectionnisme n'est qu'une tentative de changer par la force une situation commerciale défavorable.

Le seul cas où le protectionnisme peut enrichir un pays est celui où un pays est assez puissant pour imposer ses vues aux autres pays et les contraindre à acheter ses produits au prix qu'il souhaite : ce n'est pas autre chose en ce cas qu'une spoliation des autres pays, mais elle a aussi un coût politique, diplomatique et fiscal (plus ou moins caché).

Tout l'art du politicien promoteur des mesures protectionnistes consiste à faire croire qu'une telle politique s'exerce, quand il ne s'agit pas de nationalisme pur et simple, au nom de "l'intérêt général", ce cache-sexe habituel des intérêts privés. Le politicien insistera sur "ce qu'on voit" (les avantages obtenus par le secteur "protégé") et passera sous silence "ce qu'on ne voit pas" (le prix de cette "protection" payée par le reste de la population).

Les arguments du protectionnisme

Parmi les différents prétextes politiques protectionnistes, citons l'idée du commerce déloyal, d'une balance déficitaire du commerce, la souveraineté nationale, les secteurs économiques dits stratégiques, l'exception sociale ou culturelle, etc.

La pensée libérale s'oppose, par principe et en règle générale, au protectionnisme qui vise à favoriser Paul au détriment de Jacques, indifféremment du prétexte avancé. En effet, l'échange, moyen de coopération économique entre partenaires, est une action volontaire où les participants vendent ou achètent par nécessité et intérêt réciproques. L'échange de biens et services, directs ou indirects, est non seulement un moyen juste de satisfaire les besoins des producteurs et consommateurs, mais aussi un moyen efficace de gestion de la rareté. Cette définition de l'échange, selon laquelle elle découle des actions volontaires et libre initiative des individus, est complètement à l'opposé du protectionnisme où règne la redistribution politique, les transactions forcées, la destruction de toute concurrence et production rentable.

Examinons les différentes formes que peut prendre le protectionnisme. Tout d'abord il existe un « protectionnisme des idées ». Ce protectionnisme soutient la censure et le non-respect de la liberté d'expression. Il s'agit, pour les personnes qui mettent en place ce type de protectionnisme, de protéger une pensée, une parole, contre une autre car cette dernière est jugée néfaste, nuisible pour la société, ou pour le groupement d'individus qui forment la communauté. Cette forme de protectionnisme a largement été utilisée par les régimes nazis et communistes pour manipuler l'opinion publique. Le but étant de former la population, d'en faire des moutons bien dociles, et de limiter la liberté d'expression des moutons noirs en les enfermant, en les avertissant, et au pire des cas en les tuant. Ainsi, la pensée libérale défend un respect total de la liberté d'expression. En effet, un des pouvoir dont dispose l'individu critique réside justement dans cette liberté de penser, de publier des idées qui, si elles peuvent heurter la sensibilité de certains, expriment la pensée de l'individu et donc sa liberté de penser. Dans cette vision, le libéralisme s'oppose aux susceptibles, aux partisans de la pensée unique. Le libéralisme est donc un mouvement fortement humaniste puisque le libéral accepte toutes les pensées dès lors que ces pensées ou ces actions ne violent pas les libertés individuelles.

Le protectionnisme s'exprime aussi dans la sphère économique : en effet, l'État est un champion du protectionnisme. Tout d'abord sur le plan interne, de par les subventions, les aides qu'il accorde à des activités, les impôts qui handicapent l'échange… Cette forme de protectionnisme est presque plus néfaste que la précédente puisqu'elle se justifie par l'intérêt général, celui-ci étant jugé supérieur à l'intérêt individuel. Le protectionnisme stipule donc fondamentalement le collectivisme, ou plus précisément un collectivisme inconscient. Or, on peut se demander si son but principal n'est pas de défendre la classe dirigeante et les privilèges dont celle-ci dispose, et non un intérêt général fictif. Adam Smith ne pensait-t-il pas qu'un des rôles de l'État est de défendre les riches contre les pauvres ?

Enfin, le protectionnisme peut être extérieur : il s'agit de protéger le marché intérieur du commerce extérieur (droits de douane, accords d'auto-limitation…). Il se justifie donc aussi par l'intérêt général : l'intérêt que les nations ont à protéger leurs industries. Or, en réalité la protection ne concerne pas l'intérêt général mais bien l'intérêt des industriels qui cherchent à défendre leurs activités. Plusieurs penseurs, comme Friedrich List (Système national d'économie politique, 1841) estiment qu'il faut protéger les industries « naissantes » contre la concurrence extérieure. En effet, les industries à leur naissance ne peuvent pas lutter contre la production internationale. Ainsi, le commerce international ne peut être bénéfique qu'entre nations ayant un niveau de développement comparable. J-M. Jeanneney pense que l'Europe subit une mutation aussi importante que celle qui justifiait la position de List au XIXe siècle siècle, du fait de l'émergence de la Chine par exemple. Plus généralement, les nations appliquent le protectionnisme de manière visible ou plus camouflé en se référant à la doctrine japonaise: « les affaires c'est la guerre ».

Le protectionnisme, sous toutes ses formes, a donc largement été utilisé par toutes les formes de pouvoir, d'autorité, qui cherchent à limiter les libertés individuelles. L'intérêt général, ou les intérêts d'un groupe, étant largement sa justification première. Or, l'intérêt général est une fiction non mesurable, une utopie qui ne peut que conduire au totalitarisme.

Position libérale

Les économistes libéraux ont depuis la Richesse des nations d'Adam Smith (1776) beaucoup critiqué les théories mercantilistes des protectionnistes. Selon les libéraux, le protectionnisme est une imposture intellectuelle qui ne sert qu'à favoriser des groupes d'intérêt aux dépens du plus grand nombre et du bien public. Lire par exemple les Sophismes Économiques de Frédéric Bastiat (1845), et sa Pétition des fabricants de chandelle.

Alors que le libre marché est une démocratie de consommateurs, le protectionnisme est le socialisme des producteurs, qui consiste à faire peser sur le contribuable la protection politique de secteurs économiques défaillants. Défendre le protectionnisme, c'est cautionner la raréfaction autoritaire des marchandises et la hausse artificielle des prix. Cela revient donc à gruger le consommateur, obligé de se contenter de biens et services moins bons ou plus coûteux quand l'accès aux biens ou services qui l'intéressent lui est interdit. Des patrons de sociétés qui demandent des aides à l'État ne sont pas de vrais entrepreneurs, mais des confiscateurs de richesses.

Comme toute intervention étatique, le protectionnisme a des effets positifs, mais qui ne concernent qu'une minorité et sont financés par l'impôt ou par les consommateurs, c'est-à-dire par des effets négatifs pesant sur les autres. La propagande étatique montrera les effets positifs (« on protège l'emploi » en achetant « national », on « sauvegarde nos industries », etc.) et dissimulera soigneusement les effets négatifs (renchérissement des biens et services, perte de qualité et de compétitivité, alourdissement de la charge fiscale).

D'un point de vue économique, l'erreur du protectionnisme est de croire qu'il n'y a pas de relation entre importations et exportations, et qu'on peut agir sur les unes, supposées néfastes (les importations), sans conséquence sur les autres, supposées favorables (les exportations). Il n’y a pas d’exemple dans l'histoire d’un pays qui ait été ruiné par le libre échange, alors que le protectionnisme appauvrit tout le monde, tant le pays qui l'instaure que les pays émergents auxquels on refuse ainsi le droit de se développer.

Un des arguments parfois avancés par les partisans du protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur marché intérieur ». C'est un non sequitur : si les autres pays décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n'y a aucune raison pour les imiter dans leurs erreurs. Le protectionnisme motivé par des raisons exclusivement politiques (comme le fut le Blocus continental napoléonien de 1806 à 1814) relève d'un masochisme absurde, un jeu perdant-perdant : on est prêt à s'appauvrir en espérant qu'en contrepartie cela appauvrisse également l'ennemi.

Certains libéraux assimilent le protectionnisme à un racisme qui ne dit pas son nom : faire du commerce avec les nationaux serait bien, tandis que faire du commerce avec les étrangers serait mal, car « cela détruit des emplois nationaux ».

Le mensonge central du protectionnisme consiste à faire croire qu'il désavantage les étrangers et profite aux seuls nationaux, et notamment aux entreprises nationales. Or le protectionnisme viole non seulement les droits des consommateurs, mais aussi ceux de nombreux producteurs. Il nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que celles qu'il privilégie en amputant le pouvoir d'achat général, et plus directement à celles qui dépendent d'approvisionnements étrangers pour maintenir leur compétitivité, ainsi qu'aux exportateurs qui ont besoin que l'étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d'acheter des produits du pays.

Psychologie du protectionnisme

Le protectionnisme a un avantage psychologique sur le libre-échange : il a des partisans, ceux qui en bénéficient directement (entrepreneurs protégés) ou indirectement (politiciens, nationalistes), tandis que ceux qu'il désavantage ne comprennent pas de quelle façon ils sont dépouillés :

Même si on démontrait d'une façon tout à fait évidente que la protection entraîne toujours une destruction de richesse, si on arrivait à l'enseigner à tous les citoyens, tout comme on leur apprend l'ABC, la protection perdrait un si petit nombre de partisans, le libre-échange en gagnerait si peu, que l'effet peut en être à peu près négligé, ou complètement. Les raisons qui font agir les hommes sont tout autres. (Vilfredo Pareto, Manuel d'économie politique))

Erreur courante : « protéger l'emploi »

L'argument central en faveur du protectionnisme qu'avancent ses partisans est le plus souvent la préservation des emplois nationaux : un pays à haut niveau de vie et salaires élevés ne pourrait soutenir la concurrence de pays où les salaires sont beaucoup plus bas, et par conséquent où les produits et services sont moins chers. Des droits de douane (droits d'entrée pour les marchandises importées) ou des quotas d'importation seraient donc nécessaires pour rétablir l'équilibre vis à vis de cette concurrence « déloyale ». Concernant les travailleurs étrangers ou frontaliers, il faudrait établir des contingentements pour éviter un "dumping social" et une baisse des salaires dans le pays.

En réalité, le protectionnisme accélère le déclin. Il permet certes de sauver temporairement quelques emplois et industries, mais en réduisant le niveau de vie et le revenu des consommateurs de produits étrangers (car ce sont eux qui payent les droits de douane !), en augmentant les coûts de production interne (les producteurs employant des produits du secteur protégé, plus chers), en rendant par conséquent moins compétitifs les producteurs au niveau international. Finalement, il diminue l'attractivité du pays pour les étrangers qui, ne pouvant y vendre leurs produits, ne disposent pas en retour de fonds dans la monnaie du pays protectionniste.

Le résultat est que, pour protéger quelques emplois inefficaces ou trop cher payés, un bien plus grand nombre d'emplois efficaces sont détruits ou non créés. Au lieu de profiter de la loi des avantages comparatifs en se spécialisant dans des secteurs à forte valeur ajoutée, le pays préfère prolonger la survie de secteurs non rentables. De même, en privilégiant le travail indigène par rapport à la main d’œuvre d'origine étrangère, on établit un "îlot de cherté" au détriment des consommateurs.

Les politiciens protectionnistes ne mettront évidemment en exergue que les côtés positifs, visibles (« on a sauvé des emplois ») sans insister sur les côtés négatifs (voir aussi la parabole de la vitre cassée). Quand le coût des emplois « sauvés » devient excessif et ne peut plus être assumé, on assiste à des reconversions douloureuses : le protectionnisme n'a servi qu'à repousser le problème à un peu plus tard, au bénéfice des politiciens du moment.

Si la logique protectionniste était poussée jusqu'au bout par les politiciens, on aboutirait à des pays qui vivraient en autarcie totale et emploieraient des techniques complètement dépassées : n'aurait-il pas fallu protéger l'emploi des charrons, sabotiers, forgerons, conducteurs de diligence, vendeurs de bougies, porteurs d'eau, allumeurs de réverbères, etc. Le rêve secret du protectionniste, c'est d'aboutir à un monde figé pour toujours, en contradiction avec toute réalité[2]. Le protectionniste est un réactionnaire :

Tout argument en faveur du protectionnisme international plutôt que du libre-échange est simultanément un argument en faveur du protectionnisme interrégional et interlocal. Par exemple, tout comme il existe des différences de salaires entre les États-Unis et le Mexique, Haïti ou la Chine, de telles différences existent aussi entre New York et l'Alabama, ou entre Manhattan, le Bronx et Harlem. Ainsi, s'il était vrai que le protectionnisme international peut rendre une nation entière prospère et forte, il doit également être vrai que le protectionnisme interrégional et interlocal peut rendre les régions et les localités prospères et fortes. En fait, on peut même aller plus loin. Si l'argument protectionniste était juste, il équivaudrait à une mise en accusation de tout commerce et une défense de la thèse selon laquelle chacun serait le plus prospère et le plus fort s'il ne commerçait avec personne et demeurait dans un isolement autosuffisant. Certes, dans ce cas, personne ne perdrait jamais son emploi, et le chômage dû à la concurrence « déloyale » serait réduit à zéro. En déduisant ainsi l'implication ultime de l'argument protectionniste, on découvre son absurdité totale, car une telle "société de plein emploi" ne serait pas prospère et forte ; elle serait composée de personnes qui, malgré leur travail de l'aube au crépuscule, seraient condamnées à la pauvreté et la misère, ou à la famine. (Hans-Hermann Hoppe)

Il est d'ailleurs étonnant de voir resurgir, de la part de certains intellectuels (par exemple Emmanuel Todd, et avant lui Maurice Allais), la préconisation d'instaurer un "protectionnisme continental", cela plus de deux cents ans après le Blocus Continental napoléonien qui avait réussi à appauvrir davantage le continent...

Si le but affiché du protectionnisme est d'entraver les importations étrangères et de favoriser l'exportation des produits nationaux (mercantilisme), on peut dire que le protectionnisme est contradictoire puisqu'il va à l'encontre même de ce but, les étrangers ne disposant pas de suffisamment de monnaie nationale pour acheter les produits nationaux (du fait de la barrière protectionniste qui les empêche de vendre leurs produits). Le protectionniste, méconnaissant la nature de l'échange économique, croit qu'exportations et importations sont déconnectées, et qu'on peut agir sur les unes sans impact en retour sur les autres.

Citations

  • S'il y a quelque bénéfice à retirer d'une entreprise, elle n'a pas besoin d'encouragement; s'il n'y a point de bénéfice à en retirer, elle ne mérite pas d'être encouragée. (Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, 1803[3])
  • Ce que l’Etat doit à chacun de ses membres, c’est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie. (Turgot)
  • Ce n’est pas le libre-échange qui est la loi du plus fort, mais plutôt le protectionnisme car seuls les pays riches et puissants ont les moyens de mettre en oeuvre des aides pour protéger leurs industries. (Jean-Louis Caccomo)
  • Le protectionnisme, en se généralisant, devient communisme, comme un carpillon devient carpe. (Frédéric Bastiat)
  • Le protectionniste est un homme qui surveille avec vigilance les progrès de la science et de l'industrie, pour empêcher ses compatriotes d'en profiter. Chaque fois qu'un de ces progrès réduit le prix de revient d'un produit, il évoque un spectre, un croquemitaine, et il crie à ses compatriotes de trembler devant ce nouveau danger qui risque de leur permettre de satisfaire certains de leurs besoins à moins de frais. Demain un nouveau perfectionnement, une nouvelle invention abaisse de nouveau le prix de revient de l'objet surtaxé. Dans sa lutte contre le progrès du dehors, le protectionniste est condamné à des défaites fatales. Il lui est aussi impossible d'arrêter l'effort constant de l'humanité vers la réduction du prix de revient qu'il a été impossible aux juges de Galilée d'arrêter le mouvement de la terre. (Yves Guyot, Le commerce et les commerçants, 1909)
  • Vous venez de dire : nous n’arrivons à produire qu’à 40 pour cent plus cher que l’industrie voisine. D’où il suit qu’il faudrait pour vous protéger, continuer à faire payer aux consommateurs français 100 francs ce qu’ils pourraient avoir pour 60 ! Cela n’est pas admissible. (Eugène Rouher, ministre du Commerce, de l’Agriculture et des Travaux publics, aux fabricants de bonneterie de la Somme et de l’Oise, le 28 juillet 1860)
  • S'il est mauvais pour l'Allemand d'acheter des étoffes anglaises ou des céréales russes, il est également mauvais pour le Berlinois de boire de la bière bavaroise et du vin du Palatinat. (Ludwig von Mises, Le Socialisme, 1922)
  • Si les choses dont nous nous efforçons d’éviter l’entrée étaient les rats et la vermine – toutes choses dont nous souhaitons avoir le moins possible – une telle politique serait parfaitement rationnelle. Mais ce dont nos exportations et nos importations sont faites ne consiste en rien en choses que la nature nous imposerait contre notre volonté et dont nous n’aurions qu’une pensée, nous en débarrasser; il s’agit de biens et de services que la nature nous donne en retour de notre travail. Qu’y a-t-il de plus insensé que l’idée que la meilleure manière d’enrichir le pays serait de refouler au loin ces biens et d’empêcher les gens de les y amener ? N’est-ce pas la plus étrange des perversions intellectuelles ? N’est-ce pas au moins aussi étrange et absurde que si on voyait un chien aboyer et mordre chaque fois qu’on lui tend un os, et en revanche agiter sa queue de contentement à chaque fois qu’on le lui retire de la gueule ? (Henry George)
  •  Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre.  (Jules Méline, défenseur du monde agricole, qui met en place en 1892 des mesures protectionnistes pour les produits agricoles, le "Tarif Méline")
  • Les craintes injustifiées à l'égard de la mondialisation conduisent à des protections douanières de toutes sortes qui sont la manifestation la plus évidente de cet usage de la contrainte publique. Il en résulte que les échanges sont freinés ou empêchés et donc que des richesses sont détruites. (Pascal Salin)
  • Taxe [douanière] : imposition sur l'importation, conçue pour protéger le producteur local de l'avidité du consommateur. (Ambrose Bierce)
  • Le protectionnisme procède d’une logique tribale, un engrenage mortifère, un jeu à somme négative. (Drieu Godefridi, 19/11/2013)
  • Protectionnisme et militarisme, paupérisme et socialisme, monstrueux enfants de l'erreur et de l'esprit de rapine ou de violence, s'accouplent à leur tour, se réengendrent, s'accroissent, s'enchaînent et traînent, ensemble, l'humanité d'Europe aux abîmes. Le protectionnisme est le socialisme des riches, et le socialisme le protectionnisme des pauvres . (Henri Lambert, avril 1913)
  • Toutes les nations civilisées se disputent les marchés de consommation ; mais, dans cette lutte, les industries des nations protectionnistes supportent, comme un poids mort, des charges artificielles dont la protection augmente leurs prix de revient, tandis que les industries des nations libre-échangistes ne portent rien de plus que leurs charges naturelles. (Gustave de Molinari, Rapport au Congrès international du free trade, 1908)
  • Même si le protectionnisme n'est pas une calamité atroce, celui ci ne constitue qu'une solution de troisième rang. En l'absence d'alternative crédible, le libre échange constitue la meilleure politique possible ( Paul Krugman)
  • D'un point de vue purement économique, personne ne réfute le libre-échange, et tout le monde est contre le protectionnisme (Ludwig von Mises, Nation,State, and economy)
  • L’expérience historique suggère qu’un pays qui se lancerait fortement et durablement dans cette voie (le protectionnisme), tout en annonçant à sa population une vigoureuse progression de ses salaires et de son niveau de vie, s’exposerait probablement à de graves déceptions. ( Thomas Piketty)

Notes et références

  1. Par exemple, les compagnies d'assurance qui entendaient entrer en concurrence avec l'assurance-maladie de la Sécurité sociale française en ont été "dissuadées" sous la menace de rétorsions administratives diverses (contrôles fiscaux, etc., voir par exemple [1])
  2. Le roman La Grève d'Ayn Rand illustre très bien cette volonté : dans le roman, un décret finit par interdire tout changement et à instaurer de force l'immobilisme dans tous les domaines de l'économie (excepté la fiscalité).
  3. Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, Livre I, chap. 17, 1803[lire en ligne]

Bibliographie

  • 1986. Paul Krugman, dir., "Strategic Trade Policy and the New International Economics", Cambridge : The MIT Press. (ISBN 0-262-61045-0) [prés. en ligne]
  • 1993, Jagdish Bhagwati, "Protectionism", In David R. Henderson, dir., "The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets", New York: Time-Warner Books, Inc., pp538-542

Liens externes

Voir aussi


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